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Coupure cruelle

Imaginez que vous ayez obtenu des fonds pour un projet de recherche au cours duquel vous digitalisez des ressources, vous les saisissez dans une banque de données et vous les mettez à disposition sur Internet. Le projet parvenant à son terme, l’équipe est dispersée et vous trouvez un poste dans une autre institution. Que devient votre site Internet? Le service informatique qui l’héberge ne sera guère à même de le maintenir si personne ne peut l’informer sur son contenu et son fonctionnement. Il sera peut-être simplement tenté de récupérer le serveur pour une autre application. Pour les utilisateurs des données, le résultat sera malheureusement celui-ci:

C’est la mission de l’Arts and Humanities Data Service (AHDS). Cette institution recueille, conserve et maintient en service les données numérisées des projets de recherche dans les Iles britanniques. Il met ainsi à disposition sur son site de nombreuses et riches banques de données et diverses ressources numériques. Dans le domaine de l’archéologie, il donne même la possibilité d’interroger plusieurs banques de données en même temps, avec un mot-clé (j’ai essayé avec « Stonehenge »).
Ce type de service est absolument nécessaire à l’heure où la recherche peut difficilement se passer des technologies de l’information pour ses projets. C’est donc d’autant plus malheureux que l’AHDS se voie privé d’une partie de ses ressources, suite à une cascade de coupes budgétaires: le ministère britannique du commerce et de l’industrie voit son budget dans le domaine de la recherche diminué de 68 millions de £. L’Arts and Humanities Research Council (AHRC) se voit à son tour privé de 5.3 millions £. Ce Conseil distribue de l’argent à divers projets et doit faire des choix. Il décide de retirer sa subvention à l’AHDS. Mais les responsables de ce dernier service ne seraient guère dignes de leur mission s’ils n’avaient pas recours à Internet pour leur contre-offensive. Ils viennent en effet de lancer une pétition en ligne pour que leur subvention soit maintenue. Lancée mi-mai, elle a déjà recueilli plusieurs centaines de signatures. Je n’ai malheureusement pas pu la signer, n’étant pas citoyenne britannique. Mais si vous connaissez des sujets de sa Gracieuse Majesté, envoyez-leur l’adresse de la pétition:

http://petitions.pm.gov.uk/AHDSfunding/

AHDS: http://ahds.ac.uk/
Ressources de l’AHDS dans le domaine de l’archéologie:
http://ads.ahds.ac.uk/catalogue/search/keyRes.cfm

AHRC: http://www.ahrc.ac.uk/news/news_pr/2007 … unding.asp

:-)et pour vous faire envie, un site de ressources extraordinaire sur l’histoire britannique:

http://www.british-history.ac.uk/

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel Science Trouvaille

Ancienne correspondance

Le fort romain de Vindolanda se trouve près de Chesterholm, au Royaume-Uni. On y a retrouvé nombreuses tablettes de bois, écrites par des soldats romains en garnison. L’Université d’Oxford a développé une présentation de l’ensemble de cette collection de tablettes, avec image, transcription, traduction et commentaire. Plus de 450 document sont ainsi disponibles en ligne. Chaque image peut être agrandie. Elle est en noir/blanc, ce qui est un bon choix, car cela offre un bon constraste améliorant la lecture. Il est possible de chercher les différentes tablettes selon des thèmes: militaire, santé, famille, etc…

Ces présentations de tablettes s’adressent avant tout à des chercheurs ou à des étudiants. Pourtant les initiateurs du site n’ont pas oublié le grand public. Le contexte de découverte de ces objets est très bien décrit dans ce site et une exposition virtuelle a été mise en place. Elle permet de découvrir le site et son histoire. Pour ceux qui veulent s’essayer à la lecture des textes, quelques pages leur donnent des informations concernant les poids, mesures, dates, monnaies, etc. de l’époque romaine.
Seul regret: une mise en page un peu austère rend ce site moins attractif auprès des jeunes. Le site date en effet un peu (il date de 2003!) et mériterait un rafraîchissement. Mais le contenu est bien là!

