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Faut-il des escaliers dans Second Life?

Quand on se promène dans Second Life, on est toujours frappé de constater à quel point ce qu’on voit ressemble au monde réel: les maisons y ont les formes identiques aux nôtres. Elles recèlent des cheminées, des canapées et même des escaliers.


Tutorial expliquant la création des escaliers dans Ivory Tower

Cela a-t-il du sens? Les architectes virtuels savent bien qu’un escalier est coûteux en primitifs, ces briques de base permettant la création dans Second Life et dont la quantité pour une certaine surface est limitée. Il serait, par exemple, inconcevable de créer une maison à partir de briques. Il est nécessaire de monter une bâtisse à partir d’éléments plus messifs et, pour donner l’illusion des briques, on aura recourt à des textures. Mais il ne s’agit là que d’une raison technique, qui a d’ailleurs poussé de nombreux constructeurs à remplacer les escaliers par des rampes, analogues à celles que nous mettons en place pour les personnes en chaise roulante, mais parfois avec une pente vertigineuse. On voit même de simples planches obliques. Le créateur s’en tire avec un ou deux primitifs.


Dans le Musée du Capitole, une texture donne même l’illusion des marches

Si la problématique de la limitation du nombre de primitifs pour une surface donnée est importante, elle n’est pas pour autant fondamentale pour répondre à notre question de départ: faut-il construire des escaliers dans Second Life. L’essentiel tient dans les possibilités des avatars, notamment dans le domaine des déplacements. Ces derniers étant capables de voler, il n’est pas nécessaire de reprendre un élément de notre monde réel imaginé spécifiquement pour permettre les déplacements dans les zones construites et urbaines et cela dès l’âge du Bronze. Dans les villes les plus anciennes, les archéologues nous le disent, on se déplaçait d’une maison à l’autre par les toits. L’avatar peut voler dans Second Life, mais son vol est souvent entravé par d’innombrables éléments provenant de l’architecture du monde réél: portes étroites, arches, etc… Mais les architectes virtuels prennent conscience de cette question, à force de passer une partie de leur vie dans un monde de pixels. Ils se sont inspirés probablement d’un concept popularisé par la série de science-fiction Star Trek: la téléportation. On voit donc, parallèlement à tous ces escaliers et toutes ces rampes, des ascenseurs ou de simples boutons permettant de se déplacer d’un endroit à l’autre, que ce soit en horizontal ou en vertical.


Porte Holodeck

Et en discutant ce soir avec deux de mes concitoyennes de Colonia Nova, j’ai appris que le must dans Second Life, c’est de résider dans une sky-box, entendez par là une maison construite dans le ciel, au-dessus de la parcelle dont on est propriétaire, et d’y pénétrer uniquement par téléportation. Avis aux innombrables possesseurs de cottages et autres cabanes de plage…

Ce magnifique exemple de l’effet diligence montre bien que Second Life, et l’univers virtuel en 3D plus généralement, n’est pas encore arrivé à maturité et que son langage est à inventer.

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Second Life

Paparazzi d’occasion dans Second Life …

Cela commence par une visite à la galerie de Bellinda, une artiste français dans RL, très inspirée par le pop art.

Son art constite à créer le contenu de petites boîtes imaginaires. Couleurs très vives, une imagination inspirée par les jouets, le monde de l’enfance.

http://www.bbellinda.com/

Puis téléportation jusqu’au point de rencontre de la Romandie, la BCV Island. L’île comporte un grand rocher, en forme de pain de sucre et le bâtiment de la Banque cantonale vaudoise virtuelle se détache subtilement du paysage. Fait d’éléments aux textures bleues et vertes transparentes, c’est une réussite dans le domaine de l’architecture virtuelle.

L’accueil est convivial. Le rez-de-chaussé est consacré à la présentation de la banque. Quant à l’étage supérieur, il constitue le musée. On peut y découvrir des oeuvres provenant de la collection de la BCV, exposées selon une muséographie classique, mais pleine de sérénité. Voilà au moins un exemple où le choix a été fait de présenter une collection sous sa forme numérique.

Pour en savoir plus: http://www.bcv.ch/html/apropos/medias/0 … ur-sl.html (communiqué de la BCV)

Retour à Colonia, pour montrer l’exposition sur les dieux grecs de l’amour à des compatriotes. Quand ce fut l’heure d’aller au lit, j’ai quitté ma maisonnette et j’ai traversé le forum. Et c’est là que je l’ai vu. Oui, ce n’est pas une légende. Les journalistes romands en ont parlé sans jamais le croiser et moi je me retrouve nez à nez avec lui: ADAM REUTERS. On ne résiste pas à la tentation de faire une petite photo.


Adam Reuters sur le Forum de Colonia Nova, se rendant à une conférence dans l’Auditorium.

Pour terminer, déconnection avec, sous les yeux, le magnifique tableau acquis à la galerie de Bellinda.

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La longue traîne

La longue traîne est en passe de devenir le cauchemar de certaines branches commerciales. Elle évoquera sans doute, aux yeux de beaucoup, l’appendice caudale du démon plus que la traîne d’une robe de mariée*.

