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Vieux gadgets

Hardware Zone, un site technologique de Singapoure, fête ses douze ans. Pour marquer le coup, il s’offre une exposition virtuelle en ligne montrant l’évolution des technologies électroniques et numériques. L’exposition est composée de trois parties. La première retrace l’histoire du site. La second offre des frises chronologiques pour plusieurs types d’appareils, de périphérique ou même pour Internet. La troisième partie est participative: les internautes peuvent poster des images de vieux gadgets électroniques qu’ils ont chez eux: polaroïd, gameboy, téléphone portable de première génération, etc… Des prix récompenseront les meilleures images. En regardant cette galerie d’image, on réalise à quel point l’obsolescence est de plus en plus vite atteinte. Un appareil des années 80 semble complètement dépassé.
Gadgets
http://www.celebratetechnology.com.sg/
http://www.hardwarezone.com.sg/
Cette exemple montrer que l’exposition virtuelle n’est pas le fait des seuls musées, mais constitue une forme en soi qui peut être utilisée dans diverses stratégies de communication.

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel muséographie virtuelle

La vie sous-marine

En cette période où la mer est mise à mal par une marée noire qui est certainement l’une des plus grandes catastrophes écologiques de notre planète, il est peut-être bon de s’intéresser à la richesse de la vie sous-marine. Le Smithsonian nous en donne l’occasion, grâce à un site lancée par le Musée national d’histoire naturel. Il s’agit d’un portail consacré à l’océan. Il présente divers aspects de la mer sous une forme attractive, avec de nombreuses images, vidéos et animations. Il montre le travail de chercheurs et offre aussi des ressources pour les enseignants.
Il offre également une perspective chronologique de la vie sous-marine, à travers des timelines. L’un montre l’évolution des cétacés et l’autre  les grands prédateurs marins.
Timeline vie sous-marine
http://ocean.si.edu/

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3D Applications géographiques Culture Musée virtuel muséographie virtuelle Second Life

