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Accès au savoir en ligne

La jeune Maison d’analyse des processus sociaux de l’Université de Neuchâtel (MAPS) recevait mercredi Jacques Perriault, un chercheur français qui s’intéresse aux conséquences du développement des technologies de l’information dans le domaine du savoir. Ce spécialiste de l’enseignement à distance a écrit un livre important sur ce thème, intitulé « L’accès au savoir en ligne ».


Odile Jacob

Jacques Perriault a commencé par parler du contexte dans lequel se développent ces technologies de l’information et de la communication (TIC) et a relevé l’importance de la géopolitique. En effet, l’Occident n’est pas seul (ou plus seul) dans ce domaine et des pays émergents comme l’Inde ou la Chine y jouent un rôle de plus en plus important. De plus, le phénomène de la fracture numérique, s’il est réel, ne se traduit pas seulement en termes Nord-Sud. En effet, l’utilisation des TIC divise aussi l’humanité en deux par les compétences qu’elles requièrent et il est bon de les rappeler:

traitement parallèle de l’information. Les utilisateurs de TIC que nous sommes doivent en effet gérer en même temps quatre couches: la machine (ordinateur, téléphone, …), le système d’exploitation, l’accès Internet et les logiciels.

raisonnement inductif (ou abductif): à chaque moment, les utilisateurs de TIC peuvent être amenés à évaluer des situations et à formuler des hypothèses sur des bugs qui apparaissent. Le jeu vidéo constitue une excellente formation dans ce domaine.

capacité à faire de la maintenance aussi bien dans le domaine du hardware que dans celui du software.

La lecture de ces compétences peut rappeller certainement à chacun de nous des situations vécues soit par nous-mêmes, soit par des proches. De nombreuses personnes se sentent lâchées par les TIC et pour beaucoup d’entre elles, c’est un aveu difficile à faire.

Jacques Perriault a aussi évoqué le savoir qui est disponible en ligne. Son terrain est celui du e-learning, qui a suscité de grands espoirs, mais n’a pas tenu ses promesses. Le chercheur constate en effet qu’aujourd’hui les organisations fabriquent en interne de la formation continue, ce qui peut se comprendre, du moment que de nombreux savoirs sont vus comme exclusifs. Ce qui se développe en revanche sur Internet (et souvent en open source), ce sont des plateformes e-learning qui permettent d’ouvrir des classes virtuelles.
Il semble que les usages qui se sont développés dans le domaine du e-learning ne soient pas ceux qui étaient attendus, comme l’apprentissage à l’écran. Jacques Perriault s’est occupé d’une institution nationale française d’enseignement à distance qui voyait ses utilisateurs disparaître sitôt inscrits. En effet, ce qui attirait les gens, ce n’était pas l’offre d’enseignement, mais la possibilité d’évaluation des compétences qui était offerte par ce système. Il semble aussi que pour les personnes inscrites dans des formations à distance, ce sont les possibilités de communication qui sont les plus importantes (classe virtuelle, chat, yahoo group, voire rencontres dans le monde réel).
De nombreux contenus ont été déjà produits, mais en l’absence de standards, ils sont difficiles à retrouver. La France a mis au point un programme destiné à retrouver ces offres dispersées un peu partout. L’important maintenant est d’indexer ces offres, c’est-à-dire d’appliquer à chacune les mêmes descriptifs (méta-données). Un standard est en discussion à l’ISO. En attendant, on peut utiliser le LOM (Learning Object Metadata). Si chaque objet d’enseignement est décrit de la même manière, cela donne de meilleures chances de les retrouver.
Jacques Perriault a aussi relevé l’aspect protéiforme de l’accès à ces connaissances. Hier, on parlait de portails d’accès. Aujourd’hui, ce sont les moteurs de recherche (Google en premier), les blogs, les RSS, les revues en ligne, qui constituent les portes d’entrée au savoir en ligne. Il faut aussi s’interroger sur la nature de ces savoirs: on trouve certes des cours sur des matières académiques, mais aussi toutes sortes de tutoriaux et de présentations sur des sujets douteux. Comment faire? L’exemple des sites sur la santé est très éclairant: en Suisse, il existe un label pour les sites dont le contenu est considéré comme fiable.
Pour terminer son exposé, Jacques Perriault a donné quelques pistes d’action pour oeuvrer à un développement des TIC. Selon lui, il faudrait:

promouvoir la notion de bien public informationnel, un bien dont le responsable garantit l’accès et la durabilité.