Qu’est-ce que la longue queue? Il s’agit d’un paradigme développé par Chris Anderson qui s’est penché sur un phénomène intéressant dans le domaine du e-commerce. Des sites comme Amazon développent toutes sortes de fonctionnalités visant à améliorer les ventes de leurs produits. Les possesseurs de compte chez Amazon reçoivent régulièrement des recommandations d’achat. Amazon a aussi donné la possibilité aux internautes d’écrire des critiques des ouvrages directement sur le site (ce qui était auparavant le privilège d’un petit nombre d’individus). Dans ces recommandations, les lecteurs parlent parfois d’autres ouvrages qu’ils ont lu sur le même thème. Ces ouvrages sont presque épuisés ou totalement. Mais grâce à ce système, ils retrouvent un deuxième souffle. Ce phénomène est amplifié grâce à la blogosphère, à tout le buzz qui se fait sur le Net. Les résultats des ventes prennent alors une allure nouvelle: les bestsellers se vendent moins alors que de très nombreux produits. La répartition des ventes prend la forme de la traîne d’une robe de mariée.


La robe de mariée de la princesse Diana mesurait environ 12 m

Cette répartition a des conséquences sur les gains réalisés par les vendeurs (et indirectement par les créateurs): les grandes ventes rapportent moins et de très nombreux produits amènent des revenus faibles. De là à penser que bientôt commerçants et auteurs tireront le diable par la queue, il n’y a qu’un pas…
Ce modèle, issue de l’observation de la vente de livres, semble se répandre dans les domaines les plus divers, ainsi qu’on a pu le constater lors de la dernière journée de Lift07. La musique avait été évoquée le matin. Lors de la discussion finale, Thierry Crouzet a montré comment ce même phénomène se retrouve dans les élections présidentielles françaises: il y a plus de candidats, donc plus de choix. Chaque candidat accumule un nombre plus faible de voix, si l’on compare avec des élections plus anciennes. Mais cette répartition n’est pas égale: elle prend la forme d’une traîne.


Thierry Crouzet montrant la longue traîne des élections de 2002
(Voir la note consacrée au Cinquième pouvoir)

Mais on trouverait certainement ce même modèle dans le domaine de la photographie. En effet, grâce à la technologie du numérique, le nombre de photographes qui publient des photos sur Internet a considérablement, répartissant autrement les revenus tirés de cet art. A titre d’exemple, on peut mentionner le site JPG. Il est possible d’y déposer des photos numériques. Les internautes votent pour les images qui leur plaisent le plus. Les 100 photos qui récoltent le plus de suffrage ont le droit d’être imprimé dans le magazine sur papier qui sort régulièrement. Le phénomène de la photo numérique est si massif que le musée de l’Elysée, à Lausanne, a décidé d’y consacrer une exposition: « Tous photographes ».

http://jpgmag.com/

http://www.elysee.ch/

De nouveaux modèles économiques doivent être trouvés. Deux sociétés, l’une dans la vidéo (http://portal.vpod.tv/), l’autre dans la musique (http://www.magnatune.com/) ont présenté le leur: les gains sont partagés 50%/5’% avec les auteurs. A voir si suffisamment de gens pourront en vivre. Dans ce domaine, l’heure est à l’exploration.

La longue traîne dans le domaine culturel?

Dans le domaine de la culture, notamment celle qui est déjà dans le domaine publique, le bénéfice serait énorme. Non pas en espèces sonnantes et trébuchantes, mais en reconnaissance. En effet, si les contenus culturels (littérature, poésie, peinture, objets archéologiques,etc…) étaient massivement mis en ligne, de nombreuses oeuvres tombées dans l’oubli trouveraient elles aussi une seconde existence. Mais cela suppose deux conditions:

– l’augmentation de l’offre par des encouragements à la numérisation

– des outils de valorisation permettant à des internautes de mettre en valeur ce patrimoine numérisé: systèmes d’édition de galeries virtuelles, blogs commentant les oeuvres, etc…

Les commentateurs ou les commissaires d’expositions virtuelles feraient remonter des oeuvres moins connues du grand publie, voire carrément méconnues. Les internautes qui auraient envie de les découvrir pourraient y accéder facilement puisqu’elles sont disponibles sur le Net. Et cela amènerait à la découvrte d’autres oeuvres. Ainsi beaucoup d’internautes consulteraient beaucoup d’oeuvres, même si chaque oeuvre n’arrive qu’à un score modeste. J’ai personnellement fait une expérience similaire en cherchant chez des bouquinistes des anthologies de poésie de la fin du 19ème siècle. Une bonne partie des poètes mentionnés sont oubliés, mais la lecture de leurs textes donnent envie de mieux les découvrir. Le fait qu’ils n’aient pas survécu à un moment donné au filtre des éditeurs ne signifie qu’ils ne méritent pas d’être lus aujourd’hui: les critères changent d’une époque à l’autre.
Ainsi créer les conditions de la longue traîne favoriserait la promotion de la culture (qui est dans le domaine public).

