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Internet dans un petit appareil

C’est toujours un peu dangereux de jouer les Madame Soleil en essayant de deviner les tendances de développement d’Internet pour les années à venir. Mais pourquoi pas? Cela donne en tout cas l’occasion de faire le point sur les développements marquant de 2009.

Le téléphone portable est en train de devenir le mode d’accès le plus important à Internet

Les statistiques montrent que le téléphone portable est devenu l’outil de communication le plus diffusé. L’Union Internationale des Télécommunications estime qu’à la fin de 2009, il y 4,6 milliards de souscriptions à un service de téléphonie mobile. Bien entendu, les téléphones portables permettant l’accès à Internet ne sont pas majoritaires: actuellement, le taux de pénétration est de 9,5 téléphones portables avec accès à Internet pour 100 habitants.

http://www.itu.int/ITU-D/ict/material/Telecom09_flyer.pdf

Le téléphone portable présente de nombreux avantages: léger, multi-fonctionnel, personnel (en Occident en tout cas), bénéfiant d’une large couverture réseau, bon marché à l’achat (moins à l’usage). La génération des smartphones en a fait un appareil permettant l’accès à Internet, un accès qui ne se limite pas à la consultation, mais aussi à l’écriture et à la participation aux réseaux sociaux. De fait, le téléphone est devenu un média en soi, avec ses propres modèles éditoriaux et ses règles de fonctionnement. Brièveté, fugacité et alertes. De plus en plus de sites ont une version pour téléphones mobiles. De nombreux producteurs d’information prennent en compte ce canal. L’information via le téléphone est aussi très liée à la localisation, ce qui redonne un nouveau souffle au concept de réalité augmentée. Finis les sacs à dos et les lunettes 3D, qui sont restés à l’état de prototype. Il suffit de sortir son téléphone pour en savoir plus sur le lieu où on se trouve … à condition d’avoir la bonne application. Le foisonnement des applications, c’est sûrement la maladie d’enfance des téléphones. Mais on a aussi connu ça sur les PC. La nature de l’information disponible grâce au téléphone peut se résumer avec la locution latine “hic et nunc” qui signifie ici et maintenant.

Les réseaux sociaux vont arriver dans leur phase de maturité

Il est probable que les réseaux sociaux vont arriver dans une phase de maturité dans laquelle les usages pourront se fixer. On a connu ce phénomène avec les blogs. Après une phase inflationniste où chacun a créé son blog pour dire tout et rien, le blog a trouvé sa vitesse de croisière. Il est maintenant bien intégré dans l’arsenal des communicateurs et prend une place toujours plus grande dans le paysage informationnel où il remplace souvent les listes de communiqué de presse. Des sites comme celui de la Maison Blanche ou du 10 Downing Street ressemblent maintenant à des blogs. Une firme comme Google en a fait son principal outil de communication. Les blogs actuels n’offrent pas nécessairement la possibilité de commenter. Ils constituent un nouveau format, plus accessible au grand public.

Pour l’instant, les réseaux sociaux sont encore dans la phase où tout le monde veut s’y mettre et personne ne sait comment les utiliser. Il y a beaucoup d’essais, d’expérimentations. La situation devrait se décanter peu à peu et ces instruments trouveront leur place. Mais ce ne sera peut-être pas encore pour 2010.

L’avenir de la presse est à construire

La presse va encore subir de profonds changements. Internet a certainement joué un rôle de catalyseur dans la crise de la presse, mais ses véritables causes sont peut-être ailleurs. L’information a été dénaturée parce qu’on en a fait un produit dont on pensait qu’on pouvait le vendre comme des boîtes de conserve. C’est vrai pour l’actualité comme pour l’information culturelle. Les contenus des journaux sont devenus du easy reading: pages people et conseils d’achats, témoignages et tests psychologiques remplacent allègrement le reportage d’un journaliste d’investigation ou les critiques sur le monde de l’art. Dans le domaine de l’édition, on fait de même en tablant essentiellement sur des bestsellers. Tout cela a fait le jeu de la concurrence présente sur Internet: blogosphère, journalisme citoyen, encyclopédie collaborative. Cela d’autant plus facilement que les contributeurs sur Internet on érigé la gratuité en dogme fondamental. De fait, l’avenir du journalisme et de ses règles déontologiques nécessaires est encore difficile à percevoir. Actuellement les formes hybrides comme le Post.fr ou Rue89 sont en vogue. Elles allient vitesse de réaction, collaboration et vérification professionnelle des informations.

http://www.rue89.com/

http://www.lepost.fr/

Certains tablent aussi sur le retour du journaliste, qui (re)deviendrait sa propre marque (comme Henry Morton Stanley ou Albert Londres, sans parler des modèles imaginaires comme Tintin). On retournerait au temps des grandes plumes. Les journalistes auraient leur propre blog, écriraient des articles pour d’autres titres et des livres.

