Catégories
Culture Musée virtuel

Musée virtuel du Gabon

Fin 2006, le Gabon a ouvert son musée virtuel des arts et des traditions. Ce musée accessible en ligne a l’aspect que pourrait avoir un CD-ROM. Il s’agit d’une visite guidée, par une hôtesse, d’un musée de synthèse, qui n’existe pas réellement, mais qui réunit environ 250 oeuvres caractéristiques du passé et des cultures du Gabon. Il présente des objets, mais aussi le patrimoine immatériel cher à l’UNESCO. En effet, une large part du musée est consacré au culte des ancêtres et aux autres rituels. L’hôtesse se mue parfois en conteuse, pour nous narrer des mythes anciens. Quant au chant polyphonique pygmé, en jodel (sic), il est tout simplement magique.


Musée virtuel du Gabon

Ce projet s’inscrit dans une ambitieuse politique de réappropriation du patrimoine. En mettant en ligne ce site, le Gabon invite au « retour des œuvres dispersées dans le monde, sous forme numérique dans un premier temps (les musées du monde entier et les collectionneurs ont la possibilité de « restituer » des œuvres, quelle que soit leur forme : photos, vidéos, sons, textes…)« . Le but est de créer une médiathèque qui sera bien entendu disponible sur le Web.

Il faut vraiment espérer que cet appel sera entendu et que des collectionneurs d’art africain, privés ou institutionnels, enverront des versions numérisées des oeuvres qu’ils conservent ainsi qu’une copie de leur documentation. Non seulement le Gabon, mais le monde entier bénéficiera de la réunion virtuelle de ce patrimoine.
Ce projet met malheureusement le doigt sur un des drames culturels de notre époque. Les témoins des multiples cultures de l’humanité ont été – et sont encore – déplacés au gré des événements de l’histoire (guerres, pillages, colonisation et écoles étrangères d’archéologie) et de l’évolution du marché des oeuvres d’art. Les demandes de restitution n’obtiennent un succès que lorsqu’il est clairement prouvé que les objets ont été acquis de manière malhonnête. Mais Néfertiti semble devoir s’habituer pour l’éternité au brouillard berlinois et les marbres du Parthénon ne reverront pas de sitôt le soleil d’Athènes (alors que le monument d’où ils proviennent est encore en place). Qu’on le veuille ou non (et cela ne doit en aucun cas être une excuse), Internet devient le seul lieu où il est possible de réunir ce qui a été séparé. Un même objet appartient du reste à plusieurs ensembles: à une culture, à une famille d’objets, à une période. Il a pu transiter par diverses collections privées ou institutionnelles. Les technologies de l’information permettent de lui associer, à lui et à de nombreux autres, les données qui lui sont liées et donc de le rendre à ses diverses familles.

http://www.legabon.org/livre/musee.php