* en français, il y a hésitation entre les deux traductions:

http://www.internetactu.net/?p=5911

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Ecologie de l’information

S’il fallait résumer en une expression ce qu’on a entendu aujourd’hui, lors de la conférence Lift07, on pourrait parler d’écologie de l’information. En effet, l’information est tellement riche, abondante, interconnectée (un peu grâce aux terminaux que nous sommes, aux machines que nous utilisons et au réseau que nous avons mis en place), qu’on commence à percevoir le fonctionnement d’un éco-système Internet.
Plusieurs orateurs ont évoqué le « Social Web », c’est-à-dire la possibilité que nous avons, en tant qu’utilisateurs du système, de tisser des relations. Nous pouvons rencontrer d’autres êtres, partager avec eux nos goûts, nos idées, collaborer à des projets à la manière des bâtisseurs de cathédrales.
Non seulement, des orateurs nous présentaient leurs idées théoriques sur le réseau social d’Internet, mais en même temps on le voyait à l’oeuvre. Environ deux tiers des personnes avaient leur lap top allumé et grâce au wifi, elles ont pu communiquer avec d’autres personnes qui se trouvaient ailleurs, par mail ou messages instantanés. Cependant lors de deux exposés, on a clairement vu les nez se montrer au-dessus des écrans. Tout le monde s’est intéressé à l’exposé de Soeur Judith qui n’est autre que la responsable du site Internet du Vatican. Elle a expliqué l’importance que l’église accordait au potentiel social d’Internet et elle a présenté un site d’apprentissage à distance destiné aux jeunes.

Quant à Sugata Mitra, il a réellement impressionné l’auditoire en montrant comment des enfants, en Inde, pouvaient apprendre de manière autonome (grâce à l’auto-organisation) l’utilisation d’un ordinateur, d’Internet ou même l’acquisition de rudiments d’anglais.

Il a en effet mené des expériences en installant dans des villages éloignés dépourvus d’écoles ou avec des enseignants non formés à l’informatique, des bornes avec un ordinateur. Au bout de quelques heures, des enfants avaient appris à utiliser l’ordinateur et montraient aux autres comment faire. Il a même mentionné un exemple intéressant: ayant installé un ordinateur avec des CD-ROM dans un village, il y est retourné après plusieurs mois. Il a posé des questions aux enfants qui lui ont répondu qu’il leur faudrait une machine avec un processeur plus puissant. Il leur a alors demandé comment ils savaient cela. Les enfants ont expliqué que, comme le matériel était en anglais, ils avaient un peu appris cette langue et, munis de ces connaissances, ils ont trouvé d’autres informations sur Internet concernant les ordinateurs. Voilà qui démontre en tout cas que le cerveau humain reste le meilleur processeur, surtout en groupe.
Si on parle d’écologie de l’information, c’est aussi parce que cette information commence à se répandre non seulement dans le réseau d’ordinateurs qu’est Internet, mais aussi dans le reste du monde. En effet, de plus en plus d’objets sont connectés avec le Net. On appelle cela l’Internet des objets. Il y a de nombreuses applications pratiques à l’installation de puces connectées au réseau. Actuellement, l’ordinateur est la meilleure manière de s’y connecter, mais ce ne sera pas toujours le cas. Adam Greensfield a créé pour en parler le terme d’everyware (comme hardware, software). Cet Internet des objets a de lourdes conséquences pour l’humanité. En effet, si dans beaucoup de cas l’utilisateur sera conscient qu’il effectue une transaction via Internet grâce à un objet plutôt qu’un ordinateur (pour payer un voyage en train par exemple), il arrivera aussi que cette liaison se fasse à son insu. Selon Adam Greensfield, il est grand temps de se pencher sur cette problématique. Bonne nouvelle, il a annoncé que son livre (portant le titre « Everyware » en anglais) sortira en traduction française en avril.
Et puisqu’on parle d’écologie, Julian Bleecker a évoqué la dépense en énergie que supposait le maintien d’un Internet ubiquiste, disponible en tout temps et en tout lieu. Le coût en énergie d’un avatar dans Second Life est de 1752 KW par an, alors qu’une personne de chair et d’os en dépense 2436. La différence n’est pas si grande et on comprend, par cet exemple éloquent, ce que coûte le maintien d’un réseau informatique disponible en tout lieu et en tout temps.

http://www.liftconference.com

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Lift07: workshop sur SL

La première journée de la conférence Lift07 était consacrée aux workshops proposés par les participants eux-mêmes. Deux de ces workshops avaient pour thème Second Life. Le premier (proposée par l’auteur de ce blog) était centré sur les activités culturelles de Second Life. Outre les réflexions sur les musées, le théâtre et la musique ont été évoqués. Ensuite la discussion s’est portée sur des questions fondamentales.

Second Life est un bon exemple de l’effet diligence. La plupart des créations qu’on y voit sont inspirées de la vie réelle, de même que le comportement des avatars qui souhaitent avoir un toit, des meubles et de beaux vêtements, sans compter divers artefacts comme des véhicules ou des machines à café (un must dans un endroit ouvert au public).


