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3D Culture Musée virtuel muséographie virtuelle

Réalité augmentée

Réalité augmentée

August 12, 2009 3D, Culture, Musée virtuel, muséographie virtuelle No Comments

On parle depuis un certain temps de réalité augmentée comme un moyen permettant au visiteur d’un site archéologique ou d’un ancien monument de se faire une idée de l’état antérieur des vestiges qu’il a sous les yeux. Certains projets ont déjà été faits pour des sites aussi prestigieux que Pompéi, mais ils sont toujours restés au stade du prototype. Si tout le monde trouve amusant de porter des lunettes ressemblant à une paire de jumelles, le sac à dos contenant l’ordinateur portable pose problème. Son poids sera désagréable pour le visiteur et, de plus, c’est à chaque fois un matériel onéreux qui est mis à disposition.

Il existe pourtant une solution simple et je l’ai vue en oeuvre sur le site romain d’Aquincum, à Budapest. Aquincum était la capitale de la Pannonie romaine, province importante sur la route de l’ambre qui allait de la Baltique à l’Italie. Elle était déjà connue pour ses eaux thermales (encore appréciées aujourd’hui) et on y a découvert un objet très rare, voire unique: un orgue hydraulique. Les ruines d’Aquincum sont visitables et bien mises en valeur, grâce à certaines reconstructions, toujours bien marquées et qui permettent de comprendre par exemple les systèmes de chauffage des Romains. Un musée moderne donne un aperçu de la richesse et du luxe du palais qui s’y trouvait.

La réalité augmentée va montrer aux visiteurs des bâtiments entiers, mais sur le site lui-même. En plusieurs endroits du site, on trouve des appareils ressemblant à des périscopes ou à des jumelles. On a d’abord l’impression qu’on obtiendra des aggrandissements des vestiges. En y collant ses yeux, on découvre en fait des bâtiments dans toute leur élévation, avec un toit, des couleurs et même quelques personnages. L’appareil pivote sur environ 180 degrés et permet donc de découvrir des reconstitutions numériques de plusieurs maisons. Pour ne pas surprendre le regard du visiteur, le système s’adapte aux conditions météorologiques, affichant un ciel bleu les jours de grand soleil et des nuages les jours de pluie.

Kronoscope d’Aquincum

Ce dispositif a été développé par le Computer and Automation Research Institute de l’Académie hongroise des sciences. Il a été installé en 2005. Pour l’instant, deux Kronoscopes sont opérationnels et huit au total sont prévus.

http://www.sztaki.hu/search/projects/project_information/?uid=00010

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Réalité augmentée

Réalité augmentée

August 12, 2009 3D, Culture, Musée virtuel, muséographie virtuelle No Comments

On parle depuis un certain temps de réalité augmentée comme un moyen permettant au visiteur d’un site archéologique ou d’un ancien monument de se faire une idée de l’état antérieur des vestiges qu’il a sous les yeux. Certains projets ont déjà été faits pour des sites aussi prestigieux que Pompéi, mais ils sont toujours restés au stade du prototype. Si tout le monde trouve amusant de porter des lunettes ressemblant à une paire de jumelles, le sac à dos contenant l’ordinateur portable pose problème. Son poids sera désagréable pour le visiteur et, de plus, c’est à chaque fois un matériel onéreux qui est mis à disposition.

Il existe pourtant une solution simple et je l’ai vue en oeuvre sur le site romain d’Aquincum, à Budapest. Aquincum était la capitale de la Pannonie romaine, province importante sur la route de l’ambre qui allait de la Baltique à l’Italie. Elle était déjà connue pour ses eaux thermales (encore appréciées aujourd’hui) et on y a découvert un objet très rare, voire unique: un orgue hydraulique. Les ruines d’Aquincum sont visitables et bien mises en valeur, grâce à certaines reconstructions, toujours bien marquées et qui permettent de comprendre par exemple les systèmes de chauffage des Romains. Un musée moderne donne un aperçu de la richesse et du luxe du palais qui s’y trouvait.

