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Création littéraire dans le monde numérique

Bienvenu ce débat sur les conséquences d’Internet et des technologies numériques sur la création littéraire. Si la Société des Gens de Lettres de France (SGDL) l’organise, c’est peut-être à cause de l’action qu’elle intente à Google, pour s’opposer à son offre « Google Book » dont nous avons déjà parlé dans ce blog (note) et qui reste un moyen commode de parcourir le contenu de grandes bibliothèques du monde anglo-saxon essentiellement. Son argumentation, essentiellement basée sur le fait que la législation américaine est plus souple que la législation française en matière de droit d’auteur, comporte les points suivants:

– La notion de « fair use » est invoquée par Google pour légitimer ce programme. Il s’agit d’une exception au droit d’auteur qui entend permettre la reproduction d’œuvres de manière limitée, sans autorisation requise, et suivant le respect d’un équilibre entre l’intérêt des titulaires de droits et celui du public. Cette notion n’existe pas en droit français ou européen.

– La notion d’ «opt out» est également avancée par Google. C’est le principe selon lequel « qui ne dit mot consent ». Google suppose donc un accord implicite de l’auteur à voir son oeuvre dans le programme « Google Book ». Cette nition d' »opt out » n’est pas reconnue par le droit français.

Rappelons que le droit d’auteur (voir note) ne se borne pas à récolter des royalties générées par une oeuvre. Il garantit à l’auteur un droit de regard sur l’utilisation de son oeuvre. Ses ayant-droit conservent ce droit durant les 70 ans qui suivent son décès. Les nombreuses histoires de veuves d’écrivains qui exercent leur droit de regard sont là pour nous le rappeler. Il est donc bon de débattre de ce droit à l’heure d’Internet. Est-il encore compatible avec le monde des bibliothèques virtuelles et des moteurs de recherche? Il ne s’agit pas de la question des royalties, légitimes, mais de ce droit de regard absolu. Il faudrait admettre que certaines oeuvres accèdent à un statut de référence quasi universelle (c’est le cas de Tintin par exemple). Ce statut, qu’il conviendrait de définir, implique un droit à la citation assez large. De plus, Internet devient la porte d’entrée à l’information, au savoir. Des outils comme Google Book permettent de connaître le contenu des livres, avant de les acheter. De plus, Google Book n’est pas le seul outil permettant de fouiller les livres: Amazon offre une fonctionnalité similaire (Look inside), de même que l’éditeur Barnes and Noble. Même dans Google Book, le lien vers une librairie virtuelle n’est jamais très loin. Finalement, ces outils ne sont rien d’autre que la virtualisation d’une pratique que nous aimons tous bien: bouquiner. Pour en revenir à l’action de la SGDL, elle n’aura qu’un effet, au cas où elle obtient gain de cause: enlever l’offre en français de ces outils. C’est beau l’exception culturelle!

Pour en savoir plus sur l’action de la SGDL: http://www.sgdl.org/actualite_Actualite … tervention


La création littéraire à l’heure du numérique
Forum, mardi 5 décembre 2006
Société des Gens de Lettres – 38 rue du Faubourg Saint Jacques – 75014 Paris
Tél : 01 53 10 12 15 – Réservation : 01 53 10 12 07 – manifestations@sgdl.org
Entrée libre

10h00 Introduction par François Taillandier, président de la SGDL

10h30 – 12h30 La toile, nouveau lieu de médiation du livre
Animé par Valérie Marin La Meslée, journaliste
Un nouvel espace d’écho pour la littérature est en train de surgir, des relais médiatiques indépendants et actifs qui mettent en œuvre la vie littéraire en jouant le rôle de prescripteurs, de conseillers. Avec :
Brigitte Aubonnet (http://www.encres-vagabondes.com) ;
Karine Henry (http://www.comme-un-roman.com) ;
Isabelle Roche (http://www.lelitteraire.com) ;
David Ruffel (http://www.chaoid.com).