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/09/mon-avenir-estil-de-devenir-une-marque-.html

Une autre hypothèse serait la création de plateformes comparables à iTunes où les utilisateurs pourrait télécharger des articles contre des sommes minimes ou un abonnement. Le micro-payement constituerait (peut-être) une solution au problème lancinant du financement de la presse.

http://www.journalismonline.com/

Good enough revolution

C’est peut-être l’une des tendances qui est apparue au grand jour cette année, même si elle existait sur Internet depuis longtemps. La thèse principale de cet article de la revue Wired est la suivante: les utilisateurs ne recherchent pas les meilleures solutions, mais se contentent de ce qui marche. Ils téléphonent avec Skype, même si le son n’est pas optimal. Ils regardent des vidéos sur You Tube et vont moins au cinéma (mais ils iront peut-être pour Avatar). Ils achètent des Netbooks. Bref, le porte-monnaie est peut-être devenu le critère fondamental de choix, tant que le résultat est là.

http://www.wired.com/gadgets/miscellaneous/magazine/17-09/ff_goodenough

Le web sémantique

Cette année est apparu Wolfram Alpha. Ce moteur de recherche a popularisé une fonctionnalité que l’on trouvait déjà sur quelques sites: un moteur de recherche qui répond directement aux questions, sans donner une liste de liens qu’il faut encore ouvrir les uns après les autres. Désormais ce n’est plus à l’utilisateur de rechercher lui-même des réponses à ses questions. Les nouvelles générations de moteur de recherche devront les lui fournir. Pour cela, ils devront exploiter les données et les métadonnées présentes sur Internet. Ils devront aussi comprendre le langage de l’utilisateur. Ils devront aussi lui donner des réponses contextuelles, liées à sa position géographique par exemple. L’utilisateur aura accès directement aux informations nécessaires là où il est, quand il en a besoin.

http://www.wolframalpha.com/

En conclusion …

Boule de cristal

Dans le futur, j’accèderai à Internet grâce à un petit appareil de rien du tout dans ma poche. Il me coûtera un peu d’argent, chaque mois ou à chaque transaction. Quand j’aurai besoin d’une information (et même si je ne la demande pas), elle me parviendra en tenant compte du contexte. Quand j’arriverai à la gare, mon petit appareil me signalera des grèves. Si je prends l’avion pour un pays lointain, il m’informera d’un coup d’état. Quand je ferai les magasins, il me dira si le prix indiqué est trop élevé. Si je suis d’accord, il règlera lui-même la note. Quand je passerai devant la maison natale d’un grand homme, il me donnera sa biographie. Il me dira même qu’un de mes potes se promène dans les alentours.

Mais ce petit appareil ne sonnera pas quand passera devant moi l’homme de ma vie ou si ma voisine fait un malaise. Il me dira peut-être des choses stupides, comme de faire demi-tour dans un tunnel. Il ne remplacera pas mes amis. Il me donnera le nom d’un peintre devant un tableau, mais il ne saura pas me dire pourquoi cette peinture est belle. Avec lui, je me sentirai seule.

Bonne année 2010

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La carte n’est pas le territoire

Les caméras de surveillance du tunnel du Gothard ont permis de surprendre des automobilistes en train de faire un demi-tour à l’intérieur. Comment expliquer cette manoeuvre périlleuse. Le navigateur GPS avait opté pour la route du col et ordonnait au chauffeur de rebrousser chemin. Il s’est trouvé quelques chauffeurs qui ont obéit aveuglement à leur machine plutôt que de s’en remettre à leur simple bon sens.

Article 20 Minutes

Jeu de lumières dans le tunnel du Gothard

Photo prise avec un Iphone dans le tunnel du Gothard (depuis la place du passager)

Il est peut-être temps de rappeler le principe selon lequel la carte n’est pas le territoire. On doit ce mot à Alfred Korzybski. L’esprit humain connait le monde de manière limitée, par les perceptions qu’il en a. Il en construit une représentation (la carte), qui est avant tout un système de symboles. Il faut faire une distinction entre le symbole et ce qu’il représente: alors que le mot “chien” ne mord pas, un vrai chien risque de vous attraper le mollet. S’il n’y a aucun danger à jouer avec le mot “chien” en faisant des plaisanteries, il n’en va pas de même quand on taquine un vrai chien.

Aujourd’hui non seulement les systèmes symboliques sont numérisés (ce qui est très pratique), mais ils sont accessibles de presque partout. On ne les consulte donc pas avant une activité, mais tout au au cours de cette activité: cartes, guides touristiques, horaires de voyage. Tout se fait en temps réel. Cependant accorder à ces systèmes plus de confiance qu’à nos yeux et à notre bon sens relève de l’inconscience. La carte peut être fausse. L’itinéraire sélectionné par l’intelligence artificielle peut être différent. L’horaire peut avoir subi des modifications. Le tableau peut avoir changé de place. On ne compte donc plus les mésaventures provoquées par ces appareils censés nous guider. Dans bien des cas, les conséquences ne sont pas trop dramatiques. Mais dans certaines situations, le danger peut être sérieux.