La réalité augmentée va montrer aux visiteurs des bâtiments entiers, mais sur le site lui-même. En plusieurs endroits du site, on trouve des appareils ressemblant à des périscopes ou à des jumelles. On a d’abord l’impression qu’on obtiendra des aggrandissements des vestiges. En y collant ses yeux, on découvre en fait des bâtiments dans toute leur élévation, avec un toit, des couleurs et même quelques personnages. L’appareil pivote sur environ 180 degrés et permet donc de découvrir des reconstitutions numériques de plusieurs maisons. Pour ne pas surprendre le regard du visiteur, le système s’adapte aux conditions météorologiques, affichant un ciel bleu les jours de grand soleil et des nuages les jours de pluie.

Kronoscope d’Aquincum

Ce dispositif a été développé par le Computer and Automation Research Institute de l’Académie hongroise des sciences. Il a été installé en 2005. Pour l’instant, deux Kronoscopes sont opérationnels et huit au total sont prévus.

http://www.sztaki.hu/search/projects/project_information/?uid=00010

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Applications géographiques Communautés virtuelles Culture Général Musée virtuel

De Turner à Flickr

J’ai visité une exposition fascinante au Musée des Beaux Arts de Budapest, consacrée aux paysages italiens peints par le peintre anglais Joseph Mallord William Turner (1775–1851) et intitulée “Turner et l’Italie”. Comme l’artiste ne vivait pas en Italie, il a d’abord étudié l’oeuvre d’autres peintres comme Claude Lorrain, pour créer ses premiers paysages italiens. Il a finalement pu se rendre à quelques reprises en Italie, quand la France et l’Angleterre étaient en paix. Il a pu croquer les paysages de visu, ramener des dessins, créer des peintures. Ces dernières étaient parfois diffusées sous forme de gravures et servaient d’illustrations à des ouvrages. Finalement le public lettré anglais découvraient l’Italie à travers les oeuvres d’un peintre qui avait vu lui-même ce pays ou l’avait étudié à travers les travaux de prédécesseurs.

Pour en savoir plus sur cette exposition: Turner and Italy

Eruption du Vesuve

Turner, L’éruption du Vésuve (1817)

Pendant mon voyage, j’ai aussi lu le roman américain “Sur la route de Madison” dont Clint Eastwood a tiré un film inoubliable. L’un des protagonistes est un photographe sous contrat avec la revue “National Geographic”. Il se rend partout dans le monde (on est dans les années 60) pour prendre des photos qui permettent ensuite au grand public de découvrir le monde à une époque où les voyages étaient encore relativement onéreux et la bonne photo un art.

Aujourd’hui tout le monde voyage avec des appareils numériques en poche. Une partie de ces prises de vue finissent sur le site Flickr (ou sur d’autres sites de partage de photos). Une couverture du monde est en train de sescréer, avec une certaine redondance pour les sites les plus visités. La médiation des peintres et des photographes (de leur oeil, de leur regard) ne semble plus nécessaire. On veut faire partager son regard sur les pays, villes, paysages traversées et on veut jouir de celui des autres. On regarde Paris, Rome, Londres avec les yeux d’Américains ou de Japonais. Nos propres images sont vues par des internautes du monde entier.


24 heures de photos géotaguées sur Flickr

Jamais le monde n’aura été autant visité et photographié. Mais en a-t-on pour autant une meilleure perception? Robert Kinclair, le photographe du roman “Sur la route de Madison”, transformait ce qu’il photographiait en autre chose. Il ne prenait pas des photos, mais il les faisait. Quant aux peintres d’avant la photographie, ils travaillaient à leurs toiles parfois des années après avoir vu les paysages représentés. De plus, leurs oeuvres étaient scénarisées, racontaient une histoire et ne pouvaient pas être uniquement documentaires.

