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Dans les nuages …

Nos disques durs ressemblent un peu à des greniers. Nous y entassons des photos, des textes, des carnets d’adresse, bref tout ce qu’on peut trouver dans des cartons sous nos toits. Mais cela est en train de changer. La tendance est de stocker tout cela maintenant plus haut, au-dessus du toit … dans les nuages. C’est ce qu’on appelle le cloud computing.

Clouds computing

http://www.flickr.com/photos/16230743@N06/2352727820/

De plus en plus, nous sommes en déplacement et nous voulons accéder à nos données sans forcément emporter un ordinateur portable: chez des collègues, des amis, dans un hôtel ou un cybercafé. C’est pourquoi on trouve de nombreux services qui offrent la possibilité de stocker des fichiers en ligne. On peut avoir ses documents, ses feuilles de calcul, ses photos et même ses contacts. En plus de la mobilité, le grand avantage est la sauvegarde: tous ceux qui ont eu un disque dur qui a lâché savent de quoi je parle. Les désavantages existent aussi: tout d’abord on confie ses données à des tiers. Ensuite, du moment que les données sont en ligne, elles risquent de glisser bien vite sur l’Internet public. En effet, si on ne prend pas garde aux paramètres de partage (avec les amis, tout le monde), plus de gens qu’on ne pense peuvent y accéder.

Le « cloud computing » a quand même un grand désavantage: que fait-on quand on n’a pas de connection Internet ou téléphonique?

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Communautés virtuelles Culture Usages

Encyclopédie

Après les remarques à l’emporte-pièce d’Andrew Keene, voici enfin un ouvrage qui donne quelques pistes pour mieux comprendre Wikipédia: Quand le citoyen lambda devient encyclopédiste. Wikipédia. Média de la connaissance démocratique. Même s’il n’a qu’un auteur, Marc Foglia, ce dernier intègre dans le texte des contributions d’autres personnes, ce qui en fait un livre collaboratif.

Quand le citoyen lambda devient encyclopédiste. Wikipédia. Média de la connaissance démocratique.

Ce livre commence par tracer des parallèles entre Wikipédia et les projets encyclopédiques des Lumières. Les auteurs des articles étaient inconnus et ne signaient qu’avec leurs initiales. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert avait pour but de propager la connaissance chez l’honnête homme. Il ne s’agit donc pas de ce qu’on appelle de « connaissances chaudes », encore proches des débats scientifiques, mais de « connaissances froides ». Peut-on définir des tendances politiques marquant le projet wikipédien? L’auteur y voit un mélange intéressant de pensée libérale (liberté d’expression) et de collectivisme. Il met aussi en avant le fait que Wikipédia, c’est aussi (et peut-être avant tout) une communauté. Au-delà des articles, il y a des discussions, des dialogues, des personnes qui se connaissent.

L’auteur pose aussi la question de la nature de la connaissance dans Wikipédia. L’ensemble donne une impression de joyeux fatras, mêlant des sujets tendance (par exemple à propos de « people ») et des sujets sérieux. A l’intérieur d’un article, l’anecdotique le dispute parfois à des informations plus fondées. Le fait que Wikipédia soit issu d’un travail collectif y est pour quelque chose: en l’absence de projet éditorial réel et de contrôle, c’est le consensus qui l’emporte. En fait, les connaissances disponibles dans Wikipédia en disent plus sur la communauté des wikipédiens (et probablement sur la société dans son ensemble) que sur l’état des connaissances de notre époque.

Wikipédia est l’un des projets qui montre le mieux que les rôles d’auteurs, d’éditeurs et de lecteurs ne sont plus aussi bien séparés sur Internet que dans le monde de l’imprimé: les lecteurs peuvent en effet modifier, corriger l’encyclopédie qu’ils consultent. Une fois de plus, c’est la notion d’auteur qui est remise en question.