14h30 – 16h15 La création en ligne
Animé par Paul Fournel, écrivain, administrateur de la SGDL
Le net change la structure de la création littéraire et propose de nouvelles passerelles, témoignages d’auteurs avec :
Jean-Pierre Balpe (http://fiction.maisonpop.com) ;
Xavier Malbreil (http://www.0m1.com) ;
Patrick Morelli (http://www.lunetoil.net) ;
Romain Protat (http://www.antidata.org).

16h30 – 18h00
Quels droits d’auteur pour ces nouveaux types de création ?
Animé par Alain Absire, écrivain, administrateur de la SGDL
Cette conquête d’un nouvel espace de création implique de nouvelles
pratiques du droit d’auteur. Licence libre, tatouage de l’œuvre, DRM, etc.
quelles hypothèses et quelles perspectives ? Avec :
François Gèze (directeur des éditions La Découverte, membre du collège livre du CFC) ;
Jean-Philippe Hugot (avocat spécialiste de la propriété intellectuelle) ;
Florent Latrive (journaliste au service économique de Libération, auteur de Du bon usage de la piraterie, Exils) ;
Ludovic Pénet (ancien vice président de L’APRIL).

Pour en savoir plus sur le programme du débat:
http://www.sgdl.org/actualite_Manifestations.asp

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Vite, vite

Comment publier des informations rapidement sur Internet? Le blog est un moyen commode, mais dans certains cas sa logique ne correspond pas au contenu. Le blog est organisé chronologiquement et, parfois, thématiquement. Pour une matière touffue et comprenant beaucoup de références croisées, cela ne convient guère.
Dans ce cas, préférez le wiki. Son nom vient justement du terme hawaïen « wiki wiki » qui signfie vite. C’est certainement la façon la plus rapide et la plus aisée pour publier sur le Net.

Le wiki est en fait une application basée sur le concept d’hypertexte. Les sites wiki ressemblent à ce qu’était le Web à ses débuts: des pages liées entre elles avec des liens hypertextes. Grâce à un wiki, on peut générer un grand nombre de pages de contenu et, avec sa syntaxe assez simple, lier les mots du contenu avec les pages correspondantes.
On associe souvent wiki et projets collaboratifs. L’exemple le plus célèbre en est Wikipédia, l’encyclopédie construite par ses utilisateurs. Mais le wiki peut aussi être utilisé par de petits groupes de travail ou même à titre individuel. C’est parfait pour gérer des notes. Avant que le Web soit aussi accessible pour ceux qui voulaient diffuser de l’information, il existait même des programmes d’hypertextes destinés à des écrivains ou des scientifiques: Hypercard en est une illustration (même s’il pouvait faire plus encore). Avec le wiki, on retrouve un outil très souple.
On peut donc participer aux nombreux projets collaboratifs présents sur la Toile, mais on peut aussi créer son propre wiki pour soi ou pour le partager avec d’autres. Si on ne dispose pas d’un serveur où l’installer, il y a la possibilité (comme pour les blogs) d’ouvrir son wiki sur le Net. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui. En moins d’une heure, j’ai créé quelques pages sur la mythologie grecque (une de mes passions):

http://be-virtual.pbwiki.com/

c’est vite fait, mais efficace. De plus gratuit (et payant pour éviter la pub).

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Education et terroir

Le canton du Jura, en Suisse, vient de lancer une initiative intéressante: un site Internet destiné aux élèves du secondaire I où il est possible de se faire aider pour les devoirs. Les élèves peuvent s’y rendre, sous la forme d’un avatar, et poser des questions à l’avatar d’un enseignant (on se croirait dans Second Life). Ce service est ouvert quelques heures par semaines. Cette partie est difficile à tester puisqu’accessible avec un mot de passe. Mais on ne doute pas de son utilité: en effet, tous les enfants n’ont pas la chance d’avoir des parents qui peuvent les aider à faire leurs devoirs, soit parce qu’ils travaillent, soit parce qu’ils ont une langue maternelle autre que le français. L’école prend ses responsabilités et réalise une mesure visant à introduire plus d’égalité entre les élèves. Reste à espérer que les élèves qui en ont le plus besoin disposent eux-mêmes d’un ordinateur et d’une connexion ADSL. Ce site comporte également des offres ouvertes à tous: la bibliothèque qui présente des livres selon les âges auxquels ils s’adressent, des exercices en ligne (j’ai testé la dictée).
Ce site est dans son ensemble bien réalisé. Le choix de l’avatar est judicieux dans la mesure où la plupart des enfants connaissent l’univers des jeux vidéo, que ce soit sur console ou sur ordinateur. L’application parle donc un langage qu’ils connaissent. En revanche l’ergonomie d’un exercice comme celui de la dictée n’est pas optimal: la saisie est malaisée et il faut soi-même interrompre la lecture et la remettre en marche. Vouloir introduire des dictées sous cette forme relève de l’effet diligence. En effet, il faut trouver des exercices adaptés à l’interface informatique et non transposer les exercices habituels de la classe.