Avec l’avènement de la photo 2.0, la prise de vue unique a moins d’importance. La valeur ajoutée réside dans l’accumulation, la surabondance et les extraordinaires possibités de réutilisation. Alors que les peintures anciennes devaient être gravées, puis imprimées, alors que les photographies devaient être développées et imprimées, la photo numérique est immédiatement copiable, diffusable, transformables. De nouvelles licences sont en train de se mettre en place (Creative Commons) permettant un remixage de cette couverture photographique. On retrouve alors ses images sur des blogs, comme textures dans Second Life ou nulle part. C’est sans importance, l’essentiel étant de mettre à disposition pour profiter soi-même.

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Moteur de recherche Usages Web sémantique

Des photos qu’on peut utiliser … enfin

De nombreuses personnes, notamment des blogueurs, utilisent des moteurs de recherche d’images pour trouver des illustrations. Mais c’est très frustrant de trouver de belles images et de ne pas pouvoir les utiliser (ou de ne pas être sûr de pouvoir). Google vient d’ajouter une nouvelle fonctionnalité à son moteur de recherche d’images qui peut s’avérer très utile. Dans les recherches avancées, on peut désormais filtrer des images selon le type de licence:

  • sans tenir compte des licences
  • réutilisation autorisée
  • réutilisation à des fins commerciales autorisée
  • réutilisation avec modification autorisée
  • réutilisation avec modification à des fins commerciales autorisée

Le moteur recherche les images qui sont indexées selon les licences Creative Commons, qui sont sous licence GNU ou dans le domaine public. Bien entendu, il faut tout de même vérifier si la licence est correcte quand on veut utiliser l’image. Mais au moins, on évite de se retrouver devant des images tentantes, mais qu’on a pas le droit d’utiliser.

Google Search
http://images.google.ch/advanced_image_search?hl=fr

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Second Life The Monastery Project

Un nouveau sim pour le Monastère

Le Monastère est une institution à but culturel qui se trouve dans Second Life. Il présente régulièrement des expositions thématiques ou artistiques. Sis depuis un an et demi sur le sim Alpine Meadow, qui fait partie de la Confederation of Democratic Simulator (CDS), il vient de déménager sur le sim voisin qui vient de naître. Ce sim porte lui aussi le nom de Monastère. Il s’agit en fait d’un sim “allégé”, homestead selon la nomenclature de Linden. Ce type de sim comporte moins de briques de construction (3700 au lieu de 15′000) et a des performances moins grandes (il ne supporte que 20 avatars simultanément). Il est tout à fait idéal pour une institution comme le Monastère, qui connaît un trafic régulier plutôt qu’un afflux lié à un événement. Comme il comprend moins de briques de construction pour une même surface que les sims normaux, il permet d’avoir une densité d’habitation moins élevée. Ainsi il n’y a que 6 parcelles pour résidents, à côté du Monastère. Cela laisse beaucoup de place pour se promener dans le paysage de montagne qui a été conçu pour le sim.

Le Monastère sur son sim

Le Monastère a été déménagé tel quel, à quelques détails prêt. L’orientation du bâtiment a été modifié: il a subi une rotation de 25 degrés. Le mur de façade a aussi été transformé en colonnade, pour le rendre ouvert et inviter les visiteurs à entrer.

Le Monastère sur son sim

Le bâtiment surplombe une gorge profonde dans laquelle s’écoule un torrent.

Le Monastère sur son sim

La cascade constitue l’un des principaux éléments du paysage du sim.

Le sim du Monastère (Monastery) fait lui aussi partie du CDS et sa création est l’aboutissement d’un processus décisionnel démocratique. Le projet a fait l’objet de plusieurs débats. Maintenant le Monastère peut continuer ses activités dans son nouveau cadre.

http://slurl.com/secondlife/Monastery/195/125/99

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Général Mobiles Tendances Web sémantique

Recherche: un changement de paradigme

Les premiers moteurs de recherche n’avaient qu’un seul but: permettre de trouver des sites Internet où l’on pouvait trouver des informations intéressantes. Ces applications ont rapidement détrôné les annuaires du Web dont Yahoo était l’exemple le plus célèbre. Google est également parti de cette conception, puisque son algorithme se concentrait essentiellement sur les contenus des sites et les liens des différents sites entre eux.

