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Jeux Second Life Tendances

J’ai testé la Wii

J’ai profité de la visite d’une grande exposition commerciale consacrée au jeu et au jouet pour tester (enfin) la Wii. L’idée de cette console conçue par Nintendo m’a toujours paru intéressante. Le monde du jeu électronique est très marqué par l’informatique qui fait naître le mouvement d’un avatar à partir de commandes du clavier ou de manettes très simplifiées. Un bel exemple d’effet diligence. Ce mode de manipulation archaïque suppose un grand sens de l’abstraction. Mon avatar de Seconde Life en sait quelque chose, tant il s’est cogné dans des murs. Heureusement le système ne prévoit pas de faire apparaître des bosses sur le front.

Wii

Il a fallu attendre longtemps pour que l’on considère que le plus naturel est de mettre en parallèle le mouvement du corps humain réel avec celui de l’avatar. La Wii permet de jouer au tennis, au bowling, de faire du yoga ou de l’aérobic, grâce à divers accessoires. Il paraît que l’on a tendance à casser les meubles ou la télévision. Mais en même temps, on fait bouger son corps plutôt que de rester scotché derrière son écran. Et c’est tant mieux pour la santé. La Wii est sûrement une étape importante pour sortir la culture numérique de la logique de l’ordinateur.

J’essaie de convaincre ma progéniture pour que la console en question figure sur la liste envoyée au Père Noël. Je ne voudrais pas donner l’impression de l’acheter pour moi-même 😉 .

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Tendances Usages

Dans les nuages …

Nos disques durs ressemblent un peu à des greniers. Nous y entassons des photos, des textes, des carnets d’adresse, bref tout ce qu’on peut trouver dans des cartons sous nos toits. Mais cela est en train de changer. La tendance est de stocker tout cela maintenant plus haut, au-dessus du toit … dans les nuages. C’est ce qu’on appelle le cloud computing.

Clouds computing

http://www.flickr.com/photos/16230743@N06/2352727820/

De plus en plus, nous sommes en déplacement et nous voulons accéder à nos données sans forcément emporter un ordinateur portable: chez des collègues, des amis, dans un hôtel ou un cybercafé. C’est pourquoi on trouve de nombreux services qui offrent la possibilité de stocker des fichiers en ligne. On peut avoir ses documents, ses feuilles de calcul, ses photos et même ses contacts. En plus de la mobilité, le grand avantage est la sauvegarde: tous ceux qui ont eu un disque dur qui a lâché savent de quoi je parle. Les désavantages existent aussi: tout d’abord on confie ses données à des tiers. Ensuite, du moment que les données sont en ligne, elles risquent de glisser bien vite sur l’Internet public. En effet, si on ne prend pas garde aux paramètres de partage (avec les amis, tout le monde), plus de gens qu’on ne pense peuvent y accéder.

Le « cloud computing » a quand même un grand désavantage: que fait-on quand on n’a pas de connection Internet ou téléphonique?

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Iphone Mobiles Tendances

La lune de miel continue …

Décidément, mon iPhone est un sérieux concurrent pour mes autres activités numériques. En fait, j’ai passé d’excellentes vacances en sa compagnie. Je reviens sur une de ses caractéristiques. L’un des facteurs de succès du iPhone est probablement le même que celui qui a assuré une gloire universelle à Facebook: les applications. Il est possible d’acquérir, dans une partie d’iTunes appelé Apple Store de petites applications à charger ensuite sur son iPhone (ou son iPod touch). Certaines sont gratuites et d’autres payantes. La gratuité ne devrait cependant pas nous faire oublier un certain sens critique.

Applications iPhone

On peut en effet classer ces applications en plusieurs catégories:

Les gadgets

Ils ne servent à rien, sauf à amuser vos amis ou vos petits neveux. Imaginez: une boîte à meuh (pas très classe pour le iPhone), un briquet inutile pour allumer la cigarette de votre voisine (un geste rayé du rayon de l’élégance à cause des campagnes anti-tabacs), mais peut-être utile pour balancer votre iPhone au bout de votre bras levé à la fin d’un concert, et surtout l’épée-laser de Jedi (qui fera de vous un héros aux yeux éblouis de votre neveu). Ce qui est pratique, avec la synchronisation, c’est qu’on peut installer et désinstaller ces applications comme on veut. Attention quand même aux applications qui produisent des jeux de données (scores, textes, …).