Une institution de la vie réelle reprise dans SL: le mariage
(Crédit: Linden Lab)

Cela revient à dire qu’une culture spécifique à Second Life (ou à tout univers virtuel 3D) doit encore émerger. Les creatifs qui construisent des projets dans SL doivent se poser constamment la question: suis-je en train de mimer le monde réel? Est-ce que je tire parti des potentialités de l’univers dans lequel je suis? On peut en effet se demander si à créer des galeries de photographies ou de reproductions de tableaux anciens dans SL a un sens. Hier soir encore je délirais avec un résident sur l’idée de développer des « pose balls » permettant de faire vivre à un avatar ou a un groupe d’avatars les danses extatiques des Bacchantes antiques. J’ai aussi reçu de la part d’un visiteur un cheval volant, Pégase, que mon avatar peut chevaucher dans le ciel de Colonia Nova. Voilà assurément des expériences impossibles à vivre dans la vie réelle. Mais je reste persuadée qu’il faudra encore du temps pour s’affranchir de l’influence de la vie réelle et de créer un univers virtuel 3D avec ses propres codes.
L’accent a aussi été mis sur l’aspect social de Second Life. En effet, on y rencontre des personnes, des liens se tissent, des collaborations naissent. Des communautés virtuelles sont actives et parviennent à faire aboutir des projets comme la création de simulators.
Second Life requière un équipement récent et un réseau puissant. De ce fait, il n’est pas forcément accessible à tous. Lors de l’atelier de l’après-midi, des participants ont aussi fait observer que SL n’était pas « user-friendly ». De fait, il est réservé à une élite possédant hardware et compétences. Il faut veiller à ce que l’imposition du paradigme Web 3D dont SL est la préfiguration ne vienne accentuer la fracture numérique que de nombreuses politiques publiques tendent à gommer.


Accès à SL: avec quelles ressources?

Par rapport à un site Internet, SL est un univers plus intuitif. L’utilisateur s’y déplace avec le corps de son avatar et vit des expériences à travers lui. Pour l’instant, seuls le clavier et la souris peuvent diriger ses mouvements, mais il est probable que, dans un avenir proche, des dispositifs techniques permettent à l’avatar de reproduire les mouvements de l’utilisateur réel. Une console de jeu munie de cette fonctionnalité vient de sortir : le joueur joue au tennis en tendant le bras et non avec une manette.
Mais la question cruciale reste le statut de SL par rapport à la vie réelle (RL). Est-ce que vivre des expériences, qu’elles soient professionnelles, culturelles ou dans le cadre des loisirs, apporte quelque chose dans la vie réelle ? Ne vaudrait-il pas mieux vivre sa première vie, en allant chez ses amis, dans les musées ou dans des discothèques plutôt que de prolonger le temps passé devant un ordinateur ? Il faut cependant reconnaître que les activités virtuelles ont des implications importantes dans l’existence de ceux qui les vivent. Dans le monde virtuel, les gens se rencontrent. Ils échangent leurs points de vue, mettent sur pied des projets, finissent par se rencontrer dans la vie réelle. SL est aussi un laboratoire. En effet, son statut de simulateur permet de tester toutes sortes de choses : vêtements, voitures, fonctionnements sociaux, etc… On l’a dit souvent ici, en adoptant la définition de Pierre Lévy, virtuel ne s’oppose pas à réel. Le virtuel correspond au potentiel : un ensemble de possibles. Certains de ces possibles s’actualisent et peuvent à nouveau se virtualiser. Il faut être bien conscient que le monde virtuel (qu’il s’agisse d’Internet ou de SL) ne constitue pas un monde à part, mais est la continuation de notre monde, son prolongement. Nous devons donc apprendre à vivre avec. Nous devons l’apprivoiser. Internet ou SL n’ont du reste pas de valeur morale intrinsèque et peuvent être utilisés à bon ou à mauvais escient. Intelligemment ou stupidement. Et c’est à l’utilisateur de faire ses choix.

NB: un second workshop a traité des opportunités commerciales de SL. Voici le lien vers les conclusions des participants:

http://www.arvetica.com/wp-content/uplo … sllift.ppt (12 MB)

Principale conclusion: tous les participants ont considéré que le WWW3D allait se développer, mais personne ne pensait que c’est Second Life serait l’univers 3D qui s’imposerait.

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On a la Seconde vie qu’on mérite

Décidément les journalistes de Suisse romande se sont donné le mot. Hier, le Matin, Fémina, pour la presse écrite, et Mise au Point, pour la télévision, évoquaient Second Life. Après l’annonce tonitruante de la création d’une ambassade suédoise dans Second Life et les entretiens en ligne du WEF avec Adam Reuters, l’avatar de l’agence Reuters, c’était le sujet à traiter… Et les rédactions de lancer leurs envoyés spéciaux dans l’exploration du monde virtuel. Visiblement influencés par ce qu’on a vu et lu ces derniers temps, les trois explorateurs ont foulé les chemins balisés de Second Life: Reuters semble le lieu incontournable, mais pas de mot sur la presse interne de Second Life, pourtant bien présente sous la forme de sites Web bien informés sur la vie de l’univers virtuel.

