Catégories
Culture Musée virtuel Usages

Art: de la poubelle au musée virtuel

Un homme d’affaire new-yorkais s’est créé une collection d’oeuvres d’art, en récupérant des tableaux et des photographies qui étaient destinées à être jetés. Pour la plupart, il s’agit de réalisations d’étudiants en beaux-arts. D’autres viennent de marchés aux puces. Notre collectionneur a rempli, avec ses oeuvres récupérées, son appartement, sa maison de campagne, son bureau et un local loué à cet effet. Il a finalement considéré que la meilleure façon de les présenter au public était de créer un musée virtuel sur Internet, dont la capacité de présentation est sans limites.
Il a donc fait réaliser, propablement à ses propres frais, un remarquable site sur lequel on peut, à loisir, admirer des tableaux voués à la destruction et découvrir, peut-être, un artiste de talent. C’est en tout cas l’espoir du promoteur de ce site.

http://www.discardedart.com/

Source: New-York Times

Catégories
Culture Musée virtuel Usages

Vases grecs

Sir John Beazley fut professeur d’archéologie classique à Oxford, entre 1925 et 1956. Durant sa carrière, il a réuni un grand nombre de photographies qui servirent de base à ses travaux sur l’iconographie des vases grecs classiques. Cette collection s’est enrichie et contient environ 500’000 notices dont 250’000 sont accompagnées de photos en noir et blanc. Elle est conservée dans les locaux de l’Ashmolean Museum. Depuis 1979, une archive numérique a été développée sur la céramique grecque décorée, entre 625 et 325. Elle comporte aujourd’hui 70’000 notices 53’500 images et 3’500 utilisateurs enregistrés.

Cette base de donnée est réservée aux spécialistes, archéologues, historiens de l’art ou des religions antiques notamment. L’interface de requête n’est pas très simple à utiliser. En revanche, elle permet de parcourir ce corpus très riches selon de nombreux paramètres: collection, ville de conservation, lieu de découverte, technique, sujet traité sur le décor, etc… Les notices sont aussi très riches. Sur chaque photographie, il y a la mention de la banque de données, parfois très mal placée. Cette pratique a probablement pour but d’empêcher la réutilisation des images pour des publications. Parallèlement il existe une interface destinée à un public plus large, un peu plus simple d’utilisation: on peut accéder aux vases directement grâce à des mots-clés prédeterminés.

S’il y a un domaine où il est impossible, pour les chercheurs, d’observer un corpus, c’est bien celui de la céramique grecque. Les pièces sont dispersées dans de très nombreux musées. Elles ne sont de loin pas toutes exposées. Pour les voir, il faut obtenir des autorisations. Cet outil est donc appréciable, malgré son ergonomie faible et la qualité assez mauvaise de ses images. L’accès à l’application pour spécialistes est soumise à un mot de passe. On a plus à faire à un système d’information qu’à un musée virtuel.

Beazley Archives
Nouveau site de l’Ashmolean Museum

Catégories
Culture Musée virtuel Usages

@-biographie

Le Musée de la Personne (Museu da Pessoa) est une initiative, née au Brésil, qui montre comment les institutions muséales peuvent tirer parti du média Internet pour accomplir leur mission*. Il se présente comme un musée virtuel dont le but est de collecter des histoires de vie. Le site permet non seulement de présenter les collections constituées, à ce jour environ 6000 biographies collectées lors d’interviews, de projets et par Internet, mais également d’enrichir le fond. Il comporte en effet une interface qui permet à chacun de livrer sa biographie, sous forme de texte, mais aussi des photographies, des dessins, des fichiers audio et vidéo.

Le site est disponible en deux langues. La version la plus large est en portugais. L’interface de saisie des éléments biographiques et l’accès aux collections complètes n’est disponible que dans cette langue. La version anglais n’est qu’une brochure de présentation du musée. Le public francophone peut se faire une idée du contenu de ce musée, grâce à une exposition virtuelle mise sur pied par le Musée de la Civilisation à Québec (voir ci-dessous).

