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De la fouille au musée virtuel

L’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a pour mission de veiller à la détection, la conservation ou la sauvegarde du patrimoine menacé, en France. Il effectue des sondages dans des endroits où de nouvelles constructions sont prévues et, le cas échéant, il pratique des fouilles. Il a aussi pour mandat de publier ses découvertes et de les faire connaître au grand public. L’INRAP n’a pas de musée pour remplir cette mission. Il édite une revue et utilise les possibilités d’Internet. Le site de l’INRAP offre donc des dossiers et des expositions virtuelles pour exposer les richesses trouvées dans le sous-sol.
L’exposition virtuelle mise en exergue actuellement est consacrée à deux haches en pierre polie, datant du Néolithiques et trouvées dans un sondage, dans l’Aisne. L’internaute peut manipuler une de ces haches directement sur son écran. Il découvrira aussi comment des Papous de Nouvelle-Guinée fabriquent encore aujourd’hui des objets semblables.

Les expositions virtuelles de l’INRAP sont généralement attractives. Elles sont dynamiques et peuvent être parcourues assez rapidement par le visiteur pressé. Elles donnent une bonne idée des sites et découvertes présentées et rendent les activités de l’INRAP vivantes en montrant des images de la fouille et des archéologues.
Ce sont aussi des expositions qui se font en dehors de tout musée, par les auteurs mêmes des découvertes. Ainsi Internet permet de raccourcir le chemin qui va de la fouille au musée … virtuel.

Site de l’INRAP: http://www.inrap.fr/

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Art: de la poubelle au musée virtuel

Un homme d’affaire new-yorkais s’est créé une collection d’oeuvres d’art, en récupérant des tableaux et des photographies qui étaient destinées à être jetés. Pour la plupart, il s’agit de réalisations d’étudiants en beaux-arts. D’autres viennent de marchés aux puces. Notre collectionneur a rempli, avec ses oeuvres récupérées, son appartement, sa maison de campagne, son bureau et un local loué à cet effet. Il a finalement considéré que la meilleure façon de les présenter au public était de créer un musée virtuel sur Internet, dont la capacité de présentation est sans limites.
Il a donc fait réaliser, propablement à ses propres frais, un remarquable site sur lequel on peut, à loisir, admirer des tableaux voués à la destruction et découvrir, peut-être, un artiste de talent. C’est en tout cas l’espoir du promoteur de ce site.

http://www.discardedart.com/

Source: New-York Times

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Vases grecs

Sir John Beazley fut professeur d’archéologie classique à Oxford, entre 1925 et 1956. Durant sa carrière, il a réuni un grand nombre de photographies qui servirent de base à ses travaux sur l’iconographie des vases grecs classiques. Cette collection s’est enrichie et contient environ 500’000 notices dont 250’000 sont accompagnées de photos en noir et blanc. Elle est conservée dans les locaux de l’Ashmolean Museum. Depuis 1979, une archive numérique a été développée sur la céramique grecque décorée, entre 625 et 325. Elle comporte aujourd’hui 70’000 notices 53’500 images et 3’500 utilisateurs enregistrés.

Cette base de donnée est réservée aux spécialistes, archéologues, historiens de l’art ou des religions antiques notamment. L’interface de requête n’est pas très simple à utiliser. En revanche, elle permet de parcourir ce corpus très riches selon de nombreux paramètres: collection, ville de conservation, lieu de découverte, technique, sujet traité sur le décor, etc… Les notices sont aussi très riches. Sur chaque photographie, il y a la mention de la banque de données, parfois très mal placée. Cette pratique a probablement pour but d’empêcher la réutilisation des images pour des publications. Parallèlement il existe une interface destinée à un public plus large, un peu plus simple d’utilisation: on peut accéder aux vases directement grâce à des mots-clés prédeterminés.

S’il y a un domaine où il est impossible, pour les chercheurs, d’observer un corpus, c’est bien celui de la céramique grecque. Les pièces sont dispersées dans de très nombreux musées. Elles ne sont de loin pas toutes exposées. Pour les voir, il faut obtenir des autorisations. Cet outil est donc appréciable, malgré son ergonomie faible et la qualité assez mauvaise de ses images. L’accès à l’application pour spécialistes est soumise à un mot de passe. On a plus à faire à un système d’information qu’à un musée virtuel.