Bien entendu, nous serons tous d’accord pour admettre que les navigateurs rendent de grands services et qu’ils assurent la paix des ménages sur la route des vacances. Mais celui qui les utilise doit rester conscient de la distinction entre carte et territoire. Un curseur de pixels n’aura jamais d’accident, mais la tôle d’une voiture se froisse au moindre choc, sans parler de la santé de ses passagers. Alors prudence!

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T’es plus ma copine

Les lexicographes du New Oxford American Dictionary observent les changements de la langue et chaque année, ils choisissent le néologisme qui témoigne le mieux des tendances de l’année. Il doit s’agir d’un terme qui a une portée culturelle et qui correspond à un usage. Pour 2009, le choix s’est porté sur “unfriend”. Il s’agit d’un verbe qui définit l’action d’enlever une personne de sa liste d’amis dans un réseau social sur Internet. Ce terme est une aberration linguistique, l’adjonction du suffixe un- indiquant le fait de défaire ce qui a été fait suppose un verbe “friend”, qui n’existe pas. Mais une langue est gérée par ses locuteurs et nous ne pouvons que constater les usages une fois qu’ils sont massifs. C’est donc sur le sens de ce terme qu’il faut nous interroger.

http://blog.oup.com/2009/11/unfriend/

L’amitié est souvent considérée comme un sentiment solide, indéfectible et plus durable que l’amour. Seule la mort peut le délier, comme le souligne Georges Brassens dans sa chanson “Les copains d’abord”: “Quand l’un d’entre eux manquait à bord, c’est qu’il était mort”. Les technologies de l’information et de la communication ont provoqué des changements importants dans les relations humaines. Il faut cependant faire quelques nuances. L’individualisme et les pratiques de consommation y sont aussi pour quelque chose, de même que la disparition progressive des lieux de socialisation. Le téléphone portable et Internet ont certainement amplifié le phénomène et lui ont donné une dimension qu’il n’aurait pu atteindre autrement.

Qui est donc l’objet de cette action “unfriend”: l’individu de chair et de sang ou son double numérique? A qui se lie-t-on à travers les réseaux sociaux sur Internet? A la personne ou bien à son profil? Les sentiments qui se sont construits par le biais de moyens techniques semblent toujours plus commutables que ceux qui se sont noués dans la vie réelle. Bien avant qu’Internet ne devienne un phénomène aussi important, Philippe Léotard chantait:

mainten’ant j’te rembobine
j’te reset pas, j’te rewind,
j’te pause, j’te stoppe j’t’ejecte
j’te forward, j’te play plus.
t’es plus ma copine,
t’es plus mon amour,
t’es plus présente dans mon avenir

Dans ce texte, la métaphore technologique rend la rupture plus simple, plus définitive. On n’a pas à affronter un regard, un cri, des larmes. Il suffit maintenant de presser sur un bouton, de cliquer, d’envoyer un sms. La lâcheté est au bout du fil. Le truchement des machines facilite le lien comme sa dissolution. Alors qu’avant Internet, la construction d’un réseau social était fortement contrainte par la géographie, la société s’est fortement virtualisée. Les études sur les réseaux ont montré que chaque membre est à quelques noeuds de tout autre. Potentiellement on peut être l’ami de tous. Par conséquent, à la moindre friction, on préfère aller voir ailleurs plutôt que d’essayer d’aplanir les difficultés.

On le sait, le maillon le plus faible détermine l’état du réseau. La volatilité des relations qui naissent à travers les technologies de l’information finissent par déteindre sur le reste de la société. Le sociologue polonais Zygmunt Baumann parle d’amour, de société liquide pour décrire la fugacité des relations à notre époque.


ICrushALot.com

Est-ce une fatalité? Internet ne doit-il mener qu’à des relations humaines sans profondeur, sans durée? Pas forcément. Les individus devront réfléchir à leurs attentes plutôt que de consommer de la relation. Le Web peut aider à maintenir son réseau de connaissances réel. Nous avons tous des amis d’enfances, des copains qui habitent dans d’autres villes ou pays, des cousins éloignés. Les réseaux sociaux permettent de garder le contact avec ceux qui l’on connait déjà. Ils peuvent bien entendu renforcer les contacts professionnels.

Devant la raréfaction des lieux de socialisation, Internet est devenu également un espace de rencontre, aussi bien pour l’amitié que pour l’amour. Les liens qui se créent doivent bien se matérialiser. Les individus doivent bien se rencontrer. Avec le jeu des pseudonymes et des profils mystérieux, il est difficile de savoir si un ami habite à 1000 kilomètres ou bien dans le pâté de maison voisin, comme dans le film “Vous avez reçu un message”. Mais la géolocalisation commence à être intégrée aux réseaux sociaux. Nous avons déjà parlé du réseau Aki Aki. Cette application permet de trouver des gens qui se trouvent à proximité, grâce à son téléphone portable. Un nouveau réseau social fait fureur en Amérique du Nord: Foursquare. Il permet de donner de bonnes adresses et de créer des listes de choses à faire. Google prépare Favorite Places. Bien entendu, un téléphone portable est indispensable pour profiter de ces applications.