Ce site présente une partie hautement recommandable, celle qui est consacrée aux cours de cuisine. On y trouve des recettes du terroir, de la bonne cuisine jurassienne, notamment celle des schtriflattes, c’est-à-dire des beignets coulés dans l’huile grâce à un entonnoir. Vous pouvez découvrir cette recette réalisée par des élèves sous la forme d’un film.

http://www.educlasse.ch/

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Culture Jeux Musée virtuel Science

Doctorat virtualis mundi causa

Aujourd’hui même Jean-Yves Empereur, archéologue français de réputation internationale grâce à ses fouilles à Alexandrie, reçoit un doctorat honoris causa octroyé par l’Université de Neuchâtel, en Suisse. Il a accepté cet honneur alors qu’il y a quelques années, il a refusé une forme de consécration qui lui aurait sans doute assuré une renommée plus grande et aurait peut-être mieux fait connaître le travail de l’archéologie en dehors des milieux académiques et culturels.
Tous les fans de Tomb Raider savent que l’héroîne du jeu, Lara Croft, est une archéologue. Issue d’une riche famille anglaise, elle possède un manoir et consacre son temps à l’exploration de ruines. Dans l’épisode IV du jeu, intitulé « La révélation finale », elle rencontre un archéologue français travaillant à Alexandrie, Jean-Yves DuCarmine. Ce dernier est égyptologue, mais il présente quelques similitudes physiques avec Jean-Yves Empereur, lui-même spécialiste d’archéologie grecque.


Copie d’écran du jeu. Pour comparer avec le vrai visage de Jean-Yves Empereur, on peut aller une page d’un journal égyptien ou un article lui est consacré: clic)

Considérant que ce personnage présentait trop de ressemblances avec sa propre personne, Jean-Yves Empereur a déposé plainte contre l’éditeur. Ce dernier s’est défendu de s’être directement inspiré de l’archéologue réel, mais a accepté de s’excuser publiquement pour la similitude et de ne plus faire apparaître ce personnage dans les versions ultérieures. De son côté, J.-Y. Empereur a renoncé à ce que cet épisode du jeu soit retiré de la vente.

Pour en savoir plus:

http://www.captain-alban.com/dossier_ne … 00108.html
http://www.gamekult.com/articles/A0000011191/

Ne s’agissait-il, dans cette affaire, que d’une question de droits d’utilisation d’un personnage public (en principe, chacun est propriétaire de sa propre image) ou bien l’archéologue français a-t-il refusé de paraître dans un monde, le monde virtuel des jeux vidéo, où l’archéologie est quasiment synonyme d’aventure? Seul l’intéressé pourrait répondre. Cependant si c’est la deuxième hypothèse qui est la bonne, ne vaudrait-il pas mieux jouer de cette image de l’archéologie aventureuse diffusée dans le grand public et notamment auprès des jeunes, afin de mieux faire connaître l’archéologie réelle et surtout de diffuser les connaissances qu’elle a établies et qui semblent se perdre peu à peu (voir notre note consacrée à la diffusion des connaissances scientifiques, prenant pour point de départ la question des origines de l’homme).