L’auteur pose aussi la question de la connaissance apportée par Wikipédia. Google et Wikipédia forment un duo omniprésent dans le domaine de la recherche d’information sur le Net: l’internaute commence par une requête sur Google qui l’amène invariablement vers un article de Wikipédia. Quelle que soit la qualité de l’article trouvé. La connaissance est consommée de manière immédiate, sans regard critique, sans recul. On peut parler de malinfo (terme forgé sur malbouffe). C’est peut-être ce qui manque le plus dans Wikipédia: l’encyclopédie se veut neutre, évite toute connaissance faisant l’objet d’un débat. Il y a donc de gros doutes sur l’apport de Wikipédia dans le domaine de l’éducation.

Le livre se termine par un sondage intéressant effectué en France à propos de Wikipédia. On y apprend que 92% des internautes interrogés ont une bonne opinion de Wikipédia et que 74% ont confiance dans ses articles. Comme quoi, l’encyclopédie collaborative, malgré ses défauts, a encore de beaux jours devant elle.

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Communautés virtuelles Général Usages

L’important, c’est de participer

En cette année olympique, la fameuse devise de Pierre de Coubertin est à la mode. Pourtant on ne voit plus guère d’athlètes qui se se rendent aux J.O.”pour participer”. Seule la performance compte maintenant. En revanche l’adage du baron pourrait s’appliquer à Internet.

On parle beaucoup de participation sur le Net, qu’on désigne par l’expression Web 2.0. On l’assimile souvent au narcissisme de la blogosphère ou au culte des amateurs qui aurait cours dans Wikipédia. La participation est cependant un phénomène beaucoup plus complexe. Je me souviens que la première fois que j’ai créé un article dans Wikipédia, je m’étais contentée de composer le texte. Quand je suis revenue voir mon article, quelques jours plus tard, j’ai eu la surprise de constater que quelqu’un avait intégré les liens vers d’autres articles de l’encyclopédie. Cette anecdote montre que la participation ne se confond pas complètement avec la création de contenus. Elle comporte aussi la gestion de ces contenus. En effet, sur les sites participatifs, à côté des auteurs, il y a une foule de petites mains qui corrigent, indexent, améliorent, illustrent les contenus. On trouve aussi des modérateurs volontaires, des numérisateurs de données qui donnent de leur temps pour mettre à la disposition des textes tombés dans le domaine public, des tableaux, des photos. Ces gens n’ont pas de nom, tout au plus un pseudonyme. On ne les remercie jamais. Pourtant, c’est en partie grâce à eux qu’en effectuant une recherche dans un moteur de recherche, on trouve un résultat probant. Si le Web avait dû compter sur des projets officiels, privés ou publics, jamais il ne se serait rempli aussi vite.

Internet est en train de vivre le retour de l’esprit des cathédrales. Cela peut surprendre à notre époque, si empreinte d’individualisme. C’est du reste peut-être par réaction à l’isolement social que cette participation se développe. En travaillant ainsi à un corpus universel des connaissances, on peut se sentir valorisé, même si les fruits de ce travail ne se récoltent pas immédiatement. On a l’impression de participer à une entreprise qui nous dépasse, de poser une modeste pierre sur un édifice essentiel. L’humain a certainement besoin de ce sentiment.

On considère habituellement que les grandes pyramides d’Egypte ont été construites non pas par des esclaves, mais par des hommes libres, en dehors des périodes où ils travaillaient dans leurs champs. On peut se demander qu’est-ce qui les poussaient à s’astreindre à une telle entreprise, d’une extrême pénibilité vu les moyens techniques de l’époque. Il semble que la construction de ces grandes pyramides soit liée à un culte solaire dans lequel le pharaon jouait un rôle essentiel (comme représentant du dieu soleil). Il y avait là une vision partagée par tout un peuple. La construction de la pyramide ne constituerait donc pas l’asservissement des hommes à l’ambition d’un tyran, mais la manifestation d’une conception du monde. En participant à la construction, ces hommes, dont on a oublié le nom, faisaient surgir un édifice qui devait dépasser leur destin singulier pour traverser les siècles. En cela, leurs attentes n’ont pas été déçues, puisque depuis 40 siècles, ces pyramides témoignent de leur passage sur terre.

