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Des mondes virtuels dans le navigateur

Second Life a déchaîné les passions, puis le soufflé est retombé. Il faut cependant croire que l’idée que les mondes 3D pouvaient s’imposer sur Internet a trotté dans les esprit de quelques uns. On voit apparaître maintenant de nouveaux mondes virtuels. Second Life avait ses propres concurrents: Active Worlds, There et d’autres mondes utilisant le même client qui commencent à se mettre en place (comme Open Sim). Mais la nouvelle génération des mondes virtuels qui apparaissent maintenant ont la particularité d’être intégrés directement dans les navigateurs Internet. Nous en avons testé deux.

Yoowalk ne nécessite aucune installation particulière, si ce n’est Flash (en principe déjà installé dans le navigateur). Ce monde virtuel, créé par une start up française, propose un avatar très simple, éditable, mais avec des choix réduits en ce qui concerne sa garde-robe. Cet avatar évolue dans un univers simple, fait de routes et de maisons cubiques, dans lesquelles il est possible d’entrer. Le monde est divisé en plusieurs pays (France, Canada, Brésil). On rencontre les maisons de plusieurs journaux ou enseignes connues. Chaque avatar a sa propre maison, qu’il peut décorer à sa guise avec un mobilier qui rivalise en simplicité avec une certaine marque suédoise.

Yoowalk - espace personnel

Disons-le, ce monde ne fait pas très envie. Il se comporte un peu comme Habbo Hotel, mais en nettement moins bien. Le design est un peu fade. L’idée d’aller lire les articles du Monde sur des murs ne fait guère envie.

Yoowalk

Bien entendu, les fonctionnalités classiques du chat sont disponibles.

Google vient de sortir son monde virtuel, en préparation depuis un certain temps comme des rumeurs insistantes le laissait penser. Lively est donc d’un tout autre calibre. Il nécessite cependant l’installation d’un plug in dont la version Mac n’est pas encore disponible. Le choix d’avatars est limité: il y en a une dizaine. Ils sont vraiment en 3D et donnent une belle impression de volume.

Lively

En revanche, la garde-robe disponible est plus riche et, pour l’instant, gratuite.

Lively - wardrobe

Chaque avatar peut construire son espace (room); il peut même en faire plusieurs. Il peut remplir cet espace avec le mobilier fourni gratuitement, dont le choix est assez vaste. En passant, on peut signaler que l’inventaire est divisé en catégories d’objets et donc assez facile à gérer (les résidents de Second Life me comprendront). Le déplacement de l’avatar, au moyen de la souris, est aussi agréable. Contrairement à Yoowalk, Lively ne forme pas à un monde dans lequel on peut se déplacer à sa guise dans des rues. Il faut toujours accéder à un espace par le truchement d’une page Web. En revanche, il est possible d’intégrer à sa propre page Web l’accès à son espace virtuel dans Lively. Voici la porte qui conduit chez moi:

http://embed.lively.com/iframe?rid=-6720215638888457341

Lively dispose aussi des fonctionnalités de chat.

Si ces deux mondes virtuels permettent aux utilisateurs d’aménager leurs propres espaces, ils ne permettent pas encore de créer des objets ou des bâtiments. Yoowalk cherche à créer un monde d’information dans lequel les avatars se déplacent, alors que Lively va plutôt dans la directement du réseau social.

L’avenir est certainement à l’intégration des mondes virtuels en 3D dans les navigateurs. A l’avenir, il ne devrait plus être nécessaire d’ouvrir un nouveau programme pour accéder à son espace virtuel et y discuter avec ses amis. De plus, un compte chez Google donne accès à un nombre impressionnant de services, de la messagerie au bureau virtuel, en passant par un monde 3D. On n’est pas loin du « all-in-one » desk.

http://www.yoowalk.com/

http://www.lively.com/

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De l’utilisation des groupes dans Flickr

Les 2 milliards d’images réunies en 4 ans par le site Flickr apparaissent déjà comme une réalisation extraordinaire. Mais les responsables du site ne se contentent pas d’accumuler un capital en images exceptionnel. Ils veillent aussi à sa valorisation. Depuis longtemps, il est possible d’exporter des photos vers un blogs ou de faire apparaître sur un autre site un portfolio d’images choisies selon un mot-clé. Flickr offre une fonctionnalité très intéressante, celle des groupes. Comme nous allons le montrer, il s’agit d’une fonctionnalité virtualisante à plus d’un égard.

Chaque utilisateur inscrit dans Flickr peut créer un groupe. Il peut définir des règles et le paramétriser. Ainsi il peut choisir de laisser entrer qui veut ou d’accepter en tant qu’administrateur des demandes d’accès. Le groupe a deux éléments principaux:

Les discussions: il est possible de lancer un débat entre les divers membres du groupe. Cela marche comme un mini-forum.

Le pool: c’est la fonction la plus intéressante. En effet, les membres du groupe ne versent pas directement des photos dans le pool du groupe. Ils attribuent certaines de leurs photos au pool du groupe (ou des groupes) auxquels ils ont adhéré. Ainsi une photo peut être présente dans plusieurs groupes.

