Nous en avions parlé dans ce blog il y a plus de deux ans: la Chine projetait d’ouvrir une version en 3D de la Cité impériale, en collaboration avec IBM. C’est chose faite maintenant. Il est désormais possible de visiter le palais des empereurs chinois sous la forme d’un avatar, de déambuler dans les cours, les salles et les jardins. Pour l’instant, un tiers environ de l’ensemble est accessible. Pour visiter la Cité interdite, il faut télécharger une application disponible en version Windows, Mac et Linux. Pour ce qui est des langues, on a le chinois et l’anglais à choix. On peut entrer soit comme hôte, soit en créant un compte gratuit.
Le système ne déconcertera pas un utilisateur de Second Life, car certaines fonctionnalités sont semblables, notamment le déplacement de l’avatar avecles touches du clavier (en haut, en bas, à gauche, à droite). Les fonctions de caméra sont aussi très semblables. Il est aussi possible de prendre des images, les ranger dans son livre d’images ou les envoyerà un ami. Une carte est disponible, à partir de laquelle on peut se télécharger vers des lieux intéressants. La carte retient aussi le parcours du visiteur, ce qui est très utile dans ce labyrinthe.
La réalisation est de qualité. Les différents éléments architecturaux sont présentés avec un grand détail. Des objets en 3 dimensions comme des statues, des vases, des braseros sont très réalistes aussi. Petit détail intéressant et qui diffère de l’univers de Second Life: l’avatar est suivi par son ombre.
Cette version 3D de la Cité interdite est conçue comme un musée. Elle a donc un certain nombre de fonctionnalités muséales. De nombreux lieux font l’objets d’une description détaillée, avec des images de la version réelle. Ces descriptions peuvent être appelées au moyen d’un clic. Mais dans cette Cité interdite, on a aussi des guides qui ont tout à fait l’apparence d’avatar et qui communiquent avec le visiteur au moyen du chat. Il suffit de s’approcher de l’un de ces guides ou de cliquer sur son titre, pour se voir offrir une visite guidé. On se met alors à le suivre automatiquement. Le guide nous emmène dans les lieux les plus remarquables et nous donne des explications. Si on veut en savoir plus, il faut simplement demander. Ces guides constituent un moyen commode de visiter l’ensemble. Si on opte pour une visite individuelle, on peut alors compter sur des intendants prêts à nous renseigner sur ce que nous voyons, notamment sur les reconstitutions de scènes d’époques. Ces scènes sont pour l’instant centrées sur la personne de l’empereur, que l’on peut voir en train de lire des rapports officiels, de banqueter ou de se faire peindre.
Comme l’ont montré certaines études, le musée est un lieu social. L’application de la Cité interdite permet de prendre en compte cette dimension: comme dans Second Life ou dans d’autres réseaux sociaux (en 3D ou non), il est possible de tchatter avec les autres visiteurs ou d’en faire ses amis. Il est également possible d’organiser soi-même un tour guidé. Cette fonctionnalité est vraiment intéressante, si l’on songe à des usages dans des écoles. Le professeur peut emmener ses élèves dans un tour guidée. On peut aussi donner rendez-vous à un ami dans la Cité interdite et la visiter en sa compagnie.
Il y a relativement peu de défauts à signaler. On peut constater de légères interférences entre le système de guidage de l’avatar et les informations disponibles en certains lieux: parfois on doit attendre un peu pour reprendre la main. Le principal bémol, c’est qu’il faut télécharger une application pour effectuer une visite. Les mondes 3D ne sont pas encore très interopérables.
Finalement ce genre d’application aurait été possible depuis longtemps. Elle l’était peut-être déjà, quand je pense au CD-Rom permettant de visiter le château de Versailles. A cette époque-là (fin des années nonante), les mondes 3D étaient liés uniquement aux jeux, ce qui dissuadait un public nombreux. Aujourd’hui, le paradigme est différent: un peu grâce à Second Life, la 3D a été déconnectée de l’idée de jeu. De plus, les réseaux sociaux sont passés par là. Il faut espérer que, dans un avenir proche, de nombreux monuments, palais, musées seront accessibles de cette manière.
Bonne visite: