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Pas si virtuel que ça, Internet!


September 2, 2009 Communautés virtuelles, Histoire d’Internet, Hypermonde, Réseaux sociaux No Comments

On parle souvent d’Internet et des diverses applications qui s’y sont greffées comme étant virtuels. C’est oublier le substrat physique qui sous-tend le réseau, fait de serveurs, d’ordinateurs et de câbles. La carte ci-dessous montre les câbles sous-marins qui permettent à nos données de transiter à travers les océans pour rejoindre d’autres continents.

Capacités des câbles sous-marins

Agrandissement (Source:New Scientist, Telegeography)

Si personne ne doute des vertus virtualisantes d’Internet, qui contient potentiellement une infinité d’interactions entre ses utilisateurs, il ne faut pas oublier le prix à payer pour profiter de cette virtualité. Ce réseau physique nécessite un entretien important, donc des moyens. De plus, il consomme énormément d’énergie.

Cette carte montre aussi que certains endroits du monde sont mieux connectés que d’autres. Si les données qui traversent l’Atlantique semblent à l’aise, il n’en va pas de même pour celles qui contournent le continent africain. La fameuse toile d’araignée, présente dans l’esprit populaire, semble bien asymétrique.

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Culture Histoire du réseau Internet Musée virtuel

Musée virtuel comme objet de musée

Le sort le plus étonnant qui puisse arriver à un musée virtuel, c’est de devenir lui-même un objet de musée. C’est certainement le cas du Webmuseum. Sous ce terme, on retrouve un site créé par un étudiant français, Nicolas Pioch, en 1994, donc aux tout débuts du Web, sous le terme de WebLouvre. Mais son grand frère réel ayant pris ombrage de son existence, il a dû changer de nom.
C’est l’un des plus anciens musées virtuels sur Internet, présentant des oeuvres d’art provenant de diverses collections. Il est encore disponible aujourd’hui sur Internet, sur plusieurs sites miroirs.

Ce site appartient à l’histoire d’Internet et il a certainement ouvert une voie qui s’avère très fructueuse: la diffusion de contenus culturels, et notamment de reproductions d’oeuvres d’art, sur le Net.

http://www.ibiblio.org/wm/

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Histoire du réseau Internet Second Life Tendances Usages

Interaction

Déjà en 1993, donc avant qu’Internet soit réellement populaire, Peter Lunenfeld a établi deux types d’interaction:

– l’interaction extractive: elle est liée à l’hypertexte. L’utilisateur clique sur un lien pour obtenir des informations. Elle est encore plus vraie dans le cas des sites dont le contenu est géré par des banques de données ou dans celui des moteurs de recherche. L’utilisateur peut lui-même extraire des information à partir de grandes masses de données.

– l’interaction immersive: c’est celle qui prévaut dans les univers 3D, qu’il s’agisse du jeu Tomb Raider ou de Second Life. L’utilisateur, à travers un personnage du jeu ou son propre avatar, interagit avec un univers construit. Il peut explorer visuellement le monde dans lequel il s’est immergé.

Cette catégorisation est totalement opérante aujourd’hui, alors que nous avons à portée de souris et Internet et des univers en 3D. Elle permet de comprendre quelle est la différence entre ces deux univers du point de vue de la virtualisation de l’information.
Pour l’instant, le fameux Web 3D dont Second Life pourrait être la préfiguration est essentiellement basé sur l’exploration, la visite ou des transactions simples comme un achat.

Il suppose un contenu construit, visible et relativement peu interactif: bouger un objet par un simple clic, interagir avec des personnages dans les jeux. Le monde de Second Life, même s’il est en perpétuelle construction, préexiste à l’arrivée d’un avatar et ce dernier ne peut que s’y promener et interagir faiblement avec. Un des exemples flagrants est peut-être la simulation du tsunami proposée par la National Oceanic & Atmospheric Administration (NOAA), une agence nationale américaine. Pour passer d’une phase à l’autre du phénomène, il faut chaque fois cliquer sur un tableau, ce qui rend l’expérience moins intéressante.

Malgré l’intérêt de l’interaction immersive, l’interaction extractive reste un modèle essentiel pour accéder aux informations virtualisées sur Internet. L’avenir est certainement aux formes hybrides, permettant par exemple un accès à Internet via un univers en 3D. Il semble qu’on puisse intégrer des pages HTML sur des primitives de SL, mais les liens ou l’interaction propre au HTML ne fonctionnera pas. On n’en est qu’aux balbutiements…

Peter Lunenfeld, « Digital Dialectics: A Hybrid Theory of Computer Media, » Afterimage (November 1993)

http://www.noaa.gov/

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Histoire du réseau Internet

Hypertexte

Les quatre âges d’Internet

Voici une petite histoire de l’Internet, vue du point de vue de la présentation des contenus. On peut définir quatre périodes dans l’histoire d’Internet. Cette histoire s’étalera sur plusieurs notes dont voici la première, consacrée au paradigme de l’hypertexte.