Le récent lancement de Wolfram Alpha, du nouveau moteur de recherche de Microsoft, Bing, et de quelques innovations sur Google indiquent cependant un changement de paradigme assez profond dans le domaine de la recherche.

Sur Wolfram Alpha, il devient possible de poser une question en langage naturel. L’algorithme analyse la question et y répond, au lieu de renvoyer à des liens vers des sites sur lesquels l’internaute devra trouver sa réponse. Ainsi, si l’on demande à Wolfram Alpha: “how many people in Switzerland?”, le système donne le nombre d’habitants en Suisse et même un graphique indiquant l’évolution de la population.

Wolfram Alpha

http://www.wolframalpha.com/

Bien entendu, Wolfram Alpha n’a pas encore réponse à tout. Il ne comprend que l’anglais et ne connaît pas grand chose au sport. Cependant le succès des premiers jours (près de 100 millions de requêtes en une semaine) indique bien qu’il correspond à l’attente des internautes. Ces derniers veulent des réponses et non des pistes de recherche. En fait, ce type de moteur de recherche existe déjà, limité à des domaines spécifiques. L’ambition de Wolfram (auteur de l’ouvrage “A new kind of science”) est de l’étendre au Web.

Microsoft présente son nouveau moteur de recherche comme une aide à la décision. Cette application permet d’effectuer des recherches dans les pages Web, les images, les vidéos, l’actualité, des cartes. Outre le résultat sous forme de liens, elle montre des termes de recherche associés. L’aide à la décision se fait peut-être dans le domaine des propositions d’achat ou les données touristiques. La recherche peut aussi s’effectuer dans les cartes.

Bing

Bing

http://www.bing.com

Google n’est pas en reste. A côté des résultats, on trouve maintenant un lien intitulé “Show options”. Parmi ces options, une “wonderwheel” (roue magique) donne, sous forme visuelle les concepts associés au terme de recherche. Quant au timeline, il présente l’information recherchée sous la forme d’une frise chronologique l’information recherchée.

Google options

http://www.google.com

Internet constitue la plus formidable masse de connaissances jamais rassemblée dans l’histoire de l’humanité. Il s’enrichit chaque jour des données les plus diverses, y compris celles qui concernent les individus dans les réseaux sociaux. Se borner à aiguiller les gens à travers ce dédale devient risible. Il est temps maintenant d’exploiter le contenu d’Internet comme une base de connaissances. C’est le rêve du Web sémantique. Ce dernier ne semble pas forcément se réaliser comme l’avaient pensé ses concepteurs, mais il est en marche.

Si on ajoute à cette évolution dans le domaine de la recherche, la multiplication des appareils mobiles permettant d’accéder aux ressources d’Internet, on peut imaginer que nous serons en permanence connectés à cette masse de connaissance. Toute question trouvera immédiatement une réponse, où que l’on soit: à quelle heure part mon avion? Où ai-je laissé ma voiture? Qui parmi mes amis se trouvent dans les environs? Qui est Picasso? Que s’est-il passé à cet endroit depuis deux siècles? Que dit la loi? Qui a gagné ce match de tennis? Il suffira d’entrer quelques mots dans son téléphone pour le savoir. Bientôt nous saurons nager dans la mer des connaissances …

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Applications géographiques Culture Musée virtuel muséographie virtuelle Web sémantique

Différentes facettes

L’expression anglaise “faceted browsing” s’applique à une technique permeetant d’accéder à une collection d’informations selon différents filtres. Chaque objet de la collection se voit attribuer différentes catégories. Ces catégories sont à la base des filtres de recherche.

Un site qui vient de naître et qui présente les différents musées de Suisse romande comme autant de buts de promenade illustre cette technique du faceted browsing: Musardage.