Pyramides

Aujourd’hui il n’est plus question de traîner des blocs de pierre sur les rampes qui entourent une pyramide. Mais sait-on combien de temps prend la numérisation de livres entiers, de poèmes, d’images? Malgré les scanners, il y a encore beaucoup de travail manuel. Pense-t-on aussi au temps passé par des particuliers à administrer leurs serveurs pour que des internautes puissent venir y glâner des informations? Imagine-t-on le mal que se donnent tous ceux qui contribuent à gérer, améliorer ce que d’autres ont mis? Non seulement tout ce travail n’est pas rétribué, mais bien souvent il coûte encore de l’argent à tous ces inconnus qui enrichissent le Web. C’est donc à juste titre que Time Magazine avait attribué le titre de personnalité de l’année à cette foule d’anonymes. Même si ces derniers n’attendent pas de récompense.

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Culture Musée virtuel Usages

Présenter une oeuvre photographique

Internet permet de diffuser la photographie, mieux que d’autres supports (livre, galerie,…). A témoin ce site consacré à l’oeuvre du photographe polonais Eustache Korwin-Kossakowski (1925-2001). L’association EKO a pour but de préserver et diffuser l’oeuvre de ce photographe qui a vécu entre la Pologne et la France. Elle a fait développer un site entièrement réalisé en Flash, une technique adéquate pour présenter des extraits d’une oeuvre très importante.

Le design est très sobre et met en évidence les photos en noir et blanc. L’oeuvre est présentée par séries. Une fois qu’on est dans une série, la navigation d’une image à l’autre est aisée grâce au rail. On peut toutefois regretter l’absence d’une fonctionnalité d’agrandissement.

Finalement, on n’est pas loin du livre de photographies, que l’on feuillète grâce à la souris. On se laisser guider. Le but du site est de faire connaître l’artiste et l’oeuvre, de mettre cette dernière en valeur. Pourquoi l’alourdir de fonctionnalités inutiles? Y a-t-il un sens à faire voter ou laisser commenter ces images-là? Peut-être pas. Finalement à la sobriété de l’oeuvre de Kossakowski répond celle du site.

http://www.eustachy-kossakowski.com/

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Culture Usages

Immédiateté, ubiquité

C’est un truisme que de dire qu’Internet et les nouvelles technologies de l’information ont changé le monde et nos vies. Le savoir est une chose, l’admettre et en voir les conséquences une autre. Il faut peut-être se pencher parfois sur des pratiques anciennes pour voir comment on gérait l’information.

En Grèce ancienne, l’immédiateté et l’ubiquité était le seul fait des divinités. Les dieux pouvaient satisfaire immédiatement les voeux plus ou moins intelligents des hommes qui avaient la possibilité d’en choisir (comme Midas). Ils pouvaient instantanément se transporter à une autre place. Les hommes eux étaient condamnés aux délais entre les événements et leur connaissance. Ces délais pouvaient être plus ou moins longs et avoir des conséquences fâcheuses ou heureuses.

Dans un passage de la tragédie d’Eschyle “Agamemnon”, la reine Clytemnestre annonce aux gens d’Argos la chute de Troie la veille. Les vieillards du choeur sont surpris de la rapidité avec la quelle la nouvelle est parvenue jusqu’à leur ville. Elle leur explique qu’un système de torches le long de la route de Troie à Argos, allumées les unes après les autres, lui a annoncé la nouvelle.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Quand la ville a-t-elle donc été emportée ?

KLYTAIMNESTRA.

Dans cette même nuit de laquelle est sorti ce jour.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Et quel messager a pu accourir avec une telle rapidité ?

KLYTAIMNESTRA.