L’expérience du Musée de la personne est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord, elle crée une sorte d’immédiateté entre le musée et le public. Classiquement, la constitution d’un musée consiste à sélectionner des objets et à les offrir à regarder aux visiteurs. Plus récemment, les musées ont invité les visiteurs à devenir acteurs de leurs propres visites, en leur offrant toutes sortes d’expériences. Maintenant le visiteur a aussi la possibilité de participer à l’élargissement de la collection, non pas par le don d’un objet, mais en livrant son histoire de vie.
Selon la directrice du Musée, Karen Worcman, le musée a pour mission de collecter des données non seulement dans un but scientifique, pour les chercheurs, mais également afin de contribuer au développement social. Dans un pays multi-ethnique comme le Brésil, cela permet à la population de créer un miroir d’elle-même qui servira de base à ses réflexions sur l’avenir. On retrouve là une idée qui était née à la fin des années 60 et dans les années 70, dans une période mouvementée, qui avait vu la création des éco-musées. Ce mouvement social des musées s’est essoufflé, mais Internet pourrait s’avérer être un outil plus adéquat. En effet, on a constaté qu’il avait permis à certaines communautés ethniques, en occurrence les Amérindiens, de se ré-attribuer leur patrimoine***.

* http://www.museudapessoa.net/
** Musées et Millénaire (choisir: Mémoires du 20ème siècle)
*** http://www.civilisations.ca/academ/arti … f1_1f.html

Catégories
Culture Usages

Swissroots

Les Suisses ont peu conscience d’une époque pas si lointaine où les oncles et tantes de leurs aïeux quittaient le pays pour aller trouver meilleure fortune ailleurs: Etats-Unis, Canada, Brésil, Argentine ont constitué leurs terres d’asile. Certains y ont trouvé la renommée (comme Louis Chevrolet), d’autre la fortune, pour beaucoup tout simplement une vie meilleure. La vie en Suisse était des plus rudes et les collectivités publiques de l’époque, communes ou bourgeoisies, allaient jusqu’à financer le voyage des candidats à l’émigration. La fondation de Nova Friburgo constitua par exemple une possibilité de se débarrasser de nécessiteux ou d' »heimatlos ».
Les descendants de ces Suisses partis au loin aiment se souvenir de leurs racines et certains d’entre eux reviennent sur les traces de leur ancêtre, munis de quelques papiers portant le nom d’une localité helvétique. C’est pour eux qu’est né le site Swiss Roots, notamment pour ceux qui résident aux USA.

Ce site est entièrement basé sur l’idée de communauté virtuelle sur Internet. Le but est de permettre aux participants d’échanger leurs histoires et leurs témoignages, sous forme de textes ou d’images. Il est possible de proposer son histoire familiale, de se créer un groupe d’amis. Le site offre également un accès à des sources de données essentielles, comme celle d’Ellis Island, où parvenaient tous les candidats à l’immigration qui allaient à New York. Il est donc possible de repérer le passage d’un aïeul et même de visualiser sa fiche. On accède aussi à une banque de données des noms de famille suisse.

Ce site montre bien qu’Internet est devenu un outil permettant à des familles séparées depuis deux ou trois générations de continuer à entretenir des liens. Il fourmille de renseignements généalogiques, de forum de discussion familiaux et permet d’accéder aisément à des archives comme celles d’Ellis Island. A l’époque où ces Suisses ont fui la misère, le monde était vaste et, pour la plupart, ils n’avaient aucun espoir de retour. Les contacts se perdaient vite avec leur lieu de naissance, à cause de la faiblesse des moyens de communication. Leurs enfants ne connaissaient plus la langue de leurs parents et les échanges s’interrompaient définitivement. Aujourd’hui, le monde est devenu petit et les technologies de l’information et de la communication permettent une communication constante. Les tribus peuvent donc se reformer et s’épanouir.

http://www.swissroots.org/

http://www.ellisisland.org/

Un récit d’émigration sur un autre blog:
http://carolo.bleublog.ch.bleublog.ch/e … h-pic.html

Catégories
Culture Musée virtuel Trouvaille Usages

Toile prise dans la toile

Une oeuvre du peintre Maurice Boitel a été retrouvée grâce à Internet. Le tableau, peint en 1954 et représentant deux vases avec des fleurs fanées, avait été volé en 1965. Revendu au Danemark, il est réapparu récemment sur le marché de l’art. Le petit-fils du peintre l’a découvert en consultant un site spécialisé dans les ventes d’oeuvre d’art.
Nous ne savons pas exactement de quel site il s’agit. Cependant, en consultant la page Maurice Boitel sur le site d’Artprice, nous avons été frappés par la présence d’un titre en danois. L’année de création correspond.


http://web.artprice.com/ps/ArtItems.asp … amp;page=1
Copie d’écran du 2.10.2006

A l’ère d’Internet, il devient de plus en plus difficile de revendre des oeuvres d’art ou des antiquités volées. Il suffit d’en publier l’image sur Internet pour attirer l’attention. Interpol édite un DVD des oeuvres volés*, qui contient 30’000 entrées et qui est régulièrement mis à jour. Il publie aussi sur son site les objets dernièrement volés et ceux qui ont été retrouvés. De son côté, l’ICOM () publie sur Internet une liste rouge des objets archéologiques susceptibles de se retrouver sur le marché de l’art**.

