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Livre ou reader?

Les vacances constituent un excellent temps pour la lecture. Après la sortie de l’iPad, on peut se demander dans quel format lire le roman de l’été: en format poche ou sur reader? Une récente étude du gourou de l’ergonomie Web, Jakob Nielsen, montre qu’il faut entre 6 à 10% de temps supplémentaire pour lire un texte (en l’occurrence une nouvelle d’Ernest Hemingway) sur un reader (iPad ou Kindle), par rapport au temps nécessaire pour la même histoire dans un livre papier. Malgré tout, les participants à l’étude se sont déclarés satisfaits par la tablette en question.
Article sur CNN
Livres et tablette
Photo: MicMac1 (Flickr)
Je suis en train d’apprivoiser mon propre iPad. J’ai commencé par charger de nombreux ouvrages provenant du domaine public. Parmi eux, le Rouge et le Noir qui fait plusieurs centaines de pages. La lecture d’un roman semble fastidieuse sur le iPad et un format de poche me paraît plus agréable. Il en va autrement pour la poésie. Un poème se lit vite. L’application iBooks permet de rechercher un mot dans tout l’ouvrage, dans un dictionnaire (le français n’est pas encore disponible), sur Internet. Il est possible de mettre des passages en évidence avec différentes couleurs et d’ajouter des notes. Sans parler de la fonction copier-coller qui permet de publier un extrait dans un blog.
L’application Kindle d’Amazon, disponible pour PC, Mac, iPhone, iPad, présente encore d’autres avantages. Tout d’abord, il est possible d’avoir ses ouvrages sur plusieurs appareils. L’état de la lecture est synchronisé entre les différentes machines. Je peux lire un ouvrage sur mon iPad lorsque je suis dans un train. De retour chez moi, je reprends ma lecture sur un ordinateur et je me retrouve exactement à la page où j’en étais arrivée. L’application Kindle permet aussi de voir combien de personnes ont mis en évidence certains passages. Il est possible de voir rapidement les passages intéressants d’un essai. On peut parler de lecture collective.
Quand on dit livre, on pense roman, Proust, Balzac, Zola. Ces textes-là, on a de la peine à s’imaginer les lire sur un reader. Il en va de même du roman de l’été: on ne va pas embarquer le dernier Marc Lévy sur son iPad et le lire sur une plage. Pourtant il n’y a qu’à jeter un œil sur sa bibliothèque pour constater qu’il existe de nombreux types de livres qu’on ne lit pas de manière linéaire. Que l’on songe aux dictionnaires, aux guides de voyage, aux manuels en tout genre, aux livres de cuisine. On peut parler de lecture utilitaire. Ce sont précisément ces ouvrages qui se prêtent le mieux à une transposition sur iPad. J’ai justement acheté un livre de recettes culinaires. Je peux chercher des recettes par mots clés (que faire avec des pommes ?), par thème (Noël). Je peux établir une liste d’achats pour un menu. Une partie des recettes et certaines actions (découper une langoustine) sont présentées sous forme de vidéos. Les recettes sont prévues pour 4 personnes. Je peux ajouter ou enlever des convives et l’application recalcule les quantités dont j’ai besoin. Seul inconvénient: il faut faire attention à son iPad sur la surface de travail …
Les readers sont conçus pour un autre type de lecture que celle d’un roman. Une lecture qu’on pourrait qualifier de discursive. Ils permettent d’annoter, de rechercher. Ils donnent de nouveaux accès à l’information, comme la géolocalisation pour les guides de voyage. On ne le dira jamais assez, les livres de papier ne disparaîtront pas. Les readers s’ajoutent à de nombreux dispositifs permettant de lire et d’accéder à la connaissance. J’ai un laptop, un iPhone, un iPad et je croule sous les livres de papier …

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réseaux sociaux Usages

Un peu d’humour …

Le nuage de poussière qui, suite à l’éruption du volcan islandais Hekla, recouvre le Nord de l’Europe et qui se déplace en direction du Sud cause bien des ennuis, puisqu’il bloque le trafic aérien.
Simulation de la trajectoire du nuage
Ce nuage a cependant suscité une plaisanterie sur Twitter. On y prétend que suite à l’apparition de ce nuage au-dessus de l’Angleterre, la police a arrêté les personnes qui nettoient la salle des trophées du club d’Arsenal …
Recherche Twitter avec les mots “dust”, “cloud”, “Arsenal”
Trophy