Bien entendu, les diplômes de Lara Croft valent ceux d’Indiana Jones ou de Daniel Jackson, l’archéologue de Stargate, spécialiste des civilisations extra-terrestres et champion du déchiffrement. Ils n’ont rien à voir avec ceux de Jean-Yves Empereur qui a passé par des écoles prestigieuses et qui connaît son métier. Mais il faut savoir que de nombreux enfants apprennent à connaître les civilisations du passé à travers des jeux vidéo, comme Rome Total War, Civilization ou bien Age of Mythology, ou même à travers des films et des séries TV. Il y a un profond fossé entre l’archéologie réelle, une science rigoureuse et minutieuse, et l’archéologie aventureuse bien ancrée dans l’imagination populaire. Les créateurs de Tomb Raider avaient en quelque sorte, maladroitement sans doute, tendu une perche aux archéologues réels. Le monde académique ne semble pas encore prêt à la saisir. Pourtant il faudra bien que ces deux mondes se retrouvent un jour! Quant au doctorat « virtualis mundi causa », il semble qu’il ne sera pas créé de si tôt.

Proposition d’exposition (temporaire ou virtuelle)

Il y a quelque temps, nous avons proposé à un musée d’archélogie un projet d’exposition temporaire visant à explorer le thème de l’archéologie fantasmée et de ses racines. Peut-être se fera-t-elle un jour.

Synopsis

L’archéologue est une figure qui s’est imposée dans la littérature (H.P. Lovecraft, Claude Delarue), le cinéma et la télévision (Indiana Jones, la série Stargate), l’univers du jeu (série Lego Adventures, jeu électronique Tomb Raider). Quand on les observe dans le contexte de la fiction, les principales caractéristiques de ces archéologues sont la découverte de civilisations disparues ou d’objets légendaires et, plus surprenante, la capacité à déchiffrer des textes anciens.
Quels sont les modèles réels qui ont donné naissance à ces personnages ? Les noms de Champollion, Schliemann, Carter sont encore très connus. Ils exploraient des terrains hors d’Europe continentale, ont mis au jour des sites exceptionnels ou bien ont donné accès à des civilisations fascinantes.
L’archéologie, au-delà de son apport scientifique à la connaissance du passé humain, véhicule des fantasmes qui tournent autour de l’aventure et des énigmes. Cela lui donne une image positive, mais cela ouvre également la voie à toutes sortes de dérives. Cette exposition se propose d’explorer le champ de ces fantasmes.

Note rédigée avec le concours de Robert Michel, archéologue et grand spécialiste des jeux vidéo (http://www.ceramostratigraphie.ch).

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Culture Musée virtuel

Tournez la page

Le site du Musée national australien, à Canberra, offre à ses visiteurs la possibilité de feuilleter un cahier un peu particulier. Ce dernier a été offert par un homme blanc à un jeune aborigène prénommé Oscar, qui y a dessiné des scènes de la vie traditionnelle, notamment des cérémonies rituelles.


http://www.nma.gov.au/collections/colle … eractives/

En cliquant sur une flèche à droite ou à gauche du cahier, l’utilisateur peut littéralement tourner les pages. La page ne se contente pas de changer: on la voit s’enrouler et se remettre en place de l’autre côté. Jolie illusion! Des commentaires sont disponibles en certains endroits.

Le reste du site ne manque pas d’intérêt. On peut effectuer des recherches dans la collection en ligne qui comprend 200’000 objets. Mais les champs de recherche sont limités et il y a relativement peu d’objets photographiés. Il y a quelques expositions virtuelles, dont le système de navigation reste assez peu efficace. On trouve aussi sur le site des podcasts et des jeux.
La fonction MYMUSEUM est offerte gratuitement aux utilisateurs, moyennant une incription. Elle offre des possibilités intéressantes. Les utilisateurs peuvent y mettre leurs propres objets, ce qui est plutôt inédit, mais réjouissant. Ils peuvent créer des galeries, partager leurs histoires et participer à des forums. Bref, on a là une intégration de certaines fonctionnalités typiques du Web 2.0.

