C’est ainsi qu’un journal anglais s’adresse à ses lecteurs. Il leur présente un projet de musée virtuel, dont la réprésentation en 3D et les principales subdivisions sont déjà réunies et leur propose de participer à l’élaboration de ce musée. Il s’agit d’un musée dont le but est de donner des impressions de la ville anglaise de Norfolk: portraits de personnages historiques, photos de paysages, faune, etc… L’idée du projet est d’utiliser les avis donnés par le public pour construire un musée dans lequel ce public, espère-t-on, se reconnaîtra.
Site du journal: http://new.edp24.co.uk/
Descriptif du projet de musée virtuel: http://new.edp24.co.uk/content/aspx/VRm … useum.aspx
Ce projet sera intéressant à suivre. Il fait appel en fait au musée imaginaire qui se trouve en chacun de nous, comme Malraux le définissait. Mais le résultat sera-t-il vraiment un musée virtuel? Entre les divers musées imaginaires des participants et le musée qui sera en ligne, on peut supposer qu’il y aura un certain nombre de filtres. Les initiateurs du projet feront des choix dans la masses des idées récoltées. Ils ont probablement eux-mêmes une certaine conception de ce que doit être un tel musée*. A la fin, on aura un cybermusée, c’est-à-dire un site muséal qui présente une collection, mais qui n’est pas virtuel au sens où Pierre Lévy a défini ce terme. Dans un musée réellement virtuel, le visiteur a la possibilité de créer lui-même une réunion d’oeuvres, selon des critères qui lui appartiennent. De tels musées virtuels en ligne existent déjà, comme le Musée virtuel du Canada ou le site anglais Ingenious. Ces deux sites offrent à leurs visiteurs la possibilité de créer leur propre galerie à partir de la collection générale.
Ingenious: http://www.ingenious.org.uk/
Musée virtuel du Canada: http://www.museevirtuel.ca/
Pour mettre en place un tel musée virtuel, il faut d’abord offrir une importante collection en ligne, qu’elle émane d’un ou plusieurs musées réels ou de tout autre institution (photothèque, vidéothèque, etc…). Ensuite il est nécessaire de mettre en place une plateforme informatique donnant la possibilité aux visiteurs de créer une galerie, de sélectionner des images d’oeuvres ou d’objets et de leur ajouter un commentaire. Reste la question de la ligne éditoriale. Les deux musées mentionnés ne mettent pas en ligne les galeries créées par les internautes. Faut-il le faire et prendre le risque d’avoir tout et n’importe quoi? Faut-il y renoncer et donc se priver d’une interactivité créatrice. Il est possible aussi de donner aux créateurs d’expositions virtuelles la possibilité de soumettre leurs galeries. Les responsables du site devront alors choisir les meilleures, mais sur la base de critères transparents.
Il existe une troisième voie permettant d’établir l’immédiateté entre le public et le musée virtuel: c’est d’utiliser Internet comme un outil de collecte. Il existe au Brésil un Musée de la Personne qui réunit des histoires de vie. Chacun peut s’inscrire sur son site et livrer textes, documents, récits, photos. Quand on va sur un site comme Flickr, on a aussi l’impression d’un musée virtuel, réunissant des images du monde entier. Les images peuvent ensuite être exportées sur un système de blog pour être commenté par un autre internaute. Et elles indexées par les utilisateurs. On peut donc imaginer un site où, à l’échelle d’une région, les gens verseraient les versions numérisées de documents, de photographies anciennes, etc…. Il est évident que ce type de site doit être géré par des spécialistes, historiens, sociologues, muséographes. Le site ne doit pas seulement être vu comme un outil de collecte, mais aussi comme un outil de valorisation de la collection, notamment par le biais d’expositions virtuelles. Ce genre de projet peut permettre à une région de travailler autour de sa propre identité.
Musée de la Personne (anglais, brésilien): http://www.museudapessoa.com.br/
L’immédiateté entre public et musée sur Internet peut donc s’opérer diverses possibilités et les croisements entre ces possibilités ne sont pas interdits. Bref, l’avenir du musée sur Internet est passionnant.
* pour éviter ce problème, il faut probablement aller plus loin que la récolte d’idées. Il faut ouvrir un dialogue avec les gens qui veulent participer au projet, pour savoir ce qu’ils attendent vraiment d’un tel musée. De telles expériences ont déjà été menées par des musées réels, aboutissant à des expositions. Un tel exercice pourrait aussi être fait en ligne (en tout cas techniquement).