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Communautés virtuelles Hypermonde Science Usages

Le langage de la nature

Pendant longtemps, on a cherché à percer le langage de la nature. Les plantes et les animaux avaient-ils quelque chose à nous dire? Peut-être. Mais comment interagir avec eux et comment comprendre ce qu’ils disent? Dernièrement, des scientifiques ont découvert qu’une espèce de singe possédait un langage avec une syntaxe élaborée: le mone de Campbell, de la famille des cercopithèques. Le mâle possède six cris (Boom, Krak, Hok, Hok-oo, Krak-oo, Wak-oo) avec lesquels il forme de longues séquences vocales de 25 cris successifs en moyenne. L’observation a montré que ces séquences correspondaient à divers événements ou dangers, comme la chute d’un arbre ou la présence d’un léopard. Mone de Campbell
De la syntaxe chez nos cousins primates (CNRS)
Mais il ne sera peut-être pas nécessaire d’apprendre le dialecte du mone de Campbell pour parler avec nos amis les bêtes. Mattel, créateur de la poupée Barbie, est en train de mettre au point un collier pour chien qui détectera ses bruits et mouvements. Le collier transmettra ces données à l’ordinateur via une clé USB et un logiciel les traduira sous forme de messages dans Twitter. Ainsi on pourra savoir ce que fait son chien à la maison.
Mais le progrès ne s’arrête pas en si bon chemin. Depuis quelques années, il est possible de connecter une plante à Twitter afin qu’elle se manifeste quand on a oublié de l’arroser. Il suffit pour cela d’installer un petit capteur dans le pot. Attention! il s’agit d’un kit à monter soi-même.
http://twitter.com/pothos
http://www.botanicalls.com/kits/
Ericsson a mis au point un un arbre connecté (Connected Tree) qui est pourvu de capteurs analysant ce qui se passe autour de lui. Les informations des capteurs sont ensuite envoyées sur Twitter ou sur un téléphone par sms.
J’ignore ce que signifie Krak Boom Hok dans le langage des mones de Campbell (contrairement à celui de Jacques Dutronc), mais je sais que cette expression a été conçue dans le cerveau de l’animal suite à une observation (un léopard rôde dans le coin) et dans un but (charitable) d’avertir ses congénères d’un danger. En revanche le toutou qui aura reçu un joli collier Puppy Tweets ou l’arbre connecté d’Ericsson n’ont pas l’intention de communiquer et ne sont même pas conscients de le faire. De plus, le message est produit par un algorithme qui définit le sens de chaque mouvement ou bruit. Comme on le sait, les algorithmes ne poussent pas dans la nature, mais sont créés par des humains. Le sens donné à tel son est donc totalement arbitraire.
Avec de telles applications, on ne crée pas une communication entre des animaux ou des plantes d’un côté et des hommes de l’autre. En revanche, on commence à intégrer les éléments du vivant dans l’hypermonde en traduisant certains comportements de manière arbitraire dans notre propre langage. Depuis que les animaux ont comme tâche principale de nous tenir compagnie (et de combler des vides affectifs), nous avons tendance à leur prêter des caractéristiques humaines. “Il ne lui manque que la parole!” entend-t-on souvent à propos d’un chien. Recevoir des soi-disant messages de leur part ne fera qu’accroître cette tendance. De plus, au travail ou en route, on sera bombardé de messages provenant de son chien ou de sa plante d’appartement. Est-ce cela sera rassurant ou au contraire angoissant? On en viendra à se précipiter à la maison pour constater que les batteries du collier sont à plat …
Au fait, peut-on prendre des cours du langage du mone de Campbell?

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Communautés virtuelles Hypermonde Second Life Usages

Avatar

Ce que déclare le héros d’Avatar sur son handicap en dit long sur le monde dans lequel il habite: à son époque, réparer une moelle épinière ne représente pas de problème quand on a assez d’argent. Mais lui, un ancien marine, est condamné à rester dans sa chaise roulante. Il se retrouve sur une planète pommée où un gouvernement prête main forte à une compagnie minière peu scrupuleuse, en envoyant une compagnie avec à sa tête un colonel baroudeur, prêt à casser du jaune, du rouge et, dans le cas présent, du bleu.