Les utilitaires

En accompagnant mon fils dans une papeterie pour les achats de la rentrée, je me suis mise à flâner entre les rayons en me posant cette simple question: si j’ai un iPhone dans mon sac, combien d’objets est-il en mesure de remplacer? Voici une petite liste non exhaustive: l’agenda est évidemment la première victime, car l’iPhone a un calendrier et un carnet d’adresses synchronisables avec l’ordinateur. On peut aussi se passer facilement du lecteur MP3, d’un livre à lire dans le train puisqu’il existe des applications permettant de télécharger et lire des livres numériques. On peut aussi oublier à la maison la carte de géographie, l’horaire des chemins de fer. Exit la calculatrice. Adieu la montre. Même la loupe permettant de lire les cartes est inutile, car le iPhone a une fonction d’agrandissement. Finalement le sac à main s’allège. Maintenant il y a de la place pour le rouge à lèvres, la poudre et le chargeur du iPhone, car bien entendu toutes ces applications sont gourmandes en énergie. On peut lire un livre numérique et écouter de la musique en même temps, pas on ne fera pas le Transsibérien avec une charge de batterie…

Les jeux

La variété est immense. Ma préférence va aux jeux brefs équivalents à des patiences: cartes ou mahjong. Mais si on a des enfants, les conflits sont inévitables, car certains jeux sont très réussis et relèguent le Gameboy au fond du sac à dos.

Les applications liées au GPS

A part l’application géographique qui jusqu’à présent m’a convaincue, le reste laisse quelques désillusions. Une application permettant de calculer en temps réel la vitesse d’un véhicule a donné des résultats peu réalistes: un 60 km/h bien tenu au compteur oscillait entre 40 et 170. Une autre application permet de suivre une personne munie d’un iPhone sur une carte en ligne. Avant de céder à la tentation, il faut peut-être réfléchir au fait que l’iPhone envoie des données sur un serveur distant: cela peut avoir des conséquences sur la facture et on stocke aussi des données sur ses déplacements chez un tiers (qui se veut rassurant sur cette question).

Les applications de réseautage

L’un des avantages du iPhone est de pouvoir continuer à exister sur un réseau social numérique sans être rivé à son ordinateur. Bonne nouvelle donc pour tous les accrocs du mail, des réseaux sociaux, du tchat, du blog: grâce au iPhone, ils peuvent désormais sortir de chez eux, aller se promener voire même partir en pique-nique (une alternative bienvenue à la pizza livrée à domicile dont les miettes finissent entre les touches du clavier).

Ce qu’on ne trouve pas pour l’instant

Je n’ai pas encore tout regardé en détail. Je n’ai pas encore vu de suite bureautique (si ce n’est des utilitaires permettant de prendre des notes). Peut-être faut-il utiliser celles qui sont disponibles en ligne? Voilà en tout cas qui nous oblige à nous encombrer d’un ordinateur portable, si on doit travailler dans le train.

J’ai quand même le sentiment que l’iPhone oscille entre utilitaire et objet de loisir. Rappelons tout de même qu’avec un iPhone, il est aussi possible de téléphoner …

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Iphone Mobiles Tendances

Une semaine avec un iPhone

Pour expliquer une telle infidélité à mon blog, il faut une bonne raison. Cette raison s’appelle iPhone. Depuis une semaine, je me promène avec le précieux objet. Peu à peu, il se laisse découvrir, amadouer. Il livre ses petits secrets. Comme dans toutes les histoires d’amour, il y a de petites déconvenues, qui s’oublient bien vite.

iPhone

Disons-le tout net: la téléphonie est rangée au rang de fonctionnalité accessoire: l’iPhone est d’abord un appareil permettant de se connecter à Internet. Tout y est simple: pas de configuration Internet à installer. La configuration des comptes e-mail est simplissime. Tout fonctionne à la perfection. Malgré ce qu’on en dit, l’appareil photo est acceptable et les photos sont ensuite gérées par iPhoto sur l’ordinateur. iTunes s’occupe de la synchronisation du reste avec simplicité. Toutes les photos sont géotaguées.

L’appareil lui-même est d’une beauté sans pareil (j’ai la chance d’avoir trouvé un modèle noir). Plein de sensualité même, puisqu’il ne réagit qu’au toucher. Pour ceux qui passent d’un iPod classique au iPhone, la molette est bien vite oubliée. Quant au clavier sur écran, on s’y fait très vite. Seul bémol, je n’ai pas encore compris quelle langue parle le dictionnaire censé devenir les mots que nous sommes en train d’écrire.

