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Culture Musée virtuel

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C’est ainsi qu’un journal anglais s’adresse à ses lecteurs. Il leur présente un projet de musée virtuel, dont la réprésentation en 3D et les principales subdivisions sont déjà réunies et leur propose de participer à l’élaboration de ce musée. Il s’agit d’un musée dont le but est de donner des impressions de la ville anglaise de Norfolk: portraits de personnages historiques, photos de paysages, faune, etc… L’idée du projet est d’utiliser les avis donnés par le public pour construire un musée dans lequel ce public, espère-t-on, se reconnaîtra.

Site du journal: http://new.edp24.co.uk/

Descriptif du projet de musée virtuel: http://new.edp24.co.uk/content/aspx/VRm … useum.aspx

Ce projet sera intéressant à suivre. Il fait appel en fait au musée imaginaire qui se trouve en chacun de nous, comme Malraux le définissait. Mais le résultat sera-t-il vraiment un musée virtuel? Entre les divers musées imaginaires des participants et le musée qui sera en ligne, on peut supposer qu’il y aura un certain nombre de filtres. Les initiateurs du projet feront des choix dans la masses des idées récoltées. Ils ont probablement eux-mêmes une certaine conception de ce que doit être un tel musée*. A la fin, on aura un cybermusée, c’est-à-dire un site muséal qui présente une collection, mais qui n’est pas virtuel au sens où Pierre Lévy a défini ce terme. Dans un musée réellement virtuel, le visiteur a la possibilité de créer lui-même une réunion d’oeuvres, selon des critères qui lui appartiennent. De tels musées virtuels en ligne existent déjà, comme le Musée virtuel du Canada ou le site anglais Ingenious. Ces deux sites offrent à leurs visiteurs la possibilité de créer leur propre galerie à partir de la collection générale.


Ingenious: http://www.ingenious.org.uk/

Musée virtuel du Canada: http://www.museevirtuel.ca/

Pour mettre en place un tel musée virtuel, il faut d’abord offrir une importante collection en ligne, qu’elle émane d’un ou plusieurs musées réels ou de tout autre institution (photothèque, vidéothèque, etc…). Ensuite il est nécessaire de mettre en place une plateforme informatique donnant la possibilité aux visiteurs de créer une galerie, de sélectionner des images d’oeuvres ou d’objets et de leur ajouter un commentaire. Reste la question de la ligne éditoriale. Les deux musées mentionnés ne mettent pas en ligne les galeries créées par les internautes. Faut-il le faire et prendre le risque d’avoir tout et n’importe quoi? Faut-il y renoncer et donc se priver d’une interactivité créatrice. Il est possible aussi de donner aux créateurs d’expositions virtuelles la possibilité de soumettre leurs galeries. Les responsables du site devront alors choisir les meilleures, mais sur la base de critères transparents.
Il existe une troisième voie permettant d’établir l’immédiateté entre le public et le musée virtuel: c’est d’utiliser Internet comme un outil de collecte. Il existe au Brésil un Musée de la Personne qui réunit des histoires de vie. Chacun peut s’inscrire sur son site et livrer textes, documents, récits, photos. Quand on va sur un site comme Flickr, on a aussi l’impression d’un musée virtuel, réunissant des images du monde entier. Les images peuvent ensuite être exportées sur un système de blog pour être commenté par un autre internaute. Et elles indexées par les utilisateurs. On peut donc imaginer un site où, à l’échelle d’une région, les gens verseraient les versions numérisées de documents, de photographies anciennes, etc…. Il est évident que ce type de site doit être géré par des spécialistes, historiens, sociologues, muséographes. Le site ne doit pas seulement être vu comme un outil de collecte, mais aussi comme un outil de valorisation de la collection, notamment par le biais d’expositions virtuelles. Ce genre de projet peut permettre à une région de travailler autour de sa propre identité.

Musée de la Personne (anglais, brésilien): http://www.museudapessoa.com.br/

L’immédiateté entre public et musée sur Internet peut donc s’opérer diverses possibilités et les croisements entre ces possibilités ne sont pas interdits. Bref, l’avenir du musée sur Internet est passionnant.

* pour éviter ce problème, il faut probablement aller plus loin que la récolte d’idées. Il faut ouvrir un dialogue avec les gens qui veulent participer au projet, pour savoir ce qu’ils attendent vraiment d’un tel musée. De telles expériences ont déjà été menées par des musées réels, aboutissant à des expositions. Un tel exercice pourrait aussi être fait en ligne (en tout cas techniquement).