Rien d’étonnant à ce qu’il préfère ses voyages dans son avatar à la triste réalité qu’il a sous les yeux. A travers son avatar, il peut marcher. Il découvre des paysages fantastiques, entre en contact avec d’autres créatures. Il apprend même à chevaucher des animaux à quatre pattes et à dompter une espèce de ptérodactyle pour voler dans les airs. Mais quand son corps réel se rappelle à lui, il doit quitter ce monde extraordinaire. Il lui faut manger, dormir. On le voit dans le film avaler son repas en quatrième vitesse pour rejoindre son avatar. On l’aperçoit parfois mal rasé, signe de laisser aller.

Cette expérience n’est-elle pas celle de nombreuses personnes qui passent de plus en plus de temps dans les univers virtuels? Elles dorment moins, ce qui n’est pas sans conséquences pour leur santé. Elles mangent vite et mal. Elles n’ont pas forcément moins de relations sociales, mais ces relations sont différentes. On sait que les liens qui se nouent en ligne sont plus fugaces et se défont rapidement. Mais la facilité des mondes virtuels est tentante. On devient un héros tueur d’orques dans World of Warcraft ou bien on se construit une vie de nabab dans Second Life moyennant quelques dollars. On se créé vite des amis dans Facebook et on en change quand ils deviennent ennuyeux. Pourtant le retour sur terre est inévitable … et parfois douloureux.

Mais James Cameron ne se pose pas tant de questions. Il autorise son héros à “télécharger” son esprit dans le corps de son avatar pour rester dans son monde d’élection. Un deus ex machina permettant d’éluder la question posée par d’autres films (comme Matrix) … et d’assurer que le film aurait une suite.

Les mondes numériques peuvent prolonger le souvenir d’une personne auprès de ceux qui l’ont connue, mais certainement pas sa vie. La question de savoir ce que deviennent nos doubles numériques après la mort de notre enveloppe charnelle est actuelle. Facebook a déjà créé un formulaire d’annonce permettant de signaler un décès. Le compte n’est pas désactivé, mais modifié. Il est accessible aux seuls amis confirmés.

http://www.facebook.com/help/contact.php?show_form=deceased

La vie reste la vie et le rêve reste le rêve. On ne peut pas rejoindre le monde des rêves de manière permanente. Qu’on le vive dans sa tête ou qu’on puisse lui donner un semblant d’existence avec des applications informatiques ne change pas grand chose. Il faut rester éveillé, présent dans sa vie. J’ai trouvé un poème de Robert Desnos qui exprimait cette idée avec de beaux mots:

Poser sa tête sur un oreiller
Et sur cet oreiller dormir
Et dormant rêver
À des choses curieuses ou d’avenir,

Rêvant croire à ce qu’on rêve
Et rêvant garder la notion
De la vie qui passe sans trêve
Du soir à l’aube sans rémission.

Ceci est presque normal,
Ceci est presque délicieux
Mais je plains ceux
Qui dorment vite et mal,

Et, mal éveillés, rêvent en marchant.

Ainsi j’ai marché autrefois,
J’ai marché, agi en rêvant,
Prenant les rues pour les allées d’un bois.

Une place pour les rêves
Mais les rêves à leur place.

État de veille, 1936

Il y a cependant un excellent conseil donné dans ce film, que l’on peut suivre si l’on reste tenté par une vie dans les mondes virtuels: la tenue d’un journal. Tenir un journal ou un blog permet de garder une certaine distance par rapport à ce que l’on vit dans ces univers parallèles.

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Internet dans un petit appareil

C’est toujours un peu dangereux de jouer les Madame Soleil en essayant de deviner les tendances de développement d’Internet pour les années à venir. Mais pourquoi pas? Cela donne en tout cas l’occasion de faire le point sur les développements marquant de 2009.

Le téléphone portable est en train de devenir le mode d’accès le plus important à Internet

Les statistiques montrent que le téléphone portable est devenu l’outil de communication le plus diffusé. L’Union Internationale des Télécommunications estime qu’à la fin de 2009, il y 4,6 milliards de souscriptions à un service de téléphonie mobile. Bien entendu, les téléphones portables permettant l’accès à Internet ne sont pas majoritaires: actuellement, le taux de pénétration est de 9,5 téléphones portables avec accès à Internet pour 100 habitants.