acter de nouvelles formes de production et d’accès au savoir. Actuellement, le savoir en ligne est parallèle à celui qui est dispensé dans les salles de cours. Le prendre en compte supposerait, par exemple, un ré-aménagement de l’architecture des campus, avec moins de salles de cours et plus de salles de travails avec accès en ligne.

intensifier la politique de normalisation des formats afin de faciliter les échanges de savoirs en ligne. La mise en place de standards internationaux est essentielle.

promouvoir une culture du traitement de l’information. C’est fondamental. Pour l’instant, la formation à l’outil informatique se borne à l’utilisation pure et simple des machines et des logiciels, mais elle ne prend pas du tout en compte la culture de la société de l’information.

Jacques Perriault n’appartient pas à la catégorie des optimistes de la société de l’information. Il est conscient aussi bien des problèmes que des avantages que les TIC apportent à notre société. Il y voit autant de défis que l’humanité aura à relever dans les prochaines années.

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Culture

Dédale

L’histoire de Dédale et Icare sera à l’honneur demain au Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN), dans le cadre de la Journée internationale des musées. Elle constitue en effet le fil rouge de l’expositon « Figures de l’artifice ». Mais elle se marque aussi dans la géographie méditerranéenne. Autre moyen de suivre le fil, grâce à une carte interactive où les principales étapes de l’histoire sont décrites sur le lieu même de l’action.

http://www.tinymap.net/Tn9EwZJrNHz/

Grâce au site tinymap.net, chacun peut aisément publier un itinéraire, réel ou fictif, l’annoter puis le partager. Il est même possible d’extraire, à partir du site, un fichier KML qui permettra de lire l’itinéraire directement dans Google Earth.

http://www.tinymap.net

Le MEN a du reste réalisé une exposition en ligne à partir de celle qu’on peut visiter dans ses murs, sous la forme d’un site Flash. Cette exposition interactive reste relativement fidèle à l’exposition en dur.

http://www.men.ch/figures_artifice/index.html

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Bibliothèque virtuelle Culture Tendances

100’000 livres numérisés

La Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCU) vient d’annoncer son partenariat avec Google, pour la numérisation de 100’000 ouvrages entrés dans le domaine public. Ces ouvrages sont, d’après le communiqué, en plusieurs langues. Nul doute cependant que cette action aura pour effet d’augmenter l’offre en français de Google Book.

En effet, la France a choisi de faire cavalier seul. Le serveur de la Bibliothèque nationale française, Gallica, qui fut un pionnier en matière de numérisation, peine à présenter une offre satisfaisant aux critères actuels: de nombreux documents sont numérisés en mode image et ne permettent pas de recherches internes aux ouvrages. On peut tout à fait offrir des ouvrages sans autoriser la copie du texte, tout en laissant le moteur de rechercher fouiller le contenu. Quant à la bibliothèque virtuelle européenne, Europeana, il est peut-être encore trop tôt pour juger son contenu hétéroclite. L’opposition française au projet de Google semble un peu aller à contre-courant des tendances. Une immense bibliothèque numérique est en train de se constituer. Même les éditeurs peuvent y participer: le moteur recherche dans le livre, sans donner la possibilité de le lire entièrement. En définitive, c’est l’utilisateur, donc nous, qui en profite.
Quoi qu’il en soit des projets européens, le partenariat entre Google et la BCU donnera aussi une place à la littérature romande dans le monde numérique.