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Art numérique Culture Musée virtuel Second Life

Second Louvre

Il fallait s’y attendre. Comme cela a été le cas sur Internet, il y a une dizaine d’années, le musée du Louvre a été devancé par une initiative privée dans Second Life. En effet, Second Louvre a été construit sur une île de ce monde virtuel, avec des voisins bizarres. Le bâtiment n’est pas complet. Il comporte trois ailes, Sully, Denon et Richelieu, réparties en T. Néanmoins le détail de la reconstitution est plutôt remarquable, si l’on en juge par la façade.

L’intérieur est tout aussi soigné. Le contenu cependant peut surprendre un habitué du vrai Louvre. On pourrait chercher longtemps la Vénus de Milo ou le Scribe accroupi, car il s’agit en fait d’une galerie d’art. Son promoteur expose divers artistes, aussi bien des réalisateurs de sculptures en 3 D, des animations numériques que des tableaux et des photographies.

Le curateur du Second Louvre précise qu’il n’a aucun lien avec le musée parisien du Louvre. Il y a quelques années, le créateur du premier Louvre en ligne avait dû faire machine arrière et renoncer au nom du prestigieux musée parisien. Qu’en sera-t-il dans Second Life?

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Bibliothèque virtuelle Communautés virtuelles Culture Musée virtuel

Le toit du monde en ligne

Internet permet de réunir des ressources multiples autour d’un thème. C’est ainsi que les spécialistes des cultures himalayennes (tibétaines, népalaises, etc…) ont mis en place le site Tibetan & Himalayan Digital Library, soutenu par plusieurs universités. On y trouve des ressources d’une grande richesse: des images, des vidéos, des cartes, des textes, des dictionnaires, etc…

:-)http://www.thdl.org/

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Bibliothèque virtuelle Culture Homère

Redonner voix au chant

C’était il y a quelques années. Alors assistante de grec ancien à l’Université, j’étais en charge d’expliquer aux étudiants la théorie selon laquelle les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, tiraient leur origine d’une tradition orale. Personne ne doute de cette origine, mais deux théories s’opposent sur la composition des poèmes attribués à Homère. Selon les uns, seul un poète unique (ou deux poètes, un pour l’Iliade et un pour l’Odyssée) ont composé ces poèmes et leur longueur imposait l’usage de l’écriture. Selon les autres, ces poèmes ont été composés dans le cadre d’une tradition collective d’aèdes, qu’on aurait, suite à la disparition de ladite tradition, personnifié sous les traits d’un poète aveugle, Homère, dont l’existence historique est douteuse.


Homère et son guide, William Bouguereau (extrait)

Parmi les savants qui ont défendu cette position, il faut mentionner l’américain Milman Parry (1902-1935). Ce dernier a présenté une thèse à la Sorbonne, où il démontre le caractère formulaire du langage homérique : ce langage fonctionne un peu comme un jeu de construction danois, fort apprécié de nos enfants. Il est formé de groupes de mots, des formules, qui groupent nom et épithète (Athéna aux yeux pers, Zeus assembleur des nuées, …), de morceaux de phrases (des mots s’échappèrent de la barrière de sa bouche), voir de petites scènes. L’aède (poète oral) assemble ces formules pour former son poème. Les histoires répondant elles-mêmes à des canevas, le poète improvise à chaque fois son poème.
Les tenants du poète unique et de la composition écrite renvoyaient toujours l’argument de la longueur pour démonter la théorie de leurs adversaires : lire l’Odyssée de bout en bout prend environ 24 heures. Milman Parry souhaitait alors montrer qu’une tradition orale était capable de composer des poèmes, sans recourir à l’écriture. Le moyen le plus évident de faire cette démonstration était d’en trouver des exemples vivants. C’est pourquoi Milman Parry s’est rendu dans les Balkans (dans les années 30) avec du matériel d’enregistrement. Il y avait encore là une tradition orale vivante. Milman Parry a fait de nombreux enregistrements de poètes oraux et, après sa mort accidentelle, Albert Lord a poursuivi ses travaux. Malheureusement pour ces deux chercheurs, cette tradition orale ne présentait pas de très longs poèmes, d’une durée équivalente à celle des poèmes homériques.
A l’époque où je présentais leurs travaux, qui présentaient de toute façon un intérêt sur les techniques d’improvisation à partir d’un style formulaire et de canevas, j’avais lu que tous les enregistrements qu’ils avaient faits dormaient dans les compactus d’une université américaine et qu’ils avaient finalement été peu exploités. C’était un triste constat de voir les témoignages d’une des dernières traditions orales européennes pratiquement inaccessibles et condamnés à l’oubli.
Ce fut donc une agréable surprise de découvrir que, grâce aux techniques de numérisation et à Internet, la situation avait finalement évolué. En effet, les enregistrements sont numérisés et, peu à peu, mis à la disposition de tous ceux qui sont susceptibles de s’en occuper, sur le Net. Cette banque de données n’intéressera plus forcément les hellénistes, au premier chef, mais les folkloristes, les spécialistes des Balkans. Et peut-être qu’on trouvera une partie des réponses aux questions de Parry et Lord.
La numérisation et la mise en réseau d’information peut redonner vie à toutes sortes de corpus qui dorment dans des caves de bibliothèque. Ceux qui en seraient les meilleurs spécialistes habitent peut-être trop loin pour venir les étudier, mais si ces documents sont disponibles sur Internet, ils auront la possibilité de les exploiter. Et le savoir humain en sera d’autant plus augmenté.

