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Musée virtuel Second Life

Barbotine Dingson nous rend visite

L’envoyée du Matin dans Second Life, Barbotine Dingson,est venue à Colonia Nova, pour visiter l’exposition « Gods of Love in Ancient Greece ». Vous pouvez lire son reportage (très positif) dans l’édition du Matin du dimanche 11 mars 2007 (p.13, non disponible en ligne).


Arria Perreault et Barbotine Dingson, dos à dos devant le dernier mur de l’expo

Elle mentionne aussi la domus romaine construite par la même Arria Perreault. Pour tous ceux qui n’ont pas (encore) un compte dans Second Life, en voici une vue.


Les textures sont provisoires et peuvent être changées. L’idée est d’intégrer des peintures et des mosaïques selon un thème donné, qui changera de temps en temps.

Bienvenue donc à Colonia Nova

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Art numérique Culture Musée virtuel Second Life

Le ministre français de la culture inaugure aussi dans SL

Le Musée de l’Homme à Paris accueille une exposition dont l’initiative revient à Arts Plus, un collectif d’artistes. Le thème de l’expo est la « Femme héroïque ». Plusieurs créateurs ont imaginé des figures féminines qui pourraient être les héroïnes d’une mythologie moderne. La source d’inspiration semble être la BD des années cinquante présentant des êtres mutants comme Wonderwoman ou les X-men, pourvu(e)s de pouvoirs particuliers.


Crédit: Arts Plus
http://femmesheroiques.wordpress.com/20 … virtuelle/

Grande nouveauté, cette expo a sa jumelle virtuelle, dans Second Life. Le site Internet précise bien qu’il s’agit de la première expérience de ce type (mais Second Life est bien vaste pour s’en assurer).
C’est le ministre français de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, qui est venu par avatar interposé, inaugurer l’exposition. Les responsables du projet m’ont assuré qu’il s’agissait bien de lui, car il est féru de nouvelles technologies, ce qui n’est pas un défaut pour un ministre de la culture.


Le ministre est venu, accompagné de son chien virtuel Diego!

Visitons l’exposition. Elle est sise sur une île presque vide, si ce n’est un grand bâtiment qui, dans le monde réel, serait de verre et de métal, avec des pontons de bois et moult escaliers.


Elle reprend le dispositif et les créations qui se trouvent au Musée de l’Homme.


Mais tout n’est pas encore installé.

Jusque là, rien de bien particulier. On serait bien tenté de parler de simple transposition, voir d’effet diligence. Mais une conversation avec Gordon Lehmann, l’avatar d’un des membres d’Arts Plus, nous fera bien vite changer d’avis. En effet, l’exposition actuelle sera remplacée par une autre qui fera suite à un concours d’avatars. En effet, la communauté des Second Lifer sera invitée à y participer en présentant un avatar qui sera jugé par un jury de personnes compétentes. D’après Gordon Lehmann, les règles seront assez souples, mais il y aura une première sélection. Les personnes choisies pourront travailler sur l’île d’Arts Plus, ce qui explique le vide laissé autour du musée.
Un concours d’avatars est une idée excellente, car cela engendrera des créations propres à Second Life. Si une majorité de résidents ont choisi de garder leur apparence humaine (mais parfois en cédant au vampirisme ou à la mode gothique ou en s’offrant des extravagances vestimentaires), une petite partie a choisi l’originalité. On croise ça et là des avatars d’animaux, qu’il s’agisse de furries (forme animale, mais avec une démarche humaine et une taille normale), des tiny avatars (avatars de forme animale, mais de petite taille: un de mes voisins est un adorable petit lion), mais aussi des robots, des aliens. Le plus étrange qu’il m’a été donnée de voir est un avatar en forme de télévision. J’ai d’abord cru à un objet abandonné, mais comme il se déplaçait, avait un nom et chattait, c’était bien un résident.
Ce que j’attends de ce genre de concours, c’est de démontrer le potentiel de Second Life. Quelques îlots de fantaisie mis à part, on retrouve bien des traits du monde réel, alors que tout (ou presque) y est possible. Les artistes qui participeront nous donneront peut-être des pistes pour en sortir.