http://www.unil.ch/Jahia/site/bcu/cache … Param=news

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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel Science Trouvaille

Ancienne correspondance

Le fort romain de Vindolanda se trouve près de Chesterholm, au Royaume-Uni. On y a retrouvé nombreuses tablettes de bois, écrites par des soldats romains en garnison. L’Université d’Oxford a développé une présentation de l’ensemble de cette collection de tablettes, avec image, transcription, traduction et commentaire. Plus de 450 document sont ainsi disponibles en ligne. Chaque image peut être agrandie. Elle est en noir/blanc, ce qui est un bon choix, car cela offre un bon constraste améliorant la lecture. Il est possible de chercher les différentes tablettes selon des thèmes: militaire, santé, famille, etc…

Ces présentations de tablettes s’adressent avant tout à des chercheurs ou à des étudiants. Pourtant les initiateurs du site n’ont pas oublié le grand public. Le contexte de découverte de ces objets est très bien décrit dans ce site et une exposition virtuelle a été mise en place. Elle permet de découvrir le site et son histoire. Pour ceux qui veulent s’essayer à la lecture des textes, quelques pages leur donnent des informations concernant les poids, mesures, dates, monnaies, etc. de l’époque romaine.
Seul regret: une mise en page un peu austère rend ce site moins attractif auprès des jeunes. Le site date en effet un peu (il date de 2003!) et mériterait un rafraîchissement. Mais le contenu est bien là!

Vindolanda Tablets Online http://vindolanda.csad.ox.ac.uk/

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Madame la Doyenne,

se pourrait-il que les paroles citées par l’Uniscope aient franchi trop rapidement la barrière de vos dents?

Wikipedia, c’est à mon sens le comble de l’aberration d’internet. Cela laisse croire qu’il est facile d’obtenir des informations et, pire encore, que toutes les connaissances se valent.

Loin de moi l’idée de défendre la qualité de l’encyclopédie en ligne, que j’utilise pourtant quotidiennement. J’en connais les défauts, mais elle constitue tout de même une porte d’entrée sur le savoir en ligne. J’aimerais cependant voulu vous rendre attentive au fait qu’il est peu constructif de critiquer Wikipédia, du moment que vous pouvez vous-même contribuer à sa qualité. Vous pourriez aussi encourager vos étudiants à y contribuer, lors de leurs travaux de séminaire ou de la rédaction de leur mémoire, plutôt que d’y recopier de l’information.
Wikipédia n’est que l’un des très nombreux exemples de cette nouvelle philosophie collaborative dans la diffusion de l’information: wikis sur un thème spécialisé, projets de traduction collaborative, partage d’images, bibliothèques digitales… On pourrait appeler cela le retour à l’esprit des bâtisseurs de cathédrale.