Hèphaistos a fait jaillir, de l’Ida, une lumière éclatante. De torche en torche, et par la course du feu, il l’a envoyée jusqu’ici. L’Ida regarde le Hermaios, colline de Lemnos. De cette île, la grande flamme a atteint le troisième lieu, l’Athos, montagne de Zeus. La force de la lumière, joyeuse et rapide, s’est élancée de ce faîte, pardessus le dos de la mer, et, telle qu’un Hèlios, a répandu une splendeur d’or dans les cavernes du Makistos. Ici, sans retard, sans se laisser vaincre par le sommeil, on a transmis la nouvelle. La clarté, projetée au loin jusqu’à l’Euripos, a porté le message aux veilleurs du Messapios ; et ceux-ci, à leur tour, ayant allumé un monceau de bruyères sèches, ont excité la flamme et fait courir la nouvelle. Et la lumière, active et sans défaillance, volant par delà les plaines de l’Asôpos, comme la brillante Sélènè, jusqu’au sommet du Kithairôn, y a fait jaillir un nouveau feu. Les veilleurs ont accueilli cette lumière venue de si loin, et ils ont allumé un bûcher encore plus éclatant dont la lueur, par-dessus le marais de Gorgôpis, projetée jusqu’au mont Aigiplagxtos, a excité les veilleurs à ne point négliger le feu. Ils ont déployé avec violence un grand tourbillon de flammes qui embrase le rivage, par delà le détroit de Saronikos, et se répand jusqu’au mont Arakhnaios, proche de la ville. Enfin, cette lumière partie de l’Ida est arrivée dans la demeure des Atréides. Tels sont les signaux que j’avais disposés pour se transmettre la nouvelle l’un à l’autre. Le premier a vaincu, et le dernier aussi. Telle est la preuve certaine de ce que je t’ai raconté. Le roi me l’a annoncé de Troia.

Ce texte est assez extraordinaire, mais ne correspond pas à une pratique courante. Ce type de dispositif pose l’invénient de ne pouvoir apporter qu’un seul message, dépourvu d’ambiguité, de manière unique. Les Grecs confiaient leurs informations importantes habituellement à des messages qui se déplaçaient d’une ville à l’autre, comme le fameux coureur de Marathon. Ainsi il fallait un à plusieurs jours à un message pour parvenir à son destinataire. On imagine les enjeux quand il s’agit de demander de l’aide à un allié pour se défendre contre une attaque.

On connaît aussi la fameuse affaire de Mytilène relatée par Thucydide (III, 59). Les gens de Lesbos s’étaient soulevés contre le joug athénien. Athènes décida de réprimer sévèrement les habitants en mettant à mort les hommes et envoya un bateau pour transmettre l’ordre à exécuter sur l’île. Cependant l’Assemblée d’Athènes changea d’avis. Il fallut envoyer un autre vaisseau, en espérant qu’il arrive à temps:

Telles furent les paroles de Diodotos. Ces deux discours contradictoires et d’égale habileté laissèrent les Athéniens indécis. On passa au vote et les deux avis recueillirent un nombre de voix à peu près égal. Ce fut pourtant celui de Diodotos qui l’emporta. On envoya donc en toute hâte une nouvelle trière, de peur que l’autre, qui avait un jour et une nuit d’avance, n’arrivât la première et ne donnât l’ordre de détruire la ville. Les députés de Mytilène approvisionnèrent le vaisseau de vin et de farine et promirent à l’équipage une bonne récompense s’il arrivait le premier. La chiourme fit tellement diligence que les hommes continuaient à ramer tout en mangeant leur portion de farine délayée dans du vin et de l’huile ; ils dormaient et ramaient par bordées. Par bonheur aucun vent ne vint les retarder et le premier bâtiment, chargé d’une funeste mission, ne se pressa pas, tandis que le second faisait force de rames. Le premier devança le second juste assez pour permettre à Pakhès de lire le décret. On se préparait à exécuter les ordres, quand le second vaisseau aborda, épargnant ainsi la ruine à Mytilène. Voilà à quoi tint que la ville ne fut pas détruite.

Si l’on remonte plus haut dans le temps, les nouvelles arrivaient avec les voyageurs: des commerçants, des artisans itinérants ou des aèdes. C’est ainsi que Pénélope, dans l’Odyssée, est toujours intéressée par entendre les voyageurs qui arrivent à Ithaque. Entre l’événement et sa relation, des années pouvaient se produire. Transmis de bouche à oreille, ils avaient tendance à se légendariser.

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Communautés virtuelles Culture muséographie virtuelle réseaux sociaux Tendances Usages

De l’utilisation des groupes dans Flickr

Les 2 milliards d’images réunies en 4 ans par le site Flickr apparaissent déjà comme une réalisation extraordinaire. Mais les responsables du site ne se contentent pas d’accumuler un capital en images exceptionnel. Ils veillent aussi à sa valorisation. Depuis longtemps, il est possible d’exporter des photos vers un blogs ou de faire apparaître sur un autre site un portfolio d’images choisies selon un mot-clé. Flickr offre une fonctionnalité très intéressante, celle des groupes. Comme nous allons le montrer, il s’agit d’une fonctionnalité virtualisante à plus d’un égard.