http://www.nma.gov.au/

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel Revue de presse

Papyrus à vendre

La Fondation Bodmer, sise à Cologny, dans le canton de Genève, s’apprête à vendre de précieux papyrus afin d’assurer son fonctionnement. La communauté scientifique réagit. Une lettre, signée par de prestigieux érudits, a été envoyée à la Fondation Bodmer.
Bien entendu, on ne peut que se désoler de cette décision. Les papyrus en question pourraient se retrouver dans un autre musée, mais aussi dans une collection privée. Dans ce cas, ils ne seraient plus forcément mis à la disposition de la communauté des chercheurs. Malheureusement cette vente n’est pas un cas isolé. Selon le quotidien « Die Welt », un musée allemand pourrait être contraint de vendre son Monet pour financer des travaux de réfection*. Quant à la Fondation Bodmer, elle s’est déjà défaite de plusieurs pièces de sa collection, afin de procéder à de nouvelles acquisitions**. Comme dans tant d’autres musées, les budgets de fonctionnement ne sont pas proportionnés ni aux richesses des collections, ni aux développements architecturaux. Dans le cas précis, une extension dessinée par Mario Botta a été inaugurée en 2003. On sait que les budgets de construction et de fonctionnement sont toujours séparés et que la perception du coût dans l’un et l’autre domaine ne sont identiques. Rien n’est jamais trop beau quand il s’agit de construire un bâtiment. En revanche, on renâcle souvent pour financer des postes supplémentaires ou simplement donner des moyens d’animer un musée.
Mais faut-il pour autant s’attrister et imaginer le départ de ces papyrus comme une perte impossible à compenser ? C’est sans compter le secours des technologies de l’information. En lisant les pages consacrées à Martin Bodmer, le fondateur de cette bibliothèque, sur le site de la Fondation, on constate qu’il avait en tête un projet de réunion d’œuvres très universel. Né en 1899, il pouvait légitimement penser qu’une bibliothèque pouvait, seule, incarner son projet. Aujourd’hui, de nouveaux outils permettant de réunir et de mettre à disposition des œuvres de l’esprit considérées comme essentielles sont à notre disposition. Et la Bodmeriana, comme d’autres institutions, y a recours. Il est désormais possible de numériser, avec une qualité très élevée, des documents, qu’il s’agisse de papyrus, de manuscrits médiévaux ou de manuscrits d’auteurs plus récents. Les substituts numérisés peuvent ensuite être accessibles au monde entier sur Internet. Les fichiers en haute résolution peuvent être affichés à l’écran et sont nettement plus lisibles que l’original. Comme ils sont agrandis par rapport à ce dernier, ils permettent de voir des détails infimes. Enfin cette solution évite de devoir sortir régulièrement ces documents précieux.
Si on veut en avoir le cœur net, il suffit de se rendre sur le site du projet e-codices***, dont le but est de mettre à disposition les manuscrits suisses sous forme numérique. Piloté par l’Université de Fribourg, il offre déjà plus d’une centaine de manuscrits, dont la plupart viennent de la Bibliothèque de Saint-Gall. On y trouve aussi trois manuscrits de la Fondation Bodmer.


Cod. Bodmer 147, v. 250, www.e-codices.ch

Si ces papyrus sont définitivement promis à la vente, qu’ils soient au moins numérisés (si ce n’est déjà fait), et que leurs substituts numériques soient versés dans une ou plusieurs bibliothèques virtuelles (si ce n’est déjà le cas). Leur localisation précise importera moins, du moment qu’ils seront en tout temps disponibles pour tous. Rien ne devrait s’opposer à cela, du moment que les droits d’auteur sont tombés depuis longtemps.

* http://www.welt.de/data/2006/09/01/1017930.html
** http://www.fondationbodmer.org/fr/bibli … -34-4-4-1/
*** http://www.e-codices.ch/

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L’arbre de la connaissance

On s’est passablement ému cet été d’un article paru dans la revue scientifique Science, qui publiait une étude menée dans 34 pays sur la croyance de la population dans l’origine animale de l’homme. 39 % des Américains n’y croient pas, mais aussi 28 % des Suisses, alors que dans un trio de pays scandinaves, seuls 8 à 13 % des sondés rejettent cette idée*. Quel phénomène accuser : la montée des fondamentalismes religieux de tous bords ou des lacunes dans les systèmes éducatifs ?
Si on se penche sur cette dernière possibilité, on peut se demander comment les connaissances passent du monde académique où elles sont élaborées jusque que dans le grand public et dans les cerveaux de nos chères têtes blondes. Vaste thème, impossible à développer ici. Bornons à constater, sur Internet, qu’il existe de nombreuses ressources permettant de s’informer sur des sujets scientifiques. Parmi toutes ces initiatives, on peut en relever qui concerne justement le domaine de l’évolution des espèces : Tree of Life Web Project**.