* http://www.interpol.int/Public/WorkOfAr … efault.asp

** http://icom.museum/redlist/

Confirmation de M.Boitel, l’oeuvre volée a bien été découverte sur Artprice. Vous trouverez plus de détails sur le site consacré à Maurice Boitel:

http://www.mauriceboitel.com/

Catégories
Culture Musée virtuel Tendances

Vers un musée virtuel de la Suisse?

Internet provoque de profonds bouleversements dans les domaines les plus divers: industrie de la musique, du cinéma, commerce, médias. Qu’en est-il des institutions culturelles et des musées plus particulièrement? Y a-t-il virtualisation du contenu des musées?
J’ai consacré une étude à ce thème (dans le cadre d’une formation post-grade). Vous trouverez le contenu de cette étude à l’adresse suivante:

http://www.duplain.ch/virtualmuseum/complet.pdf

Dans ce travail, j’ai cherché à voir comment les musées pouvaient tirer parti du média Internet pour remplir leurs missions. J’ai également analysé un échantillon d’environ 200 sites de musée suisses, afin de mieux connaître la place qu’occupe le paysage muséal suisse sur Internet. Cette analyse montre que les musées suisses utilisent Internet essentiellement dans un but de communication institutionnelle. Une des raisons qui peut expliquer cette situation est certainement la taille des musées suisses, qui ne peuvent rivaliser avec les grands musées comme le Louvre ou le British Museum.
Mon étude aboutit donc à l’idée d’un musée virtuel de la Suisse dont le but serait à la fois de permettre aux musées d’avoir une place sur Internet, de créer un espace de partage des contenus et de promouvoir les musées.

Les réflexions initiées dans ce travail continuent. Mes idées évoluent et vous en trouverez régulièrement des échos dans ce blog. Une des pistes que je veux suivre est celle de l’accumulation de connaissances sur Internet. Les musées, les bibliothèques, les archives numérisent peu à peu leurs contenus. Le Web devient un espace virtuel du savoir. Quelles sont les implications de cet état de fait? Que deviendront les connaissances et les contenus qui n’auront pas trouver le chemin du Net?

Catégories
Culture Musée virtuel Usages

Tate Online

La collection Tate est la collection nationale anglaise. Elle réunit 65’000 oeuvres d’art de 1500 à nos jours. Elle présente sur Internet ses différents musées ainsi que son offre en ligne, très riche. En effet, l’ensemble de la collection est accessible sur Internet. Il est possible d’y faire des recherches de multiples manières: par artiste, par thème ou par une requête sur la banque de données. Pour chaque oeuvre, on obtient une fiche signalétique ainsi que les mots-clés qui ont été utilisés pour l’indexer. Dans la plupart des cas, il y a une image. Si elle est absente, c’est pour des raisons de copyright. On a parfois une photo de l’oeuvre en place dans le musée, ainsi que des textes.
Le site Tate Online offre aussi un mode d’accès intéressant à une partie de la collection: Le Carousel. Plusieurs oeuvres apparaissent sur la page. L’internaute peut cliquer sur les images de son choix. Ces images s’incrivent dans une colonne (Favourites). Les oeuvres déplacées sont peu à peu remplacées par des oeuvres correspondant aux mêmes sujets. Ainsi l’utilisateur peut influer l’apparition des oeuvres. Par exemple, si on choisit des tableaux présentant des chats, des chiens, des chevaux, etc…, on aura toujours plus d’oeuvres avec des animaux. Cela permet de découvrir des oeuvres en jouant avec elles.
A côté du catalogue en ligne, Tate présente également l’ensemble des activités de ses musées, avec un fort accent sur les événements: il est possible d’avoir une vue des expositions passées ou actuelles, de regarder la vidéo d’une conférence organisée par l’un des musées (par exemple une conférence de Christo et de son amie Jeanne-Claude). Les travaux de recherche de l’institution sont aussi largement décrites. Enfin, il y a une importante section permettant d’apprendre grâce à et autour de la collection. Tous les publics sont visés: des enfants qui trouvent de nombreuses activités récréatives aux adultes souhaitant acquérir des notions sur l’art. Pour ces derniers, il y a un partenariat avec l’Open University qui est une des références mondiales en matière d’enseignement à distance. Dans le domaine des services, outre le shop classique, il est possible d’acheter son ticket en ligne.