On atteint le Nirvana avec les applications supplémentaires disponibles dans Apple Store. Plein de petites merveilles. Bien que je ne sois pas joueuse dans l’âme, je commence par les jeux. Tout le monde se souvient s’être énervé avec un labyrinthe à bille, ce jeu où il faut faire passer une bille dans un labyrinthe plein de trou. Des concepteurs de jeux ont su tirer parti de la disposition du iPod à connaître sa position dans l’espace pour créer un jeu identique, mais sur l’écran. Avantage: la bille ne risque pas de rouler par terre. Inconvénient: en cas d’énervement, éviter de lâcher son iPhone …
Labyrinthe à bille

Il existe trop d’applications pour toutes les décrire. On peut mettre à jour son blog WordPress, continuer à entretenir son réseau social sur Facebook, chatter avec AIM. Il existe aussi de nombreux utilitaires pratiques: listes de tâches, calculette sophistiquée, etc… J’ai également testé les applications permettant de lire des livres électroniques. Dans ce domaine, eReader m’a paru particulièrement convaincant: on peut littéralement tourner les pages avec les doigts. Mais il est aussi possible de rechercher un mot dans le texte. Ne manque que la possibilité de prendre des notes ou de passer des lignes au marqueur.

Petite remarque en passant, j’ai constaté qu’en ouvrant plusieurs applications pour la première fois, quelques octets d’informations s’envolent. Où? Un peu de transparence ne fait pas de mal.
Dans les petits accrocs rencontrées au cours de cette lune de miel somme toute sans nuages, je mentionnerai deux points. Pour tous ceux qui achètent des iPhones ailleurs que dans les boutiques des prestataires de télécommunication qui offrent des abonnements, pensez que l’abonnement ne commence que 24h00 plus tard. Ne vous précipitez pas sur le bouton surf, si votre précédent abonnement ne vous faisait pas bénéficier d’un tarif bas. Plusieurs personnes ont, semble-t-il, eu des difficultés à installer des applications sur leur iPod. La raison est simple: le Mac les reconnaît comme des applications, même si elles ne pas destinées à fonctionner localement. Il faut en autoriser l’usage. Leur truc le plus simple est de cliquer deux fois sur une icône d’application. L’ordinateur demande le mot de passe pour l’installation et le tour est joué.

Bref, on reviendra sur le sujet …

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Tendances Web sémantique

Un dictionnaire virtuel

Google offre une fonctionnalité intéressante. En saisissant « define: » avant le terme recherché, on obtient non pas une liste de liens, mais une série de définitions glanées sur le Web.

Champ de recherche Google

Les résultats obtenus sont loin d’être parfaits. Cependant cette possibilité fait réfléchir. La masse immense de données que constitue Google peut être exploitée de diverses manières et produire autre chose que des passages vers d’autres sites. Le moteur de recherche essaye de retrouver tout ce qui peut constituer une définition et générer un dictionnaire. Si on y réfléchit un peu, ce dictionnaire se trouve déjà potentiellement dans Google et il s’agit de l’actualiser.

Une question fondamentale demeure: peut-on imaginer qu’un dictionnaire censé livrer le sens des mots d’un langage naturel soit généré uniquement grâce à un programme, sans l’aide des humains, porteurs du langage naturel? Le Web sémantique se fera-t-il avec des robots ou avec des hommes?

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Tendances

Dématérialisation?

Il n’y a pas si longtemps, on ornait encore les albums photos de nos vacances lointaines avec son billet d’avion ou sa carte d’embarquement. Les albums ont disparu avec les photographies numériques. Et maintenant c’est le billet d’avion qui se volatilise. Ce bout de papier qui nous angoissait tant: il ne fallait pas l’oublier avant de partir, ni le perdre ou se le faire voler pendant le voyage. Le voilà réduit maintenant à quelques bits dans une boîte électronique ou dans un téléphone portable. En effet, depuis le 1er juin, l’IATA oblige les compagnies d’aviation à émettre des titres de transport non matériels, permettant de faire des économies évaluées à 3 milliards de dollars. La plupart des compagnies sont prêtes et celles qui n’ont pas pas encore pu s’adapter recourent aux services de celles qui le sont.

http://www.iata.org/pressroom/pr/2008-31-05-01.htm

La tendance à la matérialisation et à la virtualisation continue à se développer, qu’il s’agisse d’argent, de titres de transport ou même de relations sociales. Cette évolution est d’autant plus frappante que la réalité matérielle revient frapper à notre porte, sous la forme des crises énergétique et alimentaire. Les compagnies aériennes n’émettent plus de billets en papier, mais leur facture de pétrole est bien réelle et le ticket virtuel n’en sera guère allégé…