Chaque utilisateur inscrit dans Flickr peut créer un groupe. Il peut définir des règles et le paramétriser. Ainsi il peut choisir de laisser entrer qui veut ou d’accepter en tant qu’administrateur des demandes d’accès. Le groupe a deux éléments principaux:

Les discussions: il est possible de lancer un débat entre les divers membres du groupe. Cela marche comme un mini-forum.

Le pool: c’est la fonction la plus intéressante. En effet, les membres du groupe ne versent pas directement des photos dans le pool du groupe. Ils attribuent certaines de leurs photos au pool du groupe (ou des groupes) auxquels ils ont adhéré. Ainsi une photo peut être présente dans plusieurs groupes.

Quels sont les avantages?

Flickr forme une masse imposante d’images d’une grande variété. En créant des groupes, on peut réunir des images correspondant à des thèmes ou des problématiques diverses, sans devoir importer soi-même des photos sur ce thème. Les tags permettent en partie cela. Mais les groupes ont l’avantage de ne pas dépendre de la formulation du tag (langue, orthographe) et ils ont une composante débat qui permet d’ouvrir des discussions intéressantes.

Les responsables et amateurs de musées ne s’y sont pas trompés: les groupes peuvent leur être très utiles, de diverses manières:

  • Créer un groupe correspondant à un thème. Tout est possible évidemment.

Grâce aux tags, il est possible de mieux explorer ce thème et, par exemple, de visualiser les tombes avec statues:

Voilà autant de formes de musées virtualisés (quand il s’agit d’un musée de brique et de ciment) ou de musées virtuels ou improbables. Explorer Flickr à travers les groupes permet de découvrir des choix inédits de vues ou de sujets, mais aussi de participer à des débats. Quant aux musées, ils ont toutes les raisons de créer des groupes dans Flickr et d’encourager leurs visiteurs à y insérer leurs prises de vue.

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Général Tendances Usages

Vous avez dit 2.0 ?

On discute beaucoup du Web2.0, mais en a-t-on donné une définition utile? Le critère fondamental de toute application 2.0 est la participation du public au contenu (user generated content). Cette participation peut se faire selon plusieurs modalités:

1. Le contenu est totalement fourni par le public. Le prestataire de service (souvent gratuit) met à disposition un système, mais ne fournit aucun contenu. Ce sont les utilisateurs qui l’intègrent. C’est ainsi que fonctionne l’encyclopédie collaborative Wikipédia, la blogosphère, les sites de partage d’images (Flickr) ou de vidéos (YouTube). On connaît même des journaux qui fonctionnent de cette manière, comme Agora Vox ou Rue89. Il existe des applications spécialisées dans lesquelles on peut importer des données et, parfois même, réexporter les résultats sur un autre site. C’est en tout cas une des possibilités offertes par Google Map. On peut aussi ranger Second Life dans cette catégorie: il s’agit d’un univers 3D persistant dont le contenu a été entièrement créé par ses utilisateurs.

2. Le contenu est évalué par le public. Des auteurs ou des éditeurs fournissent des contenus. Le public est invité à évaluer ces contenus, par exemple en votant pour un article. On trouve cette fonctionnalité dans de nombreux sites: journaux en ligne, blogs, site de partage d’images ou de vidéos. Elle permet de classer les contenus et de mettre les plus appréciés en avant. Sur Internet, le succès appelle le succès.

3. Le contenu est commenté par le public. Au bas de chaque article, le public peut apporter un commentaire sous forme d’une note écrite. L’auteur de l’article peut libérer ou non le commentaire. Il peut aussi y répondre, ce qui conduit à une discussion.Classiquement, on trouve des fonctions de commentaire sur les blogs, les journaux en ligne, les sites de partage d’images.