http://femmesheroiques.wordpress.com/20 … virtuelle/

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Culture Musée virtuel

Une maison pour les migrants

Le Musée national suisse accueille, dans son site de Zurich, l’exposition « Small Number – Big Impact ». Cette exposition a déjà été présentée à Ellis Island, l’ancien lieu où débarquaient tous les candidats à l’immigration aux USA. Elle a pour thème le destin de certains suisses qui ont quitté notre pays au 19ème siècle et au début du 20ème pour tenter leur chance dans le nouveau monde. Presque chaque famille suisse compte des oncles ou des tantes d’Amérique. Mais certains, comme Louis Chevrolet, ont connu le succès, sinon la fortune. Ils ont en tout cas laissé un nom dans l’histoire. L’exposition parle aussi de tous les autres (Big Number – Small Impact) qui, à l’instar des oncles de mon grand-père, sont partis vivre en Amérique où ils ont connu une vie normale. Traiter ce thème est essentiel de nos jours: les Suisses, quand ils s’interrogent sur les questions des migrants et surtout des émigrants, oublient bien vite que leurs ancêtres ont dû fuir une misère noire pour s’installer qui au Brésil, qui en Argentine, qui en Californie. Pour en témoigner, il y avait jusqu’à présent l’histoire de Nova Friburgo ou le roman Ibibaca. Mais grâce à la Verein Migrationsmuseum (Association Musée de la migration), cela peut devenir plus tangible pour de nombreuses personnes.


http://www.smallnumber.ch/

Cette association poursuit un but précis: ouvrir un musée des migrations. Sur son site Internet, elle décrit ce musée de la manière suivante:

Das Migrationsmuseum wird neben einem erlebnisorientierten, multimedialen und interaktiven Ausstellungsteil auch ein Begegnungszentrum für unterschiedlichste Aktivitäten bieten: Tanz, Theater, Musik, Kino, Performances und Diskussionen, eine Dokumentations- und Publikationsstelle sowie ein Gastronomieteil mit Speisen aus aller Welt.
http://www.migrationsmuseum.ch/

Elle souhaite donc ouvrir un musée de brique et de ciment, situé en un lieu précis de la carte. Loin de nous l’idée de critiquer le thème traité par ce musée. Il est absolument important. En revanche, la forme de ce musée nous laisse songeur.

L’exposition d’Ellis Island appartenait à un projet patroné par Présence suisse. Elle était accompagné d’un site Internet auquel nous avions consacré une note: swissroots.

http://www.swissroots.org
Note: Swissroots

Ce site permettait aux descendants d’émigrants suisses ou aux suisses dont un grand-oncle avait émigré dans le nouveau monde de raconter leurs histoires. Cela permettait de recréer des liens perdus, de mettre en place une communauté virtuelle. C’est peut-être dans cette direction que devrait aller ce futur musée de la migration. Son public-cible est dispersé dans le vaste monde et pour l’atteindre, Internet est le meilleur outil. Un musée virtuel sur Internet peut bien entendu s’accompagner d’expositions itinérantes, sur le modèle de celle qui est présentée actuellement. L’association peut même constituer une collection, qu’elle stocke avec le soin nécessaire et qu’elle utilise pour ses expositions. Ou préférer l’emprunt d’objets à des musées existants et des collectionneurs.

Il existe au Brésil le Musée de la personne, un musée très intéressant dont le but est de rassembler des récits de vie. Il utilise notamment Internet pour collecter ces histoires: chacun peut y verser le récit de son existence, y mettre des photos, des dessins. Certaines des biographies sont consultables sur le site. C’est aussi une piste à suivre pour un musée de la migration, puisque les migrations sont à la fois des mouvements collectifs et des histoires personnelles. De nombreuses personnes ont chez elles des témoignages de migration.

http://www.museudapessoa.com.br/

Ellis Island a aussi un musée et une partie non négligeable de ce musée est en fait une banque de donnée réunissant les noms de toutes les personnes ayant transité par cet endroit, avec accès au fac-similé de la fiche de passager. Ainsi j’ai pu voir quand un de mes arrière-grand oncle avait débarqué, avec combien d’argent et attendu par qui. Ce qui intéresse les descendants de migrants, ce n’est pas de voir un exemplaire pris parmi d’autres d’une de ces fiches d’embarquement dans une vitrine, mais c’est d’avoir accès aux registres numérisés leur permettant de compléter leur histoire de famille.

http://www.ellisisland.org/

On peut aussi songer aux banques de données de photographies, illustrant les conditions dans lesquelles ces hommes et ces femmes ont fait le voyage vers d’autres contrées.