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Tendances

Lectures multiples


Le Web est virtuel. C’est presque un truisme que de le dire. On peut cependant s’interroger sur le fonctionnement de cette virtualisation. Un des éléments fondamentaux du Web est le langage qui le code: HTML ou Hypertext Markup Language. Il s’agit d’un langage descriptif: il permet s’insérer certains éléments entre deux balises indiquant leur nature. Par exemple, un titre principal est indiqué avec la balise h1:

<>Titre< / h 1 >

Ce langage donne essentiellement des indications concernant le style: titre, paragraphe, gras, italique,… Il permet aussi d’intégrer certains éléments comme les liens hypertextes et les images.

Ces balises sont invisibles pour l’internaute. Il ne voit que le résultat produit par son navigateur Internet. Chacun a pu remarquer que des navigateurs différents interprètent parfois autrement le code HTML. Mais les navigateurs ne sont pas les seuls logiciels qui lisent et interprètent le code HTML. Il y a aussi les logiciels permettant de lire les fils RSS ou les logiciels lisant à haute voix (de synthèse) les pages pour les non-voyants. Que cela signifie-t-il? A partir du moment où l’on peut un texte au format HTML, on ne maîtrise plus la lecture qui en est faite, car cette lecture n’est pas directe, mais se fait via un interpréteur. C’est le développeur de l’interpréteur qui décide de la manière dont une balise est rendue. Ainsi si je regarde ce même blog avec un lecteur de fils RSS, je le vois complètement différemment:

De nombreux lecteurs le voient ainsi et ne peuvent pas savoir si j’en ai changé l’apparence.

La lecture nous échappe donc, contrairement à ce qui se passent dans le monde de l’imprimerie. Cette lecture se virtualise dans la mesure où c’est le contenu qui va au lecteur et non plus le lecteur qui visite le site.

De nombreux outils parcourent le Web et lisent le code HTML: les moteurs de recherche, les aggrégateurs. Nos contenus apparaissent, entièrement ou sous forme de teasers, dans d’autres sites. Ils se virtualisent et il faut l’apprécier, car c’est ainsi qu’ils se font connaître des lecteurs.

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Applications géographiques Communautés virtuelles Science Tendances

Structuration de données collaborative

Dans une encyclopédie, les connaissances sont présentées sous forme d’articles reliés entre eux par des liens ou des mots-clés. Il ne s’agit pas de données structurées. Les encyclopédies se prêtent donc bien à une transposition sur Internet sous forme de wiki, c’est-à-dire un système d’hypertexte collaboratif.

Depuis peu, les données structurées sont aussi devenues compatibles avec le Web 2.0. Il s’agit de données organisées selon un système hiérarchique et avec, pour chaque donnée, des informations obéissant à une certaine structure, des banques de données en somme. Il est désormais possible de publier des données et de participer à leur structuration sur le site Freebase.

http://www.freebase.com/

Sur ce site, il est possible (pour peu que l’on ait ouvert un compte gratuit) de:

  • ajouter des données à des séries déjà existantes. Le système compte actuellement plus de 20′000 livres, 38′000 films, 5000 bâtiments, 1000 vins et 60 fromages (là il y a encore un grand effort à faire).
  • discuter de questions concernant la structuration des données. Parmi les discussions en cours, on peut en relever une consacrée aux types de musées.
  • structurer les données

Freebase est aussi un système ouvert vers l’extérieur. Il est possible d’en réutiliser les données dans des applications, des sites web, des widgets. Parmi les réussites, on peut noter certaines réalisations:

  • Archiportal : Les bâtiments listés et décrits dans Freebase sont représentés sur une carte (Google Map)

    Bâtiments de la ville de Rome présents dans Freebase
  • History of sciences : une frise chronologique présentant les savants qui ont joué un rôle important dans le développement de la science, d’Anaximandre à nos jours. Un lien permet de retourner sur la notice complète dans Freebase.

Ces deux exemples montrent bien que l’un des enjeux du Web actuel est l’interopérabilité entre systèmes. Cela permet de créer des visualisations performantes des données, sur une échelle de temps ou une carte de géographique. Chacun trouve son rôle dans un prochain: ajouter des données, programmer des interfaces, etc …

Cette étape de la structuration des données me semble essentiel. Des quantités incroyables de données ont été numérisées et mises à disposition sur Internet. Il faut maintenant s’occuper de leur gestion. Freebase se nourrit de Wikipédia, car il reprend de nombreuses descriptions, mais il offre une dimension supplémentaire: une hiérarchie , un classement des données.