On en revient toujours à nos fondamentaux. La virtualisation n’a de sens que si elle est suivie par une actualisation. Peu importe que l’on rencontre quelqu’un dans un train, un café, un club de gym ou sur Internet. A un moment donné, il faut lui faire une place dans sa vie réelle. Mais consommer de la relation virtuelle, zapper sur des profils, cela n’apporte guère de satisfaction à long terme.

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Sam suffit

Sur le site de la Maison Blanche, on peut voir une série de vidéos montrant des collaborateurs du Président Obama en train d’expliquer sa politique ou ses actions. Jusque là rien de bien étonnant. Mais ces différentes vidéos se distinguent par divers traits des films officiels où l’on voit par exemple le Président en train de faire un discours. Souvent la caméra bouge. Les films sont faits, non pas en studio, mais dans les endroits les plus divers, comme le hall d’un hôtel, la cabine d’Air Force One ou bien un tarmac d’aéroport. On entend tous les bruits de fonds: passants qui parlent ou bruits d’avion. Il y a souvent des dialogues entre le caméraman et la personne filmée, du genre “C’est bon? Je peux y aller?”, quand on ne voit carrément pas le caméraman retournant l’objectif contre lui à la fin. Enfin, on voit ici et là des touches personnels comme un petit coucou à la famille.

Caméraman retournant l’objectif contre lui

Lien vers la vidéo

On est en droit de se demander pourquoi ces vidéos qui font très amateur paraissent sur un site de cette importance. C’est que la communication, même celle des plus grands, est en train de verser dans une nouvelle tendance: good enough. Récemment, un article remarquable de la revue américaine Wired a mis le doigt sur un changement de paradigme qui atteint de nombreux domaines, notamment les technologies de l’information et les appareils numériques. Il n’y a pas si longtemps, la qualité constituait un critère essentiel pour les biens de consommation. On voulait ce qu’il y avait de mieux sur le marché. Aujourd’hui, on se contente de ce qui est bon marché pour autant que cela marche. Ce changement de paradigme semble bien aller au-delà des objets comme des appareils photos, pour atteindre des pratiques. Auparavant une vidéo supposait un processus complexe: prise, montage et seulement ensuite publication. Dans l’exemple ci-dessus, on a un seul plan ininterrompu. Il n’y a plus de montage. On se contente de rajouter un générique de début et de fin et des sous-titres, ce qui peut être fait avec des logiciels simples. On ne cherche pas à isoler le sujet en utilisant un studio. Le film est fait là où se situe l’action. Ce qui est amusant dans ce cas, c’est que le procédé est rendu visible, avec l’apparition du caméraman à la fin.

Il ne s’agit d’un exemple isolé. Alors qu’Angelina Jolie et Brad Pitt ont fait tout un cinéma pour la publication des photos de leurs jumelles, Roger Federer a réduit la communication à son degré zéro. Il a publié une photographie prise par son père sur son profil Facebook. Prix de l’opération totalement gratuit, avec un impact énorme: plus de 140′000 commentaires et reprise dans tous les médias du monde.

Profil Facebook de Roger Federer avec la photo de sa famille

Aujourd’hui encore, de nombreuses photos publiées sont retouchées grâce à des logiciels graphiques sophistiqués. Tout est lissé, rajeuni, embelli. Mais la tendance “sam suffit” risque de venir bousculer la donne et de redonner un peu de place à l’authenticité et à la spontanéité. Il ne faut pas tomber dans l’angélisme non plus: la tendance “good enough” peut aussi donner lieu à des constructions (ce qui est un peu le cas des vidéos de la Maison Blanche). Dans le domaine de l’information, cette tendance à se contenter d’une qualité suffisante est certainement liée à deux aspects essentiels du Web: la communication en temps réel et la participation. Des canaux d’information aussi instantanés que Twitter ne laissent plus le loisir d’entrer dans des studios pour y faire des photos ou des vidéos bien léchées, publiés dans les délais imposés par la post-production. L’événement n’est pas fini que des photos doivent déjà être sur Internet, quitte à être prises avec un téléphone portable. La qualité moyenne ou juste suffisante est le prix à payer pour l’information en temps réel. De plus, ces vidéos ou ces photos donnent l’impression à chacun qu’il peut faire la même chose sur son propre profil Facebook, ce qui conforte l’idéologie participative d’Internet.

The Good Enough Revolution: When Cheap and Simple Is Just Fine, Wired, 24.08.2009

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Dans la poche

Internet s’est évadé de la lourdeur des PC pour venir se réfugier bien au chaud dans notre poche. En effet, de plus en plus de gens accèdent au Web grâce à leur téléphone portable. A tel point qu’on peut considérer d’un média de masse. Les statistiques montrent bien que le téléphone portable est devenu l’outil de communication le plus diffusé. Il présente de nombreux avantages: léger, personnel (en Occident en tout cas), bénéfiant d’une large couverture réseau, bon marché à l’achat. La génération des smartphones en a fait un appareil permettant l’accès à Internet, un accès qui ne se limite pas à la consultation, mais aussi à l’écriture et à la participation aux réseaux sociaux. De fait, le téléphone est devenu un média en soi, avec ses propres modèles éditoriaux et ses règles de fonctionnement. Brièveté, fugacité et technologie push.