Ce site permet de suivre toutes les branches de l’arbre de l’évolution des espèces, qu’il s’agisse des mammifères, des dinosaures, des plantes ou des champignons. Ces branches sont illustrées par des photographies et commentées. L’intérêt de cet arbre, c’est qu’il est continuellement construit par une communauté de scientifiques et de passionnés de biologie. Le projet a aussi des ramifications dans le monde de l’éducation, puisque des classes peuvent s’inscrire au programme et y contribuer. Les photographies sont également versées dans le système par des gens du monde entier. C’est un projet généreux, car ouvert à des personnes en dehors du monde académique, et dont le but est vraiment la diffusion des connaissances, à travers un modèle collaboratif typique du Web 2.0.
Allez donc vous promenez dans les ramifications de la vie. Vous constaterez qu’il y a beaucoup plus d’espèces éteintes que vivantes et, avec un peu de chance, vous tomberez peut-être sur … vous-mêmes.

Merci à Thierry pour son aide amicale et virtuelle

* Public Acceptance of Evolution, Miller et al., Science 11 August 2006: 765-766
Résumé en français dans un quotidien suisse romand: http://www.24heures.ch/vqhome/archives_ … singe.html

** http://www.tolweb.org/tree/

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel Pratique Usages

Partager ses expériences de voyage

Quand on part en voyage, on achète habituellement un ou plusieurs guides. Pendant ses vacances, on prend toute la mesure de la différence entre ce qui est imprimé et la réalité: petit resto fermé, changements d’horaire, nouvelle offre de transport. Certains guides offrent la possibilité d’annoncer les changements constatés ou les « bons plans ». Mais il faut attendre la nouvelle édition pour que les modifications soient intégrées.
D’où l’idée de créer un guide collaboratif sur Internet, intitulé Wikitravel, sur le modèle de Wikipédia. Pour l’instant, ce site ne remplace pas le guide imprimé beaucoup plus pratique à emporter. Il est surtout utile pour partager ses expériences. On peut l’utiliser avant de partir pour profiter des expériences des autres et l’on peut, dès son retour, y inscrire ses découvertes.
C’est ainsi que j’ai modifié dans Wikitravel l’article Pompéi, un endroit que je viens de visiter. En effet, juste avant de partir, j’ai pu réserver des plages de temps dans des maisons avec de magnifiques peintures, habituellement fermées, en utilisant le site Internet Arethusa, conçu par une société spécialisée dans la médiation culturelle. Grâce à ce système, les conditions de visite sont idéales : seule une vingtaine de personnes peuvent entrer en même temps dans la maison. Dans la réalité, le système est si confidentiel que ma petite famille et moi étions seules à pouvoir admirer ces œuvres deux fois millénaires.


Cupidon des Thermes suburbains, visibles seulement grâce au système de réservation d’Arethusa

J’aurais pû garder le secret pour moi, bien entendu, mais j’ai préféré le partager avec d’autres. Wikitravel m’a paru un bon moyen.
Actuellement Wikitravel contient encore beaucoup de cases vides. Mais il faut imaginer qu’à l’avenir, les gens se déplaceront de plus en plus avec des appareils mobiles (téléphones, organiseurs, ordinateurs portables) permettant d’accéder à Internet en tout temps. La plupart des lieux touristiques seront pourvus de réseaux wifi. Grâce à cela, les voyageurs pourront en tout temps accéder à des informations et, plus important encore, à des services (réservation d’hôtels, de spectacles, etc.). Dans ces conditions, les guides touristiques collaboratifs seront des portes d’entrée stratégiques conduisant aux informations et ils seront mis à jour pratiquement en temps réel.