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Bibliothèque virtuelle Communautés virtuelles Culture Egypte Science Tendances

La Bibliothèque d’Alexandrie

Internet est devenu en quelques années la plus grande masse de données réunie de manière relativement homogène et accessible. Jamais jusqu’alors dans l’histoire de l’humanité, l’accès aux connaissances n’a été aussi aisé de même que leur remixage. Tous ces contenus numérisés peuvent être copiés, retravaillés, trouvés par des moteurs de recherche. La question de la conservation de ces données se pose maintenant, notamment pour les contenus numériques natifs. Cet archivage est très complexe pour plusieurs raisons:

  • les sites Internet changent très souvent
  • les formats des données évoluent sans cesse de même que les logiciels, les supports et les appareils (software, hardware)
  • les volumes nécessaires pour la conservation coûtent très chers, surtout si on souhaite un historique des données

Mais est-il nécessaire de conserver l’ensemble des données disponibles sur Internet? D’une part, tout archivage suppose un tri. Tout n’est pas digne d’archivage. Chaque société est amené à faire des choix dans ce domaine. Bien entendu, c’est risqué car même les critères de choix évoluent. Les historiens s’intéressaient d’abord aux documents officiels, mais cette discipline s’est penchée plus récemment sur la vie quotidienne des populations dont la documentation n’a pas été systématiquement archivée. Il en sera de même pour Internet: qui archivera les centaines de milliers de blogs personnels? Ils pourraient cependant constituer des témoignages intéressants pour des historiens, des sociologues, des linguistes. La lacune n’est du reste pas le pire des maux et bien des méthodes permettent d’en dessiner les traits.

Pour tempérer un peu la crainte de perdre ces données réunies en masse, essayons à nouveau de nous pencher sur le passé. L’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie est considéré comme une des catastrophes majeure de l’Antiquité. Pourtant ce drame doit être remis dans son contexte. Cette institution a été créée par Ptolémée 1er, premier roi grec d’Egypte à la fin du 3ème siècle avant J.-C.. Première constatation, il s’agit bien d’une volonté politique. Ensuite, cette institution ne se limitait pas à une bibliothèque: le Museion accueillait aussi des savants prestigieux qui devaient exploiter la bibliothèque. Quant à la bibliothèque elle-même, tout avait été mis en place pour l’enrichir. Les bateaux abordant dans le port d’Alexandrie devaient remettre leurs documents pour qu’ils soient copiés. La copie était rendue au capitaine et l’original conservé à la Bibliothèque.

La Bibliothèque d’Alexandrie n’était pas un cas unique: toutes les grandes cités de la période hellénistique avait la leur. Il y avait même une émulation, voire une concurrence entre toutes ces bibliothèques. On essayait par exemple d’acquérir des collections d’ouvrages ou d’attirer les meilleurs savants. La principale concurrente d’Alexandrie était Pergame. On raconte que les Alexandrins avaient refusé d’exporter du papyrus égyptien vers Pergame pour mettre à mal les activités de sa bibliothèque. Les gens de Pergame ont donc essayé de trouvé un autre support pour écrire et ont donc inventé le parchemin, fabriqué à partir de peau de bête. Le mot parchemin vient du nom de Pergame et ce support s’imposera au Moyen Âge.

Que constate-t-on durant la période hellénistique? Une circulation et une diffusion importante des connaissances doublée d’une grande activité intellectuelle. Grâce à toutes ces bibliothèques, on a pu faire une synthèse de la culture grecque (en incluant même des cultures voisines). On a revisité les auteurs anciens. Aucune de ces bibliothèques n’a survécu au temps, ni celle d’Alexandrie, ni celle de Pergame. Peu importe donc que César lui ait bouté le feu. L’essentiel est en fait que ces bibliothèques ont existé, que les connaissances et les idées ont circulé. Grâce à cela, nous avons pu conserver des connaissances qui auraient été perdues autrement. Bien entendu, on peut regretter que les savants hellénistiques aient fait des sélections comme les pièces des Tragiques qui méritaient de passer à la postérité. Sans eux cependant, on aurait peut-être perdu l’ensemble de ces oeuvres.