La préhistoire d’Internet

Passons rapidement sur la préhistoire de ce réseau, que la légende dorée fait remonter à une stratégie de l’armée américaine qui voulait créer un système de communication qu’une guerre nucléaire ne pourrait pas briser. L’armée ne trouvant plus d’intérêt dans ce réseau, il fut proposé aux universités américaines. Pendant longtemps, il ne servit qu’à des échanges entre scientifiques capables de maîtriser les protocoles compliqués en usage alors.

L’histoire même d’Internet commence avec la création du World Wide Web, c’est-à-dire de la possibilité de lier entre elles toutes les pages du réseau, pour peu qu’elles soient en langage HTML, grâce à au protocole HTTP et les adresses du Web, les URL. Cette invention majeure fut le fait de Tim Berners-Lee.

Hypertexte

Le premier Internet était donc un vaste hypertexte, ou système de documents liés entre eux par des hyperliens. L’hypermédia est un système identique, mais qui ne se limite pas aux textes. Il intègre aussi des documents graphiques, audio, vidéo.

Les sites étaient alors de simples pages très longues, avec une navigation intérieure à la page, ou des sites de plusieurs pages avec une navigation très simple (mais fastidieuse à entretenir). Chaque texte était enrichi de liens hypertextes conduisant le plus souvent sur un autre site. En ce temps-là, l’internaute surfait sur le réseau et il était plus le jouet des vagues qu’un marin. Il faudra attendre la mise en place d’éditeurs HTML (avant on créait les sites en écrivant directement du code HTML) et l’automatisation de la gestion des menus, pour qu’on mette en place de véritables sites, avec une navigation efficace.
L’hypertexte a précédé la naissance du WWW. Du Xanadu de Ted nelson, également inventeur du terme hypertexte, à l’Hypercard créé par Apple, de nombreux systèmes permettait de créer des textes dans lesquels des liens mis en évidence permettait d’accéder à un autre document, sans toutefois sortir de l’ordinateur. Sur Internet, l’hypertexte allait pouvoir lier des documents provenant de serveurs répartis dans le monde entier, et créés par des auteurs différents. Cependant l’hypertexte sur Internet a vite atteint ses limites. Un lien ne permet d’accéder qu’un seul autre document. Devant la multiplication exponentielle des sites, il fallait créer des pages de liens. Mais encore fallait-il les entretenir, vérifier régulièrement la validité des liens et en trouver d’autres. Pour aider les internautes à trouver des informations, des annuaires sont apparus. Le plus célèbre d’entre eux était Yahoo.


Annuaire Yahoo, 1997

Parallèlement, on trouvait des annuaires spécialisés dans certains domaines et des pages de liens plus ou moins à jour un peu partout. L’entretien des annuaires et pages de liens était lourd : la vérification des liens proposés prenait du temps et engageait à une certaine responsabilité éditoriale.
Le paradigme de l’hypertexte a disparu dans le domaine de la conception des sites Internet. Actuellement, chaque site est pourvu de sa propre navigation et est vu comme une entité autonome qui ne se réfère à des pages sur d’autres site que lorsque cela présente une certaine pertinence. Les normes actuelles en ergonomie et dans le domaine de l’accessibilité des sites pour les personnes handicapées imposent d’ailleurs un comportement précis en matière de renvoi hypertexte : il faut éviter de mettre un lien au milieu d’un paragraphe, car cela risque de perturber la lecture. Un lien doit être mis sous le paragraphe, au bas de la page ou sur une page spéciale. De plus, l’utilisateur doit clairement savoir s’il quitte le site en cliquant sur le lien, par exemple grâce à un pictogramme (). Dans certains sites, on a même une page intermédiaire d’avertissement. Il est d’usage de faire apparaître les sites liés dans une nouvelle fenêtre.

Renouveau de l’hypertexte

L’esprit de l’hypertexte subsiste néanmoins sur Internet. D’une manière relativement confidentielle tout d’abord, dans des milieux qui cultivent la littérature hypertextuelle. Mais il a surtout retrouvé une seconde jeunesse grâce aux wikis et notamment au projet Wikipédia. Les wikis sont totalement basés sur le concept d’hypertexte. Cependant les renvois se font uniquement au sein de l’encyclopédie. Les liens vers d’autres sites sont toujours confinés au bas de l’article, avec une indication claire. Les problèmes d’entretiens des liens sont réglés par l’organisation collaborative du projet. Comme c’est une communauté virtuelle qui entretient un wiki, les liens sont constamment mis à jour.