Vindolanda Tablets Online http://vindolanda.csad.ox.ac.uk/

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Bibliothèque virtuelle Culture Livre Science

Hypercésar

En écrivant son ouvrage sur la guerre des Gaules, César ne voulait pas seulement laisser une trace dans l’histoire. Il avait des vues sur le pouvoir à Rome et, à travers ce livre, il édifie sa propagande personnelle. Loin d’en faire un récit autobiographique, il parle de lui à la 3ème personne. Cela ne trahit pourtant pas une fausse modestie. César est bien le héros principal de son livre. Si la lecture de l’ouvrage ne laisse guère de doute sur ce point, l’analyse statistique de son vocabulaire vient le confirmer. En effet, après ce qu’on appelle les mots outils (conjonctions, pronoms, etc.), le terme caesar est le plus souvent cité dans le texte de la guerre des Gaules.

Depuis longtemps, les philologues ont effectué de tels comptages. L’informatique les a soulagés de travaux fastidieux, en mettant à disposition des logiciels d’analyse lexicale. Mais maintenant, cette information se trouve au bout de votre souris. La bibliothèque virtuelle Intratext met en effet à disposition du public plus de 6800 textes digitalisés. Sa particularité, par rapport à d’autres bibliothèques numériques, est d’offrir en plus des outils d’analyse lexicale. On peut en effet avoir la fréquence de chaque mot (donc le lexique complet de l’oeuvre étudiée), la fréquence des termes, le lexique inversé, la longueur des mots et quelques indices comme le nombre d’occurence, le nombre de mots, la moyenne d’apparition des occurences, le nombre de lettres du mot le plus long, etc.
Cette remarquable bibliothèque virtuelle, basée sur des principes technologiques adéquats (XML), est due à un réseau d’institutions dont certaines sont religieuses. Elle offre des textes religieux, philosophiques, littéraires et scientifiques dans une trentaine de langues. Fait remarquable, elle est totalement accessible aux personnes atteintes d’un handicap visuel.

http://www.intratext.com/

A noter que la société Eulogos, qui assure la partie technologique, a aussi digitalisé des textes munis des mêmes fonctionnalités sur le site du Vatican, dont le fameux Catéchisme de l’Eglise catholique.

http://www.vatican.va/archive/index_it.htm

http://www.eulogos.net/

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Culture Musée virtuel Science

Le mystère des Pyramides

Le Web 3D a un bel avenir devant lui, notamment à cause de sa puissance explicative. On dit souvent qu’une image vaut cent mots. Que vaut alors un univers virtuel en 3 dimensions, dans lequel on peut se mouvoir et que l’on peut explorer dans ses moindre recoins? Il remplace certainement un livre rempli d’explications et de schémas compliqués. De nombreuses théories ont déjà été émises sur la construction de la grande pyramide, remplissant quelques rayonnages de bibliothèques. Celle de l’architecte Jean-Pierre Houdin a eu recours aux plus récentes technologies 3D, autant pour son élaboration que pour sa présentation. En effet, l’architecte a pu simuler diverses méthodes de construction et d’organisation du travail dans le chantier de la Grande pyramide, mais ses conclusions peuvent être visualisées sur Internet, grâce à une application en ligne permettant de visiter le monument lors de différentes phases de construction.

Impossible de relater ici l’ensemble de cette théorie. Un des détails intéressants est cependant celui de la mise en place du sommet de la pyramide, pièce elle-même de forme pyramidale. On s’est toujours demandé comment cette partie avait été hissée au sommet de l’ensemble. Selon Houdin, elle a été posée sur la pyramide en construction, une fois la chambre du roi achevée. Elle a été élevée d’une degré, chaque fois qu’une nouvelle assise était mise en place, grâce à un système de trépan.

