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Revue de presse Science Usages

Campus virtuel

L’Hebdo du 26 octobre 2006 annonce la fin du Campus Virtuel Suisse. Ce programme ne sera plus financé à l’avenir:

Campus virtuel Un enterrement à 175 millions
Accessible dans les archives pour les abonnés.
Pour les autres, se passer de l’article et se rendre directement sur le site du Campus virtuel suisse: http://www.virtualcampus.ch/

Notre commentaire: nous conseillons la lecture de l’ouvrage de Jacques Perriault, L’accès au savoir en ligne*, qui montre bien comment l’univers du e-learning s’est fourvoyé. On y trouve des exemples de ce que cet auteur appelle l’effet diligence, à savoir la transposition d’une ancienne technologie dans une nouvelle, sans en utiliser réellement les potentialités. Ainsi on met un manuel en ligne et on pense avoir créé un site d’apprentissage à distance!
Les processus d’enseignement sont difficiles à reproduire uniquement par le truchement d’applications électroniques en ligne. Les humains ont besoin de contacts, soit avec un enseignant, soit avec d’autres étudiants. L’avenir appartient certainement à des formes hybrides d’apprentissage, mêlant cours en classe, exercices en ligne et surtout mise à disposition des ressources sur Internet. C’est dans ce dernier domaine que les potentialités sont les plus grandes: les étudiants trouvent l’ensemble de la documentation sur un site et n’ont pas à courir après des photocopies. Aujourdh’hui déjà, Internet offre des masses de documents: classiques de la littérature, oeuvres d’art, etc. On peut y ajouter des bibliographies, des glossaires, des FAQ, etc… Plutôt que de faire des photocopies, les assistants des professeurs d’Université créeront des petits sites de ressources réservées aux participants aux séminaires!
Quant au Web 2.0, il offre des fonctionnalités dont on pourrait tirer parti dans le domaine de l’enseignement à distance: folksomonie, communautés virtuelles, outils collaboratifs, etc… Malgré le retrait du financement public, la porte de la créativité n’est pas fermée dans ce domaine, loin de là!

* Jacques Perriault, L’accès au savoir en ligne, Odile Jacob, Paris, 2002

A lire dans le même journal:

Profession blogueur d’entreprise
http://www.nouvo.ch/h-229 (repris dans l’Hebdo)

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Culture Science Usages

L’arbre de la connaissance

On s’est passablement ému cet été d’un article paru dans la revue scientifique Science, qui publiait une étude menée dans 34 pays sur la croyance de la population dans l’origine animale de l’homme. 39 % des Américains n’y croient pas, mais aussi 28 % des Suisses, alors que dans un trio de pays scandinaves, seuls 8 à 13 % des sondés rejettent cette idée*. Quel phénomène accuser : la montée des fondamentalismes religieux de tous bords ou des lacunes dans les systèmes éducatifs ?
Si on se penche sur cette dernière possibilité, on peut se demander comment les connaissances passent du monde académique où elles sont élaborées jusque que dans le grand public et dans les cerveaux de nos chères têtes blondes. Vaste thème, impossible à développer ici. Bornons à constater, sur Internet, qu’il existe de nombreuses ressources permettant de s’informer sur des sujets scientifiques. Parmi toutes ces initiatives, on peut en relever qui concerne justement le domaine de l’évolution des espèces : Tree of Life Web Project**.

Ce site permet de suivre toutes les branches de l’arbre de l’évolution des espèces, qu’il s’agisse des mammifères, des dinosaures, des plantes ou des champignons. Ces branches sont illustrées par des photographies et commentées. L’intérêt de cet arbre, c’est qu’il est continuellement construit par une communauté de scientifiques et de passionnés de biologie. Le projet a aussi des ramifications dans le monde de l’éducation, puisque des classes peuvent s’inscrire au programme et y contribuer. Les photographies sont également versées dans le système par des gens du monde entier. C’est un projet généreux, car ouvert à des personnes en dehors du monde académique, et dont le but est vraiment la diffusion des connaissances, à travers un modèle collaboratif typique du Web 2.0.
Allez donc vous promenez dans les ramifications de la vie. Vous constaterez qu’il y a beaucoup plus d’espèces éteintes que vivantes et, avec un peu de chance, vous tomberez peut-être sur … vous-mêmes.

