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Pseudo anonyme

L’Université de Neuchâtel organisait ce soir un Café philo sur le phénomène des blogs. Le sous-titre de la discussion « liberté d’expression ou liberté de délation? » donnait le ton. La discussion a essentiellement porté sur l’anonymité des blogs. Il faut peut-être rappeler que les autorités de l’Université de Neuchâtel a été fortement pris à parti par un blog intitulé Alma Malter, animée par une certaine Claudine Borel, pseudonyme formé à partir des noms d’employées du service de communication de ladite institution. Considérant qu’elle avait accompli son devoir, elle a fermé son blog en décembre dernier. Ce dernier est toujours visible, mais la possibilité d’y insérer des commentaires a disparu.
Karl figurait à la table des invités. Muni d’un bonnet et de lunettes noires, il avait un peu des allures de sous-commandant Marcos. Il a défendu sa conception de l’anonymité: elle lui permettait de protéger celle de tous ceux qui, dans l’affaire de la Boillat, était privés de parole. Lui-même considérait qu’il n’était personne pour parler du conflit opposant Swissmetal aux ouvriers de la Boillat, mais qu’il avait pu construire une légitimité à travers son blog. Il a aussi pu réunir autour de lui (de Karl ou du blog? qui sait?) une communauté virtuelle. Dans la salle, on a justement entendu des témoignages de personnes qui ont pu s’exprimer grâce à lui, se réunir, créer des solidarités.

Le public s’est montré plutôt divisé sur l’anonymité des auteurs de blogs. Pourtant les auteurs réellement anonymes ne sont pas légion. Bien sûr, il y a les journaux intimes où l’on partage ses angoisses, ses fantasmes. Il y a ceux des revanchards ou des petites frappes qui agissent par lâcheté. Mais plus en plus de blogs sont revendiqués. Dans certains milieux du reste, il est même nécessaire d’entretenir avec zèle un blog. Quant à l’anonymité de Karl, elle est totalement justifiée par la situation. En bavardant lui et moi, nous en sommes arrivés à penser qu’il fallait d’ailleurs plutôt parler de pseudonyme plutôt que d’anonyme. Autour d’un pseudonyme, on construit une personnalité virtuelle, une sorte de prolongement de soi-même dans la cybersphère, dont on n’est jamais complètement détaché, mais dont on ne maîtrise pas toujours la destinée. Karl ne s’attendait peut-être pas à susciter un phénomène d’une telle ampleur au moment où il a créé son blog. Mais il a su l’assumer avec une grande maîtrise.
Quant à l’héroïne involontaire de la soirée, Claudine Borel, elle ne s’est pas manifestée. Malgré l’intensité des débats qu’elle a abrité en son sein virtuel, une fois la crise passée, elle semble avoir disparu ne laissant plus guère que son pseudonyme dans l’histoire des blogs.

Annonce du Café philo: http://www2.unine.ch/Jahia/site/cafesci … /pid/18586

Blog de Karl: http://www.laboillat.blogspot.com/

Alma Mater: http://alma-malter.blogspot.com/