Une visite de l’île de Pâques

Le vent a commencé à tourner pour les prestigieuses collections amassées par les grands musées occidentaux. Certains pays réclament avec insistance des pièces particulièrement relevantes pour leur passé ou leur culture. La Grèce avait ouvert les feux en demandant le retour des marbres du Parthénon (cette requête date déjà de l’époque où Melina Mercouri était ministre de la culture). L’Egypte veut récupérer le buste de Néfertiti. La Chine essaye de bloquer la vente de certains objets dans des salles d’enchère. Récemment 17 pays se sont réunis dans le but de réclamer le retour de leurs antiquités, sous l’égide de l’Egypte (et de son dynamique responsable du Conseil suprême Antiquités, Zahi Hawass).
Article AFP
Site de Zahi Hawass
Il existe une convention de l’UNESCO dont le but est de lutter contre l’importation, l’exportation et le transfert illicite des biens culturels. Cependant cela ne concerne que les acquisitions faites après 1970. Il n’existe donc aucune base légale pour réclamer des objets qui sont entrés dans les musées avant cette date, comme les frises du Parthénon ou le buste de Néfertiti. Cela n’empêche pas ces pays de réclamer des objets arrivés dans les musées occidentaux avant cette date.
Convention UNIDROIT de l’UNESCO
Les divers peuples du monde sont de plus en plus déterminés à conserver eux-mêmes leur patrimoine, plutôt que de le laisser partir vers l’Occident. Il y a quelques semaines, les habitants de l’île de Pâques ont refusé de prêter un de leurs moai qui devait être exposé à Paris, dans le Jardin des Tuileries.
Article Cyberpresse
Ceci nous ramène à la question du musée virtuel. Un objet du monde réel ne peut se trouver qu’à un seul endroit. Et cet endroit devient de plus en plus discuté. Il faut encore considérer que certains sites sont difficilement accessibles pour des raisons d’éloignement (c’est le cas de l’Ile de Pâques) ou de conservation (Lascaux ou certaines tombes égyptiennes). Dès lors, comment concilier l’intérêt du public pour le patrimoine culturel avec la préservation de ce patrimoine ou les difficultés d’accès. Les technologies de l’information sont peut-être une des clés de cette question. J’ai donc cherché comment il est possible de visiter l’Ile de Pâques et d’admirer ses fameux moai tout en restant chez soi.
Il existe de nombreux sites Internet consacrés à l’Ile de Pâques et à ses mystères. Je me suis intéressée à des représentations en 3 dimensions. Première déception, il n’existe pas (à ma connaissance) de sim reproduisant une partie ou l’ensemble de l’Ile de Pâques dans Second Life. Néanmoins, j’ai pu acheté un moai pour 200 L$. Idéal pour orner une plage, en compagnie de quelques palmiers.
Moai dans Second Life
Plus intéressant est Google Earth. La résolution de l’île est de qualité acceptable, suffisante en tout cas pour apercevoir les ahu, plateformes sur lesquels se dressaient les moai.
Vue aérienne de l’Ile de Pâques
Quelques groupes de moai ont été modélisés en 3 dimensions. Cela permet de se faire une idée de leur localisation dans le paysage. Les statues sont cependant grossières. Fait intéressant, elles tournent le dos à la plage: les moai regardent vers l’intérieur des terres et non vers le large.
Moai dans Google Earth
Pour ceux qui souhaitent voir les statues et leur environnement en détail, ils peuvent se rendre sur le site “360 cities”, spécialisés dans les visions panoramiques en 360 degrés. En fait, cette technologie existe depuis longtemps sur Internet. On la trouve sur de nombreux sites de musées, sous le terme de visite virtuelle. Elle est aussi beaucoup utilisée dans le tourisme, l’hôtellerie et l’immobilier. Le site “360 cities” présentent des vues panoramiques de nombreux sites dans le monde. L’Ile de Pâques est richement représentée: une vingtaine de site peuvent être visités.
Carte 360 cities
http://www.360cities.net/map#lat=-27.11109&lng=-109.34692&zoom=12
Il suffit de choisir un des points pour visualiser le panorama. On peut ensuite faire un tour sur soi-même de 360 degrés et visualiser le paysage, y compris le ciel. On peut aussi accéder à un autre panorama proche dès que l’on voit s’afficher des flèches blanches.
Moai dans 360 cities
La Fundación Telefónica, une fondation chilienne, a produit un site permettant une visite virtuelle de l’Ile de Pâques. Le maire de l’île commence par vous souhaiter la bienvenue. A partir d’une carte, il est possible d’explorer les principaux sites de l’île.
Visite virtuelle de l’Ile de Pâques
Certains sont présentés comme des highlights. On voit sous forme de photographies avec des commentaires.
Visite virtuelle de l’Ile de Pâques
D’autres sites sont présentés sous forme d’animation: on peut découvrir, par exemple, comment étaient sculptés et transportés les moai.
Visite virtuelle de l’Ile de Pâques
Enfin certains endroits sont  montrés en 3 dimensions. La visite est saisissante. Il est possible de se promener autour des moai, dans un paysage avec une excellente résolution (en comparaison avec d’autres univers en 3 dimensions).
Visite virtuelle de l’Ile de Pâques
http://www.fundacion.telefonica.com/arsvirtual/media/visitas/isla_pascua/alta/pascua/index.htm
Chacun de ces sites permet de se faire une bonne idée de l’île et de ses monuments, gratuitement, sans se déplacer, sans contribuer à la dégradation des lieux. On pourra toujours arguer qu’il manque l’émotion, l’odeur de la mer et les cris des oiseaux. Mais l’Ile de Pâques est un écosystème fragile et elle peut à peine recevoir les flots de touristes qui s’y rendent. En 2009, les Pascuans ont “fermé” l’île pendant deux jour en bloquant l’aéroport, pour manifester leur ras-le-bol.
La virtualisation, si elle est bien faite, peut contribuer à faire connaître les hauts-lieux du patrimoine à un large public, à bas prix et dans l’intérêt de la préservation dudit patrimoine.
A défaut de se rendre sur l’île, il est aussi possible de visiter des expositions
Paris
A défaut du grand moai dans le Jardin des Tuileries, on pourra voir une copie d’une tablette comportant l’écriture rongo-rongo de l’Ile de Pâques.
Exposition “Ecritures silencieuses”
Montréal
A partir du 8 juin, Montréal va accueillir une exposition sur l’Ile de Pâques, au musée d’archéologie et d’histoire de Montréal. Elle réunit 200 objets provenant d’une vingtaine de musées, notamment des pièces avec l’écriture rongo-rongo. Mais pas de moai.
Exposition “Le grand voyage”
Mais si vous voulez tout de même vous rendre sur l’île de Pâques, évitez le 11 juillet 2010. A cette date aura lieu une éclipse solaire totale visible depuis des îles de la Polynésie, dont Rapa Nui. Les hôtels affichent complet …