Merci à Thierry pour son aide amicale et virtuelle

* Public Acceptance of Evolution, Miller et al., Science 11 August 2006: 765-766
Résumé en français dans un quotidien suisse romand: http://www.24heures.ch/vqhome/archives_ … singe.html

** http://www.tolweb.org/tree/

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Culture Musée virtuel Science

Le grand frisson

L’Exploratorium de San Francisco, un des plus grands musées des sciences du monde, a organisé un événement d’un type particulier: il s’agissait de faire vivre à un public présent dans le musée, mais aussi à la communauté des internautes le grand frisson provoquée découverte scientifique, et cela en direct. Le musée a choisi une expérience d’un type particulier, alliant technologie de pointe et science ancienne: la mise au jour du texte caché d’un palimpseste, dont l’auteur n’est autre qu’Archimède.
Un palimpseste est une forme de récupération: au Moyen-Âge, le support de l’écriture, le manuscrit en peau de bête, était très cher. Il arrivait donc que l’on gratte consciencieusement un manuscrit pour y écrire un nouveau texte. Bien entendu, on a déjà pu lire ce qui avait été inscrit dans les palimpsestes connus, mais les techniques actuelles permettent de recréer une image numérique d’une page de palimpseste, contenant le texte le plus ancien. L’image est d’une telle qualité, qu’elle permet de bonnes conditions de lecture.
La lecture du texte ancien se fait grâce aux rayons X, qui permettent de mettre en évidence certains composants chimiques. C’est ainsi que le texte ancien peut réapparaître. Le manuscrit a donc été installé dans un scanner, dans un laboratoire de l’Université de Standford, le Standford Synchrotron Radiation Laboratory (SSRL).


Credit: Archimedes Palimpsest Project

Le processus de scannage pouvait être admiré à distance par les personnes présentes dans le musée et par les internautés, invités aussi à poser des questions par email. Une fois le scannage terminé, le public a pu découvrir les premières images du premier texte du palimpseste qu’un scientifique améliorait sur son ordinateur.
Il est toujours possible de revivre cette expérience. Le site du musée a archivé le webcast (d’une durée d’une heure environ) et donne l’adresse d’un site où il est possible de voir le texte découvert et qui offre de nombreuses informations sur le manuscrit.

Exploratorium de San Francisco: http://www.exploratorium.edu/

Podcast: http://www.exploratorium.edu/archimedes/index.html

Site sur le palimpseste: http://www.archimedespalimpsest.org/

Article décrivant la technique utilisée: http://www2.slac.stanford.edu/tip/2005/ … imedes.htm

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Culture Livre Science Tendances