http://www.chs.harvard.edu/mpc/

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Bibliothèque virtuelle Communautés virtuelles Culture Livre Tendances Usages

Le livre du futur

On discute depuis un moment déjà de l’influence des ordinateurs et d’Internet sur les livres:

– le traitement de texte avec sa technique « couper-coller » succède à la machine à écrire ou au manuscrit. Il devient plus simple de retravailler ses textes, de déplacer des paragraphes.
– les versions numérisées entrent en concurrence avec les versions papiers. Elles ne sont pas plus pratiques à lire, mais elles offrent d’autres possibilités comme la recherche dans le document. Le livre papier n’est cependant toujours par mort et, depuis la naissance de l’informatique et d’Internet, on n’a jamais autant imprimé. Le e-book, lisible sur divers supports (organiseurs, téléphones portables, iPod), se développe sans mettre trop en danger le livre papier.

La prochaine révolution concernant le livre est en marche et c’est la notion même d’auteur qu’elle remet en question. L’écriture collective existe depuis longtemps, mais Internet lui offre des outils qui pourront peut-être lui conférer un véritable statut.
Le premier exemple d’écriture collective est Wikipédia. Contrairement à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, il n’a ni auteur, ni éditeur et c’est une communauté virtuelle qui veille sur son développement.

http://fr.wikipedia.org/

Autre exemple intéressant: une encyclopédie datant de l’époque byzantine et rédigée en grecque, la Souda, est en cours de traduction sur Internet depuis dix ans. Elle compte environ 30’000 entrées et n’a jamais été traduite dans une langue moderne. L’entreprise n’est possible qu’avec la collaboration de milliers de personnes. Une équipe a donc décidé de mettre en place un système sur Internet, permettant de gérer la traduction et d’offrir le résultat en consultation. Chaque personne possédant les compétences requises (connaissance du grec ancien et rédaction en anglais) peut s’inscrire. Certains professeurs de grecs assignent même des articles à traduire à leurs étudiants, ce qui peut constituer un excellent travail de séminaire. Il y aussi dans ce projet un contrôle de qualité, le but étant que chaque article soit revu. Actuellement plus de 20’000 contributions sont en ligne. D’un point de vue technique, les contenus sont en XML. Il est possible de faire des recherches dans le corpus et le tout est accessible gratuitement.

http://www.stoa.org/sol/

Il est possible de tirer parti encore autrement d’Internet dans l’écriture d’un ouvrage: c’est l’écriture en ligne autorisant les lecteurs à faire des commentaires directement sur les paragraphes de l’ouvrage. Un professeur de journalisme de l’Université de New York est en train d’écrire un papier intitulé: « The Holy of Holies ». Son texte est disponible sur le Net et chacun peut poster des commentaires. C’est l' »Institute for the Book of future » qui lui a mis en place un prototype permettant d’engager un dialogue avec ses lecteurs déjà au cours de l’écriture.

http://www.futureofthebook.org/mitchell … yofholies/

http://www.futureofthebook.org/

Comme on le voit, Internet ne bouleverse pas seulement l’accès aux livres, les formats, les recherches documentaires, mais également l’écriture qui, auparavant, était le seul fait d’un personnage hautement sacralisé, l’auteur.