Source : Free Online Photos, http://patrick.verdier.free.fr/

Il est probable que nous ne soyons qu’au début d’un processus dont le terme est encore bien difficile à dessiner. Mais plutôt que de créer des barrières entre cette connaissance ouverte (open, c’est-à-dire libre de droit et créée en collaboration) et les connaissances savantes, mieux vaut y participer en connaissance de cause. Les chercheurs devraient suivre l’exemple des informaticiens. En effet, le mouvement open source a su créer des produits performants et qui s’adaptent constamment. Si vous lisez cette note sur Firefox, vous en aurez la démonstration.
Je vois deux problèmes principaux dans la situation actuelle. L’université doit faire un effort pour appréhender les enjeux du Web 2.0 et montrer à ses étudiants comment tirer parti de ces technologies de l’information. En effet, bien des outils peuvent faciliter les projets des jeunes chercheurs. Il m’arrive moi-même d’en conseiller certains.
Le second problème est celui de la signature. Les projets de partage des connaissances sont par essence collaboratifs. Ils n’ont pas de véritables auteurs, comme l’Iliade et l’Odyssée (c’est mon opinion du moins). Le monde actuel de la recherche est totalement orienté, dans ses évaluations, par le comptage des citations des livres et articles des scientifiques. Il n’y a malheureusement aucun intérêt, pour les universitaires, à participer à Wikipédia ou à d’autres projets dans lesquels leurs noms sont pseudonymisés. Les responsables de la politique de la science et de la recherche devraient aussi prendre en compte cette problématique: la philosophie de la diffusion de la connaissance change profondément. Les gens ont tendance à commencer leurs recherches sur Internet, avant d’aller à la bibliothèque. Entre un livre dans le domaine public (donc ancien), mais téléchargeable et un ouvrage qui se trouve dans une bibliothèque, le choix est vite fait. Il faut donc encourager les gens à mettre leurs résultats sur le Net et à valoriser aussi (et surtout) ce qui est publié en ligne.
Permettez-moi d’ajouter une remarque sur les Sciences de l’Antiquité que j’ai moi-même aussi étudiées. Vous comme moi, nous savons bien où en est ce domaine. Paradoxalement, alors qu’il recule dans les Académies, il intéresse toujours autant le grand public. Le Web constitue probablement l’une de ses planches de salut et il est essentiel que des contenus de bonne qualité soient accessibles. J’ai souvent dit à mes anciens collègues que j’étais disponible pour tout projet Internet dans ce domaine, mais on a toujours invoqué le manque de temps comme excuse. N’en ayant pas trop moi-même, je veux bien le croire. C’est pourquoi je considère que l’amélioration des contenus de Wikipédia au détour d’une lecture, cela ne prend pas beaucoup d’énergie, mais c’est déjà un petit pas qui est fait dans la bonne direction.
J’espère que vous comprenez l’esprit de cette note, qui ne se veut pas polémique, mais plutôt l’amorce d’un débat constructif.

http://www.unil.ch/unicom/page6523_fr.html

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Bibliothèque virtuelle Culture Livre Science

Hypercésar

En écrivant son ouvrage sur la guerre des Gaules, César ne voulait pas seulement laisser une trace dans l’histoire. Il avait des vues sur le pouvoir à Rome et, à travers ce livre, il édifie sa propagande personnelle. Loin d’en faire un récit autobiographique, il parle de lui à la 3ème personne. Cela ne trahit pourtant pas une fausse modestie. César est bien le héros principal de son livre. Si la lecture de l’ouvrage ne laisse guère de doute sur ce point, l’analyse statistique de son vocabulaire vient le confirmer. En effet, après ce qu’on appelle les mots outils (conjonctions, pronoms, etc.), le terme caesar est le plus souvent cité dans le texte de la guerre des Gaules.

Depuis longtemps, les philologues ont effectué de tels comptages. L’informatique les a soulagés de travaux fastidieux, en mettant à disposition des logiciels d’analyse lexicale. Mais maintenant, cette information se trouve au bout de votre souris. La bibliothèque virtuelle Intratext met en effet à disposition du public plus de 6800 textes digitalisés. Sa particularité, par rapport à d’autres bibliothèques numériques, est d’offrir en plus des outils d’analyse lexicale. On peut en effet avoir la fréquence de chaque mot (donc le lexique complet de l’oeuvre étudiée), la fréquence des termes, le lexique inversé, la longueur des mots et quelques indices comme le nombre d’occurence, le nombre de mots, la moyenne d’apparition des occurences, le nombre de lettres du mot le plus long, etc.
Cette remarquable bibliothèque virtuelle, basée sur des principes technologiques adéquats (XML), est due à un réseau d’institutions dont certaines sont religieuses. Elle offre des textes religieux, philosophiques, littéraires et scientifiques dans une trentaine de langues. Fait remarquable, elle est totalement accessible aux personnes atteintes d’un handicap visuel.