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Culture Musée virtuel muséographie virtuelle

Remplissez les trous

Dans un compactus du Smithsonian American Art Museum, de nombreuses peintures sont disposées dans l’attente de la visite éventuelle d’étudiants ou d’historiens de l’art. Dans ces compactus, il reste des espaces vides. Le musée invite le public à chercher dans son catalogue en ligne des oeuvres à placer dans ces endroits. C’est Flickr qui sert d’interface à ce projet intitulé “Fill the Gap”. Un album permet de visualiser les panneaux. Les tableaux présents sont annotés et les mesures de la place libre sont aussi données. Le visiteur n’a qu’à se rendre sur le site Internet du musée et chercher une oeuvre qui correspond à l’espace vide et qui s’accorde avec les peintures voisines.

http://www.flickr.com/photos/americanartmuseum/sets/72157613328866883/

http://americanart.si.edu/collections/search/

Ce projet consistitue une sorte de crowdsourcing, un appel à la foule pour remplir une tâche. En même temps, c’est une magnifique invitation à visiter les collections en ligne. Le choix de Flickr est tout à fait judicieux, car cela permet de toucher plus d’utilisateurs que le site du musée.

Fill the Gap

Fill the Gap

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel muséographie virtuelle

Biens communs

L’idée que le patrimoine culturel est un bien commun et que, par conséquent, chacun peut non seulement en jouir, mais aussi l’utiliser dans ses propres productions, fait son petit bonhomme de chemin. Grâce à Flickr, des institutions du monde entier peuvent mettre à disposition des documents numérisés dans le domaine public.

Flickr Commons

Ces documents peuvent être réutilisés sans restrictions. Parmi ces les institutions qui participent à ce programme, on peut mentionner:

  • The Library of Congress
  • Brooklyn Museum
  • Smithsonian Institution
  • Bibliothèque de Toulouse
  • Bibliothèque de la Fondation Calouste Gulbenkian
  • Musée McCord Museum
  • Nationaal Archief (Pays-Bas)
  • New York Public Library
  • Swedish National Heritage Board
  • Llyfrgell Genedlaethol Cymru – The National Library of Wales
  • Getty Research Institute

Non seulement on peut réutiliser ces images, mais on est aussi invité à les commenter et à proposer des mots-clés, donc à les enrichir.

Flickr Commons

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Communautés virtuelles Culture Général Musée virtuel muséographie virtuelle

Tout le monde peut exposer

Hier soir, j’ai été invitée à parler du musée virtuel et de la présence des musées sur Internet par le Groupe interjurassien des Musées GIM, qui regroupe essentiellement de petites institutions muséales, dont certaines sont privées. C’était l’occasion d’explorer la frontière entre collections privées et musées, entre amateurs passionnés et conservateurs professionnels. J’ai donc essayé de défendre l’idée que le savoir muséographique était partagé assez largement dans la population. Pour reprendre le slogan d’un film d’animation célèbre mettrant en scène un petit rat qui devient un grand chef de cuisine, j’ai commencé par affirmer que “tout le monde peut exposer”.

Au départ du phénomène du musée se trouve la muséalité, une attitude humaine profonde qui sélectionne des objets et leur attribue un sens. Ces objets perdent alors leur valeur d’usage pour acquérir une essence différente. Ce phénomène est analogue à celui de la sacralisation dans le domaine des religions: un objet devient sacré et ne retourne jamais au monde profane. L’esprit de collection est courant chez les enfants. Ces derniers rassemblent quelques objets qui ont un sens particuliers pour eux, mais sans suivre forcément une systématique. Ils les mettent dans un contenant, un carton de chaussure ou une boîte en fer blanc. Souvent cette collection d’objet est la seule qu’ils feront de leur vie. Dans le film “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain”, cette dernière découvre dans son appartement une boîte en fer blanc avec une collection d’enfant. Elle en recherche le propriétaire, devenu adulte. Le fait de retrouver ces objets collectés pendant son enfance va provoquer chez lui une intense émotion.