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Bibliothèque virtuelle Culture Livre Usages

Tout Balzac

Tout Balzac, ça prend un long rayon de la bibliothèque. Qui aurait l’idée de les aligner chez lui, de les voir prendre la poussière et n’être sortis que de temps en temps? Maintenant, pour peu que vous ayez un ordinateur connecté sur le Net (et si vous me lisez, c’est certainement le cas!), tout Balzac est là, dans la bibliothèque virtuelle. Il est là, mais il est aussi présenté de manière intelligente, ergonomique et pourvu d’un outil de recherche permettant de le « feuilleter électroniquement ». Vous ne voulez pas lire un roman complet, mais juste savoir ce que Balzac dit de Noël? En une seconde, vous découvrez les 15 occurences de ce mot.


Banc où Balzac est supposé avoir parlé pour la première fois avec Evelyne Hanska, à Neuchâtel (Suisse)
Photo: collection des Travaux publics de Neuchâtel

Bien entendu, pour lire un roman de Balzac, rien ne vaut un volume acheté dans une librairie ou emprunté dans une bibliothèque. Mais pour le feuilleter, pour l’étudier, cet outil est très précieux. Et peut-être encouragera-t-il certains à lire l’ensemble ou une partie de la Comédie humaine.

http://www.v1.paris.fr/musees/balzac/fu … tation.htm

Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas d’un exemple unique. Nous avions déjà évoqué la publication électronique du roman baroque Artamène. Le support numérique convient particulièrement bien à des corpus étendus. On trouve des exemples cette littérature sur support numérique sur une page de la bibliothèque de l’Université de Chicago:

http://www.lib.uchicago.edu/e/ets/efts/French.html

De telles réalisations vont-elles changer notre façon de lire? Plutôt que de lire un texte du début à la fin, pratiquerons-nous une lecture discursive, allant d’un passage à l’autre, un peu comme quand on prend connaissance de la littérature à travers des recueils, des anthologies et autres chrestomaties? Il s’agira un jour d’étudier les nouvelles habitudes de lecture.

:-(Un petit regret. L’accès à plusieurs de ces oeuvres est restreint aux membres des Universités.

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Communautés virtuelles Culture Musée virtuel Science Second Life Usages

Launch on line

Depuis mon enfance, j’éprouve une passion pour l’exploration spatiale. Plus d’une fois, j’ai veillé une partie de la nuit pour assister au départ d’une mission. La nuit de samedi à dimanche aussi. La différence cependant était qu’au lieu de me retrouver seule sur mon canapé, j’étais entourée d’autres passionnés de l’aventure humaine dans l’espace. De plus, pour patienter pendant les arrêts du compte à rebours, j’ai pu visiter le musée international des vols spatiaux et visionner un planétarium. Comment est-ce possible? Tout simplement en envoyant mon avatar dans Second Life.

International Spaceflight Museum

Ce musée a été construit par une communauté de passionnés de l’aventure spatiale. Il a démarré sur un terrain de Second Life appartenant à un ami. Mais le propriétaire souhaitant disposer à nouveau de son bien, pour le vendre, un des membres de la communauté a décidé d’acquérir une île , Spaceport Alpha. Les autres membres ont accepté de l’aider à payer les frais mensuels que doit tout propriétaire d’île dans SL. Le musée présente des reconstitutions en 3D d’engins spatiaux. On peut y voir le LEM (module lunaire qui se posait de la lune) ou la jeep lunaire.

Un chemin circulaire permet d’admirer des engins plus grands: des fusées, dont la fameuse Saturn V, qui permit d’envoyer des hommes sur la Lune, ou la navette spatiale. Le musée possède plus de modèles 3D de fusées qu’il ne peut en présenter sur son espace (plus de 50). Il doit donc effectuer des rotations dans ses expositions.

On a aussi un globe qui présente plusieurs animations: la surface d Mars ou les éclairages terrestres pendant la nuit. Il existe aussi un planétarium dans lequel on peut observer les constellations.

L’entrée du musée est gratuite. Il n’en est pas pour autant livré aux visiteurs. On y trouve de nombreuses bornes d’information, des possibilités d’interaction avec les initiateurs et même des membres du staff, prêts à renseigner. La traditionnelle boutique vend des tee-shirts pour avatars. Il faut relever qu’il y a une conception architecturale et muséographique dans ce projet. C’est un endroit attractif et livrant une information de qualité, interactive et attractive.