http://www.intratext.com/

A noter que la société Eulogos, qui assure la partie technologique, a aussi digitalisé des textes munis des mêmes fonctionnalités sur le site du Vatican, dont le fameux Catéchisme de l’Eglise catholique.

http://www.vatican.va/archive/index_it.htm

http://www.eulogos.net/

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Culture Musée virtuel Second Life

Les musées et le Web

La conférence « Museums and the Web 2007 » vient de se terminer à San Francisco. Divers spécialistes du monde entier y ont traité des façons d’exploiter les possibilités d’Internet dans le domaine de la muséographie: blog, podcasts, imagerie, video, gestion de contenus, …. Parmi les présentations, deux au moins montraient les potentialités de Second Life.

Les musées de Second Life

Paul Marty, Michael Twidale, Richard Urban (USA), A Second Life for Your Museum: 3D Multi-User Virtual Environments and Museums

Cette étude présente la situation actuelle. Ses auteurs ont fait une recension des musées existants dans Second Life et présentent les plus aboutis. Ils ont aussi mené quelques entretiens avec des curateurs, qui montrent par exemple l’importance de l’animation et de l’interaction avec les visiteurs.

Interactivité

Doherty Paul (USA),Creating Interactive Content and Community in Second Life

Dans cette présentation, l’auteur montre à travers quelques exemples comment on peut créer de l’interactivité dans Second Life. Il montre notamment l’exemple de l’Exploratorium de San Francisco qui a construit diverses simulations d’éclipse solaire.

Second Life constitue un outil très intéressant pour les muséographes. Il permet de créer des objets et de les animer. Les avatars peuvent se promener dans les lieux créés par eux et interagir avec ces animations. Il est peut-être même possible de faire faire à un avatar une action que son pendant dans le monde réel hésiterait à faire. J’ai récemment sauté du haut d’une tour en parachute, ce que je ne tenterais pas ailleurs que dans Second Life… (Austria Island).

Bien entendu, Second Life a ses limites, bien connues. La limitation du nombre d’objets par surface en est une. Les perturbations générées par la présence d’une nombreuse assistance (40 personnes environ) peuvent aller jusqu’à faire « crasher » un sim entier et interrompre brutalement un événement ou une visite. Néanmoins nous continuons à penser que c’est un excellent lieu d’expérimentation.

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Culture Musée virtuel Science

Le mystère des Pyramides

Le Web 3D a un bel avenir devant lui, notamment à cause de sa puissance explicative. On dit souvent qu’une image vaut cent mots. Que vaut alors un univers virtuel en 3 dimensions, dans lequel on peut se mouvoir et que l’on peut explorer dans ses moindre recoins? Il remplace certainement un livre rempli d’explications et de schémas compliqués. De nombreuses théories ont déjà été émises sur la construction de la grande pyramide, remplissant quelques rayonnages de bibliothèques. Celle de l’architecte Jean-Pierre Houdin a eu recours aux plus récentes technologies 3D, autant pour son élaboration que pour sa présentation. En effet, l’architecte a pu simuler diverses méthodes de construction et d’organisation du travail dans le chantier de la Grande pyramide, mais ses conclusions peuvent être visualisées sur Internet, grâce à une application en ligne permettant de visiter le monument lors de différentes phases de construction.

Impossible de relater ici l’ensemble de cette théorie. Un des détails intéressants est cependant celui de la mise en place du sommet de la pyramide, pièce elle-même de forme pyramidale. On s’est toujours demandé comment cette partie avait été hissée au sommet de l’ensemble. Selon Houdin, elle a été posée sur la pyramide en construction, une fois la chambre du roi achevée. Elle a été élevée d’une degré, chaque fois qu’une nouvelle assise était mise en place, grâce à un système de trépan.