Amélie Poulain

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001

A l’âge adulte, certains gardent le goût de la collection qui peut aller jusqu’à la passion, voire l’obsession. Tout peut être objet de collection. Beaucoup de collectionneurs apprécient des objets qui constitue des séries: des timbres, des monnaies, des bagues de cigare, des cartes postales, … D’autres types de collection nécessitent des connaissances scientifiques comme les fossiles, les minéraux. Pour collectionner des oeuvres d’art ou des livres anciens, il faut alors une fine connaissance des marchés. Le développement d’une collection s’accompagne toujours d’une érudition propre à l’objet collecté.

Bagues de cigares

La vitolphilie est la collection des bagues de cigare

Toutes ces collections ne restent pas personnelles. On ne le dit jamais assez: de nombreux musées proviennent de collections privées, ouvertes au public ou léguées à l’Etat.

De nombreux objets traversent notre vie et chacun est amené à choisir un jour ou l’autre les objets à conserver et ceux qui sont à jeter. Entre ces deux destinées, il y aussi la mise au grenier ou la mise à la cave. Beaucoup de personnes conservent des objets dans leur grenier en y apportant un certain soin.

Grenier

http://www.flickr.com/photos/ranopamas/198039863

De même, suite à la disparition des générations anciennes, nous héritons d’objets qu’il faut aussi trier. Il faut alors être à même d’identifier chaque chose, d’en évaluer la valeur. Cela prend du temps pour effectuer toutes ces recherches.

Salon victorien

Le petit salon de Mme David Morrice, Montréal, QC, 1899; Musée McCord

Nous sommes aussi habitués à gérer des longues séries: c’est le cas de nos photos. La méthode ancienne était celle des albums, alors qu’aujourd’hui on recourt à des logiciels ou des sites Internet de partage pour gérer ses photos numériques. C’est assez frappant de constater que la gestion des photos est un sujet de conversation assez courant entre les gens. Ils s’échangent leurs trucs et leurs astuces.

Album de photo

Ancien album de photos

La maison elle-même est un lieu d’exposition, notamment dans les pièces où l’on reçoit. Les objets, les bibelots, les souvenirs de vacances ne sont pas disposés au hasard. Il y a sans conteste réflexion, mise en scène, discours.

Salon de l’ethnographie

Exposition au MEN, Le salon de l’ethnographie, 1990

Toutes ces activités ressemblent peu ou prou à celles qui se pratiquent dans les musées. Elles sont largement partagées dans la société. Les musées devraient avoir le courage de laisser le public participer un peu plus à ses activités, non pas comme simple consommateur, mais aussi comme acteur. C’est d’autant plus intéressant que l’Internet participatif ou collaboratif donne des outils permettant aux musée de d’associer leur public à leurs travaux. Certains musées osent franchir le pas, notamment dans le domaine de l’acquisition. Je me souviens que le Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) avait demandé à son public d’apporter des objets qui seraient intégrés à la collection du musée. Plusieurs musées collectent aussi des histoires et récits de vie via Internet (ou de manière plus classique). L’indexation sociale (folksonomy) consiste à demander aux internautes d’attribuer ou de proposer des mots-clés sur les photos des objets de la collection. D’autres encore leur propose de créer eux-mêmes des galeries qu’ils peuvent partager avec leurs amis. Le musée 2.0 est déjà là … et les gens ne sont pas dépourvus de compétences pour y participer.

http://www.museesbeju.ch/

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3D Culture Musée virtuel muséographie virtuelle

Réalité augmentée

Réalité augmentée

August 12, 2009 3D, Culture, Musée virtuel, muséographie virtuelle No Comments

On parle depuis un certain temps de réalité augmentée comme un moyen permettant au visiteur d’un site archéologique ou d’un ancien monument de se faire une idée de l’état antérieur des vestiges qu’il a sous les yeux. Certains projets ont déjà été faits pour des sites aussi prestigieux que Pompéi, mais ils sont toujours restés au stade du prototype. Si tout le monde trouve amusant de porter des lunettes ressemblant à une paire de jumelles, le sac à dos contenant l’ordinateur portable pose problème. Son poids sera désagréable pour le visiteur et, de plus, c’est à chaque fois un matériel onéreux qui est mis à disposition.