Ce qui frappe dans cette offre, c’est sa richesse et sa variété. Il est possible de passer des heures sur le site sans s’ennuyer un seul instant. Ses initiateurs tirent parti de l’ensemble des technologies disponibles pour présenter la collection et les activités des musées. C’est peut-être l’un des meilleurs sites Internet de musée à l’heure actuelle. Le parfait exemple de ce qu’est un cybermusée.

:-)

http://www.tate.org.uk/

Catégories
Culture Livre Science Tendances

Le peuple des connecteurs

Internet change le monde. Il manquait un livre pour exprimer la radicalité des modifications induites par le Web et l’informatique, mais il est paru cette année. Intitulé « Le peuple des connecteurs », il est dû à la plume de Thierry Crouzet, auteur de nombreux ouvrages sur l’informatique et Internet.
Le livre se veut un peu l’évangile des connecteurs, c’est-à-dire des personnes qui forment un réseau (et qui en sont conscients en jouant le jeu de ce réseau), notamment au moyen d’Internet. Il se présente sous la forme d’un « décalogue ». Ses commandements, au nombre de 12, semblent exprimer le contraire du bon sens : le premier nie bien sûr tout statut de loi aux conseils que donne le livre (ne pas obéir). Les autres tentent de remettre en question les idées reçues de notre société : ne pas voter, ne pas légiférer (mais laisser l’auto-organisation se mettre en place), ne pas étudier (pour ne pas subir les cadres trop rigides du système académique), ne pas promettre (parce que c’est tout simplement illusoire), ne pas manifester (mais agir dans son coin en pensant à la globalité), ne pas compliquer, ne pas travailler (mais être un indépendant pour qui le travail est aussi un plaisir), ne pas rationaliser (et remettre Descartes en boîte), ne pas croire, ne pas mourir et enfin ne pas provoquer. Tout au long de ses développements, l’auteur fait découvrir à son lecteur les origines d’Internet, de l’informatique, les domaines de la science permettant de comprendre le développement fulgurant du Web : cybernétique, sciences des systèmes complexes, de l’auto-organisation, du chaos, des réseaux, etc… Il évoque des figures scientifiques de première importance comme Wiener, von Neumann, Turing et bien d’autres, sans oublier des auteurs de science-fiction dont la prescience ne cessera de nous étonner. Il nous emmène dans un voyage intellectuel fascinant. Il présente, par exemple, dans le chapitre 6, un courant de pensée qui, partant des automates cellulaires produisant des motifs extrêmement complexes à partir de règles très simples, essaie de montrer que le monde s’est peut-être développé de la même manière, à partir de règles de base simples. Ainsi, « quand la simplicité engendre la complexité – comme c’est sans doute le cas dans la nature-, la seule approche descriptive est la simulation. » (p. 189). L’ordinateur n’est plus seulement un outil de travail et de communication, il devient un laboratoire permettant de connaître le monde. Mais si un programme informatique peut simuler un monde aussi complexe que le nôtre, alors nous sommes peut-être nous-mêmes dans une simulation. Des philosophes s’interrogent très sérieusement et posent d’une manière très subtile la question un peu grossièrement traitée dans Matrix*. L’ouvrage se termine en montrant les prolongements que la technologie peut apporter à la vie humaine et ceux qui croient à cette idée. C’est peut-être le chapitre de trop, le transhumanisme (c’est ainsi qu’on appelle ce mouvement) ayant des relents un peu sulfureux (comme le reconnaît du reste l’auteur).
Comme les livres qui brossent des paysages intellectuels, ce livre a quelques défauts. Nous avions évoqué la question de la pomme empoisonnée de Turing qui pourrait être ou non celle du constructeur d’ordinateur Apple. Une petite erreur aisément vérifiable. Parfois l’auteur prend des raccourcis un peu vertigineux, en tout cas pour ceux qui ne sont pas habitués à la lecture d’ouvrages scientifiques. Cependant l’ouvrage a des mérites plus grands et nous fait prendre conscience de la profondeur des changements que connaît notre époque et de la place de plus en plus grande que l’informatique prendra, non seulement comme domaine technique, mais également comme paradigme. Si nous voulons prolonger ces questions, nous ne pouvons qu’en appeler au développement d’une philosophie de l’informatique. Ce n’est donc pas un hasard total si Thierry Crouzet est l’un des invités du 2ème festival de philosophie, le week-end**.