4. Le contenu est géré par le public. Le Web connaît de tels quantités de données que leur gestion doit être envisagée d’une manière radicalement nouvelle. Certains sites invitent le public à indexer les contenus en leur attribuant des mots-clés ou tags. On appelle cela social tagging, folksonomy ou, en français, indexation sociale. Le recours (rétribué ou non) à une multitude de personnes inconnues du donneur de mandat est le crowdsourcing, néologisme anglais formé sur outsourcing (crowd signifiant foule). Le cas le plus classique de folksonomy est l’indexation des images. Autant il est possible d’indexer des textes de manière relativement automatisé (en partant des contenus), autant l’image résiste à toute analyse de ce type. L’oeil humain reste encore le meilleur système d’analyse de l’image.

5. Le contenu peut être réutilisé sur d’autres sites. Afin de valoriser des contenus, des concepteurs de site mettent à disposition des ponts permettant l’exportation des contenus vers d’autres sites. Cela peut aller de fils RSS à la reprise de cartes de géographie, en passant par l’exportation d’une image vers un blog. De cette manière, les contenus sortent de leur environnement de déaprt et se diffusent sur Internet. Ils deviennent ubiquistes.

6. Le contenu peut être complètement agencé selon les souhaits de l’utilisateur. Il s’agit des offres personnalisées dont le nom commence souvent par my-. En règle général, l’utilisateur a un accès privé à cette page. Il est le seul à la voir. Mais Netvibes vient d’offrir la possibilité de rendre une version de la page personnalisée public. On retrouve aussi cette possibilité sur Facebook.

Les possibilités sont multiples et un seul site peut en intégrer plusieurs. Flickr par exemple cumule une bonne parte des fonctionnalités mentionnées ci-dessus et il leur ajoute encore une composante de réseau social. Mais tout n’est pas rose au pays du Web 2.0. En effet, d’un côté les utilisateurs de sites sont invités à se montrer créatifs, collaboratifs. De l’autre côté, il est possible de créer des sites avec peu d’efforts, simplement en agrégeant des données créées par d’autres.

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réseaux sociaux Second Life Tendances Usages

Virtuel, mon amour

Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, vient de consacrer un livre aux relations humaines dans les mondes virtuels. Il parle non seulement de tous les liens que nous pouvons établir ou renforcer grâce à diverses applications disponibles sur Internet, mais aussi des conséquences de ces applications sur les rapports humains: dans le couple, dans la famille et avec les amis.

Virtuel mon amour

L’auteur peint une image contrastée des mondes virtuels: ils peuvent avoir des conséquences heureuses dans certains cas (quand ils aident des enfants à affronter d’abord dans le virtuel certaines situations), mais aussi négatives (comme dans les cas d’addiction).

Il relève que ces mondes virtuels ne sont pas issus du néant. Avant Internet, il y avait déjà le téléphone. La lecture de fiction aussi, on l’oublie souvent, était aussi une manière de se plonger dans d’autres univers, de prendre la place d’un personnage. La lecture a même été considérée comme néfaste: que l’on songe au livre de Flaubert, Madame Bovary. Il reconnaît cependant que les mondes virtuels qui émergent maintenant (téléphonie mobile, réseaux sociaux, Second Life, …), de part leur persistance, constituent un nouvel univers avec lequel il faudra apprendre à vivre. Les enfants y sont plongés très tôt. Malheureusement leurs parents sont peu préparés à les accompagner. De plus, ils ont tendance à considérer le temps passé dans les mondes virtuels (notamment les jeux en réseaux) comme un moment de loisir. Leur seul souci est d’éviter que ce temps empiète sur les devoirs. Les parents devraient cependant être conscients que les enfants acquièrent aussi des compétences et font une partie de leur socialisation dans ces univers et ils seraient bien inspirés de s’y intéresser. On commence à voir dans certains jeux des couples pères-fils (ou mères ou filles) , mais c’est encore rare. Même pour les grandes personnes, les mondes virtuels peuvent avoir du bon: les jeux constituent pour les enfants un « espace potentiel ». Grâce à des applications comme Second Life, les adultes peuvent disposer eux aussi de tels espaces où ils peuvent se mettre en scène, interagir avec des objets ou d’autres avatars.
L’auteur montre aussi le rôle de plus en plus envahissant de ces mondes virtuels dans notre vie par le truchement des machines qui nous permettent d’y accéder. D’après lui, les gens se comportent avec leur téléphone portable comme des enfants avec leur doudou. Le téléphone a un côté rassurant: il permet de relier immédiatement avec ses proches, comme le doudou rappelle à un bébé le parent absent. Une très belle page compare aussi notre attitude vis-à-vis d’un répondeur aux réactions observées lors de l’expérience dite du miroir: une maman adopte pour un temps limité une attitude figée (p. 152). Le bébé s’affole d’abord, puis il essaie de renouer le contact. La mère ne réagissant toujours pas, le bébé montre alors son caractère. Certains insistent, d’autres deviennent tristes et, dans le dernier groupe, ils laissent tomber. Selon notre tempérament, nous opteront pour l’une de ces attitudes, non seulement face à un répondeur, mais aussi vis-à-vis d’un contact qui ne nous répond pas, que l’on soit sur MSN ou Second Life.

