Tous les lecteurs de ce blog devaient se le dire : cette note arrivera bien un jour. Tous les bloggers cèdent un jour à l’esprit racoleur et tentent d’attirer de nouveaux lecteurs. Pourtant la question que nous nous posons n’est pas de savoir si et où il y a du sexe sur Internet, mais plutôt si les gens recherchent des contenus à caractère sexuel. Premier test : dans votre entourage, vous ne trouverez personne qui vous avouera avoir cherché des sites érotiques ou pornographiques. Au mieux, quelqu’un vous dira en souriant qu’il est tombé une fois par hasard sur un tel site.
De toutes façons, la méthode n’est guère fiable. Mieux vaut se tourner vers une autre source d’information : les mots-clés les plus recherchés dans les moteurs de recherche. Et dans ce domaine, on tombe sur une surprise de taille. En 2001, dans les classements des principaux moteurs de recherche français, le mot « sexe » occupait le premier rang*. Qu’en est-il en 2006 ? La situation ne devrait guère avoir changé. Si on prend le classement des 200 termes les plus recherchés dans un moteur de recherche romand, on constate que les mots à caractère sexuel sont en bonne place**.
Et pourtant, si on se tourne du côté des grands moteurs de recherche, les statistiques donnent une image très différente. Dans le service de Google présentant les statistiques des recherche de mots-clés, Zeitgseit***, on ne trouve aucune trace du mot « sex ». Il en va de même chez Lycos, dans son service Lycos 50, qui a laissé en ligne ses archives. Ce site explique cependant la manière dont il réalise son classement des mots les plus recherchés****. Ses choix laissent pantois :
General Categories: Categorical terms such as weather, news, and music are not included. We feel these queries are too broad to indicate the public’s interest in any given week. While a general term like movies will be eliminated, individual movie titles (Lord of the Rings) are included. Actor names and other specifics are, of course, included in the Lycos 50.
Prurient Content: We ignore pornographic, four-letter words and otherwise lewd queries, including names of decidedly adult film stars, unless such terms are driven by news events.
Il est donc impossible de savoir ce que les gens recherchent le plus sur Internet, qu’il s’agisse du reste de services météorologiques ou de contenus à caractères sexuels. Finalement à quoi … ou à qui servent ces classements ? Il est probable que ceux qui en tirent le plus d’information sont les professionnels du marketing, qui peuvent ainsi savoir ce qui est « vendeur », notamment dans les domaines du sport, du box-office. Bref, cela donne une idée sur ce qu’il serait bien d’imprimer sur le tee-shirt de l’été prochain.
Il est possible que cette absence de transparence, qui aboutit à une certaine hypocrisie, ait inspiré les auteurs de la vidéo « Internet is for porn », une animation amusante (et sans images crues) où de sympathiques monstres tout droit sortis de World of Warcraft (WOW pour les intimes) se disputent sur l’intérêt du Web.
http://video.google.com/videoplay?docid … 1227974645
* http://www.abondance.com/docs/top10.html
http://www.journaldunet.com/0201/020103google.shtml
** http://www.vigoos.com/search/
*** http://www.google.com/intl/en/press/zeitgeist.html
**** http://50.lycos.com/faq.asp