* http://www.nickbostrom.com/

** http://www.festivalphilosophie.info/

http://www.tcrouzet.com/

Catégories
Culture

Le Web en débat

Pour ceux qui souhaitent débattre de problématiques concernant le Web, deux discussions sont organisées prochainement en Suisse romande:

Matrix, métaphore de la ville virtuelle
Participants: Patrice Maniglier, Thierry Crouzet et Frédéric Grolleau
dans le cadre du 2ème Festival francophone de Philosophie
Samedi 16 septembre, à 20h00, à Fribourg (Aula du Collège Saint-Michel)

Site du festival: http://www.festivalphilosophie.info/

Thierry Crouzet est l’auteur de l’ouvrage « Le peuple des connecteurs », qui donne un éventail de ce qui constitue l’arrière-fond intellectuel de l’Internet et de la société qu’il implique. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Site et blog de Thierry Crouzet: http://www.tcrouzet.com/

Les dangers d’Internet: lorsque la Toile nous traque
Participants: Nathalie Tissot, Pascal Felber
dans le cadre de Cafe’IN, les cafés scientifiques de l’Université de Neuchâtel
Mercredi 18 octobre, de 18h00 à 19h30, Restaurant de l’Interlope, Neuchâtel

Site de Cafe’IN: http://www2.unine.ch/cafescientifique

Catégories
Culture Musée virtuel

13 millions de photos

Le Smithsonian, l’institution muséale la plus importante des Etats-Unis, possède 13 millions de photographies, qu’il a commencé à collecter dès sa création. Ces photos sont réparties à travers 18 musées, 9 centres de recherche et un zoo. Elles concernent les sujets les plus variés, de l’anthropologie à l’aviation, en passant par l’art. Il fut question pendant longtemps de créer un centre de la photographie au Smithsonian, mais Internet a changé la donne. Et c’est donc un site Web qui voit le jour aujourd’hui, intitulé « Smithsonian Photography Initiative »*. Comme le dit la directrice de ce projet, «In the early part of the 21st century, this seemed like a lot of work, to create a building. We decided to embrace fully the idea of the virtual world.»*

Le site comporte 1800 images, une goutte d’eau dans l’océan, pourrait-on dire. Mais il se veut avant tout un ballon d’essai. En effet, la gestion d’une quantité aussi phénoménale d’images pose de nombreuses questions. Il vaut mieux commencer avec un échantillon.
Quelles sont les fonctionnalités de ce site ? Elles vont dans deux directions. D’une part, le site offre la possibilité d’effectuer des recherches dans l’ensemble du corpus, soit avec des mots-clés, soit à l’aide de filtres pré-définis. D’autre part, le site donne au visiteur l’occasion de jouer avec les photographies. C’est la fonction «Enter the Frame», qui s’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Là, on peut visionner des images selon des mots-clés et en sélectionner jusqu’à 10 pour créer son propre diaporama (enregistrement nécessaire), à envoyer ensuite à ses amis, et qui reste disponible un moment dans le menu.
Dans les deux parties du site, on retrouve une fonctionnalité novatrice et tout à fait dans la ligne du Web 2.0 : l’indexation des photos par le public. Les visiteurs sont invités à attribuer des mots-clés aux images, qui sont ensuite enregistrés, puis reconnus comme «Visitor Keywords». Une telle fonctionnalité est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord, elle permet de corriger, d’améliorer l’indexation scientifique, faite par des spécialistes pour des spécialistes. Dans certains cas, cela pourrait même conduire à identifier un lieu, une scène, un photographe, grâce à la collaboration de visiteurs qui auraient des connaissances approfondies sur le contexte d’une image. En tous les cas, le public aide le musée à gérer sa banque de données d’images. Quand on pense qu’elle contient 13 millions d’objets, on voit tout de suite l’intérêt de cette démarche. Etonnement et contrairement à beaucoup de sites muséaux, le site ne sert pas à vendre des reproductions d’images.
Quant au contenu, il s’agit d’un très beau choix d’images. On ne peut que se réjouir de l’enrichissement progressif du site.

* http://www.spi.si.edu/
** http://www.startribune.com/1375/story/651024.html