Beazley Archives
Nouveau site de l’Ashmolean Museum

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Pratique Usages

Anniversaire

Eh oui! c’est mon anniversaire aujourd’hui. Pas plus grave plus qu’un rhume: ça arrive à chacun de nous une fois par année. Voilà cependant l’occasion de tester la carte virtuelle ou carte d’anniversaire électronique. Mon identité virtuelle m’a donc envoyé une jolie carte d’anniversaire:

L’ennui, c’est que je reçois un courrier électronique comportant un lien et une invitation à aller consulter la carte sur le site d’où elle a été envoyée. Je suis obligée de m’y rendre pour l’admirer. En principe, ce genre de service est gratuit, mais il comporte souvent de la publicité, quand il n’est pas une publicité lui-même. Parfois il s’agit de sites uniquement dédiés à ce service, mais on trouve aussi la fonctionnalité de carte virtuelle (pour les anniversaires ou pour d’autres occasions) sur de nombreux sites, les sites de musées par exemple. La carte électronique est considérée comme un outil de marketing. D’où sa gratuité.
Plus fort est le service (payant cette fois) de la Poste suisse permettant d’envoyer une véritable carte, à partir de votre PC. Il est même possible de la créer à partir d’une de ses propres photos. Et la carte arrive dans une vraie boîte aux lettres.

Les cartes virtuelles font-elles autant plaisir que les vraies? Pas certain. Elles donnent une impression de paresse: on ne va pas à la papeterie acheter une carte, on ne se rend pas à la poste. Mais pourquoi ne pas « bricoler » quelque chose soi-même avec un logiciel d’édition graphique (la colle et les ciseaux virtuels), à partir de ses propres photos ou de ses vidéos numériques? Ou un podcast rigolo que votre ami ou parent pourra charger sur son iPod? C’est ainsi que mon frère m’a envoyé par mail une animation très amusante, qui m’a fait un très grand plaisir et que je me suis empressée de copier dans mon iPod. :-)

Bon! je ne donne pas de liens. Avec un bon moteur de recherche, vous trouverez tout ce que vous voudrez. Je vais ouvrir mes cadeaux!

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@-biographie

Le Musée de la Personne (Museu da Pessoa) est une initiative, née au Brésil, qui montre comment les institutions muséales peuvent tirer parti du média Internet pour accomplir leur mission*. Il se présente comme un musée virtuel dont le but est de collecter des histoires de vie. Le site permet non seulement de présenter les collections constituées, à ce jour environ 6000 biographies collectées lors d’interviews, de projets et par Internet, mais également d’enrichir le fond. Il comporte en effet une interface qui permet à chacun de livrer sa biographie, sous forme de texte, mais aussi des photographies, des dessins, des fichiers audio et vidéo.

Le site est disponible en deux langues. La version la plus large est en portugais. L’interface de saisie des éléments biographiques et l’accès aux collections complètes n’est disponible que dans cette langue. La version anglais n’est qu’une brochure de présentation du musée. Le public francophone peut se faire une idée du contenu de ce musée, grâce à une exposition virtuelle mise sur pied par le Musée de la Civilisation à Québec (voir ci-dessous).

L’expérience du Musée de la personne est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord, elle crée une sorte d’immédiateté entre le musée et le public. Classiquement, la constitution d’un musée consiste à sélectionner des objets et à les offrir à regarder aux visiteurs. Plus récemment, les musées ont invité les visiteurs à devenir acteurs de leurs propres visites, en leur offrant toutes sortes d’expériences. Maintenant le visiteur a aussi la possibilité de participer à l’élargissement de la collection, non pas par le don d’un objet, mais en livrant son histoire de vie.
Selon la directrice du Musée, Karen Worcman, le musée a pour mission de collecter des données non seulement dans un but scientifique, pour les chercheurs, mais également afin de contribuer au développement social. Dans un pays multi-ethnique comme le Brésil, cela permet à la population de créer un miroir d’elle-même qui servira de base à ses réflexions sur l’avenir. On retrouve là une idée qui était née à la fin des années 60 et dans les années 70, dans une période mouvementée, qui avait vu la création des éco-musées. Ce mouvement social des musées s’est essoufflé, mais Internet pourrait s’avérer être un outil plus adéquat. En effet, on a constaté qu’il avait permis à certaines communautés ethniques, en occurrence les Amérindiens, de se ré-attribuer leur patrimoine***.