http://www.itu.int/ITU-D/ict/material/Telecom09_flyer.pdf

Le téléphone portable présente de nombreux avantages: léger, multi-fonctionnel, personnel (en Occident en tout cas), bénéfiant d’une large couverture réseau, bon marché à l’achat (moins à l’usage). La génération des smartphones en a fait un appareil permettant l’accès à Internet, un accès qui ne se limite pas à la consultation, mais aussi à l’écriture et à la participation aux réseaux sociaux. De fait, le téléphone est devenu un média en soi, avec ses propres modèles éditoriaux et ses règles de fonctionnement. Brièveté, fugacité et alertes. De plus en plus de sites ont une version pour téléphones mobiles. De nombreux producteurs d’information prennent en compte ce canal. L’information via le téléphone est aussi très liée à la localisation, ce qui redonne un nouveau souffle au concept de réalité augmentée. Finis les sacs à dos et les lunettes 3D, qui sont restés à l’état de prototype. Il suffit de sortir son téléphone pour en savoir plus sur le lieu où on se trouve … à condition d’avoir la bonne application. Le foisonnement des applications, c’est sûrement la maladie d’enfance des téléphones. Mais on a aussi connu ça sur les PC. La nature de l’information disponible grâce au téléphone peut se résumer avec la locution latine “hic et nunc” qui signifie ici et maintenant.

Les réseaux sociaux vont arriver dans leur phase de maturité

Il est probable que les réseaux sociaux vont arriver dans une phase de maturité dans laquelle les usages pourront se fixer. On a connu ce phénomène avec les blogs. Après une phase inflationniste où chacun a créé son blog pour dire tout et rien, le blog a trouvé sa vitesse de croisière. Il est maintenant bien intégré dans l’arsenal des communicateurs et prend une place toujours plus grande dans le paysage informationnel où il remplace souvent les listes de communiqué de presse. Des sites comme celui de la Maison Blanche ou du 10 Downing Street ressemblent maintenant à des blogs. Une firme comme Google en a fait son principal outil de communication. Les blogs actuels n’offrent pas nécessairement la possibilité de commenter. Ils constituent un nouveau format, plus accessible au grand public.

Pour l’instant, les réseaux sociaux sont encore dans la phase où tout le monde veut s’y mettre et personne ne sait comment les utiliser. Il y a beaucoup d’essais, d’expérimentations. La situation devrait se décanter peu à peu et ces instruments trouveront leur place. Mais ce ne sera peut-être pas encore pour 2010.

L’avenir de la presse est à construire

La presse va encore subir de profonds changements. Internet a certainement joué un rôle de catalyseur dans la crise de la presse, mais ses véritables causes sont peut-être ailleurs. L’information a été dénaturée parce qu’on en a fait un produit dont on pensait qu’on pouvait le vendre comme des boîtes de conserve. C’est vrai pour l’actualité comme pour l’information culturelle. Les contenus des journaux sont devenus du easy reading: pages people et conseils d’achats, témoignages et tests psychologiques remplacent allègrement le reportage d’un journaliste d’investigation ou les critiques sur le monde de l’art. Dans le domaine de l’édition, on fait de même en tablant essentiellement sur des bestsellers. Tout cela a fait le jeu de la concurrence présente sur Internet: blogosphère, journalisme citoyen, encyclopédie collaborative. Cela d’autant plus facilement que les contributeurs sur Internet on érigé la gratuité en dogme fondamental. De fait, l’avenir du journalisme et de ses règles déontologiques nécessaires est encore difficile à percevoir. Actuellement les formes hybrides comme le Post.fr ou Rue89 sont en vogue. Elles allient vitesse de réaction, collaboration et vérification professionnelle des informations.

http://www.rue89.com/

http://www.lepost.fr/

Certains tablent aussi sur le retour du journaliste, qui (re)deviendrait sa propre marque (comme Henry Morton Stanley ou Albert Londres, sans parler des modèles imaginaires comme Tintin). On retournerait au temps des grandes plumes. Les journalistes auraient leur propre blog, écriraient des articles pour d’autres titres et des livres.