Musardage

Musardage (http://www.musardage.ch)

Ce site contient une liste des expositions actuellement ouvertes en Suisse romande. Mais cette liste peut être lue de différentes manières: comme un tableau, comme une liste illustrée par les miniatures des affiches, comme une frise chronologique ou comme une carte de géographie. De plus, il est possible de filtrer l’ensemble des expositions selon des sujets, le canton ou la localité.

Musardage

Frise chronologique

Musardage

Carte de géographie

Dans la même veine et par le même auteur, on peut aussi parcourir une liste des empereurs romains.

Empereurs romains

Liste des empereurs romains

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Culture Général Hypermonde Science

Des robots et des hommes

Le théâtre Barnabé, à Servion, présente un spectacle sans paroles, mais en musique, avec sur scène deux comédiens et trois robots. Au-delà de la performance technologique assurée par des hautes écoles suisses et un spécialiste des automates, il y avait une grande poésie dans ce spectacle. Un savant fou vivait entouré de ses robots et il avait conçu des machines pour chacun de ses gestes quotidiens. Mais un grain de sable va s’immiscer dans sa vie bien réglée quand une femme frappe à sa porte. Malheureusement, entouré de machines, notre homme ne sait plus comment se comporter avec de vrais humains. Tout dérape …

Robots

Jean Baudrillard disait de la réalité virtuelle “qu’elle est parfaite, contrôlable et non contradictoire.” Tel serait un monde de machines programmées. L’homme peut-il se faire à un tel monde? Est-il possible de vivre dans un monde sans surprise? Ou bien préfère-t-on réduire radicalement l’incertitude inhérente à la vie? Ces questions sont importantes à l’heure où de plus en plus d’activités de notre existence sont confiées à des machines et à autant d’algorithmes. Les guichets sont peu à peu remplacés par des automates et des applications en ligne dont la logique n’est pas toujours évidente à comprendre. Même les activités sociales se font de plus en plus par le truchement des réseaux sociaux. Peu à peu, des machines “intelligentes” entrent dans notre existence. Parfois ils s’y immiscent sous la forme de jouets, comme les nombreux robots programmables pour les enfants ou bien le lapin qui lit des histoires aux enfants.

Théâtre Barnabé

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel

La Bibliothèque numérique mondiale

Une nouvelle bibliothèque numérique à vocation universelle vient de s’ouvrir sur le Net: la Bibliothèque numérique mondiale. Elle veut mettre à disposition des contenus multi-culturels, notamment dans un but éducatif et en vue de réduire la fracture numérique. Elle a été créée par l’UNESCO et la Bibliothèque du Congrès, en collaboration avec d’autres partenaires.

Bibliothèque numérique mondiale

Pour l’instant, elle ne compte que 1170 objets: des livres, des revues, des manuscrits, des cartes, des films, des gravures, des photographies et des enregistrements sonores. Ces documents proviennent de diverses époques, de l’Antiquité à nos jours, et de tous les continents. Ils peuvent être recherchés par lieu, par période, par thème, par type d’élément, par institution.

Bibliothèque numérique mondiale

Bibliothèque numérique mondiale

La bibliothèque numérique dispose aussi d’un outil de visualisation permettant de naviguer à l’intérieur des documents et pourvu d’une fonctionnalité de zoom que l’on peut activer avec la roulette de la souris.

Bibliothèque numérique mondiale

Le moteur de recherche permet d’affiner les résultats grâce à des méta-données. Des boutons permettent de partager les diverses ressources sur des sites de social bookmarking.