Les images de la création de la pyramide sont très impressionnantes (surtout si l’on dispose d’une bonne machine). Elles nécessitent l’installation d’un plug in. Mais le réalisme prenant de telles démonstration rend plus difficile la critique. On a tendance à les prendre pour argent comptant. Comme le rappelle un archéologue sur son blog, seules des investigations sur le monument permettront de les valider.

http://khufu.3ds.com/introduction/fr/

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Culture Pratique Science Usages

Leçon d’anatomie

Votre petiot rentre de l’école et vous annonce qu’il a le week end pour réviser ses cours d’anatomie en vue d’une épreuve. Tous vos souvenirs remontent à la surface: des dizaines de noms d’os, de muscles s’entrechoquent dans votre cerveau et il va falloir vous y remettre. Replacer sans hésiter le fémur, l’astragale ou l’axis, y raccrocher des abducteurs, des biceps d’un air assuré, sous les yeux admiratifs de votre progéniture. Assurément le week end est fichu…

C’est sans compter l’existence d’Interactive Body. Ce site Internet, conçu par la BBC, permet d’apprendre l’anatomie humaine, muscles, os, organes, système nerveux, de manière interactive. Si on se trompe, l’application nous donne un indice.

Le seul ennui, c’est que le contenu est en anglais. Bon! soit il faudra que tout le monde apprenne l’anglais … soit on se bouge pour développer des contenus en français.

http://www.bbc.co.uk/science/humanbody/ … main.shtml

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Communautés virtuelles Science Second Life Usages

Un tout petit monde

Ah! serait-il bientôt achevé, ce temps où le colloque, le congrès pimentait la vie des universitaire? David Lodge, dans son roman « Un tout petit monde » avait bien mis en évidence la place de cet événement pour les enseignants universitaires et tous ceux qui, plein d’espoir, gravitent autour d’eux. Le plus souvent, participait à un congrès et, de temps en temps, il fallait soi-même en organiser un. Les colloques ne se ressemblaient pas tous: il y avait ceux de première classe, dans de beaux hôtels, tous frais payés, et ceux de basse catégorie, où l’on dormait et mangeait dans une cité universitaire désertée par les étudiants en période de vacances.
Même ce domaine sacro-saint, Internet risque de changer la donne. La National Academy of Sciences annonce la tenue d’un symposium virtuel sur le thème « Visual Culture and Bioscience », du 5 au 13 mars. C’est une artiste et théoricienne de l’art, Suzanne Anker, qui a été choisie pour modérer ce congrès. L’événement est présenté comme une rencontre virtuelle réunissant une trentaine d’experts et dont les discussions seront disponibles en ligne. Un blog du symposium est aussi annoncé.

http://www.visualcultureandbioscience.org/

La tendance est lancée, que ces colloques, conférences aient lieu sur Internet, via des webcasts, des podcasts, des tableaux noirs virtuels ou même (et c’est encore plus in) dans Second Life. Dans cet univers virtuel, il existe de nombreux amphithéatres dans lesquels on peut organiser des présentations, des discussion. Il est même possible d’y afficher des images ou de lancer des fichiers sons ou vidéos.

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Bibliothèque virtuelle Science

Tournez la page

Quel meilleur conseil au début de l’an neuf? Et pourquoi ne pas le faire en ligne? Grâce à la British Library et à son offre « Turning the Page », c’est possible. En effet, la vénérable bibliothèque nationale anglaise a numérisé quelques uns de ses trésors et, via une application réalisée avec Flash, elle permet à tous les internautes de tourner les pages d’ouvrages que seules quelques mains privilégiées peuvent toucher en temps ordinaire. Avec la souris, il suffit de cliquer sur un coin de page et de tirer doucement dans le sens de la lecture pour tourner la page. Et la page se tourne…
A consulter: un manuscrit de Jane Austen, un livre d’heures, un ouvrage de botanique, etc… On peut aussi découvrir la Suisse dessinée avec le Sud en haut du livre dans l’Atlas de Mercator.

On peut consulter aussi des oeuvres en arabe, persan, hébreux. Le sens de la lecture est respecté dans ces derniers exemples: on tourne les pages de droite à gauche.
Du reste, les supports ne sont pas uniquement des livres. Le plus ancien document imprimé est chinois et il se présente sous la forme d’un rouleau, qu’il faut donc dérouler de droite à gauche pour le déchiffrer.