Le peuple des connecteurs

Internet change le monde. Il manquait un livre pour exprimer la radicalité des modifications induites par le Web et l’informatique, mais il est paru cette année. Intitulé « Le peuple des connecteurs », il est dû à la plume de Thierry Crouzet, auteur de nombreux ouvrages sur l’informatique et Internet.
Le livre se veut un peu l’évangile des connecteurs, c’est-à-dire des personnes qui forment un réseau (et qui en sont conscients en jouant le jeu de ce réseau), notamment au moyen d’Internet. Il se présente sous la forme d’un « décalogue ». Ses commandements, au nombre de 12, semblent exprimer le contraire du bon sens : le premier nie bien sûr tout statut de loi aux conseils que donne le livre (ne pas obéir). Les autres tentent de remettre en question les idées reçues de notre société : ne pas voter, ne pas légiférer (mais laisser l’auto-organisation se mettre en place), ne pas étudier (pour ne pas subir les cadres trop rigides du système académique), ne pas promettre (parce que c’est tout simplement illusoire), ne pas manifester (mais agir dans son coin en pensant à la globalité), ne pas compliquer, ne pas travailler (mais être un indépendant pour qui le travail est aussi un plaisir), ne pas rationaliser (et remettre Descartes en boîte), ne pas croire, ne pas mourir et enfin ne pas provoquer. Tout au long de ses développements, l’auteur fait découvrir à son lecteur les origines d’Internet, de l’informatique, les domaines de la science permettant de comprendre le développement fulgurant du Web : cybernétique, sciences des systèmes complexes, de l’auto-organisation, du chaos, des réseaux, etc… Il évoque des figures scientifiques de première importance comme Wiener, von Neumann, Turing et bien d’autres, sans oublier des auteurs de science-fiction dont la prescience ne cessera de nous étonner. Il nous emmène dans un voyage intellectuel fascinant. Il présente, par exemple, dans le chapitre 6, un courant de pensée qui, partant des automates cellulaires produisant des motifs extrêmement complexes à partir de règles très simples, essaie de montrer que le monde s’est peut-être développé de la même manière, à partir de règles de base simples. Ainsi, « quand la simplicité engendre la complexité – comme c’est sans doute le cas dans la nature-, la seule approche descriptive est la simulation. » (p. 189). L’ordinateur n’est plus seulement un outil de travail et de communication, il devient un laboratoire permettant de connaître le monde. Mais si un programme informatique peut simuler un monde aussi complexe que le nôtre, alors nous sommes peut-être nous-mêmes dans une simulation. Des philosophes s’interrogent très sérieusement et posent d’une manière très subtile la question un peu grossièrement traitée dans Matrix*. L’ouvrage se termine en montrant les prolongements que la technologie peut apporter à la vie humaine et ceux qui croient à cette idée. C’est peut-être le chapitre de trop, le transhumanisme (c’est ainsi qu’on appelle ce mouvement) ayant des relents un peu sulfureux (comme le reconnaît du reste l’auteur).
Comme les livres qui brossent des paysages intellectuels, ce livre a quelques défauts. Nous avions évoqué la question de la pomme empoisonnée de Turing qui pourrait être ou non celle du constructeur d’ordinateur Apple. Une petite erreur aisément vérifiable. Parfois l’auteur prend des raccourcis un peu vertigineux, en tout cas pour ceux qui ne sont pas habitués à la lecture d’ouvrages scientifiques. Cependant l’ouvrage a des mérites plus grands et nous fait prendre conscience de la profondeur des changements que connaît notre époque et de la place de plus en plus grande que l’informatique prendra, non seulement comme domaine technique, mais également comme paradigme. Si nous voulons prolonger ces questions, nous ne pouvons qu’en appeler au développement d’une philosophie de l’informatique. Ce n’est donc pas un hasard total si Thierry Crouzet est l’un des invités du 2ème festival de philosophie, le week-end**.

* http://www.nickbostrom.com/

** http://www.festivalphilosophie.info/

http://www.tcrouzet.com/

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Science Usages

La suite sur www…

Hier j’ai assisté à une avant-première du film consacré à la croisade écologique menée par Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis (sous Clinton) et candidat malheureux à la présidence contre G. Bush (mais ayant tout de même obtenu plus de voix que lui). Depuis son échec électoral, Al Gore parcourt les Etats-Unis, et même le monde, pour présenter la problématique du réchauffement climatique. Précisons qu’il ne s’agit pas d’une reconversion, mais d’un combat qu’il menait déjà avant de devenir co-listier de Bill Clinton.
Son show est remarquable du point de vue de la communication et pourrait même devenir un cas d’école. Il mêle de façon subtile résultats scientifiques et souvenirs personnels. Il présente des images choc (comme celles des inondations en Suisse de l’été dernier ou de nos glaciers qui se réduisent comme peau de chagrin). C’est un peu « Le réchauffement climatique pour les nuls » (avec tout le respect que l’on doit à cette collection), mais dont les conséquences doivent être prises avec le plus grand sérieux. Je suis sortie de cette projection avec le sentiment que, si je vis le nombre d’années que me promet l’espérance de vie, je pourrais encore être le témoin de profonds et soudains changements climatiques.
Bien entendu, quand on voit un pareil film, on a envie d’en savoir plus, de rester en contact. Les initiateurs du film y ont songé, puisqu’ils mettent dans le générique de fin l’adresse d’un site Internet:

http://www.climatecrisis.net

En rentrant chez moi, je me suis précipitée sur mon ordinateur. J’ai tapé l’adresse de mémoire et là, je suis un peu restée sur ma fin. J’avais imaginé un site communautaire, dynamique, dans la philosophie du Web 2.0. Déception! Il s’agit d’un site classique de promotion, avec un calculateur permettant d’évaluer ses dépenses énergétiques, des liens vers des initiatives pour stopper le réchauffement climatique et quelques conseils pour vivre de manière plus écologique, sans oublier la présentation du livre accompagnant le film. Le site lui-même n’est guère optimal du point de vue de son ergonomie. Je trouve un peu dommage qu’après un show aussi bien pensé du point de vue de la communication, Al Gore et son équipe n’essaient pas de traduire leurs idées dans le monde virtuel. C’est d’autant plus dommage qu’en tant que vice-président des Etats-Unis, Al Gore s’était vu confier le chantier des autoroutes de l’information. Encore un des méfaits de l’effet diligence !

ALLEZ VOIR LE FILM !

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Culture Général Science

Rêverie sur un thème encyclopédique

Nous revenons sur la note consacrée au texte visionnaire d’H.G.Wells émettant l’idée d’une encyclopédie permanente mondiale, véritable préfiguration de Wikipédia. En effet, ce texte a été publié dans l’Encyclopédie française, dont la parution a débuté à la fin des années 30. En voici donc la version française:

http://www.be-virtual.ch/download/brainworld.pdf

Le texte de H.G. Wells pourrait être commenté à l’infini. Nous avons déjà vu quelques uns de ses aspects dans la note susmentionnée. Nous allons en évoquer un autre maintenant.
Ce texte se termine sur une note que l’on peut qualifier d’utopique: selon l’auteur, cette encyclopédie permanente mondiale devrait apporter la paix dans le monde. L’existence de Wikipédia, là, sous nos yeux, hic et nunc, montre qu’il n’en est rien. On sait que certains articles sont eux-mêmes devenus des champs de bataille au point que ses responsables ont dû instaurer des statuts de protection et de semi-protection*. Il faut savoir qu’Internet est un système qui n’a pas de valeur morale intrinsèque. Il est ouvert à tous et l’idéologie qui y règne attache une grande importance à la liberté d’expression, au risque de tolérer l’intolérable. On y trouve, à côté de publications scientifiques et de musées en ligne, des sites fondamentalistes de tous bords. Il permet à des communautés de se réunir autour d’idées « border line ».
En revanche, l’idée d’unification des esprits qui pourrait surgir du projet d’encyclopédie permanente mondiale est plus intéressante. En effet, la coexistence d’une masse aussi importante de connaissances ainsi que la facilité d’y accéder ne peut être sans conséquences dans le devenir d’une civilisation. Cela donne la possibilité de confronter/synthétiser les connaissances acquises par l’humanité et, peut-être, d’en faire jailler un sens nouveau. L’évolution de notre société est, de ce point de vue, imprévisible, mais l’issue la plus improbable en est certainement l’absence de conséquences.

*
Wikipédia: Page protégée; liste des pages protégées
Wikipédia: Page semi-protégée; liste des pages semi-protégées