L’information via le téléphone est aussi très liée à la localisation, ce qui redonne un nouveau souffle à la réalité augmentée. Finis les sacs à dos et les lunettes 3D, qui sont restés à l’état de prototype. Il suffit de sortir son téléphone pour en savoir plus sur le lieu où on se trouve … à condition d’avoir la bonne application. Le foisonnement des applications, c’est sûrement la maladie d’enfance des téléphones. Mais on a aussi connu ça sur les PC.
La nature de l’information disponible grâce au téléphone peut se résumer avec la locution latine “hic et nunc” qui signifie ici et maintenant. Elle est soit liée au moment de la consultation (news) ou bien à l’endroit où on se trouve. Grâce aux téléphones portables, nous voilà plongés dans une mer d’informations. Quoi que l’on fasse, où que l’on soit, peu importe le moment, les informations, les données nous accompagnent.

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Cerveau et ordinateur

Internet contient maintenant des milliards de documents: pages HTML, images, fichiers de texte, sons, vidéos, etc. Les moteurs de recherche permettent d’indexer cette masse. Cependant il est difficile d’ordonner les différents résultats afin que l’utilisateur soit satisfait de la réponse. Google utilise par exemple le critère des liens entrants: plus une page est liée, plus elle apparaîtra haut dans la liste. C’est pourquoi nous avons souvent l’impression de tomber sur le bon site en faisait une recherche dans Google: ce sont les sites les plus populaires qui viennent en premier. Mais qu’en est-il de tous les fichiers qui composent les sites Web. Prenons une personne qui recherche une image de pommier. Il en existe des centaines de milliers. Mais comment offrir les images les plus intéressantes dans la première page de résultats? Flickr gère plus de trois milliards d’images, ce qui rend le tri assez ardu. Son équipe de développement s’est penchée sur la question et elle y a répondu par le concept d’interestingness. On relève les traces d’activités autour de l’image: clic, choix comme favori, commentaires, etc. Grâce à cela, on arrive à mettre en évidence des images intéressantes. Le résultat est rarement décevant:

http://www.flickr.com/explore/interesting/

http://www.flickr.com/explore/interesting/2009/10/

Pour obtenir ce résultat, on n’a pas seulement eu recours à l’ordinateur. On a aussi utilisé l’activité humaine. En effet, un ordinateur, si puissant soit-il, ne peut déterminer ce qui est beau ou intéressant.

Luis von Ahn, chercheur à la Carnegie Mellon University, se penche sur cette question depuis des années. Il est persuadé par l’idée que les ordinateurs sont limités et qu’ils ne pourront jamais effectuer certaines tâches qui sont simples pour le cerveau humain. C’est lui qui a lancé le fameux ESP game, qui permettait d’attribuer des mots-clés à des images. Deux partenaires, mis ensemble par hasard, doivent attribuer des mots-clés (ou tags) à des images. Si les mots-clés des deux joueurs correspondent, des points sont attribués à chacun. Les joueurs cumulent les points de toutes les parties qu’ils jouent: à celui qui en obtient le plus. Attention, le jeu est plus addictif qu’il en a l’air. Google a repris ce jeu et l’a intégré à Google Images sous la forme du Google Image Labeler:

http://images.google.com/imagelabeler/

Luis von Ahn a continué de développer ses idées à travers d’autres jeux. On les trouve tous maintenant sur un site intitulé GWAP: games with a purpose.

Gwap

http://www.gwap.com/

Il s’agit de véritables jeux où les participants accumulent des scores: les points glanés dans les différents jeux s’additionnent. Le but de ces jeux est d’ajouter aux documents soumis différentes métadonnées. On retrouve donc l’ESP Game. Avec Tag a Tune, les deux joueurs écoutent un morceau de musique qu’ils doivent caractériser. En lisant les mots-clés de l’autre, chaque joueur doit essayer de deviner si tous deux écoutent le même morceau. Le but est donc d’attribuer des tags à des morceaux de musique. Verbosity offre tour à tour à chacun des joueur un terme: l’un doit le caractériser, tandis que l’autre le devine. Visiblement, il s’agit d’établir des associations de termes. Avec Squigl, chacun des partenaire doit entourer ce qui correspond à un terme donné sur une image: le jeu indique “ours” et le joueur doit entourer l’endroit où il voit un ours sur l’image. Enfin Matchin (le plus addictif selon moi) présente à deux partenaires deux images: chacun doit indiquer celle qui lui plaît le plus. Si les deux joueurs choisissent la même image, ils reçoivent des points. S’ils optent pour la même photo plusieurs fois de suite, le nombre de point obtenus par tour augmentent. Le but de ce jeu est de mettre en avant les images de bonne qualité et d’écarter celles qui sont moins belles (comme les photos prises en fin de soirée et postées sur Facebook). On retrouve l’interestingness de Flickr.