Chaque page d’un ouvrage est présentée dans un commentaire à écouter ou à lire. Il est aussi possible d’utiliser une loupe pour agrandir certaines parties.
On a beaucoup parlé d’effet diligence dans ce blog. A-t-on simplement affaire à une transposition d’une activité de la vie réelle. Pas vraiment. Les pièces présentées sont rares, précieuses et extrêmement fragiles. Les mettre à disposition sur Internet est une manière de les préserver tout en leur donnant une nouvelle vie. Et comme le support est aussi essentiel que le contenu, dans ces cas, il est important que le visiteur du site puisse avoir une impression de l’objet réel. Ce type d’application n’est réservé qu’à quelques ouvrages précieux, mais c’est une excellente manière de mettre en valeur les trésors de nos bibliothèques.

http://www.bl.uk/onlinegallery/ttp/ttpbooks.html

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Communautés virtuelles Culture Musée virtuel Science Second Life Usages

Launch on line

Depuis mon enfance, j’éprouve une passion pour l’exploration spatiale. Plus d’une fois, j’ai veillé une partie de la nuit pour assister au départ d’une mission. La nuit de samedi à dimanche aussi. La différence cependant était qu’au lieu de me retrouver seule sur mon canapé, j’étais entourée d’autres passionnés de l’aventure humaine dans l’espace. De plus, pour patienter pendant les arrêts du compte à rebours, j’ai pu visiter le musée international des vols spatiaux et visionner un planétarium. Comment est-ce possible? Tout simplement en envoyant mon avatar dans Second Life.

International Spaceflight Museum

Ce musée a été construit par une communauté de passionnés de l’aventure spatiale. Il a démarré sur un terrain de Second Life appartenant à un ami. Mais le propriétaire souhaitant disposer à nouveau de son bien, pour le vendre, un des membres de la communauté a décidé d’acquérir une île , Spaceport Alpha. Les autres membres ont accepté de l’aider à payer les frais mensuels que doit tout propriétaire d’île dans SL. Le musée présente des reconstitutions en 3D d’engins spatiaux. On peut y voir le LEM (module lunaire qui se posait de la lune) ou la jeep lunaire.

Un chemin circulaire permet d’admirer des engins plus grands: des fusées, dont la fameuse Saturn V, qui permit d’envoyer des hommes sur la Lune, ou la navette spatiale. Le musée possède plus de modèles 3D de fusées qu’il ne peut en présenter sur son espace (plus de 50). Il doit donc effectuer des rotations dans ses expositions.

On a aussi un globe qui présente plusieurs animations: la surface d Mars ou les éclairages terrestres pendant la nuit. Il existe aussi un planétarium dans lequel on peut observer les constellations.

L’entrée du musée est gratuite. Il n’en est pas pour autant livré aux visiteurs. On y trouve de nombreuses bornes d’information, des possibilités d’interaction avec les initiateurs et même des membres du staff, prêts à renseigner. La traditionnelle boutique vend des tee-shirts pour avatars. Il faut relever qu’il y a une conception architecturale et muséographique dans ce projet. C’est un endroit attractif et livrant une information de qualité, interactive et attractive.

Les événements

Le musée organise régulièrement des événements concernant l’actualité de l’exploration spatiale. Hier soir, il était possible de visionner en direct le départ de la navette spatiale sur des écrans géants, en laissant son avatar confortablement assis sur des sièges, soit dans la zone VIP cosy soit dans l’arène principale dédiée aux événements.

A l’heure du lancement, l’arène était pleine. L’ambiance était bon enfant et ceux qui le souhaitaient ont pu faire part de leur émerveillement.

Et la NASA?

Le musée international des vols spatiaux est une initiative privée. Mais la NASA se sera pas en reste. Son antenne de recherche, NASA Ames, prépare son arrivée dans Second Life. Elle prévoit de construire complexe dédié à la collaboration scientifique. Elle comportera une reproduction en 3D de ses bâtiments, plus deux zones distinctes, Moon Colab Area et Mars Colab Area, elle met à disposition des espaces pour ceux qui ont des projets intéressants à développer. Il est possible de s’annoncer. Les projets affluent certainement. Pour donner une idée de ce que les gens proposent, en voici un exemple trouvé sur le Net:

http://camden-mitchell.livejournal.com/5028.html

Il y aura certainement une partie dédiée au grand public. L’accueil du Colab est contiguë à celle du Musée international des vols spatiaux.