Les événements

Le musée organise régulièrement des événements concernant l’actualité de l’exploration spatiale. Hier soir, il était possible de visionner en direct le départ de la navette spatiale sur des écrans géants, en laissant son avatar confortablement assis sur des sièges, soit dans la zone VIP cosy soit dans l’arène principale dédiée aux événements.

A l’heure du lancement, l’arène était pleine. L’ambiance était bon enfant et ceux qui le souhaitaient ont pu faire part de leur émerveillement.

Et la NASA?

Le musée international des vols spatiaux est une initiative privée. Mais la NASA se sera pas en reste. Son antenne de recherche, NASA Ames, prépare son arrivée dans Second Life. Elle prévoit de construire complexe dédié à la collaboration scientifique. Elle comportera une reproduction en 3D de ses bâtiments, plus deux zones distinctes, Moon Colab Area et Mars Colab Area, elle met à disposition des espaces pour ceux qui ont des projets intéressants à développer. Il est possible de s’annoncer. Les projets affluent certainement. Pour donner une idée de ce que les gens proposent, en voici un exemple trouvé sur le Net:

http://camden-mitchell.livejournal.com/5028.html

Il y aura certainement une partie dédiée au grand public. L’accueil du Colab est contiguë à celle du Musée international des vols spatiaux.

On peut penser ce qu’on veut de Second Life, qui constitue une sorte de miroir de notre propre société. On y trouve beaucoup de casinos, d’offres liées à la pornographie, d’affaires immobilières et de commerces divers. Parallèlement, l’offre dans les domaines de la culture et de l’éducation n’est pas absente. Loin de là. Chaque jour se tiennent des débats, des discussions sur les thèmes les plus divers. Les musées commencent à apparaître aussi. Le seul inconvénient est l’absence de contenus en français.

Pour en savoir plus:

http://slispaceflightmuseum.org

http://www.metaversemessenger.com/2006archive.htm
Numéros des 9 et 16 mai, 14 novembre 2006

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Communautés virtuelles Culture Jeux Musée virtuel Second Life

Vacances romaines

Petite promenade dans Second Life, grâce à mon avatar. La visite débute sur la « New Citizen Plazza » où on trouve, comme dans nos villes, des journaux gratuits. En le feuillettant (concrètement, en ouvrant sa page Web) et on trouve un article intriguant*. Il parle d’univers créés dans Second Life (des sims) sur le modèle des villes de l’époque romaine. Il y en a une qui se nomme Roma et qui est censée ressembler à la véritable Rome antique. Une autre est basée sur le plan de l’Antique Cologne (Colonia Claudia Ara Agrippina). Elle s’appelle Colonia Nova** et offre une particularité supplémentaire: elle constitue une Confederation of Democratic Simulators (CDS), un des plus anciens projets de SL. Il s’agit de communautés qui sont régies par des lois démocratiques et qui élisent leurs autorités. Colonia Nova est même une colonie d’une CDS appelée Neufreistadt***. Ses membres étaient à la recherche d’un nouveau projet et ils ont longuement discuté, pour aboutir à l’idée d’une ville romaine. Les membres de la communauté ont construit la ville et ils vendent maintenant les maisons, divisées en zones résidentielles et commerciales. Il y a aussi des espaces publics, comme le Forum ou le théâtre, dans lequel des événements sont organisés.


Colonia Nova, le Forum


Colonia Nova, le théâtre

L’exploration de Nova Colonia semble plus tentante que celle de Rome. L’avatar se téléporte donc dans cet endroit et se pose directement sur le Forum. On reconnaît tout de suite l’architecture d’une ville romaine, même si le rendu n’est pas parfait. En effet, les reconstitutions 3D faites à partir des recherches archéologiques sont habituellement plus précises (mais on ne peut pas s’y promener). Il y a d’ailleurs de notables différence entre cette reconstitution dans SL et celle qui a été faite par des archéologues. Nova Colonia est nettement plus petite et construite sur une île.