Gwap

Non seulement ces jeux sont utiles, car ils permettent d’indexer des masses énormes de documents, mais ils sont aussi basés sur la collaboration plutôt que sur l’opposition. A l’heure des jeux de type “Kill them all”, cela vaut la peine d’être mentionné.

Le site GWAP prétend aussi qu’il peut deviner votre genre avec 10 paires d’images où il faut dire celle que l’on aime le mieux. Mais ça ne marche pas à tous les coups.

Luis von Ahn est aussi le créateur du Captcha, ce système anti-spam bien connu, évitant aux robots de placer des commentaires sur les blogs ou d’envoyer des messages par formulaire Web. Il l’a conçu dans le même esprit d’utilité et de contribution du cerveau humain à des projets informatiques. Le Captcha soumet deux images représentant des termes écrits que l’utilisateur doit retranscrire. Ces deux termes proviennent de la numérisation de livres ou de journaux. L’un des deux termes a été reconnu correctement par le programme de reconnaissance de caractères (OCR), alors que l’autre a été mal lu (le logiciel d’OCR étant capable de reconnaître ses erreurs). L’utilisateur ignore lequel des deux mots est correcte. S’il transcrit correctement le terme qui a été lu de manière juste par l’ordinateur, le système part de l’idée que le second est aussi juste. Les couples de terme sont soumis plusieurs fois et si on obtient toujours le même résultat, la lecture “humaine” est validée. Ce système est utilisé pour améliorer la numérisation d’ouvrages qui sont intégrés aux Internet Archives. Le nombre de transactions quotidiennes passant par le Captcha étant de 200 millions, l’amélioration de la numérisation est donc réelle.

Captcha

http://recaptcha.net/

Internet Archives

Page de Luis von Ahn sur le site de la Carnegie Mellon University

A travers ces exemples remarquables, comme dans les réseaux sociaux, on sent l’imbrication de plus en plus grande entre cerveau électronique et cerveau biologique. Chacun de ces cerveaux a ses propres limites: les puces ont des puissances de calcul qui dépassent largement tout ce que nos neurones peuvent faire, mais elles ne peuvent exécuter que les tâches qui ont été programmées. Le cerveau humain a des compétences que jamais un ordinateur n’aura: imagination, conscience. En revanche, il peut utiliser les machines pour augmenter certaines fonctions: on songe en premier lieu à la mémoire.

Cette proximité toujours plus grande entre l’homme et la machine doit nous faire un peu réfléchir. Il devrait toujours revenir à l’homme de déterminer le partage des tâches. Et cela passe par une connaissance du fonctionnement d’un ordinateur auquel on a tendance à accorder trop d’intelligence et donc le développement, à large échelle, d’une culture informatique à ne pas confondre avec des compétences dans l’utilisation de l’informatique.

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Un monde d’ombres

Nielsen, un des spécialistes des statistiques d’utilisation du Web, nous apprend que le temps passé sur les sites communautaires (réseaux sociaux et blogs) correspond désormais à 17% du temps passé sur Internet. Il y une année, le temps passé sur ce type de sites était de 6%. Cette proportion a donc triplé en un an. Nielsen interprète cette augmentation comme un changement profond de l’usage d’Internet: les utilisateurs souhaitent de plus en plus être connectés, communiquer et partager.

http://en-us.nielsen.com/main/news/news_releases/2009/september/nielsen_reports_17

Une autre étude, faite par le Pew Internet and American Life Project, montre aussi un comportement intéressant des internautes. Elle s’intéresse à une population identifiée comme des utilisateurs d’Internet à la recherche d’informations économiques sur la crise et qui correspond à 69% des adultes américains et à 88% de tous les utilisateurs d’Internet de ce pays. Une enquête parmi cette population a permis d’établir que 74% d’entre eux vont en ligne pour se détendre et oublier la crise. Que font-ils? Ils regardent des vidéos, écoutent de la musique, jouent, tchattent avec des amis ou bien créent des contenus. Si on observe les différentes classes d’âge, les 18-29 ans sont 88% à aller se détendre en ligne. Les chercheurs ont aussi observé qu’il n’y a aucune corrélation entre ces pratiques et la situation économique de ces utilisateurs, qu’ils aient été affectés ou non par la crise.

http://www.pewinternet.org/Reports/2009/16–The-Internet-as-a-Diversion.aspx

Internet est né dans les milieux académiques et, dans les premiers temps, il était essentiellement lié à la connaissance. Cette fonctionnalité n’a d’ailleurs pas disparu: il suffit de consulter Wikipédia pour s’en convaincre. Est venue ensuite l’idée du centre commercial total. Après bien des péripéties, Internet s’est installé confortablement dans des marchés de niche. Aujourd’hui il joue un rôle de plus en plus important dans la socialisation et il est bien possible que cette crise financière et économique soit un catalyseur.