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Culture Général Science

H.G. Wells visionnaire

Les auteurs de science-fiction constituent des cas un peu à part dans la littérature. Souvent eux-mêmes de formation scientifique, ils réfléchissent au devenir de l’humanité et notamment à ses rapports avec les progrès de la science et de la technologie. Parfois ils ont des intuitions fondamentales. Ainsi en est-il avec Asimov et son éthique des relations hommes-robots. De même, Aldous Huxley expose de manière lumineuse la problématique de l’eugénisme.
H.G. Wells s’interrogea sur diverses questions, notamment sur l’arrivée des extraterrestres sur notre planète dans «La Guerre des Mondes». L’humanité n’a pas encore eu l’occasion d’éprouver ces réflexions, mais à voir les nombreuses versions de cette histoire au cinéma, nul doute que son ouvrage constitue une des bases de réflexion dans son domaine. En effet, il évoque un problème qui se poserait de manière certaine dans une telle situation : le danger bactériologique auquel sera soumis toute créature venant d’ailleurs. En effet, les extra-terrestres de Wells succombent rapidement au choc que constitue le contact avec les milliards de milliards de virus et de bactéries de notre planète, auxquels nous sommes plus ou moins accoutumés après des millions d’années de vie commune.


H.G.Wells

Juste avant la deuxième Guerre mondiale, H.G.Wells fut invité par les éditeurs de l’Encyclopédie française* pour écrire un texte. Sa contribution porte sur l’idée d’une encyclopédie mondiale permanente (Permanent World Encyclopedia). Il a aussi publié ce texte dans un recueil intitulé « World Brain », consacré à l’éducation et à la connaissance. Et son texte s’avère visionnaire, tant du point de vue de l’idée qu’il se fait de la connaissance que de la solution proposée. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une préfiguration de l’Encyclopédie en ligne Wikipédia.
Il commence par relever l’élitisme des anciennes encyclopédies, écrites « for gentlemen by gentlemen ». Les encyclopédies du 19ème, venant elles-mêmes des modèles du 18ème siècle issus des Lumières (Encyclopédie Diderot et d’Alembert par exemple), ne correspondent plus à l’augmentation des connaissances ni à celle du nombre d’humains à la recherche d’informations. Enfin, toujours selon Wells, ces encyclopédies ne suivent pas les progrès techniques, comme la radio ou la reproduction photographique. L’auteur ajoute à ces remarques le rôle des universités et écoles de tous degrés qui ne se préoccupent pas de la gestion et de la diffusion de ces connaissances en dehors de leurs cercles**.
Wells propose alors la création d’un organisme mondial, dont la responsabilité serait de collecter, indexer, résumer et diffuser le savoir, sous la forme d’une « permanent world encyclopedia ». Il faudrait bien sûr un grand nombre de personnes pour maintenir à jour cette encyclopédie. Wells accorde dans son projet une grande importance à l’indexation : indexer tout ce savoir permettra de l’ordonner et surtout de le retrouver. Notre auteur vivait à une époque où l’ordinateur n’existait pas et pouvait encore difficilement être pensé. Il imagine donc cette encyclopédie avec les moyens de son temps, notamment les microfilms. Mais son but est de rendre l’ensemble de la mémoire humaine accessible à chacun, ce qui constituerait un «cerveau de l’humanité entière» (all-human cerebrum), permettant la synthèse du savoir humain.
Bien des décennies plus tard, Wikipédia voit le jour, correspondant en tout point à ce projet. L’informatique et Internet semblent constituer des technologies particulièrement bien adaptées pour ce projet. Internet est basé sur une philosophie collaborative et ce sont ses utilisateurs qui travaillent sans relâche à l’amélioration de Wikipédia et de tous les autres projets analogues.
L’idée même de réunir les connaissances de l’humanité est bien plus ancienne. L’un des plus anciens projets qui vont dans ce sens est sans doute celui de la Bibliothèque d’Alexandrie et de toutes les bibliothèques qui fleurirent à l’époque hellénistique. Les Encyclopédies des Lumières participent aussi de cette volonté. Mais Internet constitue un outil performant non seulement pour la réunion, mais aussi pour la diffusion des connaissances. Il offre aussi la possibilité d’effectuer des recherches à travers cette masse d’informations.
L’intelligence humaine ne peut s’exercer que sur une masse importante de connaissance. De tout temps, l’humain a accumulé le savoir. Les auteurs de science-fiction mentionnés au départ de cet article semblaient en être conscient : c’est à travers une Fondation censée rédiger l’ « Encyclopedia galactica » qu’Asimov pense pouvoir raccourcir la période des temps obscurs qui ont cours entre deux civilisations brillantes. Le « Meilleur des Mondes » d’Huxley est dépourvu de livres et c’est un être élevé en-dehors de cet univers et qui a lu Shakespeare qui y sème le trouble. Ce mouvement qui se déroule sous nos yeux et qui vise à conduire le maximum de connaissances vers Internet a sans doute des enjeux de civilisation considérable que nous avons de la peine à percevoir. Mais nous pouvons être d’accord avec un fait sous-jacent à la pensée de Wells et de bien d’autres auteurs : le partage des connaissances est sans doute une bonne chose pour l’humanité et va à l’encontre de tout obscurantisme.