Quels sont les avantages?

Flickr forme une masse imposante d’images d’une grande variété. En créant des groupes, on peut réunir des images correspondant à des thèmes ou des problématiques diverses, sans devoir importer soi-même des photos sur ce thème. Les tags permettent en partie cela. Mais les groupes ont l’avantage de ne pas dépendre de la formulation du tag (langue, orthographe) et ils ont une composante débat qui permet d’ouvrir des discussions intéressantes.

Les responsables et amateurs de musées ne s’y sont pas trompés: les groupes peuvent leur être très utiles, de diverses manières:

  • Créer un groupe correspondant à un thème. Tout est possible évidemment.

Grâce aux tags, il est possible de mieux explorer ce thème et, par exemple, de visualiser les tombes avec statues:

Voilà autant de formes de musées virtualisés (quand il s’agit d’un musée de brique et de ciment) ou de musées virtuels ou improbables. Explorer Flickr à travers les groupes permet de découvrir des choix inédits de vues ou de sujets, mais aussi de participer à des débats. Quant aux musées, ils ont toutes les raisons de créer des groupes dans Flickr et d’encourager leurs visiteurs à y insérer leurs prises de vue.

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réseaux sociaux Second Life Tendances Usages

Virtuel, mon amour

Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, vient de consacrer un livre aux relations humaines dans les mondes virtuels. Il parle non seulement de tous les liens que nous pouvons établir ou renforcer grâce à diverses applications disponibles sur Internet, mais aussi des conséquences de ces applications sur les rapports humains: dans le couple, dans la famille et avec les amis.

Virtuel mon amour

L’auteur peint une image contrastée des mondes virtuels: ils peuvent avoir des conséquences heureuses dans certains cas (quand ils aident des enfants à affronter d’abord dans le virtuel certaines situations), mais aussi négatives (comme dans les cas d’addiction).

Il relève que ces mondes virtuels ne sont pas issus du néant. Avant Internet, il y avait déjà le téléphone. La lecture de fiction aussi, on l’oublie souvent, était aussi une manière de se plonger dans d’autres univers, de prendre la place d’un personnage. La lecture a même été considérée comme néfaste: que l’on songe au livre de Flaubert, Madame Bovary. Il reconnaît cependant que les mondes virtuels qui émergent maintenant (téléphonie mobile, réseaux sociaux, Second Life, …), de part leur persistance, constituent un nouvel univers avec lequel il faudra apprendre à vivre. Les enfants y sont plongés très tôt. Malheureusement leurs parents sont peu préparés à les accompagner. De plus, ils ont tendance à considérer le temps passé dans les mondes virtuels (notamment les jeux en réseaux) comme un moment de loisir. Leur seul souci est d’éviter que ce temps empiète sur les devoirs. Les parents devraient cependant être conscients que les enfants acquièrent aussi des compétences et font une partie de leur socialisation dans ces univers et ils seraient bien inspirés de s’y intéresser. On commence à voir dans certains jeux des couples pères-fils (ou mères ou filles) , mais c’est encore rare. Même pour les grandes personnes, les mondes virtuels peuvent avoir du bon: les jeux constituent pour les enfants un « espace potentiel ». Grâce à des applications comme Second Life, les adultes peuvent disposer eux aussi de tels espaces où ils peuvent se mettre en scène, interagir avec des objets ou d’autres avatars.
L’auteur montre aussi le rôle de plus en plus envahissant de ces mondes virtuels dans notre vie par le truchement des machines qui nous permettent d’y accéder. D’après lui, les gens se comportent avec leur téléphone portable comme des enfants avec leur doudou. Le téléphone a un côté rassurant: il permet de relier immédiatement avec ses proches, comme le doudou rappelle à un bébé le parent absent. Une très belle page compare aussi notre attitude vis-à-vis d’un répondeur aux réactions observées lors de l’expérience dite du miroir: une maman adopte pour un temps limité une attitude figée (p. 152). Le bébé s’affole d’abord, puis il essaie de renouer le contact. La mère ne réagissant toujours pas, le bébé montre alors son caractère. Certains insistent, d’autres deviennent tristes et, dans le dernier groupe, ils laissent tomber. Selon notre tempérament, nous opteront pour l’une de ces attitudes, non seulement face à un répondeur, mais aussi vis-à-vis d’un contact qui ne nous répond pas, que l’on soit sur MSN ou Second Life.

Ce livre est assez simple à lire et basé sur des cas pratiques. Il est très riche, évoquant de multiples thèmes impossibles à reprendre ici: corporalité et Internet, attitudes face aux images des écrans, tendance à effectuer plusieurs tâches en même temps, nature de l’avatar, … Un regret toutefois à la suite de cette lecture: la définition du virtuel que l’auteur adopte n’est guère convaincante. Il mentionne la définition donnée par Aristote: ce qui est en puissance, en devenir, en donnant l’exemple classique de la graine et de l’arbre. Il termine par cette remarque:

Mais peu importe, car cette définition, la seule utilisée pendant deux millénaires, a pratiquement disparu aujourd’hui sous l’effet des technologies numériques (p. 53).