Bref, pour reprendre le titre de l’exposition, un musée de brique et de ciment installé en Suisse n’aurait qu’un Small Impact, alors qu’un musée de nature virtuelle toucherait un Big Number. Mais comme les sites Internet sont moins onéreux que les musées de brique et de ciment, on peut prédire qu’avec un Small Number de ressources, on pourra obtenir un Big Impact auprès des descendants de migrants.

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Second Life

SL Fashion

Difficile de parler de Second Life sans consacrer une fois une note à la mode. D’autant plus que l’achat de vêtements virtuels constitue l’un des péchés mignons (et parfois onéreux) de votre guide Arria Perreault.
La mode est en effet l’une des clés de Second Life. Tout SLifer expérimenté fera la distinction entre un newby (nouvel arrivant) dont les habits semblent « peints » sur la peau, celui qui a déjà su se débrouiller avec les caisses de vêtements gratuites où l’on trouve de tout, et celui qui, enfin, a donné son numéro de carte de crédit à Linden Lab et fait régulièrement les boutiques virtuelles.
Certaines grandes enseignes ont déjà leur magasin dans SL, comme H&M. On y trouve aussi de nombreux créateurs qui utilisent l’univers virtuel pour se lancer. Certains en restent au pixel et ne touchent pas aux aiguilles. D’autres cependant ouvrent leur boutique virtuelle, parallèlement à une enseigne dans le monde réel. C’est le cas de Nyla, une créatrice canadienne, qui travaille à Vancouver et qui s’est déjà un peu fait connaître dans le monde de la mode.
Il y a quelques semaines, je me promenais dans un endroit appelé « Italian Beach » où il y avait une piste de danse et, tout près, des petites boutiques louées à divers créateurs. L’ensemble avait bonne facture, mais j’ai été irrésistiblement attirée par un ensemble de vêtements très originaux. J’ai littéralement craqué pour une robe et un masque faits de plumes de paon. Le genre de vêtements qu’on ne mettra jamais dans la vraie vie, à moins d’être un jour invitée à un événement avec tapis rouge. Mais dans Second Life, toutes les folies sont possibles. Bref, j’ai vidé mon porte-monnaie virtuel et je suis repartie avec la robe et le masque.

Ces vêtements avaient été conçus par Nyla. Grâce à mon achat, elle avait le nom de mon avatar (les achats ne sont pas anonymes dans SL, réfléchissez avant d’acheter certains accessoires!) et elle m’a régulièrement envoyé des nouvelles de ses collections. Hier j’ai reçu l’invitation pour la fête d’ouverture de son nouveau magasin.


House of Nyla, Starax, 192, 42, 30

Le bâtiment est impressionnant et raffiné (raffiné comme dans SL, mais on peut ne pas aimer). L’ensemble de la collection est disponible: larges robes à plumes, chapeaux et coiffes de perles, masques (tout à fait inutiles dans SL, puisqu’on est toujours surmonté par le nom de son avatar, mais combien jolis), chaussures, coiffures.


Certaines pièces existent aussi bien en version pixel qu’en version tissu. Peut-être un moyen de voir si on porte bien le style de la créatrice.


La collection de coiffes de perles n’est pas encore totalement disponible dans SL, mais on peut en obtenir dans la boutique réelle.

Les pièces sont plutôt chères pour SL: comptez 1500 L$* pour une belle robe, alors qu’on trouve facilement des ensembles acceptables entre 200 et 400 L$. Impossible de s’offrir cela en comptant sur les petits jobs de SL. En revanche, si vous avez un ami virtuel qui vous veut du bien, il est possible d’obtenir des bons d’achats cadeau.

* 1$=267L$ (3 mars 2007)

Nyla a aussi un site Internet où il est possible d’admirer sa collection originale.

http://www.houseofnyla.com/

Dans SL, on trouve beaucoup d’habits de tous les jours, mais il y a une certaine tendance pour les vêtements de soirée, ce genre de vêtements pour lesquels on a peu d’occasion. Les bals et les clubs étant légion dans le monde virtuel, il est normal d' »être la plus belle pour aller danser ce soir », comme dit la chanson.