Deuxième rendez-vous immanquable: les pistes de danse. Comme si Second Life se réduisait au Pont d’Avignon. Et les monsieurs font comme cela… ils font surtout comme le programmeur des « pose balls » a voulu qu’ils fassent. En effet, il faudrait préciser que danser dans Second Life, c’est cliquer sur une balle rose ou bleue qui va dès lors déterminer tous les mouvements des danseurs. Pas de spontanéité donc.
Fabiana Carmona, l’avatar de la journaliste du Fémina, s’étend essentiellement sur les difficultés des premières connexions et se trompe sur quelques points: il est tout à fait possible de se vêtir correctement dans Second Life sans bourse délier. En effet, il existe dans plusieurs endroits des magasins offrant des freebies, c’est-à-dire des lots d’objets gratuits, vêtements ou meubles pour sa maison. En quelques clics, on peut se faire une garde-robe bien étoffée et, pour les nostalgiques des poupées Barbie (dont je suis), on passe des heures à essayer des fringues, des chaussures, des coiffures et même des bijoux. Ensuite il est faux de dire qu’un avatar reste à l’endroit où la déconnection se fait, comme un pantin désarticulé. En fait, il disparaît du regard des avatars connectés, mais réapparaîtra au même endroit lors de sa prochaine connexion. Les avatars qui ressemblent à des pantins désarticulés sont simplement connectés, mais en sommeil, tout comme un ordinateur quand il n’est sollicité pendant quelques minutes.
Barbotine Dingson, avatar de la journaliste du Matin, a mis quelques Linden dollars dans son escarcelle. Ce qui lui a permit de jouer aux joies du shopping virtuel. Mais elle ne comprend pas pourquoi on vend tant d’objets qui lui semblent inutiles: cheveux, bruits, bougies. Pour cela, il faut vivre quelques temps dans Second Life (SL pour les intimes), avoir une maison, des amis et des projets. Dès qu’on a une maison, on veut la meubler. Chacun peut construire des meubles, mais c’est plus simple d’en acheter qui sont déjà faits. Les bougies et les cheminées font partie des éléments qui donnent une touche d’ambiance à un intérieur virtuel. Quant aux bruits, ils servent à animer des objets.
Peterdesalpes a accentué, dans le reportage qui a passé dans Mise au Point, l’aspect économique de Second Life. Bien entendu, il y a du business. On trouve de nombreux biens à acquérir. Mais parallèlement, et comme sur Internet, l’esprit open source se développe. Moi qui ai choisi de vivre ma Seconde vie à Colonia Roma, j’avais vu une magnifique chaise romaine qui me semblait pouvoir orner dignement ma maison située non loin du Forum. Elle coûtait 300 L$. J’avais jugé ce prix excessif. Mais quelques temps plus tard, j’ai trouvé la même chaise pour 1 L$ dans un magasin de type « open source », qui vend des biens qui sont presque tombés dans le domaine public. Et je peux parier que d’ici peu, cette chaise pourrait faire partie d’un lot de freebies.

Pour revenir à la presse romande, relevons que l’envoyé de 20 minutes distille de temps en temps dans son journal (gratuit) des reportages intéressants sur des lieux ou des services originaux de Second Life. Aujourd’hui encore, Aaron Slok nous parle d’un lieu d’accueil pour néophytes francophones, où l’on peut apprendre à créer et s’exercer dans un « bac à sable ».

Effectivement, il est nécessaire d’approfondir un peu Second Life, qui ne se réduit pas à un espace de drague ou à un marché ultra-libéral. Ce n’est qu’un univers 3D parmi d’autres, mais ses particularités sont de n’être pas un jeu (au sens au World of Warcraft en est un) et de n’être constitué que de créations de ses utilisateurs. En effet, à quelques exceptions près, tout ce qu’on voit dans Second Life a été créé par des internautes, qu’il s’agisse de cabanes ou de palais. Les architectes virtuels peuvent exercer leurs talents, avec les seules limites imposées par le système : le nombre de prismes (formes primitives, sphères, cubes, …, servant de briques de base à la construction) pour une certaine surface n’est pas infini. Cela élève la construction de maisons au rang d’art, tant il faut être habile dans l’usage de ses précieux prismes.
Second Life abrite également des projets tous aussi étonnants les uns que les autres. Il y a une vie culturelle très riche : artistes, galeries d’art et musées virtuels y trouvent un terrain favorable (voir notre Guide des musées de Second Life). Des universités sont présentes, de même que des ONG. Il y aussi des expériences dans le domaine de la vie sociale et politique: la communauté dont je fais partie et qui a construit les deux « simulators » de Neufreistadt et de Colonia Nova a choisi de se doter de règles démocratiques pour gérer sa vie et son développement. Au programme: élections et débats.

De fait, beaucoup de lieux très intéressants ont été construits par des communautés virtuelles. C’est le cas, par exemple, de l’ International Spaceflight Museum.
Et puis Second Life, c’est aussi un immense réseau de solidarité : pour peu que l’on ait un projet, on trouvera auprès des autres résidents plus expérimentés les conseils et les connaissances nécessaires pour avancer.
C’est ainsi que, sans réel talent pour la construction en 3D, j’ai pu mettre sur pied, dans ma maison de Colonia Nova (dans la rue qui descend du forum, à droite), une exposition virtuelle consacrée aux dieux de l’amour dans la Grèce antique. Cette exposition se veut un jeu entre la présentation des différents aspects d’Aphrodite et d’Eros et la manière dont l’amour est conçu dans Second Life, c’est-à-dire basé sur des comportements programmés par un informaticien. Ainsi à chaque aspect d’Aphrodite ou d’Eros qui est montré correspond un couple de ces « pose balls ». Ainsi le visiteur ne fait pas qu’apprendre en lisant ou en regardant, mais il peut expérimenter à travers son avatar.

