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Biens communs

L’idée que le patrimoine culturel est un bien commun et que, par conséquent, chacun peut non seulement en jouir, mais aussi l’utiliser dans ses propres productions, fait son petit bonhomme de chemin. Grâce à Flickr, des institutions du monde entier peuvent mettre à disposition des documents numérisés dans le domaine public.

Flickr Commons

Ces documents peuvent être réutilisés sans restrictions. Parmi ces les institutions qui participent à ce programme, on peut mentionner:

  • The Library of Congress
  • Brooklyn Museum
  • Smithsonian Institution
  • Bibliothèque de Toulouse
  • Bibliothèque de la Fondation Calouste Gulbenkian
  • Musée McCord Museum
  • Nationaal Archief (Pays-Bas)
  • New York Public Library
  • Swedish National Heritage Board
  • Llyfrgell Genedlaethol Cymru – The National Library of Wales
  • Getty Research Institute

Non seulement on peut réutiliser ces images, mais on est aussi invité à les commenter et à proposer des mots-clés, donc à les enrichir.

Flickr Commons

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Tout le monde peut exposer

Hier soir, j’ai été invitée à parler du musée virtuel et de la présence des musées sur Internet par le Groupe interjurassien des Musées GIM, qui regroupe essentiellement de petites institutions muséales, dont certaines sont privées. C’était l’occasion d’explorer la frontière entre collections privées et musées, entre amateurs passionnés et conservateurs professionnels. J’ai donc essayé de défendre l’idée que le savoir muséographique était partagé assez largement dans la population. Pour reprendre le slogan d’un film d’animation célèbre mettrant en scène un petit rat qui devient un grand chef de cuisine, j’ai commencé par affirmer que “tout le monde peut exposer”.

Au départ du phénomène du musée se trouve la muséalité, une attitude humaine profonde qui sélectionne des objets et leur attribue un sens. Ces objets perdent alors leur valeur d’usage pour acquérir une essence différente. Ce phénomène est analogue à celui de la sacralisation dans le domaine des religions: un objet devient sacré et ne retourne jamais au monde profane. L’esprit de collection est courant chez les enfants. Ces derniers rassemblent quelques objets qui ont un sens particuliers pour eux, mais sans suivre forcément une systématique. Ils les mettent dans un contenant, un carton de chaussure ou une boîte en fer blanc. Souvent cette collection d’objet est la seule qu’ils feront de leur vie. Dans le film “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain”, cette dernière découvre dans son appartement une boîte en fer blanc avec une collection d’enfant. Elle en recherche le propriétaire, devenu adulte. Le fait de retrouver ces objets collectés pendant son enfance va provoquer chez lui une intense émotion.

Amélie Poulain

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001

A l’âge adulte, certains gardent le goût de la collection qui peut aller jusqu’à la passion, voire l’obsession. Tout peut être objet de collection. Beaucoup de collectionneurs apprécient des objets qui constitue des séries: des timbres, des monnaies, des bagues de cigare, des cartes postales, … D’autres types de collection nécessitent des connaissances scientifiques comme les fossiles, les minéraux. Pour collectionner des oeuvres d’art ou des livres anciens, il faut alors une fine connaissance des marchés. Le développement d’une collection s’accompagne toujours d’une érudition propre à l’objet collecté.

Bagues de cigares

La vitolphilie est la collection des bagues de cigare

Toutes ces collections ne restent pas personnelles. On ne le dit jamais assez: de nombreux musées proviennent de collections privées, ouvertes au public ou léguées à l’Etat.

De nombreux objets traversent notre vie et chacun est amené à choisir un jour ou l’autre les objets à conserver et ceux qui sont à jeter. Entre ces deux destinées, il y aussi la mise au grenier ou la mise à la cave. Beaucoup de personnes conservent des objets dans leur grenier en y apportant un certain soin.

Grenier

http://www.flickr.com/photos/ranopamas/198039863

De même, suite à la disparition des générations anciennes, nous héritons d’objets qu’il faut aussi trier. Il faut alors être à même d’identifier chaque chose, d’en évaluer la valeur. Cela prend du temps pour effectuer toutes ces recherches.

Salon victorien

Le petit salon de Mme David Morrice, Montréal, QC, 1899; Musée McCord

Nous sommes aussi habitués à gérer des longues séries: c’est le cas de nos photos. La méthode ancienne était celle des albums, alors qu’aujourd’hui on recourt à des logiciels ou des sites Internet de partage pour gérer ses photos numériques. C’est assez frappant de constater que la gestion des photos est un sujet de conversation assez courant entre les gens. Ils s’échangent leurs trucs et leurs astuces.

Album de photo

Ancien album de photos

La maison elle-même est un lieu d’exposition, notamment dans les pièces où l’on reçoit. Les objets, les bibelots, les souvenirs de vacances ne sont pas disposés au hasard. Il y a sans conteste réflexion, mise en scène, discours.

Salon de l’ethnographie

Exposition au MEN, Le salon de l’ethnographie, 1990

Toutes ces activités ressemblent peu ou prou à celles qui se pratiquent dans les musées. Elles sont largement partagées dans la société. Les musées devraient avoir le courage de laisser le public participer un peu plus à ses activités, non pas comme simple consommateur, mais aussi comme acteur. C’est d’autant plus intéressant que l’Internet participatif ou collaboratif donne des outils permettant aux musée de d’associer leur public à leurs travaux. Certains musées osent franchir le pas, notamment dans le domaine de l’acquisition. Je me souviens que le Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) avait demandé à son public d’apporter des objets qui seraient intégrés à la collection du musée. Plusieurs musées collectent aussi des histoires et récits de vie via Internet (ou de manière plus classique). L’indexation sociale (folksonomy) consiste à demander aux internautes d’attribuer ou de proposer des mots-clés sur les photos des objets de la collection. D’autres encore leur propose de créer eux-mêmes des galeries qu’ils peuvent partager avec leurs amis. Le musée 2.0 est déjà là … et les gens ne sont pas dépourvus de compétences pour y participer.

http://www.museesbeju.ch/

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Pas si virtuel que ça, Internet!


September 2, 2009 Communautés virtuelles, Histoire d’Internet, Hypermonde, Réseaux sociaux No Comments

On parle souvent d’Internet et des diverses applications qui s’y sont greffées comme étant virtuels. C’est oublier le substrat physique qui sous-tend le réseau, fait de serveurs, d’ordinateurs et de câbles. La carte ci-dessous montre les câbles sous-marins qui permettent à nos données de transiter à travers les océans pour rejoindre d’autres continents.

Capacités des câbles sous-marins

Agrandissement (Source:New Scientist, Telegeography)

Si personne ne doute des vertus virtualisantes d’Internet, qui contient potentiellement une infinité d’interactions entre ses utilisateurs, il ne faut pas oublier le prix à payer pour profiter de cette virtualité. Ce réseau physique nécessite un entretien important, donc des moyens. De plus, il consomme énormément d’énergie.

Cette carte montre aussi que certains endroits du monde sont mieux connectés que d’autres. Si les données qui traversent l’Atlantique semblent à l’aise, il n’en va pas de même pour celles qui contournent le continent africain. La fameuse toile d’araignée, présente dans l’esprit populaire, semble bien asymétrique.