On peut penser ce qu’on veut de Second Life, qui constitue une sorte de miroir de notre propre société. On y trouve beaucoup de casinos, d’offres liées à la pornographie, d’affaires immobilières et de commerces divers. Parallèlement, l’offre dans les domaines de la culture et de l’éducation n’est pas absente. Loin de là. Chaque jour se tiennent des débats, des discussions sur les thèmes les plus divers. Les musées commencent à apparaître aussi. Le seul inconvénient est l’absence de contenus en français.

Pour en savoir plus:

http://slispaceflightmuseum.org

http://www.metaversemessenger.com/2006archive.htm
Numéros des 9 et 16 mai, 14 novembre 2006

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Bibliothèque virtuelle Communautés virtuelles Culture Musée virtuel Science Usages

Vite, vite

Comment publier des informations rapidement sur Internet? Le blog est un moyen commode, mais dans certains cas sa logique ne correspond pas au contenu. Le blog est organisé chronologiquement et, parfois, thématiquement. Pour une matière touffue et comprenant beaucoup de références croisées, cela ne convient guère.
Dans ce cas, préférez le wiki. Son nom vient justement du terme hawaïen « wiki wiki » qui signfie vite. C’est certainement la façon la plus rapide et la plus aisée pour publier sur le Net.

Le wiki est en fait une application basée sur le concept d’hypertexte. Les sites wiki ressemblent à ce qu’était le Web à ses débuts: des pages liées entre elles avec des liens hypertextes. Grâce à un wiki, on peut générer un grand nombre de pages de contenu et, avec sa syntaxe assez simple, lier les mots du contenu avec les pages correspondantes.
On associe souvent wiki et projets collaboratifs. L’exemple le plus célèbre en est Wikipédia, l’encyclopédie construite par ses utilisateurs. Mais le wiki peut aussi être utilisé par de petits groupes de travail ou même à titre individuel. C’est parfait pour gérer des notes. Avant que le Web soit aussi accessible pour ceux qui voulaient diffuser de l’information, il existait même des programmes d’hypertextes destinés à des écrivains ou des scientifiques: Hypercard en est une illustration (même s’il pouvait faire plus encore). Avec le wiki, on retrouve un outil très souple.
On peut donc participer aux nombreux projets collaboratifs présents sur la Toile, mais on peut aussi créer son propre wiki pour soi ou pour le partager avec d’autres. Si on ne dispose pas d’un serveur où l’installer, il y a la possibilité (comme pour les blogs) d’ouvrir son wiki sur le Net. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui. En moins d’une heure, j’ai créé quelques pages sur la mythologie grecque (une de mes passions):

http://be-virtual.pbwiki.com/

c’est vite fait, mais efficace. De plus gratuit (et payant pour éviter la pub).

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Culture Jeux Musée virtuel Science

Doctorat virtualis mundi causa

Aujourd’hui même Jean-Yves Empereur, archéologue français de réputation internationale grâce à ses fouilles à Alexandrie, reçoit un doctorat honoris causa octroyé par l’Université de Neuchâtel, en Suisse. Il a accepté cet honneur alors qu’il y a quelques années, il a refusé une forme de consécration qui lui aurait sans doute assuré une renommée plus grande et aurait peut-être mieux fait connaître le travail de l’archéologie en dehors des milieux académiques et culturels.
Tous les fans de Tomb Raider savent que l’héroîne du jeu, Lara Croft, est une archéologue. Issue d’une riche famille anglaise, elle possède un manoir et consacre son temps à l’exploration de ruines. Dans l’épisode IV du jeu, intitulé « La révélation finale », elle rencontre un archéologue français travaillant à Alexandrie, Jean-Yves DuCarmine. Ce dernier est égyptologue, mais il présente quelques similitudes physiques avec Jean-Yves Empereur, lui-même spécialiste d’archéologie grecque.