Je ne sais pas quelle réception aura cette exposition. Elle répond à une double nécessité, celle d’une part d’animer Colonia Nova (et de cela, j’en ai beaucoup discuté avec mes « concitoyens ») et, d’autre part, celle de développer un projet personnel dans cet univers virtuel. Je suis en effet persuadée que Second Life ne doit pas être vu comme une simple promenade et un lieu de rencontre. Il permet avant tout de créer. Chaque avatar est pourvu de cette possibilité. On trouve à divers endroits des « tutorials » pour savoir comment s’y prendre. C’est donc avant tout un vaste laboratoire. Une simulation …

Et pour ceux qui veulent en savoir plus, un mode d’emploi de Second Life vient de sortir (en anglais):

Michael Rymaszewski, Wagner James Au, Mark Wallace, Second Life: The Official Guide, Wiley, 2007

J’animerai aussi un atelier consacré aux activités culturelles dans Second Life lors de la conférence Lift 07.

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Politique

Le cinquième pouvoir

2007 est une année électorale autant en France (présidentielle pour ceux qui ne seraient pas au courant) qu’en Suisse (chambres fédérales en automne). L’occasion de faire le point sur l’influence d’Internet dans la politique. Thierry Crouzet, auteur bien connu du Peuple des Connecteurs, vient de sortir un essai consacré à ce thème, un essai attendu, dont il rendait régulièrement compte de l’écriture sur son blog.
Ce livre s’intitule « Le cinquième pouvoir ». Sa thèse principale est qu’après les trois pouvoirs classiques des sociétés démocratiques (censés être clairement séparés), après le quatrième pouvoir constitué par les médias classiques (presse, radio et télévision), un cinquième pouvoir est en train d’émerger, celui du réseau Internet.

Thierry Crouzet commence par retracer des exemples d’influences nettes de la part d’internautes sur des campagnes poliques. Pour les Etats-Unis, il y a bien sûr celui d’Howard Dean, le candidat démocrate aux précédentes primaires. Pour ce qui est de la France, il raconte l’histoire d’Etienne Chouard, un blogueur qui a eu, sans le vouloir, une influence déterminante dans le débat sur la Constitution européenne. Il montre comment des citoyens peuvent s’opposer à des municipalités grâce à des blogs où toutes les « affaires » sont présentées,alors qu’on n’en fait aucun cas dans la presse classique.
Dans la seconde partie, l’auteur explique bien que cette situation n’est possible que parce qu’Internet est un réseau, organisé de manière totalement décentralisée et dont les issues sont imprédictibles. De plus, Internet permet de détourner les médias traditionnels et donne voix au chapitre à ceux qui, d’ordinaire, sont tenus à l’écart. Le réseau peut leur servir alors de caisse de résonnance (jeu de mot cher aux internautes…).
Thierry Crouzet détaille aussi (et nous lui en sommes reconnaissants) la théorie de la longue traîne de Chris Anderson, une théorie intéressante qui montre, dans le domaine du marketing, qu’Internet a changé la donne. En effet, grâce aux possibilités d’accès à l’information (moteurs de recherche, recommandations croisées des magasins en ligne), des produits qui étaient presque oubliés, peu connus, retrouvent une seconde vie. En d’autres termes, alors que dans les commerces classiques l’offre est standardisée, massive et limitée quant au choix, sur Internet, elle met en avant quelques produits phare puis s’étend comme la traîne de la robe de mariée. L’auteur se demande alors si cette théorie peut s’appliquer à la politique. Il constate que le nombre de candidats à une élection a tendance à augmenter. Cependant les institutions actuelles ne sont guère adaptées à cette situation. Quand il y a de nombreux candidats et que seuls deux passent au second tour, il suffit d’un 15% qui n’est pas représentatif. Dans quel sens alors réformer les institutions: proportionnelle, introduction d’un 3ème tour? Ou alors passer à la politique 2.0.
Par cette expression, Thierry Crouzet entend une politique collaborative qui serait basée sur les mêmes principes que le Web 2.0. Mais cette politique 2.0., il peine à la dessiner. Il évoque un exemple qui, tout en étant passionnant (la création de Visa, l’organisation qui gère la carte de crédit du même nom, qui répond à une structure collaborative et qui n’est pas cotée en bourse), ne convainc pas. Le problème de son ouvrage, en effet, c’est l’absence d’analyse. Pour dessiner une politique 2.0. il aurait fallu étudier patiemment les exemples de politique participatives qui existent déjà: Ségolène Royal en a mis en oeuvre, en s’inspirant de pratiques brésiliennes. Il aurait fallu ensuite voir comment ces exercices s’adaptaient au Web ou, plutôt, comment Internet pourrait « booster » la politique participative et quelles seraient les implications de sa mise en oeuvre (accès à Internet pour tous, éducation aux outils électroniques, sécurité des débats, etc…). Le livre un peu écrit dans l’urgence et dont la thèse fondamentale se trouve déjà dans « Le pouvoir des pronétaires » de Joël de Rosnay, laisse un peu sur sa faim, notamment parce qu’il survole son sujet plus qu’il ne le maîtrise. Il n’y a pas de véritable méthode d’approche du phénomène (si ce n’est un enthousiasme communicatif). Fort heureusement, l’auteur attire l’attention (mais peut-être pas suffisamment) sur les dangers du cinquième pouvoir: la dernière campagne présidentielle américaine, qui l’avait totalement intégré, a trouvé dans le Net un vaste espace de dénigrement où il était aisé de faire circuler des rumeurs. Mais Thierry Crouzet fait trop confiance aux internautes, aux connecteurs pour considérer qu’il s’agit d’un problème grave.
Personne ne contesterait sérieusement l’existence de ce cinquième pouvoir. Tout le problème est de savoir comment l’aborder, pour mieux le comprendre. Parmi les pistes présentées par Thierry Crouzet, il en est une qui me paraît très intéressante: les cartographies du Web. Il évoque en effet les travaux de l’Université de Compiègne qui produit des images des réseaux que forment sites sur un thème particulier (en tenant compte des liens qui vont des uns vers les autres), en prenant en compte certains critères comme l’opinion défendue, l’appartenance politique, etc…