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/09/mon-avenir-estil-de-devenir-une-marque-.html

Une autre hypothèse serait la création de plateformes comparables à iTunes où les utilisateurs pourrait télécharger des articles contre des sommes minimes ou un abonnement. Le micro-payement constituerait (peut-être) une solution au problème lancinant du financement de la presse.

http://www.journalismonline.com/

Good enough revolution

C’est peut-être l’une des tendances qui est apparue au grand jour cette année, même si elle existait sur Internet depuis longtemps. La thèse principale de cet article de la revue Wired est la suivante: les utilisateurs ne recherchent pas les meilleures solutions, mais se contentent de ce qui marche. Ils téléphonent avec Skype, même si le son n’est pas optimal. Ils regardent des vidéos sur You Tube et vont moins au cinéma (mais ils iront peut-être pour Avatar). Ils achètent des Netbooks. Bref, le porte-monnaie est peut-être devenu le critère fondamental de choix, tant que le résultat est là.

http://www.wired.com/gadgets/miscellaneous/magazine/17-09/ff_goodenough

Le web sémantique

Cette année est apparu Wolfram Alpha. Ce moteur de recherche a popularisé une fonctionnalité que l’on trouvait déjà sur quelques sites: un moteur de recherche qui répond directement aux questions, sans donner une liste de liens qu’il faut encore ouvrir les uns après les autres. Désormais ce n’est plus à l’utilisateur de rechercher lui-même des réponses à ses questions. Les nouvelles générations de moteur de recherche devront les lui fournir. Pour cela, ils devront exploiter les données et les métadonnées présentes sur Internet. Ils devront aussi comprendre le langage de l’utilisateur. Ils devront aussi lui donner des réponses contextuelles, liées à sa position géographique par exemple. L’utilisateur aura accès directement aux informations nécessaires là où il est, quand il en a besoin.

http://www.wolframalpha.com/

En conclusion …

Boule de cristal

Dans le futur, j’accèderai à Internet grâce à un petit appareil de rien du tout dans ma poche. Il me coûtera un peu d’argent, chaque mois ou à chaque transaction. Quand j’aurai besoin d’une information (et même si je ne la demande pas), elle me parviendra en tenant compte du contexte. Quand j’arriverai à la gare, mon petit appareil me signalera des grèves. Si je prends l’avion pour un pays lointain, il m’informera d’un coup d’état. Quand je ferai les magasins, il me dira si le prix indiqué est trop élevé. Si je suis d’accord, il règlera lui-même la note. Quand je passerai devant la maison natale d’un grand homme, il me donnera sa biographie. Il me dira même qu’un de mes potes se promène dans les alentours.

Mais ce petit appareil ne sonnera pas quand passera devant moi l’homme de ma vie ou si ma voisine fait un malaise. Il me dira peut-être des choses stupides, comme de faire demi-tour dans un tunnel. Il ne remplacera pas mes amis. Il me donnera le nom d’un peintre devant un tableau, mais il ne saura pas me dire pourquoi cette peinture est belle. Avec lui, je me sentirai seule.

Bonne année 2010

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Applications géographiques Usages

La carte n’est pas le territoire

Les caméras de surveillance du tunnel du Gothard ont permis de surprendre des automobilistes en train de faire un demi-tour à l’intérieur. Comment expliquer cette manoeuvre périlleuse. Le navigateur GPS avait opté pour la route du col et ordonnait au chauffeur de rebrousser chemin. Il s’est trouvé quelques chauffeurs qui ont obéit aveuglement à leur machine plutôt que de s’en remettre à leur simple bon sens.

Article 20 Minutes

Jeu de lumières dans le tunnel du Gothard

Photo prise avec un Iphone dans le tunnel du Gothard (depuis la place du passager)

Il est peut-être temps de rappeler le principe selon lequel la carte n’est pas le territoire. On doit ce mot à Alfred Korzybski. L’esprit humain connait le monde de manière limitée, par les perceptions qu’il en a. Il en construit une représentation (la carte), qui est avant tout un système de symboles. Il faut faire une distinction entre le symbole et ce qu’il représente: alors que le mot “chien” ne mord pas, un vrai chien risque de vous attraper le mollet. S’il n’y a aucun danger à jouer avec le mot “chien” en faisant des plaisanteries, il n’en va pas de même quand on taquine un vrai chien.

Aujourd’hui non seulement les systèmes symboliques sont numérisés (ce qui est très pratique), mais ils sont accessibles de presque partout. On ne les consulte donc pas avant une activité, mais tout au au cours de cette activité: cartes, guides touristiques, horaires de voyage. Tout se fait en temps réel. Cependant accorder à ces systèmes plus de confiance qu’à nos yeux et à notre bon sens relève de l’inconscience. La carte peut être fausse. L’itinéraire sélectionné par l’intelligence artificielle peut être différent. L’horaire peut avoir subi des modifications. Le tableau peut avoir changé de place. On ne compte donc plus les mésaventures provoquées par ces appareils censés nous guider. Dans bien des cas, les conséquences ne sont pas trop dramatiques. Mais dans certaines situations, le danger peut être sérieux.