* L’Encyclopédie française était une encyclopédie française conçue par Anatole de Monzie et Lucien Febvre, parue entre 1935 et 1966.

Détail des volumes

* I. L’Outillage mental. Pensée, langage, mathématique.
* II. La physique.
* III. Le Ciel et la Terre.
* IV. La vie.
* V. Les êtres vivants.
* VI. L’être humain.
* VII. Espèce humaine.
* VIII. La vie mentale.
* IX. L’univers economique et social.
* X. L’état moderne, amenagement et crise.
* XI. La vie internationale.
* XII. Chimie. Science et industries.
* XIII. Industrie. Agriculture.
* XIV. La civilisation quotidienne.
* XV. Education et instruction.
* XVI. Arts et Littératures dans la société contemporaine:
Materiaux et Techniques.
* XVII. Arts et Littératures dans la société contemporaine:
Oeuvres et Interpretations.
* XVIII. La Civilisation écrite.
* XIX. Philosophie. Religion.
* XX. Le monde en devenir (histoire, évolution, prospective).

** on ne relèvera jamais assez combien la vulgarisation scientifique a mauvaise presse dans les Universités. Elle est d’ailleurs le plus souvent du ressort de journalistes scientifiques, même si l’on peut relever quelques notables exceptions.

Texte de Wells en anglais:

http://sherlock.berkeley.edu/wells/world_brain.html

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Science Trouvaille Usages

Dissection virtuelle

Mon fils me demande l’air un peu horrifié s’il devra faire des dissections à l’école. Tout le monde se souvient de la scène du film E.T. où le pauvre Eliott doit découper une grenouille et met la classe sens dessous, sous l’influence – à distance – de son ami extraterrestre. Mais cela fait désormais partie du passé. Il est possible maintenant de faire découvrir à nos bambins l’intérieur des souris et batraciens, sans sacrifier inutilement la vie de ces petites bêtes. Grâce à la photo numérique et à l’informatique, la dissection virtuelle est désormais de mise. Il existe plusieurs sites où il est possible de découvrir les entrailles d’animaux. Voici notamment une démonstration en ligne d’un logiciel disponible sur CD-ROM :

Froguts
On peut commencer la dissection d’une grenouille, y observer un calamar ou analyser le contenu d’une pelote de déjection d’un rapace. Ainsi, plus de panique avant les cours de biologie !


Copie d’écran de l’application Frogust

Qu’en est-il de l’anatomie humaine ?

Si le docteur Tulp, représenté sur la célèbre toile de Rembrandt « La leçon d’anatomie » en train de disséquer un bras humain, revenait nous visiter, il comprendrait bien qu’il a d’autres possibilités pour montrer comment fonctionne le corps humain.

L’Homme visible

Aux Etats-Unis, un condamné à mort de 37 a décidé de faire don de son corps à la science. Après son exécution, son cadavre a donc été plongé dans une sorte de gelée puis congelé. Il a ensuite été coupé en 1800 tranches de 1mm. Chaque tranche a été photographiée. Ces images sont disponibles en format numérique. Ce projet a reçu le nom d’Homme visible. Une femme de 59 ans qui avait fait également don de son corps à la science a eu le même traitement et est devenu la Femme visible.