http://www.webatlas.fr/
http://www.webatlas.fr/ressources/galer … itique.pdf (carte du non à la Constitution européenne, lors du référendum de 2005)

Malgré les critiques émises plus haut, il faut cependant relever les mérites des livres de Thierry Crouzet. C’est une personnalité dotée d’une belle intuition sur les potentialités d’Internet. Il joue un peu le rôle d’éclaireur. Il a surtout le mérite d’attirer l’attention sur des travaux essentiels à la compréhension du Web publiés moins connus en Francophonie. C’était déjà le cas du Peuple des connecteurs. Enfin, je lui aussi aussi un certain talent de conteur.

http://blog.tcrouzet.com/

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Pratique Usages

Adèle vous explique l’administration en ligne

Le Premier Ministre français, Dominique de Villepin, vient d’annoncer l’ouverture du portail de l’administration en ligne:

http://www.administration24h24.gouv.fr/

Ce portail permet d’accéder aux démarches qu’il est possible d’entreprendre en ligne. Pour l’instant, une cinquantaine sont disponibles, mais plus de 300 sont prévus.

Mais en ligne ou non, les démarches administratives ne sont pas simples. Le plus compliqué est souvent de savoir à qui s’adresser. Les démarches sont donc classées dans des catégories compréhensibles de tous: famille, santé, travail, études, papiers, vie de citoyen, logement, voyages, impôts. Il est aussi possible d’obtenir la liste des démarches correspondant à sa situation personnelle: étudiant, chômeur, agriculteur, etc.

Pour faciliter encore l’accès aux nombreuses offres disponibles, les concepteurs de ce site ont imaginé un guide: Adèle Enligne. Elle a l’air d’une grand-mère. Dans sa maison, les diverses pièces correspondent à des thèmes: famille, travail, vie de citoyen, sorties.

Les divers éléments de la pièces amènent vers des didacticiels permettant de savoir où et comment il est possible d’obtenir un service administratif.

La bibliothèque, par exemple, permet d’arriver vers la Bibliothèque nationale, une bibliothèque publique d’information en ligne, un portail d’information pour la jeunesse ou le droit en ligne. Avant d’avoir le service lui-même, on peut aussi prendre connaissance d’un didacticiel.

Adèle Enligne est aussi l’héroïne de petits films d’animation montrant les méandres des démarches administratives dans les bureaux réels et les avantages de l’administration en ligne.

Il ne suffit pas de mettre en ligne les services administratifs, ni même de les réunir dans le même portail. Encore faut-il guider le citoyens dans les arcanes de ces services, en essayant de parler un langage qu’il comprend et en le mettant en confiance. Tel est le rôle d’Adèle, une sorte de Marianne devenue mère-grand.


D’autres pays disposent de tels portails:

Suisse: http://www.ch.ch/

Grande-Bretagne: http://www.direct.gov.uk/

Singapoure: http://www.ecitizen.gov.sg/

Québec: http://www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun

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Leçon d’anatomie

Votre petiot rentre de l’école et vous annonce qu’il a le week end pour réviser ses cours d’anatomie en vue d’une épreuve. Tous vos souvenirs remontent à la surface: des dizaines de noms d’os, de muscles s’entrechoquent dans votre cerveau et il va falloir vous y remettre. Replacer sans hésiter le fémur, l’astragale ou l’axis, y raccrocher des abducteurs, des biceps d’un air assuré, sous les yeux admiratifs de votre progéniture. Assurément le week end est fichu…

C’est sans compter l’existence d’Interactive Body. Ce site Internet, conçu par la BBC, permet d’apprendre l’anatomie humaine, muscles, os, organes, système nerveux, de manière interactive. Si on se trompe, l’application nous donne un indice.