Les images de la création de la pyramide sont très impressionnantes (surtout si l’on dispose d’une bonne machine). Elles nécessitent l’installation d’un plug in. Mais le réalisme prenant de telles démonstration rend plus difficile la critique. On a tendance à les prendre pour argent comptant. Comme le rappelle un archéologue sur son blog, seules des investigations sur le monument permettront de les valider.

http://khufu.3ds.com/introduction/fr/

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Culture Musée virtuel

Le modèle de l’iceberg

Plus j’avance dans mes réflexions, plus je constate qu’il faut développer des solutions intégrées. Les solutions toutes faites n’existent pas et finalement il faut chaque fois se demander comment il est possible de virtualiser un musée, une collection, une thématique.

Monde réel/monde virtuel

Un musée de brique et de ciment ne s’oppose pas de manière si radicale à un musée virtuel. Les grands musées se déployent de manière évidente dans le monde réel, en ouvrant des succursales (comme le Louvre), en créant des expositions qui voyagent ensuite ou en prêtant des objets. Ces grands musées se sont naturellement virtualisés en créant des offres attractives sur Internet. Le meilleur exemple à mentionner est peut-être celui du Tate, un musée national anglais sur quatre sites, qui a mis l’entier de sa collection en ligne (objets non exposés compris).

http://www.tate.org.uk/

De l’autre côté, un projet muséal virtuel n’exclut pas forcément les actions dans le monde réel, comme des manifestations ou des expositions itinérantes.

Le modèle de l’iceberg

Si on s’en tient aux offres numériques en ligne, il n’y a pas de recette toute faite. On ne peut pas affirmer que Second Life est une meilleure solution qu’une banque de données en ligne ou qu’un site Web. De plus, Internet est rempli de sites contenant des données extraordinaires, mais sans aucun souci de valorisation. Il faut savoir que la plupart des gens, une banque de données en ligne est difficile à utiliser, car elle suppose de savoir à l’avance ce qu’on cherche.
En fait, il faut imaginer un projet de musée virtuel comme un iceberg. L’iceberg a une partie visible toute petite. Cette pointe peut être constituée d’une offre particulièrement attractive, attirant un public large. Il peut s’agit d’un site Web (bien fait), d’une exposition virtuelle interactive ou même d’une île sur Second Life. Cette offre constitue une porte d’entrée sur une autre, plus riche. Cette seconde offre, la partie large immergée de l’iceberg, ne concernera plus qu’une partie du public, cherchant un approfondissement: étudiants, enseignants, chercheurs, passionnés, … Elle peut elle-même déboucher sur une troisième couche de données, beaucoup plus brutes qui sont recherchées uniquement par des spécialistes. C’est la partie basse l’iceberg, celle qu’on atteint qu’en plongeant en eaux profondes.
La force des solutions numériques en ligne est justement de donner l’accès à l’ensemble des information et permettre des passages entre les diverses couches, destinées à des publics différents.

En fait, ce ne sont pas les musées qui se virtualisent, mais les informations qu’ils recèlent. Une fois ces informations numérisées et publiées en ligne, elles font partie d’un ensemble plus vaste, le musée virtuel total, qu’il est possible d’exploiter grâce à divers outils, comme les moteurs de recherche. Cela permet aussi de mettre en parallèle plus facilement des oeuvres ou des objets provenant de musées différents et d’actualiser des collections virtuelles.

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Eparpillement

Je lisais un essai intitulé Une presse sans Gutenberg écrit par Jean-François Fogel et Bruno Patino. Ces deux auteurs montrent comment la presse sur Internet évolue vers un éparpillement, un émiettement des nouvelles qui sont alors réunies au gré des algorithmes intégrés dans les sites les plus divers: moteurs de recherche ou flux d’actualités qu’on retrouve dans de nombreuses applications. Bien des informations que je trouve me tombent sous les yeux un peu par hasard, par exemple dans le flux qui défile au-dessus de ma boîte à mails Gmail. Je ne dois qu’au fait que je suis à la recherche d’informations sur certains sujets d’être capable de leur donner un cadre. Mais pour beaucoup d’internautes, il s’agit d’une avalanche d’informations, sans tri et surtout sans priorité. Et c’est vrai que la juxtaposition de certaines informations est parfois risible.
Je ne suis pas certaine de devoir regretter complètement cette situation. Les internautes que nous sommes devront apprendre à faire leur propre tri dans toute cette masse, avec leurs propres critères. On en revient à la théorie de la longue traîne. Pourquoi seul un choix serré d’informations serait-il diffusé massivement comme c’est le cas avec la presse traditionnelle? Finalement tout n’intéresse pas tout le monde. On peut aussi plus facilement échapper aux sujets massue comme les grands rendez-vous sportifs, quand on n’est pas passionné.