Ce livre est assez simple à lire et basé sur des cas pratiques. Il est très riche, évoquant de multiples thèmes impossibles à reprendre ici: corporalité et Internet, attitudes face aux images des écrans, tendance à effectuer plusieurs tâches en même temps, nature de l’avatar, … Un regret toutefois à la suite de cette lecture: la définition du virtuel que l’auteur adopte n’est guère convaincante. Il mentionne la définition donnée par Aristote: ce qui est en puissance, en devenir, en donnant l’exemple classique de la graine et de l’arbre. Il termine par cette remarque:

Mais peu importe, car cette définition, la seule utilisée pendant deux millénaires, a pratiquement disparu aujourd’hui sous l’effet des technologies numériques (p. 53).

Il adopte alors la définition adoptée dans le domaine des jeux vidéos et de l’image de synthèse. Or Pierre Lévy, dans ses travaux, a montré tout l’intérêt que cette définition (reprise par la scolastique médiévale) avait pour traiter des nouvelles technologies en réseaux.

Sur cette question, voir la page « Le virtuel » de ce blog.

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Mobiles Tendances Usages

Musées sur téléphone

La tendance est claire: le téléphone va devenir l’appareil de prédilection permettant d’accéder à Internet. Ainsi une présence sur Internet qui se veut efficace se doit d’offrir aussi des contenus adaptés aux téléphones. C’est déjà le cas de nombreux services, comme des horaires de train. Mais les musées viennent aussi sur ce terrain.

Le site Museum on the Go met à disposition des contenus provenant d’une dizaine musées. On peut y trouver des images, des sons, sonneries ou morceaux entiers. Pour être tout à fait honnête, il ne s’agit encore de visites virtuelles de musées. Cette offre correspond plutôt à une virtualisation de la boutique du musée. Elle permet d’emporter avec soi quelque chose provenant d’un musée, d’habiller son téléphone selon ses goûts de se démarquer.

L’offre la plus amusante que j’ai vue est celle de sonneries de téléphone reprenant des cris d’animaux ou des chants d’oiseaux. Vos collègues ou amis pourraient entendre un merle chanter dans votre poche.

Museum on the Go

http://www.museumonthego.com/

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Culture Usages

Un concours de blogs

De plus en plus, Internet est le lieu où fleurit une production et de diffusion de contenus de qualité dans les domaines les plus variés: littérature, musique, art, photographie, sans oublier les genres propres à Internet, comme les blogs. Il est temps de récompenser ceux qui passent beaucoup de temps à enrichie le Net avec des contenus de qualité. Les sites récompensant les sites existent depuis longtemps. Il est temps de s’intéresser aux contenus. Depuis l’an dernier, le festival de Roman s’est donné ce but. En 2007, il a récompensé 27 producteurs de contenus dans le domaine artistique, sur 2.000 candidats. Le concours est ouvert aux amateurs seulement (qui ne tirent pas de revenus de leur production en ligne). Il est possible de s’inscrire jusqu’au 29 février si votre production correspond aux thématiques du concours:

  • Thématique Arts Graphiques
  • Thématique Vidéo
  • Thématique Musique
  • Thématique Littérature
  • Thématique Blog

Le festival aura lieu les 18, 19 et 20 avril 2008. Pour en savoir plus, voir le site Internet:

http://www.festivalderomans.com/