COLONIA CLAUDIA ARA AGRIPPINENSIUM (CCAA), Cologne au temps romanain. Une reconstruction présenté dans le musée Römisch-Germanisches Museum à Cologne.
http://commons.wikimedia.org/wiki/Image … uction.JPG

La ville est plutôt déserte, mais à force d’y circuler, l’avatar rencontre un légionnaire, avec casque, glaive et bouclier. Ce dernier trouve que ses vêtements ne font pas très antiques et propose de l’aider à chercher un endroit où se procurer une toge. Comme aucun vêtement féminin n’est disponible dans la boutique d’en face, il propose une téléportation à Roma.
Aussitôt arrivés sur place, l’avatar et son guide sont confrontés à une scène étrange: un légat romain enjoint ceux qui passent à s’engager dans une légion. Quelle est le but de cette légion? Ce serait intéressant d’en savoir plus. Peut-être s’agit-il de gens qui vont s’amuser dans des zones réservées aux jeux de combat. En se promenant un peu, on tombe sur des lions en cage, probablement en attente des prochains jeux du cirque. Non loin de là, il y a une taverne qui porte le nom de Pompéi, mais qui vend du café (sic). La toge tant recherchée se trouve à l’accueil de la cité virtuelle et en plus elle est gratuite. Retour à Colonia Nova. La visite s’achève par la zone résidentielle et le test du triclinium (lit à 3 fois 3 places pour les banquets) d’une villa à péristyle. Les intérieurs manquent de couleurs, en principe très vives à l’époque romaine. Cela est peut-être laissé au goût de l’occupant définitif (de nombreuses maisons étant encore à vendre). En revanche, le mobilier présent est assez bien fait. Il y a, du reste, des règles assez strictes concernant les objets, commerces et animations qui peuvent être apportées ou construites dans Colonia Nova. Tout ce qui fait de la lumière doit correspondre à ce qui se faisait dans l’Antiquité (donc pas de lampe halogène!) et la pornographie y est interdite.


Villa de Colonia Nova, triclinium

* http://www.metaversemessenger.com/ (voir dans les archives les numéros des 11 et 28 novembre 2006)

** http://colonianova.wordpress.com/

*** http://neufreistadt.info/

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Culture Musée virtuel Second Life Tendances

Petit tour virtuel

Une étude récente montre que de plus en plus d’internautes visionnent des visites virtuelles. Selon cette étude, 51% des utilisateurs du Net auraient profitl de ces petits tours virtuels en 2006, contre 45% en 2004.

http://pewresearch.org/obdeck/?ObDeckID=97

Sur des sites comme Arounder.com, il est possible de visionner des sites d’exception du monde entier: Berne, Zermatt pour la Suisse, mais Athènes, Copenhague, etc.. Du reste, les visites virtuelles ne concernent pas seulement les curiosités culturelles ou les sites touristiques. On en trouve dans les sites des musées, des hôtels, des restaurants, des agences immobilières, bref partout où il est important de donner une première idée, de faire envie.


http://www.arounder.com/

La visite virtuelle est de l’ordre de l’effet diligence. Elle mime une visite qui pourrait se faire en dans le monde réel et s’affranchit peu du monde réel. Mais en même temps, elle virtualise une série de prises de vue. Il est possible de regarder un lieu, comme si on y était, à partir d’un point précis (ce qui personnellement me donne le mal de mer).
Les univers 3D comme Second Life sont complètement artificiels visuellement parlant, puisqu’ils sont faits d’images de synthèse. En revanche, le sentiment d’immersion est nettement meilleur.
On remarque de plus en plus que les utilisateurs d’Internet y passent du temps. Ils utilisent des fonctionnalités comme les visites virtuelles pour faire un petit tour, s’évader. Il semble du reste, d’après cette étude, que les habitants des zones urbaines les utilisent plus que ceux des campagnes.

Lors de la présentation d’un projet de DVD présentant l’histoire du MAMCO (musée d’art contemporain de Genève), j’ai appris qu’il y avait dans le monde numérique deux grandes familles importantes à distinguer:

– réalisations basées sur des photographies: vidéo numérique ou visite virtuelle réalisée en QTVR. Ces réalisations sont de l’ordre de l’animation.

– réalisation basées sur des images calculées: images de synthèse des jeux vidéos, cinéma en images de synthèse, univers 3D comme Second Life. Ces réalisations sont de l’ordre de la manipulation (dans le sens de manipulation de marionnettes).