Bien entendu, nous serons tous d’accord pour admettre que les navigateurs rendent de grands services et qu’ils assurent la paix des ménages sur la route des vacances. Mais celui qui les utilise doit rester conscient de la distinction entre carte et territoire. Un curseur de pixels n’aura jamais d’accident, mais la tôle d’une voiture se froisse au moindre choc, sans parler de la santé de ses passagers. Alors prudence!

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Applications géographiques Communautés virtuelles Hypermonde réseaux sociaux Usages

T’es plus ma copine

Les lexicographes du New Oxford American Dictionary observent les changements de la langue et chaque année, ils choisissent le néologisme qui témoigne le mieux des tendances de l’année. Il doit s’agir d’un terme qui a une portée culturelle et qui correspond à un usage. Pour 2009, le choix s’est porté sur “unfriend”. Il s’agit d’un verbe qui définit l’action d’enlever une personne de sa liste d’amis dans un réseau social sur Internet. Ce terme est une aberration linguistique, l’adjonction du suffixe un- indiquant le fait de défaire ce qui a été fait suppose un verbe “friend”, qui n’existe pas. Mais une langue est gérée par ses locuteurs et nous ne pouvons que constater les usages une fois qu’ils sont massifs. C’est donc sur le sens de ce terme qu’il faut nous interroger.

http://blog.oup.com/2009/11/unfriend/

L’amitié est souvent considérée comme un sentiment solide, indéfectible et plus durable que l’amour. Seule la mort peut le délier, comme le souligne Georges Brassens dans sa chanson “Les copains d’abord”: “Quand l’un d’entre eux manquait à bord, c’est qu’il était mort”. Les technologies de l’information et de la communication ont provoqué des changements importants dans les relations humaines. Il faut cependant faire quelques nuances. L’individualisme et les pratiques de consommation y sont aussi pour quelque chose, de même que la disparition progressive des lieux de socialisation. Le téléphone portable et Internet ont certainement amplifié le phénomène et lui ont donné une dimension qu’il n’aurait pu atteindre autrement.

Qui est donc l’objet de cette action “unfriend”: l’individu de chair et de sang ou son double numérique? A qui se lie-t-on à travers les réseaux sociaux sur Internet? A la personne ou bien à son profil? Les sentiments qui se sont construits par le biais de moyens techniques semblent toujours plus commutables que ceux qui se sont noués dans la vie réelle. Bien avant qu’Internet ne devienne un phénomène aussi important, Philippe Léotard chantait:

mainten’ant j’te rembobine
j’te reset pas, j’te rewind,
j’te pause, j’te stoppe j’t’ejecte
j’te forward, j’te play plus.
t’es plus ma copine,
t’es plus mon amour,
t’es plus présente dans mon avenir

Dans ce texte, la métaphore technologique rend la rupture plus simple, plus définitive. On n’a pas à affronter un regard, un cri, des larmes. Il suffit maintenant de presser sur un bouton, de cliquer, d’envoyer un sms. La lâcheté est au bout du fil. Le truchement des machines facilite le lien comme sa dissolution. Alors qu’avant Internet, la construction d’un réseau social était fortement contrainte par la géographie, la société s’est fortement virtualisée. Les études sur les réseaux ont montré que chaque membre est à quelques noeuds de tout autre. Potentiellement on peut être l’ami de tous. Par conséquent, à la moindre friction, on préfère aller voir ailleurs plutôt que d’essayer d’aplanir les difficultés.

On le sait, le maillon le plus faible détermine l’état du réseau. La volatilité des relations qui naissent à travers les technologies de l’information finissent par déteindre sur le reste de la société. Le sociologue polonais Zygmunt Baumann parle d’amour, de société liquide pour décrire la fugacité des relations à notre époque.


ICrushALot.com

Est-ce une fatalité? Internet ne doit-il mener qu’à des relations humaines sans profondeur, sans durée? Pas forcément. Les individus devront réfléchir à leurs attentes plutôt que de consommer de la relation. Le Web peut aider à maintenir son réseau de connaissances réel. Nous avons tous des amis d’enfances, des copains qui habitent dans d’autres villes ou pays, des cousins éloignés. Les réseaux sociaux permettent de garder le contact avec ceux qui l’on connait déjà. Ils peuvent bien entendu renforcer les contacts professionnels.

