Les premiers moteurs de recherche n’avaient qu’un seul but: permettre de trouver des sites Internet où l’on pouvait trouver des informations intéressantes. Ces applications ont rapidement détrôné les annuaires du Web dont Yahoo était l’exemple le plus célèbre. Google est également parti de cette conception, puisque son algorithme se concentrait essentiellement sur les contenus des sites et les liens des différents sites entre eux.
Le récent lancement de Wolfram Alpha, du nouveau moteur de recherche de Microsoft, Bing, et de quelques innovations sur Google indiquent cependant un changement de paradigme assez profond dans le domaine de la recherche.
Sur Wolfram Alpha, il devient possible de poser une question en langage naturel. L’algorithme analyse la question et y répond, au lieu de renvoyer à des liens vers des sites sur lesquels l’internaute devra trouver sa réponse. Ainsi, si l’on demande à Wolfram Alpha: “how many people in Switzerland?”, le système donne le nombre d’habitants en Suisse et même un graphique indiquant l’évolution de la population.
Bien entendu, Wolfram Alpha n’a pas encore réponse à tout. Il ne comprend que l’anglais et ne connaît pas grand chose au sport. Cependant le succès des premiers jours (près de 100 millions de requêtes en une semaine) indique bien qu’il correspond à l’attente des internautes. Ces derniers veulent des réponses et non des pistes de recherche. En fait, ce type de moteur de recherche existe déjà, limité à des domaines spécifiques. L’ambition de Wolfram (auteur de l’ouvrage “A new kind of science”) est de l’étendre au Web.
Microsoft présente son nouveau moteur de recherche comme une aide à la décision. Cette application permet d’effectuer des recherches dans les pages Web, les images, les vidéos, l’actualité, des cartes. Outre le résultat sous forme de liens, elle montre des termes de recherche associés. L’aide à la décision se fait peut-être dans le domaine des propositions d’achat ou les données touristiques. La recherche peut aussi s’effectuer dans les cartes.
Google n’est pas en reste. A côté des résultats, on trouve maintenant un lien intitulé “Show options”. Parmi ces options, une “wonderwheel” (roue magique) donne, sous forme visuelle les concepts associés au terme de recherche. Quant au timeline, il présente l’information recherchée sous la forme d’une frise chronologique l’information recherchée.
Internet constitue la plus formidable masse de connaissances jamais rassemblée dans l’histoire de l’humanité. Il s’enrichit chaque jour des données les plus diverses, y compris celles qui concernent les individus dans les réseaux sociaux. Se borner à aiguiller les gens à travers ce dédale devient risible. Il est temps maintenant d’exploiter le contenu d’Internet comme une base de connaissances. C’est le rêve du Web sémantique. Ce dernier ne semble pas forcément se réaliser comme l’avaient pensé ses concepteurs, mais il est en marche.
Si on ajoute à cette évolution dans le domaine de la recherche, la multiplication des appareils mobiles permettant d’accéder aux ressources d’Internet, on peut imaginer que nous serons en permanence connectés à cette masse de connaissance. Toute question trouvera immédiatement une réponse, où que l’on soit: à quelle heure part mon avion? Où ai-je laissé ma voiture? Qui parmi mes amis se trouvent dans les environs? Qui est Picasso? Que s’est-il passé à cet endroit depuis deux siècles? Que dit la loi? Qui a gagné ce match de tennis? Il suffira d’entrer quelques mots dans son téléphone pour le savoir. Bientôt nous saurons nager dans la mer des connaissances …