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Second Life

Dans Second Life, les animaux dorment dehors

La dernière mode, dans Second Life, est d’acquérir un animal. Le plus impressionnant est certainement le cheval, utilisé comme moyen de transport.

Dans le domaine des animaux de compagnie, les chiens et les chats arrivent en tête. Tous ces animaux sont animés de certains comportement. Votre chien peut vous suivre dans vos promenades à travers SL. Il aboie quand on le caresse. Mais il ne mord pas.

Le seul problème de ces objets animés est qu’ils sont constitués de nombreux primes, ces briques de base dont tout est fait dans SL. Ces derniers étant limités sur une certaine surface, les objets complexes, constitués de nombreux primes, peuvent excéder les capacités d’une maison (qui elle-même prend pas mal de primes). Par conséquent, si votre cheval Bucéphale est certain de vous attendre sur le chemin, Médor risque aussi de dormir devant la maison. A moins de sacrifier quelques meubles.
Par conséquent, les résidents peuvent faire le choix d’avoir une cabane et un grand jardin qu’ils pourront peupler à loisir de petits animaux sauvages, comme ce charmant raton laveur.

Soyez cependant rassurés. La SPA n’a pas de travail dans SL pour l’instant, car si on a aucun endroit pour loger son animal de compagnie, on peut toujours le laisser au chaud dans son inventaire. D’ailleurs, il faut bien reconnaître que c’est là qu’il est le mieux. En effet, certains animaux abandonnés par un maître qui s’est déconnecté se mettent à leur envoyer des emails à intervalles réguliers.

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Politique Second Life

Sarko Island

Le conseiller technologique de Nicolas Sarkozy, Loïc Le Meur, blogueur de son état, a acquis une île dans Second Life afin de créer une permanence virtuelle de l’UMP.

L’île comprend une salle avec écran de projection, où il est possible de suivre des émissions de télévision. Sans oublier l’inévitable portait géant du candidat.

Un auditorium permet d’organiser des débats. L’endroit manque un peu de conception architecturale, mais ses créateurs tentent tout de même de l’améliorer. La première version offrait aux participants de ridicules pliants de plage, probablement pris dans un magasins d’objets gratuits (freebies).


Source: http://mallox.podemus.com/2007/02/soire … cond-life/

Entretemps, peut-être à cause de la visibilité acquise rapidement par cette île, les pliants de plage ont été remplacés par des bancs bleus flottants.

Bien entendu, les traditionnels objets de campagne ne manquent pas: tee-shirt gratuits et drapeaux sont distribués gratuitement. Quand je suis allée sur l’île, le distributeur ne marchait pas, mais un sympathique membre du staff me les a donnés. Il m’a aussi remis un objet que, d’après lui, peu de gens possèdent: un anneau diffusant des mini-drapeaux de l’UMP. C’est l’objet le plus typique de Second Life et dont on ne retrouve pas l’équivalent dans la vie réelle. Encore que… De retour chez moi, je l’ai essayé devant ma maison.

On peut abandonner cet objet n’importe dans SL et, si personne ne le détruit, il continue à fonctionner. En le regardant, j’ai pensé à un vilain tag. Je crois même me souvenir en avoir vu un du FN dans devant un magasin.

Voilà donc de quoi est faite la campagne virtuelle de Sarkozy! Pas de véritable concept. Pas de création architecturale, alors qu’il existe tant de créateurs dans SL. Un staff composé de types rasés ou aux grands biscotaux. Peut-être que cela plaît aux sympathisants de l’UMP, mais je ne sais pas si c’est vraiment du goût des vrais Second Lifers!

