Dans sa présentation, lors de la Conférence Lift, Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock, à la tête maintenant de la plus grande plateforme de blogs européenne a commencé par une évidence. Une grande partie des utilisateurs d’Internet sont des adolescents. Ces utilisateurs apprécient particulièrement les réseaux sociaux. Ces réseaux sociaux, qui prennent une place de plus en plus grande sur Internet, pourraient bien être aux hommes ce que les moteurs de recherche sont aux informations, grâce aux méta-informations.
Ceci mérite une explication. Si l’on retrouve des pages ou des images sur Internet, c’est que ces documents sont pourvus de méta-informations, d’informations qui qualifient ces documents. Il peut s’agir d’informations comme la date, le nom de l’auteur, mais aussi de mots-clés. Ces méta-informations peuvent être saisies par l’auteur du document, par les internautes (indexation sociale) ou par un processus d’indexation automatique lié à un moteur de recherche. Dans le cas des réseaux sociaux, quand on remplit son profil, on fait exactement la même chose, mais sur soi-même. Grâce aux informations que nous livrons (film ou livres préféré, musique favorite, intérêts particuliers, etc…), nous permettons à d’autres personnes qui partagent les mêmes goûts que nous de nous retrouver et d’interagir avec nous.
Après avoir absorbé une bonne partie de l’information produite par les cultures humaines, Internet intègre maintenant les individus. C’est une situation à double-tranchant: d’un côté, elle nous permet d’entrer en connection avec ceux qui nous ressemblent le plus, d’un autre, elle nous oblige à nous découvrir. L’un des principaux enjeux sera, pour tous ceux qui entrent dans les réseaux sociaux sur Internet, la gestion de son profil et la capacité à s’attribuer des méta-informations efficaces. C’est l’ère du marketing de soi qui commence.
Mois : février 2008
La femme digitale
Isabelle Juppé (l’épouse d’Alain, politicien français qui a ouvert un blog depuis longtemps) vient de sortir un ouvrage intitulé « La femme digitale ». Elle essaie d’y montrer comment se développe le Web au féminin.
Son livre rassemble des témoignages de femmes qui ont su utiliser le Web pour faciliter leur vie, professionnelle, familiale, sociale ou même amoureuse. Certaines ont trouvé un nouveau souffle professionnel, d’autres ont pu concilier l’éducation de leurs enfants et un travail. On y voit des femmes lancer une entreprise, partager des recettes de cuisine, bloguer, … Mais l’ouvrage ne nous livre pas vraiment une analyse approfondie sur la place de la femme dans le Web, et reste cantonné dans l’anecdotique. C’est dommage d’ailleurs, car la problématique est intéressante.
Mais qu’est-ce que le Web a de vraiment féminin. Au départ, sûrement rien. Il est né dans des milieux masculins où l’on élaborait de nouvelles technologies. Mais aujourd’hui, le Web n’est plus dans les mains des seuls techniciens. Il s’immisce de plus en plus dans notre vie quotidienne. Il touche des domaines aussi variés que la musique, la lecture, le travail, les loisirs, etc… Dès lors comment ne toucheraient-ils pas le monde des femmes. On aurait pu écrire un livre semblable sur les enfants ou les personnes âgées qui, de plus en plus, se connectent, ne serait-ce que pour rester en contact avec leurs petits-enfants.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est qu’Internet tel qu’il se présente aujourd’hui, le Web 2.0., développe des valeurs qui sont habituellement considérées comme féminines, comme le partage, le multi-tâche, le réseau. De plus, il permet d’envisager de nouvelles manières de travailler (comme travailler à la maison, choisir son horaire comme on veut), qui sont particulièrement appréciées des femmes (mais pas exclusivement).
On peut ramener le Web à toutes sortes de catégories socio-démographiques, la vérité est qu’il s’immisce dans toutes les parties de la sociétés, qu’il s’agisse de classe d’âge, de genre ou de catégories socio-professionnelles. Le livre d’Isabelle Juppé en est, en quelque sorte l’illustration: les exemples qu’elle réunit montrent bien la variété des domaines dans lesquels Internet joue un rôle important.
J’ai personnellement eu une petite irritation en lisant ce livre: l’auteur donne une vision de la femme bien traditionnelle. On y parle de cuisine, d’amour, on indique souvent le nombre d’enfants de ces femmes qui ont su se frayer un chemin sur Internet.
Isabelle Juppé veut – et c’est bien logique – continuer ses réflexions sur le Web. Elle a donc ouvert un blog où les femmes sont invitées à témoigner de leurs expériences.