Le seul ennui, c’est que le contenu est en anglais. Bon! soit il faudra que tout le monde apprenne l’anglais … soit on se bouge pour développer des contenus en français.

http://www.bbc.co.uk/science/humanbody/ … main.shtml

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Histoire du réseau Internet

Hypertexte

Les quatre âges d’Internet

Voici une petite histoire de l’Internet, vue du point de vue de la présentation des contenus. On peut définir quatre périodes dans l’histoire d’Internet. Cette histoire s’étalera sur plusieurs notes dont voici la première, consacrée au paradigme de l’hypertexte.

La préhistoire d’Internet

Passons rapidement sur la préhistoire de ce réseau, que la légende dorée fait remonter à une stratégie de l’armée américaine qui voulait créer un système de communication qu’une guerre nucléaire ne pourrait pas briser. L’armée ne trouvant plus d’intérêt dans ce réseau, il fut proposé aux universités américaines. Pendant longtemps, il ne servit qu’à des échanges entre scientifiques capables de maîtriser les protocoles compliqués en usage alors.

L’histoire même d’Internet commence avec la création du World Wide Web, c’est-à-dire de la possibilité de lier entre elles toutes les pages du réseau, pour peu qu’elles soient en langage HTML, grâce à au protocole HTTP et les adresses du Web, les URL. Cette invention majeure fut le fait de Tim Berners-Lee.

Hypertexte

Le premier Internet était donc un vaste hypertexte, ou système de documents liés entre eux par des hyperliens. L’hypermédia est un système identique, mais qui ne se limite pas aux textes. Il intègre aussi des documents graphiques, audio, vidéo.

Les sites étaient alors de simples pages très longues, avec une navigation intérieure à la page, ou des sites de plusieurs pages avec une navigation très simple (mais fastidieuse à entretenir). Chaque texte était enrichi de liens hypertextes conduisant le plus souvent sur un autre site. En ce temps-là, l’internaute surfait sur le réseau et il était plus le jouet des vagues qu’un marin. Il faudra attendre la mise en place d’éditeurs HTML (avant on créait les sites en écrivant directement du code HTML) et l’automatisation de la gestion des menus, pour qu’on mette en place de véritables sites, avec une navigation efficace.
L’hypertexte a précédé la naissance du WWW. Du Xanadu de Ted nelson, également inventeur du terme hypertexte, à l’Hypercard créé par Apple, de nombreux systèmes permettait de créer des textes dans lesquels des liens mis en évidence permettait d’accéder à un autre document, sans toutefois sortir de l’ordinateur. Sur Internet, l’hypertexte allait pouvoir lier des documents provenant de serveurs répartis dans le monde entier, et créés par des auteurs différents. Cependant l’hypertexte sur Internet a vite atteint ses limites. Un lien ne permet d’accéder qu’un seul autre document. Devant la multiplication exponentielle des sites, il fallait créer des pages de liens. Mais encore fallait-il les entretenir, vérifier régulièrement la validité des liens et en trouver d’autres. Pour aider les internautes à trouver des informations, des annuaires sont apparus. Le plus célèbre d’entre eux était Yahoo.


Annuaire Yahoo, 1997

Parallèlement, on trouvait des annuaires spécialisés dans certains domaines et des pages de liens plus ou moins à jour un peu partout. L’entretien des annuaires et pages de liens était lourd : la vérification des liens proposés prenait du temps et engageait à une certaine responsabilité éditoriale.
Le paradigme de l’hypertexte a disparu dans le domaine de la conception des sites Internet. Actuellement, chaque site est pourvu de sa propre navigation et est vu comme une entité autonome qui ne se réfère à des pages sur d’autres site que lorsque cela présente une certaine pertinence. Les normes actuelles en ergonomie et dans le domaine de l’accessibilité des sites pour les personnes handicapées imposent d’ailleurs un comportement précis en matière de renvoi hypertexte : il faut éviter de mettre un lien au milieu d’un paragraphe, car cela risque de perturber la lecture. Un lien doit être mis sous le paragraphe, au bas de la page ou sur une page spéciale. De plus, l’utilisateur doit clairement savoir s’il quitte le site en cliquant sur le lien, par exemple grâce à un pictogramme (). Dans certains sites, on a même une page intermédiaire d’avertissement. Il est d’usage de faire apparaître les sites liés dans une nouvelle fenêtre.

Renouveau de l’hypertexte

L’esprit de l’hypertexte subsiste néanmoins sur Internet. D’une manière relativement confidentielle tout d’abord, dans des milieux qui cultivent la littérature hypertextuelle. Mais il a surtout retrouvé une seconde jeunesse grâce aux wikis et notamment au projet Wikipédia. Les wikis sont totalement basés sur le concept d’hypertexte. Cependant les renvois se font uniquement au sein de l’encyclopédie. Les liens vers d’autres sites sont toujours confinés au bas de l’article, avec une indication claire. Les problèmes d’entretiens des liens sont réglés par l’organisation collaborative du projet. Comme c’est une communauté virtuelle qui entretient un wiki, les liens sont constamment mis à jour.