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Culture Musée virtuel Second Life

Moments d’émotion

J’ai découvert dans ma boîte email un message provenant d’un des visiteurs de mon exposition dans Second Life. Il me disait qu’il venait d’imprimer un exemplaire de la Théogonie d’Hésiode à partir d’un site Internet, afin de le lire. Quand j’ai lu cela, je me suis dit que j’avais gagné mon pari et que le travail fourni pour la conception et la mise en place de cette exposition n’avait pas été vain. Si j’ai réussi à faire lire Hésiode à une seule personne, une personne dont la trajectoire intellectuelle et professionnelle ne passait pas par cet auteur, c’est une chose extraordinaire. Ce poète est un peu plus vivant maintenant.
Cela m’a rappelé cette fameuse leçon de conduite prise il y a bien longtemps. A cette époque, j’avais créé avec quelques camarades le Groupe de Théâtre antique de l’Université de Neuchâtel, dans le but de mieux faire connaître la culture antique. Nous avions joué Lysistrata, une pièce un peu sulfureuse d’Aristophane, pour laquelle nous avions obtenu un beau succès. Mais qui était venu nous voir? Des universitaires, des enseignants et leurs élèves? En ne prêchant qu’à des convaincus, on perd un peu son temps puisque ces gens ont déjà accès à la culture antique. C’est donc en prenant une heure d’auto-école deux ou trois ans plus tard que j’ai réalisé que ce spectacle avait peut-être touché d’autres cercles. En effet, mon moniteur attitré étant absent, il m’avait confiée à l’un de ses collègues. Après une heure de route, nous sommes arrêtés et c’est là que le moniteur m’a demandé si je n’avais pas joué dans ce spectacle qui s’était donné dans la cour de la Faculté des Lettres. En entendant cela, j’ai su que je n’avais pas perdu mon temps. Des gens dont le trajet ne passait pas forcément par la case « Etudes classiques », mais qui sont tout de même curieux de tout, étaient venus voir cette pièce composée dans l’Antiquité. C’est à eux que vous voulions nous adresser avant tout. Nous avions traduit le texte en voulant le rendre accessible à un public « non-averti ».
Pour des raisons d’organisation personnelle, je pouvais difficilement continuer de jouer du théâtre, une activité très contraignante. Je me suis donc orientée vers une formation de conteuse, qui me permet de travailler librement, au rythme qui me convient. L’autre jour, je contais dans une classe de 1ère année et, pour terminer ma conterie, j’ai raconté l’histoire de Midas, ce roi à qui les dieux ont fait pousser des oreilles d’âne pour le punir de sa bêtise.

Son coiffeur doit jurer de garder ce secret pour lui, sous peine de mort. Mais ce secret est bien trop lourd à porter. Le coiffeur se rend donc au bord d’un marais, creuse un trou et y crie son secret. Soulagé, il rebouche le trou. Mais des graines étaient tombées dedans. Avec le temps, elles ont germé et ont donné de beaux roseaux. Le vent s’est mis à souffler et partout dans le pays on a pu entendre la confidence du coiffeur: « le roi Midas a des oreilles d’âne, le roi Midas a des oreilles d’âne ».
La maîtresse m’avait prédit une classe difficile. Il n’en a rien été. Au contraire, ces enfants semblaient très curieux. Et quand je suis sortie de la classe, j’en ai vu un chantonner « le roi Midas a des oreilles d’âne, le roi Midas a des oreilles d’âne », puis s’arrêter vers un camarade d’une autre classe pour lui demander « tu connais l’histoire du roi Midas? ». J’ai continué mon chemin et je n’ai pas cherché à entendre comment il allait résumer cette histoire. J’ai pensé que moi aussi j’avais creusé un grand trou pour y déposer quelques graines et que le vent n’avait pas tardé à souffler… Je me suis aussi souvenu de la manière dont j’avais connu cette histoire, lorsque j’étais enfant. Certainement pas en lisant Ovide. Dans la bibliothèque familiale se trouvait une encyclopédie en 4 volumes prétendant présenter le savoir mondial. Elle contenait une rubrique sur les mythes antiques, illustrés des images qui, tout en n’étant pas vraiment excellentes, m’ont habitée pendant toute mon enfance (voir l’illutration ci-dessus). J’ai fait promettre à mon père de ne jamais jeter cette encyclopédie et de me la donner le jour où il n’en voudrait plus.
On le voit bien à travers ces exemples personnels, la culture a besoin d’une médiation. Si les connaissances sur l’Antiquité s’élaborent à travers des articles scientifiques publiés dans des revues savantes (articles qui servent ensuite à l’évaluation des universitaires qui les produisent), ces connaissances ne trouvent pas un chemin direct vers le grand public, qui en a pourtant soif. Elles nécessitent une médiation, une valorisation, qui peut prendre diverses formes: représentations théâtrales, documentaires (pour les formes onéreuses), expositions, performances diverses, conférences, sites Internet, etc… (pour des projets moins coûteux). Aucune piste ne doit être négligée: chacune trouvera son public. Car, comme nous l’enseigne le principe de la longue traîne, il n’y a pas lieu d’imposer quelques auteurs de manière massive, mais il faut au contraire favoriser la diversité. Dans le domaine d’Internet, qui devient le média le plus accessible, cela suppose d’encourager deux types d’activités: la numérisation des oeuvres, objets, collections, sons, etc… et leur valorisation sous diverses formes. C’est un peu ce message que j’espère voir diffuser, comme les roseaux ont rélévé le secret de Midas.