Il adopte alors la définition adoptée dans le domaine des jeux vidéos et de l’image de synthèse. Or Pierre Lévy, dans ses travaux, a montré tout l’intérêt que cette définition (reprise par la scolastique médiévale) avait pour traiter des nouvelles technologies en réseaux.

Sur cette question, voir la page « Le virtuel » de ce blog.

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Politique réseaux sociaux

Deux clones

Les deux candidats à l’investiture démocrate sont au coude à coude et ce ne sont pas leurs sites Web respectifs qui vont les départager. Quand on regarde ces deux sites, on peut même parler de clones tant ils se ressemblent.

Site Web de Barack Obama

Site Web d’Hillary Clinton

C’est une évidence, mais les jeux de couleurs sont relativement identiques. Les deux candidats s’inspirent du drapeau américain. Les ressemblances sont aussi fonctionnelles. Si l’on prend le menu horizontal, on retrouve à peu de choses près des entrées analogues: “Issues”, “Blog”, “States” et l’inévitable bouton (rouge dans les deux cas) permettant de faire une donation.

Les deux candidats ont veillé à utiliser les réseaux sociaux. Tous deux indiquent les sites sur lesquels ils ont leurs profils:

Réseaux sociaux de Barack Obama

Réseaux sociaux d’Hillary Clinton

Dans les deux cas, Facebook est présent. A l’heure actuelle, Barack Obama compte 588,684 supporters contre 120,172 seulement pour Hillary Clinton. Le portrait de Facebook des deux candidats s’ouvre sans que l’on ait à entrer son mot de passe. Facebook fait en effet une différence entre les profils que tout un chacun entre dans le système et ceux de personnes publiques, comme des artistes ou des politiciens en campagne. Ces derniers peuvent ouvrir des pages Facebook. Outre le fait qu’elles sont visibles même pour ceux qui n’ont pas de compte, ces pages ont une particularité: vous et moi ne devenons pas les amis d’Hillary ou de Barack, mais leurs supporters.

Si on en revient au contenu des sites, ils comportent tous deux un blog tenu par l’équipe de campagne, des vidéos, des accès aux quartiers de campagne des états. Dans une case située à droite, tous deux présentent ce que peuvent faire les partisans pour eux: participer à des événements, faire des appels, être bénévole, etc. Rien ne manque du reste sur ces sites: un shop en ligne pour des accessoires de campagne, une offre pour recevoir des informations sur un téléphone portable.

Fait intéressant, aucun de ces sites ne dispose d’un moteur de recherche. Cela peut paraître étrange, mais un site de campagne est basé sur l’immédiateté de la communication. De plus, l’ergonomie est remarquable et permet l’accès à chaque information disponible.

On peut accorder un petit plus au site d’Obama: il recourt à des cartes pour permettre l’accès aux informations concernant les états.

Carte sur le site d’Obama

Il s’agit de deux sites hautement efficaces, bien pensés et dont les responsables s’observent probablement.

http://my.barackobama.com/

http://www.hillaryclinton.com/

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Lift 08 réseaux sociaux

Profiling

Dans sa présentation, lors de la Conférence Lift, Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock, à la tête maintenant de la plus grande plateforme de blogs européenne a commencé par une évidence. Une grande partie des utilisateurs d’Internet sont des adolescents. Ces utilisateurs apprécient particulièrement les réseaux sociaux. Ces réseaux sociaux, qui prennent une place de plus en plus grande sur Internet, pourraient bien être aux hommes ce que les moteurs de recherche sont aux informations, grâce aux méta-informations.
Ceci mérite une explication. Si l’on retrouve des pages ou des images sur Internet, c’est que ces documents sont pourvus de méta-informations, d’informations qui qualifient ces documents. Il peut s’agir d’informations comme la date, le nom de l’auteur, mais aussi de mots-clés. Ces méta-informations peuvent être saisies par l’auteur du document, par les internautes (indexation sociale) ou par un processus d’indexation automatique lié à un moteur de recherche. Dans le cas des réseaux sociaux, quand on remplit son profil, on fait exactement la même chose, mais sur soi-même. Grâce aux informations que nous livrons (film ou livres préféré, musique favorite, intérêts particuliers, etc…), nous permettons à d’autres personnes qui partagent les mêmes goûts que nous de nous retrouver et d’interagir avec nous.
Après avoir absorbé une bonne partie de l’information produite par les cultures humaines, Internet intègre maintenant les individus. C’est une situation à double-tranchant: d’un côté, elle nous permet d’entrer en connection avec ceux qui nous ressemblent le plus, d’un autre, elle nous oblige à nous découvrir. L’un des principaux enjeux sera, pour tous ceux qui entrent dans les réseaux sociaux sur Internet, la gestion de son profil et la capacité à s’attribuer des méta-informations efficaces. C’est l’ère du marketing de soi qui commence.

Pour en savoir plus:
LIFT08