La Bibliothèque nationale de médecine des Etat-Unis est dépositaire des images de l’Homme et de la Femme visible. Elle les met à disposition, contre un payement relativement modeste (2000$ pour les demandes provenant hors d’Amérique du Nord), à ceux qui ont des projets médicaux ou éducatifs. On trouve ainsi sur Internet plusieurs sites permettant de visualiser ces deux corps :
http://www.nlm.nih.gov/research/visible … human.html

Sur ce site, il suffit de choisir la hauteur de la tranche que l’on veut voir.

Visible Human Male Browser
http://www.uchsc.edu/sm/chs/browse/browse_m.html

Ces deux applications Java autorisent l’utilisateur à choisir une tranche sur le corps, mais une tranche qui ne corresponde pas forcément à la coupe horizontale qui a été opérée. En effet, le corps a été comme « virtualisé » et il est possible de visualiser des « tranches » en biais ou en horizontal.

http://www.dhpc.adelaide.edu.au/project … Human.html
http://www.barrodale.com/grid_Demo/Grid … pplet.html


Coupe du cerveau de la Femme visible


Coupe au niveau du thorax de l’Homme visible

Enfin il existe aussi des vidéos permettant de « voyager » à travers ces corps.

http://collab.nlm.nih.gov/webcastsandvi … ideos.html

Ces images ressemblent assez peu à nos planches anatomiques et ne sont toujours simples à interpréter quand on n’est pas médecin. Mais autant de précision donne des possibilités immenses à l’ère de l’informatique. Ainsi une équipe est en train d’animer l’Homme visible :
http://www.caip.rutgers.edu/~ksen/work/ … efault.htm

Etrange trajectoire de ce condamné à mort, tranché, numérisé qui revient sous la forme d’une créature virtuelle.

Contrairement à la dissection in vivo, qui ne se pratique qu’une seule fois sur un corps, la dissection virtuelle telle qu’elle est conçue dans le projet de l’Homme visible peut ouvrir sur de multiples projets pour mieux faire découvrir et connaître le corps humain.

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Ingenieux!!!!

Vous avez toujours rêvé de créer une exposition ? Mais l’occasion ne s’est jamais présentée ? Qu’importe. Internet vous en donne la possibilité. Parmi les sites où votre souhait peut devenir réalité, Ingenious offre une collection virtuelle intéressante, à partir de laquelle vous pourrez exprimer votre créativité. Sa thématique, très riche, est cependant limitée aux domaines de l’histoire des techniques, de la technologie et de la science.

Ingenious
http://www.ingenious.org.uk/

En effet, il réunit une importante collection numérisée de photographies, soit 30’000 images provenant de trois musées britanniques:

Science Museum
http://www.sciencemuseum.org.uk/

National Railway Museum
http://www.nrm.org.uk/

National Museum of Photography, Film & Television
http://www.nmpft.org.uk/

Le site se compose de quatre sections:

– READ: contient des articles sur les domaines les plus divers de la science et de la technologie
– DEBATE: donne la possibilité de discuter de questions concernant la science et la technologie
– SEE: permet de naviguer dans la collection des images, classées thématiquement
– CREATE: cette partie constitue le point essentiel du site, car elle permet à l’internaute de créer sa propre exposition virtuelle, de stocker les liens vers les pages du site qui l’intéresse, vers ses contributions aux débats et vers ses recherches effectuées

Ingenious est un site très intéressant pour des enseignants qui veulent illustrer des cours sur des domaines techniques ainsi que pour leurs élèves ou étudiants qui doivent préparer un exposé.

Comment créer son exposition en ligne ?

La première étape consiste à faire un choix parmi les images disponibles, en utilisant bien sûr le moteur de recherche. L’interface de création de l’exposition virtuelle se trouve dans la section CREATE. On choisit d’abord les images que l’on souhaite intégrer. On peut choisir laquelle sera sur la page d’entrée et qui accompagnera le titre de l’exposition. Il est possible de déterminer l’ordre des images et chacune d’elles, d’intégrer un titre et un commentaire. Une fois l’exposition créée, il est possible d’en envoyer le lien par e-mail à ses amis, ses connaissances ou de le mettre sur une page Internet.

Voir ma petite exposition en ligne sur Apple:

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