Depuis longtemps et peut-être même avant Internet, les lieux de socialisation ont périclité. Il devient de plus en plus difficile de rencontrer quelqu’un dans un restaurant ou dans un train. Aujourd’hui, c’est avec Facebook qu’on trouve ses amis ou qu’on maintient son réseau social. Mais on peut aussi faire toutes sortes d’activités en ligne: écouter de la musique, voire de véritables concerts (dans Second Life), visiter des musées et des sites (comme la Cité interdite de Pékin), danser (toujours dans Second Life et dans d’autres univers virtuels). Quand on tient de tels propos, la remarque qui revient souvent est: “comment se contenter de cela?”. Une soirée à visionner des vidéos amateurs sur You Tube constitue-t-elle une alternative à une séance de cinéma ou même de home cinema? Un concert dans Second Life vaut-il une performance en salle? Une image numérique remplace-t-elle une peinture?

Bal dans Second Life

Il semble que cela soit de plus en plus le cas. C’est en tout cas ce que prétend un article du magazine Wired, sous le titre “The Good Enough Revolution: When Cheap and Simple are just fine”. D’après ce texte, il existe bien des exemples où une variante de qualité moindre (mais suffisante) est préférée parce que bon marché et simple à utiliser. Pendant longtemps, la qualité a été une valeur et on ne rechignait pas à la dépense pour l’obtenir. Maintenant, c’est l’usage qui prime. L’exemple le plus évident est celui du format mp3 pour la musique. Il ne présente pas la perfection souhaitée pour certains mélomanes, mais le commun des mortels s’en contente, s’il l’on en croit le succès qu’il a rencontré. On peut aussi mentionner les netbooks, des petits ordinateurs qui permettent essentiellement de se connecter sur Internet et de faire un peu de courrier. On peut aussi songer à Skype qui permet d’appeler d’autres personnes gratuitement ou à très bas prix. La qualité du son parfois médiocre est largement compensée par d’autres avantages.

http://www.wired.com/gadgets/miscellaneous/magazine/17-09/ff_goodenough

D’une part, le temps passé en ligne est de plus en plus consacré à des activités de socialisation. D’autre part, tous les transferts d’activités vers des alternatives digitales s’imposent de plus en plus dans les usages, visiblement sans nostalgie pour des solutions de qualité supérieure, mais plus compliquées, moins accessibles et plus onéreuses. L’hypermonde est-il en train de prendre le pas sur le monde réel? Si c’est le cas, quelles en seront les conséquences? Pour l’instant, on a le sentiment d’être dans des cycles de virtualisation qui s’enchaînent. Mais qu’en est-il de l’actualisation. Comment cette vie sociale virtuelle peut-elle s’ancrer dans la réalité tangible? Nos doubles numériques peuvent-ils se substituer à nos personnes réelles?

Après une période exploratoire, il y aura forcément décantation. Si Internet peut jouer un rôle indéniable dans la socialisation, cela ne signifie pas forcément que ces liens sociaux ne doivent être entretenus et vécus qu’en ligne. Les masques numériques doivent à un moment ou à un autre tomber et laisser la place à un vrai visage. Finalement nos doubles numériques font partie de nous-mêmes, comme notre propre ombre. Mais qui a envie de vivre dans un monde d’ombres?

Ombres

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Biens communs

L’idée que le patrimoine culturel est un bien commun et que, par conséquent, chacun peut non seulement en jouir, mais aussi l’utiliser dans ses propres productions, fait son petit bonhomme de chemin. Grâce à Flickr, des institutions du monde entier peuvent mettre à disposition des documents numérisés dans le domaine public.

Flickr Commons

Ces documents peuvent être réutilisés sans restrictions. Parmi ces les institutions qui participent à ce programme, on peut mentionner:

  • The Library of Congress
  • Brooklyn Museum
  • Smithsonian Institution
  • Bibliothèque de Toulouse
  • Bibliothèque de la Fondation Calouste Gulbenkian
  • Musée McCord Museum
  • Nationaal Archief (Pays-Bas)
  • New York Public Library
  • Swedish National Heritage Board
  • Llyfrgell Genedlaethol Cymru – The National Library of Wales
  • Getty Research Institute

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Tout le monde peut exposer

Hier soir, j’ai été invitée à parler du musée virtuel et de la présence des musées sur Internet par le Groupe interjurassien des Musées GIM, qui regroupe essentiellement de petites institutions muséales, dont certaines sont privées. C’était l’occasion d’explorer la frontière entre collections privées et musées, entre amateurs passionnés et conservateurs professionnels. J’ai donc essayé de défendre l’idée que le savoir muséographique était partagé assez largement dans la population. Pour reprendre le slogan d’un film d’animation célèbre mettrant en scène un petit rat qui devient un grand chef de cuisine, j’ai commencé par affirmer que “tout le monde peut exposer”.

Au départ du phénomène du musée se trouve la muséalité, une attitude humaine profonde qui sélectionne des objets et leur attribue un sens. Ces objets perdent alors leur valeur d’usage pour acquérir une essence différente. Ce phénomène est analogue à celui de la sacralisation dans le domaine des religions: un objet devient sacré et ne retourne jamais au monde profane. L’esprit de collection est courant chez les enfants. Ces derniers rassemblent quelques objets qui ont un sens particuliers pour eux, mais sans suivre forcément une systématique. Ils les mettent dans un contenant, un carton de chaussure ou une boîte en fer blanc. Souvent cette collection d’objet est la seule qu’ils feront de leur vie. Dans le film “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain”, cette dernière découvre dans son appartement une boîte en fer blanc avec une collection d’enfant. Elle en recherche le propriétaire, devenu adulte. Le fait de retrouver ces objets collectés pendant son enfance va provoquer chez lui une intense émotion.