* http://www.museudapessoa.net/
** Musées et Millénaire (choisir: Mémoires du 20ème siècle)
*** http://www.civilisations.ca/academ/arti … f1_1f.html

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Culture Usages

Swissroots

Les Suisses ont peu conscience d’une époque pas si lointaine où les oncles et tantes de leurs aïeux quittaient le pays pour aller trouver meilleure fortune ailleurs: Etats-Unis, Canada, Brésil, Argentine ont constitué leurs terres d’asile. Certains y ont trouvé la renommée (comme Louis Chevrolet), d’autre la fortune, pour beaucoup tout simplement une vie meilleure. La vie en Suisse était des plus rudes et les collectivités publiques de l’époque, communes ou bourgeoisies, allaient jusqu’à financer le voyage des candidats à l’émigration. La fondation de Nova Friburgo constitua par exemple une possibilité de se débarrasser de nécessiteux ou d' »heimatlos ».
Les descendants de ces Suisses partis au loin aiment se souvenir de leurs racines et certains d’entre eux reviennent sur les traces de leur ancêtre, munis de quelques papiers portant le nom d’une localité helvétique. C’est pour eux qu’est né le site Swiss Roots, notamment pour ceux qui résident aux USA.

Ce site est entièrement basé sur l’idée de communauté virtuelle sur Internet. Le but est de permettre aux participants d’échanger leurs histoires et leurs témoignages, sous forme de textes ou d’images. Il est possible de proposer son histoire familiale, de se créer un groupe d’amis. Le site offre également un accès à des sources de données essentielles, comme celle d’Ellis Island, où parvenaient tous les candidats à l’immigration qui allaient à New York. Il est donc possible de repérer le passage d’un aïeul et même de visualiser sa fiche. On accède aussi à une banque de données des noms de famille suisse.

Ce site montre bien qu’Internet est devenu un outil permettant à des familles séparées depuis deux ou trois générations de continuer à entretenir des liens. Il fourmille de renseignements généalogiques, de forum de discussion familiaux et permet d’accéder aisément à des archives comme celles d’Ellis Island. A l’époque où ces Suisses ont fui la misère, le monde était vaste et, pour la plupart, ils n’avaient aucun espoir de retour. Les contacts se perdaient vite avec leur lieu de naissance, à cause de la faiblesse des moyens de communication. Leurs enfants ne connaissaient plus la langue de leurs parents et les échanges s’interrompaient définitivement. Aujourd’hui, le monde est devenu petit et les technologies de l’information et de la communication permettent une communication constante. Les tribus peuvent donc se reformer et s’épanouir.

http://www.swissroots.org/

http://www.ellisisland.org/

Un récit d’émigration sur un autre blog:
http://carolo.bleublog.ch.bleublog.ch/e … h-pic.html

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Culture Musée virtuel Trouvaille Usages

Toile prise dans la toile

Une oeuvre du peintre Maurice Boitel a été retrouvée grâce à Internet. Le tableau, peint en 1954 et représentant deux vases avec des fleurs fanées, avait été volé en 1965. Revendu au Danemark, il est réapparu récemment sur le marché de l’art. Le petit-fils du peintre l’a découvert en consultant un site spécialisé dans les ventes d’oeuvre d’art.
Nous ne savons pas exactement de quel site il s’agit. Cependant, en consultant la page Maurice Boitel sur le site d’Artprice, nous avons été frappés par la présence d’un titre en danois. L’année de création correspond.


http://web.artprice.com/ps/ArtItems.asp … amp;page=1
Copie d’écran du 2.10.2006

A l’ère d’Internet, il devient de plus en plus difficile de revendre des oeuvres d’art ou des antiquités volées. Il suffit d’en publier l’image sur Internet pour attirer l’attention. Interpol édite un DVD des oeuvres volés*, qui contient 30’000 entrées et qui est régulièrement mis à jour. Il publie aussi sur son site les objets dernièrement volés et ceux qui ont été retrouvés. De son côté, l’ICOM () publie sur Internet une liste rouge des objets archéologiques susceptibles de se retrouver sur le marché de l’art**.