Groupe de Théâtre antique (GTA): http://www.unine.ch/gta/

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Usages

Bill Gates donne l’exemple

Comme on l’a appris dans la presse, Bill Gates a limité le temps que sa fille de 10 ans peut passer sur son ordinateur à 45 minutes par jour. En tant que parent responsable, le fondateur de Microsoft a fixé des limites. Qu’il s’agisse de 45 minutes ou de 1 heure 30 n’a aucune importance. L’informatique, jeux et Internet, fait maintenant partie de l’éducation. Il y a longtemps, on interdisait aux enfants de lire trop tard le soir et les enfants se munissaient de lampes de poche pour braver cet interdit. Puis ce fut la télévision qui ouvrit de grands débats: des parents renonçaient carrément à en avoir une alors que d’autres voyaient en elle une baby-sitter bien commode. Et maintenant, c’est l’ordinateur.
Il semble bien que les jeux sur ordinateur ne soient pas si néfastes au développement mental des enfants qu’on a voulu le prétendre, tout au contraire. Les petiots ont la possibilité d’acquérir des connaissances et d’apprendre à simuler divers systèmes grâce à eux. Les parents doivent cependant veiller aux contenus de ces jeux. Internet présente un tout autre danger: il permet d’accéder à des informations sur lesquelles les parents n’ont plus prise. Ils doivent donc encadrer leurs enfants dans l’exploration du réseau. Malheureusement, dans la situation actuelle, beaucoup d’enfants maîtrisent mieux l’informatique que leurs parents. Quelques leçons de rattrapage s’imposent…
Il faut avouer toutefois que, surveillance ou pas, les ordinateurs sont « chronophages ». On passe de plus en plus de temps devant des écrans, au détriment d’activités sportives ou en plein air. Il faut donc apprendre à gérer son temps. Et comme l’exemple vient du haut, le comportement « numérique » des parents va influer sur celui des bambins. Un bon sujet de méditation pour bien des parents …

Moi qui publie cette note, je ne suis pas devant mon ordinateur. Je m’octroie de vraies vacances. Ma maison dans SL est fermée, mon exposition se débrouillera bien sans moi. Et mon blog se remplira de quelques notes composées à l’avance. Car, on l’oublie trop souvent, l’informatique permet aussi de gérer le temps.
;-)

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Second Life

Figures de l’artifice

Dans sa dernière exposition, le Musée d’ethnographie de Neuchâtel, le MEN, nous invite à explorer les frontières de plus en plus souvent franchies entre notre état d’êtres naturels et les différents artifices par lesquels nous tentons de prolonger notre corps: chirurgie esthétique, implants, etc. A des pratiques imposant une modification physique, les concepteurs de l’exposition ajoutent les univers virtuels, comme Internet ou Second Life, qu’une salle évoque.