Il existe pourtant une solution simple et je l’ai vue en oeuvre sur le site romain d’Aquincum, à Budapest. Aquincum était la capitale de la Pannonie romaine, province importante sur la route de l’ambre qui allait de la Baltique à l’Italie. Elle était déjà connue pour ses eaux thermales (encore appréciées aujourd’hui) et on y a découvert un objet très rare, voire unique: un orgue hydraulique. Les ruines d’Aquincum sont visitables et bien mises en valeur, grâce à certaines reconstructions, toujours bien marquées et qui permettent de comprendre par exemple les systèmes de chauffage des Romains. Un musée moderne donne un aperçu de la richesse et du luxe du palais qui s’y trouvait.

La réalité augmentée va montrer aux visiteurs des bâtiments entiers, mais sur le site lui-même. En plusieurs endroits du site, on trouve des appareils ressemblant à des périscopes ou à des jumelles. On a d’abord l’impression qu’on obtiendra des aggrandissements des vestiges. En y collant ses yeux, on découvre en fait des bâtiments dans toute leur élévation, avec un toit, des couleurs et même quelques personnages. L’appareil pivote sur environ 180 degrés et permet donc de découvrir des reconstitutions numériques de plusieurs maisons. Pour ne pas surprendre le regard du visiteur, le système s’adapte aux conditions météorologiques, affichant un ciel bleu les jours de grand soleil et des nuages les jours de pluie.

Kronoscope d’Aquincum

Ce dispositif a été développé par le Computer and Automation Research Institute de l’Académie hongroise des sciences. Il a été installé en 2005. Pour l’instant, deux Kronoscopes sont opérationnels et huit au total sont prévus.

http://www.sztaki.hu/search/projects/project_information/?uid=00010

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Réalité augmentée

Réalité augmentée

August 12, 2009 3D, Culture, Musée virtuel, muséographie virtuelle No Comments

On parle depuis un certain temps de réalité augmentée comme un moyen permettant au visiteur d’un site archéologique ou d’un ancien monument de se faire une idée de l’état antérieur des vestiges qu’il a sous les yeux. Certains projets ont déjà été faits pour des sites aussi prestigieux que Pompéi, mais ils sont toujours restés au stade du prototype. Si tout le monde trouve amusant de porter des lunettes ressemblant à une paire de jumelles, le sac à dos contenant l’ordinateur portable pose problème. Son poids sera désagréable pour le visiteur et, de plus, c’est à chaque fois un matériel onéreux qui est mis à disposition.

Il existe pourtant une solution simple et je l’ai vue en oeuvre sur le site romain d’Aquincum, à Budapest. Aquincum était la capitale de la Pannonie romaine, province importante sur la route de l’ambre qui allait de la Baltique à l’Italie. Elle était déjà connue pour ses eaux thermales (encore appréciées aujourd’hui) et on y a découvert un objet très rare, voire unique: un orgue hydraulique. Les ruines d’Aquincum sont visitables et bien mises en valeur, grâce à certaines reconstructions, toujours bien marquées et qui permettent de comprendre par exemple les systèmes de chauffage des Romains. Un musée moderne donne un aperçu de la richesse et du luxe du palais qui s’y trouvait.

La réalité augmentée va montrer aux visiteurs des bâtiments entiers, mais sur le site lui-même. En plusieurs endroits du site, on trouve des appareils ressemblant à des périscopes ou à des jumelles. On a d’abord l’impression qu’on obtiendra des aggrandissements des vestiges. En y collant ses yeux, on découvre en fait des bâtiments dans toute leur élévation, avec un toit, des couleurs et même quelques personnages. L’appareil pivote sur environ 180 degrés et permet donc de découvrir des reconstitutions numériques de plusieurs maisons. Pour ne pas surprendre le regard du visiteur, le système s’adapte aux conditions météorologiques, affichant un ciel bleu les jours de grand soleil et des nuages les jours de pluie.