* http://www.interpol.int/Public/WorkOfAr … efault.asp

** http://icom.museum/redlist/

Confirmation de M.Boitel, l’oeuvre volée a bien été découverte sur Artprice. Vous trouverez plus de détails sur le site consacré à Maurice Boitel:

http://www.mauriceboitel.com/

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Général Tendances

Matrix et philosophie

Nous avons fait récemment une critique d’un débat consacré à Matrix dans le cadre du 2ème Festival de philosophie de Fribourg. Suite à cette critique, un des intervenants du débat, Frédéric Grolleau, m’a transmis un lien conduisant vers le texte qu’il avait préparé pour cette soirée et qu’il n’a pas pu présenter complètement, le débat avec le public ayant démarré très vite.
Ce n’est pas que je veuille me faire pardonner en publiant un lien vers lui ici, mais j’ai trouvé cet article vraiment très intéressant. Je pense que s’il avait pu être prononcé lors du débat, cela aurait éclairci bien des points.

Il comporte trois parties:

– une critique très fouillée de Matrix
– la différence entre réel et virtuel, où il est fait référence aux travaux de Gilles Deleuze et de Pierre Lévy, auxquels nous nous référons souvent ici. L’auteur y relate aussi une expérience de pensée du philosophe américain John Searl à propos d’un homme enfermé dans une chambre avec des manuels de chinois et les règles pour les utiliser. L’homme peut ainsi répondre à des questions posées par un vrai Chinois, sans parler lui-même le chinois. Pour ce philosophe, il en va de même pour une machine de Turing (à la base de l’architecture de nos ordinateurs): elle ne fait que combiner des états, lesquels ne sont pas pour elle des symboles, même s’ils le sont pour ses constructeurs ou les hommes qui l’observent.
– la question du réalisme. C’est une partie très intéressante de l’article, qui pose la question essentielle de l’existence de la réalité en dehors de la construction que nous en avons (toujours la caverne de Platon). On y trouve une autre expérience de pensée de Hilary Putnam, celle d’un cerveau déposé dans une cuve remplie de liquide nutritif et relié à des ordinateurs procurant à ce cerveau l’illusion de ce qui est normal. Comment ce cerveau pourrait-il s’apercevoir qu’il est dans une cuve et non pas là où l’ordinateur lui fait croire qu’il est?

En conclusion, Frédéric Grolleau démontre que la philosophie peut nous permettre de réfléchir à ce qui est en train de se passer aujourd’hui sous nos yeux: une informatisation toujours plus importante du monde, une virtualisation des activités grâce à Internet, un développement des univers virtuels, des « matrices » (avec toutes les addictions que cela entraîne, preuve que le passage de la simulation au simulacre n’est pas un phénomène isolé). Il y a en effet, une certaine urgence à construire des ponts entre les philosophes, les scientifiques et tous ceux qui s’intéressent au fonctionnement d’Internet et aux interfaces homme-machine, afin de trouver des réponses à toutes ces questions si neuves, auxquelles même des philosophes très anciens peuvent contribuer à répondre. Cet article a en tout cas le mérite de nous indiquer certains auteurs dont la lecture semble incontournable.

http://www.fredericgrolleau.com/article-4014871.html

Frédéric Grolleau entretient aussi Coldo-Philo, un site sur lequel on trouve des textes philosophiques fondamentaux:

http://www.webzinemaker.com/esm05/index.php3

On y retrouve les deux expériences de pensée mentionnées:

H. Putnam, Cuve & cerveau

J. Searle, La Chambre chinoise