Photo: MEN
http://www.men.ch/

Internet ou Second Life se réduisent-ils vraiment à une hallucination collective, comme le suggère une citation de William Gibson (le créateur du mot cyberspace), prise dans le petit ouvrage qui accompagne l’expo? La série Matrix a déjà amorcé la réflexion sur les mondes virtuels qui prendraient peu à peu la place de la réalité. Certains philosophes, comme Nick Bostrom, évoquent aujourd’hui la possibilité que nous soyons nous-mêmes dans une simulation.

http://www.nickbostrom.com/

Mais le constructivisme a déjà montré comment toute société humaine créait sa propre perception du monde. Les mondes virtuels d’aujourd’hui, s’intègrent dans cette perception et la prolongent. Mais leur nature profonde, qu’il s’agisse d’Internet en général ou des univers 3D en particulier, est celle du réseau. Un réseau a des propriétés émergentes, c’est-à-dire des propriétés que n’ont pas ses composants. Internet génère, de ce point du vue, des projets collaboratifs, des communautés virtuelles. Le phénomène des buzz (rumeurs lancées dans un endroit du réseau et répercutées à grande échelle, avec parfois des conséquences importantes) montre bien combien le Net échappe aux humains qui l’ont mis en place.
Les réseaux existent depuis toujours et font même partie de la nature, mais celui qui émerge actuellement est particulièrement dense et complexe. Il importe de pouvoir le penser. L’étude des réseaux démarre à peine, à partir de domaines comme les mathématiques ou la la physique. On s’intéresse par exemple à savoir combien de noeuds sépare un point d’un autre dans un réseau, ce qui indique la possibilité, pour chaque membre de ce réseau, de pouvoir se rapprocher d’un autre. On commence aussi à cartographier ce réseau pour en voir les zones très denses et les zones moins denses. Pour une excellente introduction à la science des réseaux et son application à Internet, je ne peux que renvoyer au livre de Thierry Crouzet, Le Peuple des Connecteurs, qui contient lui-même de riches références bibliographiques.

http://blog.tcrouzet.com/

Sur le fond, on en revient toujours à ce flottement qui existe dans la définition du terme virtuel. Pour beaucoup de personne, ce mot est associé aux notions d’iréel, de faux. Or il n’en est rien. La définition que Pierre Lévy en a donné montre bien comment le virtuel est agissant sur notre monde et ne crée en aucun cas un monde séparé. Second Life n’est pas une seconde existence, totalement à part. Beaucoup de résidents y poursuivent les mêmes activités que dans la vie réelle, de la drague au business, en passant par la médiation culturelle, selon les goûts de chacun. Ou bien ils développent les projets dont ils rêvaient. Ils y rencontrent autant de personnes tout aussi réelles, collaborent avec eux, quand ils ne les rencontrent pas tout simplement « en vrai ». Second Life est à voir comme un raccourci: il permet de monter certaines activités plus rapidement que dans la vie réelle, comme créer un commerce, un musée, rencontrer les personnes qui partagent les mêmes goûts. Prenons l’exemple de cette salle du MEN reconstituant une chambre en 3D telle qu’on peut en voir dans Second Life. Pour l’admirer, il faut se rendre à Neuchâtel, un point précis sur le globe, qui est très proche quand on vit à Lausanne, beaucoup moins quand on vient de la Rochelle ou de Québec. En revanche, en connaissant un peu la construction 3D, on se dit que l’ensemble de l’exposition pourrait être transposé dans Second Life. Les visiteurs pourraient la traverser avec leur avatar. On peut tout à fait imaginer qu’un gars de la Rochelle partage sa visite avec une résidente québécoise. Tous deux auraient l’occasion de bavarder avec un des concepteurs neuchâtelois qui ferait quelques heures de présence. Le propos des muséographes serait accessible en tout temps, de partout. Il pourrait toucher potentiellement un public plus important.
Alors, à quand MEN Island sur Second Life?
;-)

Renseignements pratiques

Figures de l’artifice (du 11 novembre 2006 au 11 novembre 2007)
Musée d’ethnographie Neuchâtel
4, rue St-Nicolas (quart. Château-Collégiale)
CH-2000 Neuchâtel
Ouvert tous les jours de 10h00 à 17h00, à l’exception du lundi

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Communautés virtuelles Culture Musée virtuel Second Life

Pourquoi le virtuel?