Kronoscope d’Aquincum

Ce dispositif a été développé par le Computer and Automation Research Institute de l’Académie hongroise des sciences. Il a été installé en 2005. Pour l’instant, deux Kronoscopes sont opérationnels et huit au total sont prévus.

http://www.sztaki.hu/search/projects/project_information/?uid=00010

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De Turner à Flickr

J’ai visité une exposition fascinante au Musée des Beaux Arts de Budapest, consacrée aux paysages italiens peints par le peintre anglais Joseph Mallord William Turner (1775–1851) et intitulée “Turner et l’Italie”. Comme l’artiste ne vivait pas en Italie, il a d’abord étudié l’oeuvre d’autres peintres comme Claude Lorrain, pour créer ses premiers paysages italiens. Il a finalement pu se rendre à quelques reprises en Italie, quand la France et l’Angleterre étaient en paix. Il a pu croquer les paysages de visu, ramener des dessins, créer des peintures. Ces dernières étaient parfois diffusées sous forme de gravures et servaient d’illustrations à des ouvrages. Finalement le public lettré anglais découvraient l’Italie à travers les oeuvres d’un peintre qui avait vu lui-même ce pays ou l’avait étudié à travers les travaux de prédécesseurs.

Pour en savoir plus sur cette exposition: Turner and Italy

Eruption du Vesuve

Turner, L’éruption du Vésuve (1817)

Pendant mon voyage, j’ai aussi lu le roman américain “Sur la route de Madison” dont Clint Eastwood a tiré un film inoubliable. L’un des protagonistes est un photographe sous contrat avec la revue “National Geographic”. Il se rend partout dans le monde (on est dans les années 60) pour prendre des photos qui permettent ensuite au grand public de découvrir le monde à une époque où les voyages étaient encore relativement onéreux et la bonne photo un art.

Aujourd’hui tout le monde voyage avec des appareils numériques en poche. Une partie de ces prises de vue finissent sur le site Flickr (ou sur d’autres sites de partage de photos). Une couverture du monde est en train de sescréer, avec une certaine redondance pour les sites les plus visités. La médiation des peintres et des photographes (de leur oeil, de leur regard) ne semble plus nécessaire. On veut faire partager son regard sur les pays, villes, paysages traversées et on veut jouir de celui des autres. On regarde Paris, Rome, Londres avec les yeux d’Américains ou de Japonais. Nos propres images sont vues par des internautes du monde entier.


24 heures de photos géotaguées sur Flickr

Jamais le monde n’aura été autant visité et photographié. Mais en a-t-on pour autant une meilleure perception? Robert Kinclair, le photographe du roman “Sur la route de Madison”, transformait ce qu’il photographiait en autre chose. Il ne prenait pas des photos, mais il les faisait. Quant aux peintres d’avant la photographie, ils travaillaient à leurs toiles parfois des années après avoir vu les paysages représentés. De plus, leurs oeuvres étaient scénarisées, racontaient une histoire et ne pouvaient pas être uniquement documentaires.

Avec l’avènement de la photo 2.0, la prise de vue unique a moins d’importance. La valeur ajoutée réside dans l’accumulation, la surabondance et les extraordinaires possibités de réutilisation. Alors que les peintures anciennes devaient être gravées, puis imprimées, alors que les photographies devaient être développées et imprimées, la photo numérique est immédiatement copiable, diffusable, transformables. De nouvelles licences sont en train de se mettre en place (Creative Commons) permettant un remixage de cette couverture photographique. On retrouve alors ses images sur des blogs, comme textures dans Second Life ou nulle part. C’est sans importance, l’essentiel étant de mettre à disposition pour profiter soi-même.

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Différentes facettes

L’expression anglaise “faceted browsing” s’applique à une technique permeetant d’accéder à une collection d’informations selon différents filtres. Chaque objet de la collection se voit attribuer différentes catégories. Ces catégories sont à la base des filtres de recherche.

Un site qui vient de naître et qui présente les différents musées de Suisse romande comme autant de buts de promenade illustre cette technique du faceted browsing: Musardage.

Musardage

Musardage (http://www.musardage.ch)

Ce site contient une liste des expositions actuellement ouvertes en Suisse romande. Mais cette liste peut être lue de différentes manières: comme un tableau, comme une liste illustrée par les miniatures des affiches, comme une frise chronologique ou comme une carte de géographie. De plus, il est possible de filtrer l’ensemble des expositions selon des sujets, le canton ou la localité.

Musardage

Frise chronologique

Musardage

Carte de géographie

Dans la même veine et par le même auteur, on peut aussi parcourir une liste des empereurs romains.

Empereurs romains

Liste des empereurs romains