Espérons que cette bibliothèque s’enrichira rapidement …

http://www.wdl.org/fr/

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Applications géographiques Communautés virtuelles Hypermonde

Ubiquité

Le terme ubiquité définit la capacité d’être à plusieurs endroits en même temps. Cette capacité est essentiellement attribuée à des divinités dans diverses religions et mythologies. Mais qu’en est-il des humains? On considère en général qu’ils ne peuvent être simultanément à deux places, car ils sont soumis aux contraintes du monde physique. C’est sans compter sur la virtualisation. Les technologies de l’information en réseau permettent en effet une certaine ubiquité. Il serait cependant faux de croire que l’ubiquité n’est possible, pour les hommes, que grâce à la technologie moderne. L’esprit humain dispose lui aussi de vertus virtualisantes. Celles-ci ont permis aux humains, à travers le temps, d’être ubiquistes, même s’il ne s’agit pas d’une ubiquité physique. C’est justement l’esprit humain qui est la composante virtualisante de l’homme. De tous temps, l’homme a su se projeter dans d’autres lieux. Parfois (souvent) nos rêves nous emmènent loin de notre chaise et nous donnons l’impression à ceux qui nous entourent d’être absents. Il existe dans l’histoire humaine des pratiques avérées de l’ubiquité. Peut-être que s’y intéresser permettra de mieux comprendre à l’ubiquité technologique.

Le monde du rêve

Le rêve et l’imagination ont certainement permis à l’humanité d’échapper à ses contraintes corporelles et cela probablement dès les premiers temps. Si aujourd’hui, dans la culture occidentale, le rêve fait partie de l’intime et est considéré comme le dépositaire de notre inconscient, il n’en n’a pas toujours été ainsi. Dans les sociétés traditionnelles, les rêves sont souvent partagés, commentés, interprétés. Ils sont souvent à la base de décisions concernant le monde réel. Dans la culture des Aborigènes d’Australie, le monde du rêve revêt une importance fondamentale et ce qu’on y voit devient opératoire dans la réalité.

L’imagination

L’imagination a permis aux hommes d’échapper à leur condition et cela même dans les circonstances les plus dramatiques. On connaît des récits de prisonniers ayant eu recours à des projections imaginaires dans un autre monde pour fuir une réalité trop dure à supporter. Lors d’une exposition sur la série Star Trek, à New York, on pouvait voir une vidéo où l’acteur qui jouait le commandant Kirk racontait ce qu’un jour un chauffeur de limousine lui avait confié. L’homme avait été prisonnier au Vietnam et, avec ses camarades d’infortune, ils reproduisaient des épisodes de la série pour se soustraire à l’horreur de leur situation et rester humains.

La littérature romanesque en général crée un espace de projection qui permet au lecteur de s’évader temporairement de son quotidien. Déjà aux 18ème et 19ème siècle, on avait relevé les dangers de la lecture romanesque, comme en témoigne le roman de Flaubert, « Madame Bovary ».

L’âme

De nombreuses cultures ont une conception dualiste de l’humain, formé d’une enveloppe corporelle et d’une âme. Si dans la plupart des religions, l’âme ne quitte le corps qu’au moment de la mort, d’autres cultures considèrent que l’âme peut quitter provisoirement le corps et y revenir. C’est le cas du chamanisme de chasse. Le chamane en transe est censé faire un voyage dans le monde des esprits. Son corps reste au milieu de l’assemblée qui assiste au rituel, mais son âme se trouve auprès du Seigneur des animaux. Le chamane était même censé avoir une épouse dans le monde des esprits, la fille du Seigneur des animaux, avec qui il avait même des enfants.

Cette distinction entre âme et corps permet aussi de penser des âmes sans corps (les fantômes) ou des corps sans âme (les zombies).

L’ubiquité technologique

Les technologies de l’information en réseau donnent à l’homme la possibilité d’être en plusieurs endroits au même moment. Il peut par exemple rester chez lui et participer à une réunion grâce à un système de visioconférence ou en utilisant un univers persistant comme Second Life. Il peut voyager dans un train tout en restant en contact avec ses amis grâce à son téléphone ou bien une messagerie instantanée sur son ordinateur.