Mais quand on transpose cette idée à l’art ou à la culture, la perspective devient tout autre. Contrairement à l’information virtualisée, le musée virtuel a été pensé bien avant Internet. On connaît des tentatives anciennes déjà de dépasser le musée de brique et de ciment ou la collection finie.
Ces tentatives font en principe appel à des substituts de l’original. Le « museo cartaneo » (musée de papier) de Cassiano dal Pozzo en constitue un exemple intéressant . Ce dernier, aristocrate et intellectuel romain qui a vécu entre 1588 et 1657, a réuni et fait réalisé une collection d’environ 7000 aquarelles, dessins, imprimés. C’est probablement la plus importante tentative de réunir le savoir humain sous forme visuelle avant l’invention de la photographie : l’histoire de l’art, l’archéologie, la botanique, la géologie, l’ornithologie et la zoologie y sont documentées.
Les musées des moulages en sont un autre exemple. Ils réunissent des substituts sous forme de copies de plâtre. Prenons un cas concret pour comprendre le but et l’utilité de ces musées. Le décor du Parthénon est dispersé dans plusieurs musées dont le Louvre à Paris, le British Museum à Londres, le Musée d’archéologie de Palerme et, bien entendu, le musée de l’Acropole à Athènes. Ce dernier contient des copies de la plupart des métopes et des frontons. Mais l’ensemble du décor sculpté a été réuni, sous forme de copies en plâtre, à la Skulpturhalle de Bâle.
Mais c’est Malraux qui a vraiment pensé le concept de musée virtuel en le situant dans notre imaginaire. Au cours de notre existence et de nos expériences (voyages, lectures), nous accueillons dans notre mémoire (avec l’aide de support comme les photos parfois) un musée immense, mais virtuel. Ce musée, nous pouvons l’appeler à chaque instant, l’actualiser, l’augmenter, nous y promener, le faire partager à d’autres ou s’organiser de petite expositions temporaires personnelles.
Mais Internet nous livre des outils permettant de faire la même chose: il contient une immense collection d’oeuvre et d’objets. Il offre des possibilités de réunir des petites collections issues de la grande collection, grâce aux moteurs de recherche (généralistes ou spécialisés). Il autorise la réunion d’ensemble dispersés, comme toutes les oeuvres d’un peintre (nous avons donné l’exemple de la réunion de l’oeuvre de Picasso), d’une école, d’une période. Les sources les plus diverses nourrrissent ce musée virtuel: les musées eux-mêmes bien entendu, les universitaires, les passionnés, sans oublier les nombreux visiteurs de musées qui, après avoir visité le Louvre ou le Prado, téléchargent leurs images sur Flickr.com. Le musée virtuel est là, sous nos yeux. Il permet de dépasser ces cloisons artificielles que sont les collections muséales, issues de divers hasards. Il autorise chacun à créer son propre musée, à être son propre curateur. Dans l’art ou la culture, plus qu’ailleurs, les goûts sont divers. Chacun trouvera dans ce musée sans conservateur officiel ce qui satisfait son goût, sans devoir subir le jugement ou le choix d’institution. Cela permettra de confronter les oeuvres et les styles les plus divers, ouvrant peut-être la voie à une nouvelle compréhension de l’art ou de la culture. Gaudeamus igitur!