Devant la raréfaction des lieux de socialisation, Internet est devenu également un espace de rencontre, aussi bien pour l’amitié que pour l’amour. Les liens qui se créent doivent bien se matérialiser. Les individus doivent bien se rencontrer. Avec le jeu des pseudonymes et des profils mystérieux, il est difficile de savoir si un ami habite à 1000 kilomètres ou bien dans le pâté de maison voisin, comme dans le film “Vous avez reçu un message”. Mais la géolocalisation commence à être intégrée aux réseaux sociaux. Nous avons déjà parlé du réseau Aki Aki. Cette application permet de trouver des gens qui se trouvent à proximité, grâce à son téléphone portable. Un nouveau réseau social fait fureur en Amérique du Nord: Foursquare. Il permet de donner de bonnes adresses et de créer des listes de choses à faire. Google prépare Favorite Places. Bien entendu, un téléphone portable est indispensable pour profiter de ces applications.

On en revient toujours à nos fondamentaux. La virtualisation n’a de sens que si elle est suivie par une actualisation. Peu importe que l’on rencontre quelqu’un dans un train, un café, un club de gym ou sur Internet. A un moment donné, il faut lui faire une place dans sa vie réelle. Mais consommer de la relation virtuelle, zapper sur des profils, cela n’apporte guère de satisfaction à long terme.

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Moteur de recherche Usages Web sémantique

Des photos qu’on peut utiliser … enfin

De nombreuses personnes, notamment des blogueurs, utilisent des moteurs de recherche d’images pour trouver des illustrations. Mais c’est très frustrant de trouver de belles images et de ne pas pouvoir les utiliser (ou de ne pas être sûr de pouvoir). Google vient d’ajouter une nouvelle fonctionnalité à son moteur de recherche d’images qui peut s’avérer très utile. Dans les recherches avancées, on peut désormais filtrer des images selon le type de licence:

  • sans tenir compte des licences
  • réutilisation autorisée
  • réutilisation à des fins commerciales autorisée
  • réutilisation avec modification autorisée
  • réutilisation avec modification à des fins commerciales autorisée

Le moteur recherche les images qui sont indexées selon les licences Creative Commons, qui sont sous licence GNU ou dans le domaine public. Bien entendu, il faut tout de même vérifier si la licence est correcte quand on veut utiliser l’image. Mais au moins, on évite de se retrouver devant des images tentantes, mais qu’on a pas le droit d’utiliser.

Google Search
http://images.google.ch/advanced_image_search?hl=fr

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Musée virtuel muséographie virtuelle Tendances Usages Web sémantique

Les multiples facettes de la réalité

Aujourd’hui, en faisant mes courses dans les rayons d’une enseigne connue, je me suis mise à la recherche d’allumettes. Spontanément, je me suis rendue au rayon des bougies en pensant que les allumettes ne devraient pas en être éloignées. Mais je n’en ai pas vues. Le rayon des caquelons à fondue étant juste à côté, j’y ai jeté un oeil, sans succès. Je me suis donc résignée à demander l’aide d’une vendeuse. Cette dernière m’a entraînée vers le rayon des … piles électriques. C’est là que se trouvaient les boîtes d’allumettes.

Je me suis donc demandée quelle était la caractéristique commune des piles électriques et des allumettes. L’énergie … pardi! Historiquement, les plaques électriques ont remplacé la cuisinière à bois et les torches électriques ont succédé aux chandelles.

Allumettes

Image: fedecomite

En passant, j’ai remarqué que les boîtes d’allumettes que j’avais mises dans mon panier étaient ornées d’images de sites archéologiques fameux. Encore un exemple de muséographie nomade non exploitée …

Revenons cependant à notre quête d’allumettes. Nous avons procédé par association d’idées en reliant l’allumette à ce qu’elle peut allumer, plutôt qu’à sa fonction générique de source d’énergie. Autant de clients dans un magasin, autant d’associations différentes. Les supermarchés ont tendance à séparer les produits, plutôt que de les associer selon leur usage. Il faut dire que l’espace-temps est une dimension difficile à gérer et qu’un objet ne peut pas être à deux endroits en même temps. C’est justement la grande différence entre le monde que nous connaissons dans notre expérience quotidienne et le monde numérique où l’ubiquité est possible.

