Après l’industrie de la musique, c’est à la presse d’être chamboulée par le développement d’Internet et des technologies de l’information. Quel est l’avenir de ce paysage médiatique en pleine tempête ? Bien malin est celui qui pourra le prévoir. Actuellement on voit jaillir toutes sortes de tentatives, les unes plutôt réjouissantes, les autres porteuses de craintes. Petit survol.
Ce qu’on appelle le journalisme citoyen se développe sur le Net, à travers les blogs ou sur des sites collaboratifs comme Agoravox*. Les contributeurs ne sont pas rétribués de manière directe pour leur travail de recherche ou d’écriture, mais ils trouvent sur le Web une tribune. Ils constituent une alternative bienvenue à la presse traditionnelle, souvent imbriquée dans des conglomérats financiers et de plus en plus soumises à des impératifs économiques*.
Parmi les initiatives intéressantes, il y a celle de Jay Rosen, professeur de journalisme à New York University. Il préconise une sorte de journalisme open source : les idées de reportage proviennent des utilisateurs du site, qui vit de donations**. Ainsi on évite des intermédiaires entre le public et le journal en ligne. Le lancement du site est prévu pour l’an prochain. Il sera intéressant à suivre. C’est un système à double tranchant : les responsables du site pourraient être tentés de suivre la ligne souhaitée par les donateurs.
A l’opposé, une firme de conseils financiers, Thomson Financial, vient de lancer ce qu’on pourrait appeler le journalisme automatique****. Un système informatique recueille les informations financières, comme les résultats des entreprises. Il fabrique ensuite des dépêches pour les envoyer à des clients abonnés. Tout ce processus se déroule sans l’intervention d’un être humain. Le système compare par exemple le résultat annuel d’une firme au précédent. Le but du système est d’envoyer des nouvelles le plus rapidement possible, avec les risques que cela comporte. En effet, les marchés financiers sont très réactifs et il faut espérer qu’il n’y ait pas trop de failles dans l’algorithme à la base de ce système. La rédaction automatisée de brèves ne pourra se cantonner que dans des secteurs très limités, facilement programmables, ou à des systèmes rassemblant des dépêches. La critique littéraire ou le commentaire politique ont encore de beaux jours devant eux.
Automate créé par Jaquet-Droz au 18ème siècle, intitulé l’écrivain
Photo: Wikimedia Commons, Rama
Il est probable que les journaux en ligne seront, à l’avenir, un mélange entre journalisme professionnel et collaboration des lecteurs. Ces derniers fourniront des informations, commenteront les nouvelles qu’ils lisent, débattront en ligne, entretiendront des blogs sur les sites des journaux, comme c’est déjà le cas actuellement. Le travail des rédacteurs sera d’assurer une certaine cohérence à l’ensemble.
* http://www.agoravox.fr
** pour en savoir plus sur ce thème, il faut lire l’ouvrage de Joël de Rosnay, La révolte du pronétariat.
*** http://journalism.nyu.edu/pubzone/weblo … dn_qa.html
**** http://www.ft.com/cms/s/bb3ac0f6-2e15-1 … e2340.html