Copie d’écran du jeu. Pour comparer avec le vrai visage de Jean-Yves Empereur, on peut aller une page d’un journal égyptien ou un article lui est consacré: clic)

Considérant que ce personnage présentait trop de ressemblances avec sa propre personne, Jean-Yves Empereur a déposé plainte contre l’éditeur. Ce dernier s’est défendu de s’être directement inspiré de l’archéologue réel, mais a accepté de s’excuser publiquement pour la similitude et de ne plus faire apparaître ce personnage dans les versions ultérieures. De son côté, J.-Y. Empereur a renoncé à ce que cet épisode du jeu soit retiré de la vente.

Pour en savoir plus:

http://www.captain-alban.com/dossier_ne … 00108.html
http://www.gamekult.com/articles/A0000011191/

Ne s’agissait-il, dans cette affaire, que d’une question de droits d’utilisation d’un personnage public (en principe, chacun est propriétaire de sa propre image) ou bien l’archéologue français a-t-il refusé de paraître dans un monde, le monde virtuel des jeux vidéo, où l’archéologie est quasiment synonyme d’aventure? Seul l’intéressé pourrait répondre. Cependant si c’est la deuxième hypothèse qui est la bonne, ne vaudrait-il pas mieux jouer de cette image de l’archéologie aventureuse diffusée dans le grand public et notamment auprès des jeunes, afin de mieux faire connaître l’archéologie réelle et surtout de diffuser les connaissances qu’elle a établies et qui semblent se perdre peu à peu (voir notre note consacrée à la diffusion des connaissances scientifiques, prenant pour point de départ la question des origines de l’homme).

Bien entendu, les diplômes de Lara Croft valent ceux d’Indiana Jones ou de Daniel Jackson, l’archéologue de Stargate, spécialiste des civilisations extra-terrestres et champion du déchiffrement. Ils n’ont rien à voir avec ceux de Jean-Yves Empereur qui a passé par des écoles prestigieuses et qui connaît son métier. Mais il faut savoir que de nombreux enfants apprennent à connaître les civilisations du passé à travers des jeux vidéo, comme Rome Total War, Civilization ou bien Age of Mythology, ou même à travers des films et des séries TV. Il y a un profond fossé entre l’archéologie réelle, une science rigoureuse et minutieuse, et l’archéologie aventureuse bien ancrée dans l’imagination populaire. Les créateurs de Tomb Raider avaient en quelque sorte, maladroitement sans doute, tendu une perche aux archéologues réels. Le monde académique ne semble pas encore prêt à la saisir. Pourtant il faudra bien que ces deux mondes se retrouvent un jour! Quant au doctorat « virtualis mundi causa », il semble qu’il ne sera pas créé de si tôt.

Proposition d’exposition (temporaire ou virtuelle)

Il y a quelque temps, nous avons proposé à un musée d’archélogie un projet d’exposition temporaire visant à explorer le thème de l’archéologie fantasmée et de ses racines. Peut-être se fera-t-elle un jour.

Synopsis

L’archéologue est une figure qui s’est imposée dans la littérature (H.P. Lovecraft, Claude Delarue), le cinéma et la télévision (Indiana Jones, la série Stargate), l’univers du jeu (série Lego Adventures, jeu électronique Tomb Raider). Quand on les observe dans le contexte de la fiction, les principales caractéristiques de ces archéologues sont la découverte de civilisations disparues ou d’objets légendaires et, plus surprenante, la capacité à déchiffrer des textes anciens.
Quels sont les modèles réels qui ont donné naissance à ces personnages ? Les noms de Champollion, Schliemann, Carter sont encore très connus. Ils exploraient des terrains hors d’Europe continentale, ont mis au jour des sites exceptionnels ou bien ont donné accès à des civilisations fascinantes.
L’archéologie, au-delà de son apport scientifique à la connaissance du passé humain, véhicule des fantasmes qui tournent autour de l’aventure et des énigmes. Cela lui donne une image positive, mais cela ouvre également la voie à toutes sortes de dérives. Cette exposition se propose d’explorer le champ de ces fantasmes.

Note rédigée avec le concours de Robert Michel, archéologue et grand spécialiste des jeux vidéo (http://www.ceramostratigraphie.ch).