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La 8ème merveille du monde

Samedi dernier, un réseau d’humains reliés par Internet ou le téléphone ont désigné les 7 nouvelles merveilles du monde. Le projet des 7 nouvelles merveilles du monde a été créé en 2001 par le Suisse Bernard Weber. Le choix de samedi a été effectué au terme de plusieurs tours éliminatoires.
L’UNESCO, qui désigne les sites figurant au patrimoine de l’humanité, s’est clairement désolidarisé de ce concours. Dans son communiqué du 20 juin, l’organisation internationale reproche essentiellement à ce concours de refléter l’avis de ceux qui ont accès à Internet et non pas l’avis du monde entier. Elle souligne aussi l’aspect scientifique de ses propres choix ainsi que le suivi qu’elle effectue pour les sites qu’elle a choisis.

http://portal.unesco.org/en/ev.php-URL_ … N=201.html

Bien entendu, personne ne doute du sérieux du travail de l’UNESCO, fondamental pour la préservation du patrimoine de l’humanité. Il est à relever que l’UNESCO prend en compte aussi bien le patrimoine construit que le patrimoine naturel et qu’elle fait aussi une place au patrimoine immatériel (rituels, traditions orales, musiques, etc…). Cependant sa lourde machinerie n’est peut-être pas comprise de tous. La liste des sites choisis est longue et tous les sites ne sont pas (heureusement) accessibles ou même connus.
Le succès phénoménal du concours des 7 merveilles (plus de 90 millions de votants) donne tout de même à réfléchir. Bien entendu, le goût des internautes pourrait être remis en cause, mais leur choix final est plutôt surprenant … de conservatisme et de classicisme. En effet, hormis le Christ de Rio, qui est peut-être le résultat d’une forte mobilisation des Brésiliens, tous les autres sites sont anciens. Plus surprenant encore, aucun site d’Amérique du Nord ne figure dans le choix final. On trouve même des sites qui se trouvent dans des pays qui ne sont pas forcément les plus connectés du monde: que l’on songe au Machu Pichu au Pérou ou à Pétra en Jordanie. Ce choix rend hommage au passé de l’homme, aux civilisations disparues et montre bien l’attachement de l’humanité (connectée) à ces valeurs.
Ce concours est assez caractéristique d’un processus très profond à l’oeuvre actuellement: celui de la désintermédiation due aux technologies de l’information et de la communication. Internet a déjà mis à mal l’industrie de la musique, les médias. Le cinéma doit se positionner lui aussi. Maintenant ce sont les institutions culturelles, même les plus respectables, qui se font court-circuiter par Internet. Ce concours a certainement obtenu ce succès parce qu’il donnait la parole à chacun. Cela prouve bien que le patrimoine, son avenir et sa protection constituent un réel souci pour beaucoup de terriens et que ces derniers souhaitent participer à sa sauvegarde de manière plus directe. Rappelons qu’une partie non négligeable des fonds obtenus par ce concours seront investis dans la restauration de sites, à commencer par les Bouddhas de Bâmiyân. Ce sont donc les institutions culturelles officielles qui doivent s’interroger maintenant sur la manière dont elles communiquent avec le grand public et comment elles pourraient le faire participer activement à leur mission.
;-)Si cette analyse est bien vraie, on devra à ce concours d’avoir découvert la 8ème merveille du monde: Internet.

http://www.new7wonders.com/

NB: on pourra prochainement choisir les 7 merveilles naturelles, puis technologiques.


Les Sept Merveilles du monde antique dessinées par Maarten van Heemskerck (16ème siècle)