Bibliothèque romaine privée
Crédit : http://www.vroma.org/

N’assiste-t-on pas à un phénomène analogue aujourd’hui? De plus en plus de connaissances sont maintenant accessibles et les efforts de numérisation continuent. En même temps, ces connaissances font l’objet de discussions, de commentaires, de synthèses, de recompositions, d’indexation. Ce qui nous distingue de l’époque hellénistique, c’est le nombre de personnes qui ont accès à ces connaissances, parce qu’elles savent lire et qu’elles ont un appareil leur permettant d’y accéder à disposition. Il y a là un formidable catalyseur de découvertes, de progrès scientifiques, ce d’autant plus que les outils que nous avons à disposition facilitent la collaboration et le partage. C’est ce phénomène qui mérite d’être reconnu aux yeux des générations futures.

Nous avons regardé dans le passé. Plongeons-nous dans le futur maintenant, mais dans celui de la science-fiction. Dans son cycle Fondation, Isaac Asimov pose une question intéressante. Son personnage, Hari Seldon, montre que les civilisations connaissent des cycles de mort et de renaissance. Grâce à une science qu’il a développé, la psychohistoire, il parvient à calculer l’intervalle entre la mort prochaine de sa propre civilisation et celle qui lui succédera. Comme cet intervalle est long (30′000 ans), il se demande comment le réduire. C’est ainsi qu’il crée aux confins du monde deux fondations formées de savants qui ont pour tâche de rédiger l’Encyclopedia Galactica. Cela n’est pas sans rappeler le rôle des Monastères du Moyen-Âge qui ont thésaurisé des connaissances de l’Antiquité pour le plus grand bénéfice de notre culture.

Pour revenir à la question de l’archivage, on voit bien que l’exhaustivité n’est pas requise. Un processus de sélection doit intervenir, qu’il se fasse par un choix conscient ou sui generis (ou une solution hybride). Nous n’en sommes peut-être pas encore là. Pour l’instant, il s’agit de tout mettre sur la table, de faire l’inventaire de nos connaissances, de rediscuter peut-être les critères qui nous permettent de qualifier ces connaissances.

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De l’utilisation des groupes dans Flickr

Les 2 milliards d’images réunies en 4 ans par le site Flickr apparaissent déjà comme une réalisation extraordinaire. Mais les responsables du site ne se contentent pas d’accumuler un capital en images exceptionnel. Ils veillent aussi à sa valorisation. Depuis longtemps, il est possible d’exporter des photos vers un blogs ou de faire apparaître sur un autre site un portfolio d’images choisies selon un mot-clé. Flickr offre une fonctionnalité très intéressante, celle des groupes. Comme nous allons le montrer, il s’agit d’une fonctionnalité virtualisante à plus d’un égard.

Chaque utilisateur inscrit dans Flickr peut créer un groupe. Il peut définir des règles et le paramétriser. Ainsi il peut choisir de laisser entrer qui veut ou d’accepter en tant qu’administrateur des demandes d’accès. Le groupe a deux éléments principaux:

Les discussions: il est possible de lancer un débat entre les divers membres du groupe. Cela marche comme un mini-forum.

Le pool: c’est la fonction la plus intéressante. En effet, les membres du groupe ne versent pas directement des photos dans le pool du groupe. Ils attribuent certaines de leurs photos au pool du groupe (ou des groupes) auxquels ils ont adhéré. Ainsi une photo peut être présente dans plusieurs groupes.

Quels sont les avantages?

Flickr forme une masse imposante d’images d’une grande variété. En créant des groupes, on peut réunir des images correspondant à des thèmes ou des problématiques diverses, sans devoir importer soi-même des photos sur ce thème. Les tags permettent en partie cela. Mais les groupes ont l’avantage de ne pas dépendre de la formulation du tag (langue, orthographe) et ils ont une composante débat qui permet d’ouvrir des discussions intéressantes.

Les responsables et amateurs de musées ne s’y sont pas trompés: les groupes peuvent leur être très utiles, de diverses manières:

  • Créer un groupe correspondant à un thème. Tout est possible évidemment.

Grâce aux tags, il est possible de mieux explorer ce thème et, par exemple, de visualiser les tombes avec statues:

Voilà autant de formes de musées virtualisés (quand il s’agit d’un musée de brique et de ciment) ou de musées virtuels ou improbables. Explorer Flickr à travers les groupes permet de découvrir des choix inédits de vues ou de sujets, mais aussi de participer à des débats. Quant aux musées, ils ont toutes les raisons de créer des groupes dans Flickr et d’encourager leurs visiteurs à y insérer leurs prises de vue.