Wikitravel: http://wikitravel.org/

Arethusa, site permettant de réserver des plages de temps dans des maisons peintes: http://www.arethusa.net/

Autre guide collaboratif:

http://world.wikia.com/

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Le grand frisson

L’Exploratorium de San Francisco, un des plus grands musées des sciences du monde, a organisé un événement d’un type particulier: il s’agissait de faire vivre à un public présent dans le musée, mais aussi à la communauté des internautes le grand frisson provoquée découverte scientifique, et cela en direct. Le musée a choisi une expérience d’un type particulier, alliant technologie de pointe et science ancienne: la mise au jour du texte caché d’un palimpseste, dont l’auteur n’est autre qu’Archimède.
Un palimpseste est une forme de récupération: au Moyen-Âge, le support de l’écriture, le manuscrit en peau de bête, était très cher. Il arrivait donc que l’on gratte consciencieusement un manuscrit pour y écrire un nouveau texte. Bien entendu, on a déjà pu lire ce qui avait été inscrit dans les palimpsestes connus, mais les techniques actuelles permettent de recréer une image numérique d’une page de palimpseste, contenant le texte le plus ancien. L’image est d’une telle qualité, qu’elle permet de bonnes conditions de lecture.
La lecture du texte ancien se fait grâce aux rayons X, qui permettent de mettre en évidence certains composants chimiques. C’est ainsi que le texte ancien peut réapparaître. Le manuscrit a donc été installé dans un scanner, dans un laboratoire de l’Université de Standford, le Standford Synchrotron Radiation Laboratory (SSRL).


Credit: Archimedes Palimpsest Project

Le processus de scannage pouvait être admiré à distance par les personnes présentes dans le musée et par les internautés, invités aussi à poser des questions par email. Une fois le scannage terminé, le public a pu découvrir les premières images du premier texte du palimpseste qu’un scientifique améliorait sur son ordinateur.
Il est toujours possible de revivre cette expérience. Le site du musée a archivé le webcast (d’une durée d’une heure environ) et donne l’adresse d’un site où il est possible de voir le texte découvert et qui offre de nombreuses informations sur le manuscrit.

Exploratorium de San Francisco: http://www.exploratorium.edu/

Podcast: http://www.exploratorium.edu/archimedes/index.html

Site sur le palimpseste: http://www.archimedespalimpsest.org/

Article décrivant la technique utilisée: http://www2.slac.stanford.edu/tip/2005/ … imedes.htm

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De la fouille au musée virtuel

L’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a pour mission de veiller à la détection, la conservation ou la sauvegarde du patrimoine menacé, en France. Il effectue des sondages dans des endroits où de nouvelles constructions sont prévues et, le cas échéant, il pratique des fouilles. Il a aussi pour mandat de publier ses découvertes et de les faire connaître au grand public. L’INRAP n’a pas de musée pour remplir cette mission. Il édite une revue et utilise les possibilités d’Internet. Le site de l’INRAP offre donc des dossiers et des expositions virtuelles pour exposer les richesses trouvées dans le sous-sol.
L’exposition virtuelle mise en exergue actuellement est consacrée à deux haches en pierre polie, datant du Néolithiques et trouvées dans un sondage, dans l’Aisne. L’internaute peut manipuler une de ces haches directement sur son écran. Il découvrira aussi comment des Papous de Nouvelle-Guinée fabriquent encore aujourd’hui des objets semblables.

Les expositions virtuelles de l’INRAP sont généralement attractives. Elles sont dynamiques et peuvent être parcourues assez rapidement par le visiteur pressé. Elles donnent une bonne idée des sites et découvertes présentées et rendent les activités de l’INRAP vivantes en montrant des images de la fouille et des archéologues.
Ce sont aussi des expositions qui se font en dehors de tout musée, par les auteurs mêmes des découvertes. Ainsi Internet permet de raccourcir le chemin qui va de la fouille au musée … virtuel.

Site de l’INRAP: http://www.inrap.fr/