Tant que cela restait des démarches individuelles ou limitées à un cercle de personnes hyperconnectées, cela ne posait guère de problème. Il en va tout autrement aujourd’hui avec le développement fulgurant des réseaux sociaux en ligne. Alors qu’auparavant on construisait son réseau social dans l’espace physique auquel la corporalité limitait l’homme, on peut désormais se choisir un réseau idéal en recherchant des personnes qui correspondent le mieux à nos goûts, avec le risque que ces personnes soient géographiquement éloignées. Mais Internet nous permet d’interagir à tout moment avec eux, comme il nous permet de rester en contact avec notre entourage lors de tout déplacement. La conséquence de cette situation est une déconnection entre la géographie réelle et la géographie relationnelle. Elle accroît un phénomène qui était par ailleurs déjà en émergence: la disparition des lieux de socialisation. Les lieux de sortie où l’on peut rencontrer des gens ne s’adressent guère plus qu’à certaines classes d’âge (plutôt jeunes). Alors qu’autrefois les marchés et les petites épiceries constituaient des lieux de convivialité, on fait ses courses rapidement dans les supermarchés. On se parle moins qu’autrefois dans les trains, dans les cafés. Les banlieues ne sont faites que pour l’habitat et disposent de peu de lieux communautaires. Il ne reste guère plus qu’Internet qui s’improvise de plus en plus en lieu de sociabilité et de loisir. Il y a une profusion extraordinaire de soirées dansantes sur Second Life. On peut facilement y passer une soirée agréable où l’on peut rencontrer des gens intéressants.

Faut-il s’en inquiéter? Il est évident que la socialisation virtuelle a des vertus intéressantes. Elle permet de mettre en contact ceux qui partage les intérêts, indépendamment de leur lieu d’habitation. Elle permet de rester en contact plus facilement qu’avec la correspondance postale. Elle crée des espaces de partage sur les réseaux sociaux ou dans les mondes virtuels. Mais en même temps, elle provoque une déconnection entre la géographie réelle et le réseau social. De fait, les individus ne sont pas forcément là où ils ont envie d’être, en compagnie de gens avec qui ils ont envie d’être, tout en ignorant ceux qui sont là. C’est un rapport complètement différent à la géographie et même à la corporalité qui est en train d’émerger. Nous habitons moins notre corps, alors que notre identité numérique rencontre et interagit avec d’autres identités numériques. Après la déterritorialisation induite par Internet, n’assistera-t-on pas à une certaine décorporalisation? En effet, les interfaces permettant d’accéder à Internet permettront d’oublier la technique et deviendront toujours plus intuitives. Le côté pesant de l’ordinateur, ces relations en paraîtront d’autant plus vraies.

Reste aussi à voir le statut de ces activités et relations ubiquistes. Dans les exemples de pratiques de l’ubiquité citées plus haut, il est évident qu’on a affaire à un rituel, à une croyance partagée ou à une situation extrême. Ces expériences ont un sens partagé dans la société qui les voit naître. L’épouse spirituelle du chamane a une existence pour les membres de la tribu, alors qu’un partenaire dans Second Life n’a pas (encore) n’a pas de valeur dans notre société. De même, les amis dans Facebook ont-ils le même statut que les amis de la vie réelle pour notre entourage? Bien entendu, les choses commencent à changer. On a vu des juges tenir compte du fait qu’un individu était marié dans Second Life dans un divorce. Lorsqu’un résident de Second Life décède, il arrive que ses amis virtuels organisent une cérémonie. Rencontrer l’homme ou la femme de sa vie grâce à Internet n’est plus tout à fait une honte. D’une manière où d’une autre, le réseau physique, géographique et le réseau social virtuel devront peu à peu se reconnecter. Ce serait la phase de l’actualisation du réseau, c’est-à-dire sa manifestation dans le monde réel. A l’heure actuelle, il est difficile de prédire comment se fera cette actualisation. Mais il est certain qu’elle se fera.

Pour terminer sur une note amusante, on peut relever une application qui essaye justement de faire coïncider réseau social virtuel et l’espace géographique: aki-aki. Elle fonctionne sur un téléphone doté d’un GPS et permet de repérer des personnes inscrites dans le système qui sont physiquement autour de soi, dans la même ville ou dans la même région, le but étant de faciliter leur rencontre.

http://www.aka-aki.com/