Pendant longtemps, on a cherché à percer le langage de la nature. Les plantes et les animaux avaient-ils quelque chose à nous dire? Peut-être. Mais comment interagir avec eux et comment comprendre ce qu’ils disent? Dernièrement, des scientifiques ont découvert qu’une espèce de singe possédait un langage avec une syntaxe élaborée: le mone de Campbell, de la famille des cercopithèques. Le mâle possède six cris (Boom, Krak, Hok, Hok-oo, Krak-oo, Wak-oo) avec lesquels il forme de longues séquences vocales de 25 cris successifs en moyenne. L’observation a montré que ces séquences correspondaient à divers événements ou dangers, comme la chute d’un arbre ou la présence d’un léopard.
De la syntaxe chez nos cousins primates (CNRS)
Mais il ne sera peut-être pas nécessaire d’apprendre le dialecte du mone de Campbell pour parler avec nos amis les bêtes. Mattel, créateur de la poupée Barbie, est en train de mettre au point un collier pour chien qui détectera ses bruits et mouvements. Le collier transmettra ces données à l’ordinateur via une clé USB et un logiciel les traduira sous forme de messages dans Twitter. Ainsi on pourra savoir ce que fait son chien à la maison.
Mais le progrès ne s’arrête pas en si bon chemin. Depuis quelques années, il est possible de connecter une plante à Twitter afin qu’elle se manifeste quand on a oublié de l’arroser. Il suffit pour cela d’installer un petit capteur dans le pot. Attention! il s’agit d’un kit à monter soi-même.
http://twitter.com/pothos
http://www.botanicalls.com/kits/
Ericsson a mis au point un un arbre connecté (Connected Tree) qui est pourvu de capteurs analysant ce qui se passe autour de lui. Les informations des capteurs sont ensuite envoyées sur Twitter ou sur un téléphone par sms.
J’ignore ce que signifie Krak Boom Hok dans le langage des mones de Campbell (contrairement à celui de Jacques Dutronc), mais je sais que cette expression a été conçue dans le cerveau de l’animal suite à une observation (un léopard rôde dans le coin) et dans un but (charitable) d’avertir ses congénères d’un danger. En revanche le toutou qui aura reçu un joli collier Puppy Tweets ou l’arbre connecté d’Ericsson n’ont pas l’intention de communiquer et ne sont même pas conscients de le faire. De plus, le message est produit par un algorithme qui définit le sens de chaque mouvement ou bruit. Comme on le sait, les algorithmes ne poussent pas dans la nature, mais sont créés par des humains. Le sens donné à tel son est donc totalement arbitraire.
Avec de telles applications, on ne crée pas une communication entre des animaux ou des plantes d’un côté et des hommes de l’autre. En revanche, on commence à intégrer les éléments du vivant dans l’hypermonde en traduisant certains comportements de manière arbitraire dans notre propre langage. Depuis que les animaux ont comme tâche principale de nous tenir compagnie (et de combler des vides affectifs), nous avons tendance à leur prêter des caractéristiques humaines. “Il ne lui manque que la parole!” entend-t-on souvent à propos d’un chien. Recevoir des soi-disant messages de leur part ne fera qu’accroître cette tendance. De plus, au travail ou en route, on sera bombardé de messages provenant de son chien ou de sa plante d’appartement. Est-ce cela sera rassurant ou au contraire angoissant? On en viendra à se précipiter à la maison pour constater que les batteries du collier sont à plat …
Au fait, peut-on prendre des cours du langage du mone de Campbell?
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