Amélie Poulain

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001

A l’âge adulte, certains gardent le goût de la collection qui peut aller jusqu’à la passion, voire l’obsession. Tout peut être objet de collection. Beaucoup de collectionneurs apprécient des objets qui constitue des séries: des timbres, des monnaies, des bagues de cigare, des cartes postales, … D’autres types de collection nécessitent des connaissances scientifiques comme les fossiles, les minéraux. Pour collectionner des oeuvres d’art ou des livres anciens, il faut alors une fine connaissance des marchés. Le développement d’une collection s’accompagne toujours d’une érudition propre à l’objet collecté.

Bagues de cigares

La vitolphilie est la collection des bagues de cigare

Toutes ces collections ne restent pas personnelles. On ne le dit jamais assez: de nombreux musées proviennent de collections privées, ouvertes au public ou léguées à l’Etat.

De nombreux objets traversent notre vie et chacun est amené à choisir un jour ou l’autre les objets à conserver et ceux qui sont à jeter. Entre ces deux destinées, il y aussi la mise au grenier ou la mise à la cave. Beaucoup de personnes conservent des objets dans leur grenier en y apportant un certain soin.

Grenier

http://www.flickr.com/photos/ranopamas/198039863

De même, suite à la disparition des générations anciennes, nous héritons d’objets qu’il faut aussi trier. Il faut alors être à même d’identifier chaque chose, d’en évaluer la valeur. Cela prend du temps pour effectuer toutes ces recherches.

Salon victorien

Le petit salon de Mme David Morrice, Montréal, QC, 1899; Musée McCord

Nous sommes aussi habitués à gérer des longues séries: c’est le cas de nos photos. La méthode ancienne était celle des albums, alors qu’aujourd’hui on recourt à des logiciels ou des sites Internet de partage pour gérer ses photos numériques. C’est assez frappant de constater que la gestion des photos est un sujet de conversation assez courant entre les gens. Ils s’échangent leurs trucs et leurs astuces.

Album de photo

Ancien album de photos

La maison elle-même est un lieu d’exposition, notamment dans les pièces où l’on reçoit. Les objets, les bibelots, les souvenirs de vacances ne sont pas disposés au hasard. Il y a sans conteste réflexion, mise en scène, discours.

Salon de l’ethnographie

Exposition au MEN, Le salon de l’ethnographie, 1990

Toutes ces activités ressemblent peu ou prou à celles qui se pratiquent dans les musées. Elles sont largement partagées dans la société. Les musées devraient avoir le courage de laisser le public participer un peu plus à ses activités, non pas comme simple consommateur, mais aussi comme acteur. C’est d’autant plus intéressant que l’Internet participatif ou collaboratif donne des outils permettant aux musée de d’associer leur public à leurs travaux. Certains musées osent franchir le pas, notamment dans le domaine de l’acquisition. Je me souviens que le Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) avait demandé à son public d’apporter des objets qui seraient intégrés à la collection du musée. Plusieurs musées collectent aussi des histoires et récits de vie via Internet (ou de manière plus classique). L’indexation sociale (folksonomy) consiste à demander aux internautes d’attribuer ou de proposer des mots-clés sur les photos des objets de la collection. D’autres encore leur propose de créer eux-mêmes des galeries qu’ils peuvent partager avec leurs amis. Le musée 2.0 est déjà là … et les gens ne sont pas dépourvus de compétences pour y participer.

http://www.museesbeju.ch/

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Pas si virtuel que ça, Internet!


September 2, 2009 Communautés virtuelles, Histoire d’Internet, Hypermonde, Réseaux sociaux No Comments

On parle souvent d’Internet et des diverses applications qui s’y sont greffées comme étant virtuels. C’est oublier le substrat physique qui sous-tend le réseau, fait de serveurs, d’ordinateurs et de câbles. La carte ci-dessous montre les câbles sous-marins qui permettent à nos données de transiter à travers les océans pour rejoindre d’autres continents.

Capacités des câbles sous-marins

Agrandissement (Source:New Scientist, Telegeography)

Si personne ne doute des vertus virtualisantes d’Internet, qui contient potentiellement une infinité d’interactions entre ses utilisateurs, il ne faut pas oublier le prix à payer pour profiter de cette virtualité. Ce réseau physique nécessite un entretien important, donc des moyens. De plus, il consomme énormément d’énergie.

Cette carte montre aussi que certains endroits du monde sont mieux connectés que d’autres. Si les données qui traversent l’Atlantique semblent à l’aise, il n’en va pas de même pour celles qui contournent le continent africain. La fameuse toile d’araignée, présente dans l’esprit populaire, semble bien asymétrique.