Lors d’un soirée chez un ami, j’ai un peu parlé de mes projets muséaux dans Second Life. On m’a alors posé la question suivante: pourquoi s’investir dans un monde virtuel plutôt que dans le monde réel? J’ai donné quelques éléments de réponse, mais voilà l’occasion de mettre un peu mes idées en ordre. Je vois trois raisons qui peuvent pousser toute personne qui a un message à faire passer de s’investir dans le monde virtuel, Internet ou Second Life:

Contourner les filtres

Le phénomème des blogs et des sites de journalisme citoyen comme Agora Vox le montre bien, l’accès aux médias, à l’édition n’est pas aisé. Afin d’écrire dans un journal, de publier un livre, il est nécessaire de bénéficier d’un réseau. Médias et éditeurs choisissent ce qu’ils veulent laisser passer. Voilà pourquoi ils se font submerger par la vague des blogs, qui n’est pas en train de se terminer comme le prétendait une récente édition du Temps, mais qui entre plutôt dans une phase de maturation. Publier un livre est maintenant un jeu d’enfant et ne nécessite plus la tournée des éditeurs.
Comme les médias ou les maisons d’édition, les musées et espaces d’exposition ne sont pas facilement accessibles. Il y a beaucoup de gens à convaincre: responsable des espaces, sources de financement. Second Life offre la possibilité de créer une exposition sans passer par tous ces filtres et donne à chacun l’occasion d’être un commissaire, un curateur ou un conservateur.
On pourra toujours me rétorquer que ces filtres sont une garantie pour la qualité des articles, des livres ou des expositions. Peut-être. Mais en même temps, il faut bien reconnaître que ces institutions sont soit conservatrices, soit orientées vers l' »audimat ». Second Life offre donc un espace de créativité, un laboratoire où de nouvelles tendances peuvent s’exprimer. Et qui sait, les portes des musées s’ouvriront peut-être à certains de ceux qui auront fait leurs armes dans le cyberspace.

Investissements légers pour un public potentiel important

Créer dans Second Life ne coûte pas très cher. J’ai déboursé au maximum une cinquantaine de dollars pour monter ma petite exposition, en comptant l’achat de l’espace (env 20 $) l’importation des images (10L$ le fichier) et l’achat de quelques objets dans des boutiques de Second Life. Pour ce qui est de ce dernier point, une personne maîtrisant l’ensemble des techniques liées à Second Life n’aura à payer que le terrain. La parcelle que je possède ne nécessite même pas d’avoir un compte payant dans SL, puisqu’elle appartient elle-même à une communauté qui a acquis une île auprès de Linden Lab. Quant à ceux qui verraient grands, ils peuvent acquérir une île pour environ 1500 $ et 200 $ de taxes mensuelles. De plus, il n’y aucun frais généré par les bâtiments: chauffage, sécurité, gardiennage, accueil, etc., alors que le musée est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
La création d’un musée virtuel sur Internet a un certain coût, mais c’est sans commune mesure avec les investissements que rend nécessaire la construction d’un nouveau musée, pour lequel on compte habituellement en millions.
Quant au public potentiel, il est énorme: Second Life a 3 millions d’utilisateurs, Internet beaucoup plus. J’ai déjà fait visité mon exposition à des gens venant de divers pays d’Europe et d’Amérique. Les musées virtuels sont accessibles grâce à des moteurs de recherche (dans Second Life aussi), dont selon une thématique, et non pas selon le critère géographique (les dimanches de pluie, j’emmène mes enfants dans le musée le plus proche).

Une offre plus variée

Notre société favorise un mode de distribution massive, avec une variété de produits moindre. L’abondance de nos supermachés est une illusion. Seules quelques variétés de pommes ont été sélectionnées par les grands distributeurs alors qu’il en existe des centaines en péril de disparition.

Il en va de même pour la culture. Best-sellers, expositions hypermédiaques sont favorisés à tous les niveaux. Mais Internet a changé la donne, comme le montre le concept de la longue traîne. Grâce aux moteurs de recherche et aux recommandations de la communauté des internautes, des produits tombés dans l’oubli reviennnent à la surface.
Internet propose donc un autre modèle de distribution: quelques produits connaissent certes un grand succès, mais parallèlement on a une offre importante de produits différents, trouvant chacun son public. La variété revient, et la créativité avec elle. Dans un domaine comme celui des musées et de la diffusion des connaissances en général, c’est à souhaiter.

Ces remarques ne concernent pas que les individus, mais aussi des institutions, des organisations qui ont un message à faire passer, des connaissances à diffuser et peuvent utiliser Internet pour le faire.