La navigation des sites Internet peut se montrer aussi contraignante que l’organisation des rayons d’un supermarché. Il lui ajouter aux objets numériques des méta-données, c’est-à-dire des informations qui les décrivent, pour en augmenter le dynamisme. Les produits que l’on trouve dans les magasins comportent de nombreuses informations, comme le prix, la composition, le mode d’emploi. Mais ces informations sont directement imprimées sur l’emballage ou sur une étiquette. Il faut avoir le produit en main pour les lire (et souvent de bonnes lunettes ainsi qu’un diplôme de chimiste). Il en va tout autrement dans le monde numérique où ces informations sont exploitables grâce à un moteur de recherche ou à tout autre programme. Il est possible de les utiliser pour construire la navigation des sites et donner des accès différents dans une même masse d’informations. On appelle cela le faceting browsing. Dans une librairie en ligne, on peut chercher les articles selon divers critères: auteur, genre littéraire, éditeurs, etc… On peut ensuite trier les listes de résultats selon la date de parution ou le prix. Cela donne au consommateur plus de possibilités de trouver ce qu’il cherche et de tirer parti de ses propres associations d’idées.

Ne rencontre-t-on pas le même problème dans l’organisation des musées? Les tableaux, les sculptures, les objets ne peuvent se trouver qu’en un seul endroit. Le conservateur doit donc décider du meilleur endroit pour les pièces de ses collections. Mais dans des domaines aussi subjectifs que l’art, les logiques deviennent très personnelles. Faut-il adopter une logique chronologique, géographiques? Faut-il mettre les oeuvres d’un même peintre dans une salle ou privilégier une approche thématique? Certes, les expositions peuvent remédier temporairement à la situation. Mais globalement les visiteurs partagent tous la même vue des collections. C’est donc l’un des avantages des musées virtuels sur Internet. Ils sont nommés virtuels justement parce que chaque visiteur va générer une vue de la collection qui lui est propre. Les musées virtuels présentent le grand avantage de permettre autant de visites que de visiteurs et de laisser ces derniers découvrir des oeuvres selon leurs intérêts personnels.

L’indexation des contenus est une des clés de l’évolution future d’Internet. On la trouve finalement dans tous les domaines novateurs, à commencer par les réseaux sociaux dans lesquels les individus s’indexent eux-mêmes. Grâce à cette indexation, le visiteur ou l’utilisateur a beaucoup de flexibilité dans l’exploitation de collections, qu’il s’agisse de produits, de pièces de musées ou de personnes. C’est l’émergence du Web sémantique qui se prépare.

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Applications géographiques réseaux sociaux Usages

Informations géographiques éditables en ligne

Google Maps développe constamment de nouveaux outils permettant de partager des informations géographiques sur Internet. Non seulement chacun peut mettre ses informations géographiques en ligne, à disposition de tous: informations sur des randonnées, sur des lieux correspondant à une thématique particulière, mais il est possible maintenant de les éditer en ligne et d’y inviter d’autres personnes à y contribuer.

Edition en ligne d’une carte

http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=fr&msa=0&msid=108003384802908065546.0004438f0aa2307fd7f45&z=11

En cliquant sur le signe indiquant le lieu, une petite fenêtre s’ouvre. En même temps, dans le menu de gauche, un bouton « modifier » permet de rendre le contenu de cette fenêtre éditable. Ainsi, on peut mettre à jour sa carte sans rééditer et importer son fichier KML. Malheureusement il n’y a pas encore de fonction d’exportation du fichier KML modifié.

Il est également possible d’inviter d’autres personnes à collaborer à une carte. La fonction est la même que celle qu’on retrouve dans Google Docs, pour partager des fichiers. Le système envoie des invitations par email. La collaboration est possible dans un cercle restreint. On peut aussi permettre aux personnes invitées d’envoyer à leur tour une invitation ou bien laisser tout le monde modifier la carte.

Maintenant que les cartes peuvent être aisément modifiées ou retravaillées de manière collaborative, il est essentiel de pouvoir être courant de toute modification. On peut donc s’abonner à un fil RSS indiquant tous les changements.

Google Maps devient un véritable outil de travail permettant de partager, mettre à jour et informer. Ses cartes peuvent aussi être lues Google Earth pour ceux qui trouvent ce logiciel plus confortable.

http://maps.google.com/