Visites virtuelles et univers 3D ne sont donc pas à opposer. Il s’agit de deux voies différentes, l’une travaillant à partir d’images du réel et l’autre à partir d’images de synthèses. Mais ces deux techniques permettent néanmoins de se mouvoir dans un univers, réel ou créé, à partir de son ordinateur. Chacune a ses potentialités et trouvera, avec le temps, ses usages.
Comme nous parlons souvent des musées ici, ajoutons que la visite virtuelle classique permet à un futur visiteur de se faire une idée des salles du musées. Elle ne crée pas pour autant un musée virtuel, c’est-à-dire la possibilité d’éclater une collection par rapport à certaines contraintes: objets exposés et objets non exposés, collection d’une institution muséale et collection idéale correspondant à un thème, une période, un artiste, une problématique, etc… La virtualisation s’obtient par d’autres procédés, comme la mise en ligne d’une collection sous forme d’une banque de données, la mise en place d’un moteur de recherche spécialisée, la création d’un site collaboratif permettant à chacun de charger des éléments de la collection ou, pourquoi pas, la création d’un hypermusée sous forme d’univers 3D.

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Art numérique Culture Jeux Musée virtuel Second Life

Les jeux vidéos: un vecteur de culture et de savoir

Les jeux vidéo sont-ils une production culturelle, voire artistique? L’Etat peut-il les subventionner? Le débat est d’actualité au moment où la France souhaite encourager, par le biais d’avantages fiscaux, ses derniers producteurs, notamment Ubisoft, au grand dam de la Commission européenne qui préfèrerait laisser agir le marché. Pour en savoir plus, on peut lire le discours de Renaud Donnedieu de Vabres à l’Assemblée nationale (lundi 11 septembre 2006):

http://www.culture.gouv.fr/culture/actu … quejv.html

Le ministre français veut voir, dans les jeux vidéo, un aspect artistique, à cause notamment de la présence de divers corps de métier dont on ne doute pas de la place dans le domaine des arts, notamment les graphistes. Bien entendu, tirer le jeu vidéo du côté de l’art rend plus acceptable l’idée d’un soutien étatique.

Que les jeux vidéos soient des produits culturels, personne n’en doute. Mais la cuisine fait aussi partie de la culture. Qu’il y ait un aspect artistique? Personnellement je l’accepte, du moment je considère le cinéma comme un art. Les jeux sont constitués d’images, mais aussi d’un scénario, d’interprétations. Dans le cinéma, on a de tout: des blockbusters aux films très élitistes. Dans les jeux vidéos aussi.


Versailles, un jeu historique qui a fait date

Ce qui est certain, c’est que les jeux vidéos deviennent peu à peu le principal moyen, pour les enfants, d’accéder à la connaissance des civilisations anciennes, du passé. Il existe de nombreux produits qui ont pour théâtre la Rome ancienne ou l’Egypte. Et c’est peut-être par ce biais que l’Etat pourrait aider l’industrie du jeu vidéo. Il y a – et c’est dommage – un clivage entre le monde de l’éducation et celui des jeux vidéos. D’un côté, on a des produits ludo-éducatifs dont l’ergonomie et l’aspect graphique semblent peu attractifs et, de l’autre, des jeux moins bien renseignés sur les recherches historiques. Ce qu’il faudrait tenter, c’est un rapprochement. On en est peut-être pas si loin. A témoin ce professeur de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, qui a reçu une somme importante d’une fondation privée, afin de réaliser un jeu qui aurait pour cadre l’univers de Shakespeare:

http://newsinfo.iu.edu/news/page/normal/3599.html

Le projet consiste en un jeu multijoueur en ligne, dans un univers en 3D, comme World of Warcraft.
Du reste, si les jeux vidéo étaient irréprochables du point de vue historique, il serait possible de convaincre les enseignants de s’y intéresser et d’apprendre à leurs élèves à faire la différence entre des univers de fiction (Harry Potter) et des univers basés sur une réalité historique.

Quand on songe à Second Life, on peut se demander si le paradigme des univers en 3D doit toujours être celui du jeu. Beaucoup de personnes (dont moi) préfèrent nettement se promener plutôt que de tailler de l’orque. Pourquoi donc ne pas recréer des univers en 3D à l’image de vestiges antiques, comme Pompéi, où l’on pourrait croiser d’autres curieux ou, peut-être même, des spécialistes de la question qui y passeraient quelques heures à donner des explications? Et vivre non pas une deuxième, mais des dizaines de vies parallèles passionnantes!