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Bibliothèque virtuelle Culture Musée virtuel Science Trouvaille

Ancienne correspondance

Le fort romain de Vindolanda se trouve près de Chesterholm, au Royaume-Uni. On y a retrouvé nombreuses tablettes de bois, écrites par des soldats romains en garnison. L’Université d’Oxford a développé une présentation de l’ensemble de cette collection de tablettes, avec image, transcription, traduction et commentaire. Plus de 450 document sont ainsi disponibles en ligne. Chaque image peut être agrandie. Elle est en noir/blanc, ce qui est un bon choix, car cela offre un bon constraste améliorant la lecture. Il est possible de chercher les différentes tablettes selon des thèmes: militaire, santé, famille, etc…

Ces présentations de tablettes s’adressent avant tout à des chercheurs ou à des étudiants. Pourtant les initiateurs du site n’ont pas oublié le grand public. Le contexte de découverte de ces objets est très bien décrit dans ce site et une exposition virtuelle a été mise en place. Elle permet de découvrir le site et son histoire. Pour ceux qui veulent s’essayer à la lecture des textes, quelques pages leur donnent des informations concernant les poids, mesures, dates, monnaies, etc. de l’époque romaine.
Seul regret: une mise en page un peu austère rend ce site moins attractif auprès des jeunes. Le site date en effet un peu (il date de 2003!) et mériterait un rafraîchissement. Mais le contenu est bien là!

Vindolanda Tablets Online http://vindolanda.csad.ox.ac.uk/

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Culture Musée virtuel Second Life

Les musées et le Web

La conférence « Museums and the Web 2007 » vient de se terminer à San Francisco. Divers spécialistes du monde entier y ont traité des façons d’exploiter les possibilités d’Internet dans le domaine de la muséographie: blog, podcasts, imagerie, video, gestion de contenus, …. Parmi les présentations, deux au moins montraient les potentialités de Second Life.

Les musées de Second Life

Paul Marty, Michael Twidale, Richard Urban (USA), A Second Life for Your Museum: 3D Multi-User Virtual Environments and Museums

Cette étude présente la situation actuelle. Ses auteurs ont fait une recension des musées existants dans Second Life et présentent les plus aboutis. Ils ont aussi mené quelques entretiens avec des curateurs, qui montrent par exemple l’importance de l’animation et de l’interaction avec les visiteurs.

Interactivité

Doherty Paul (USA),Creating Interactive Content and Community in Second Life

Dans cette présentation, l’auteur montre à travers quelques exemples comment on peut créer de l’interactivité dans Second Life. Il montre notamment l’exemple de l’Exploratorium de San Francisco qui a construit diverses simulations d’éclipse solaire.

Second Life constitue un outil très intéressant pour les muséographes. Il permet de créer des objets et de les animer. Les avatars peuvent se promener dans les lieux créés par eux et interagir avec ces animations. Il est peut-être même possible de faire faire à un avatar une action que son pendant dans le monde réel hésiterait à faire. J’ai récemment sauté du haut d’une tour en parachute, ce que je ne tenterais pas ailleurs que dans Second Life… (Austria Island).

Bien entendu, Second Life a ses limites, bien connues. La limitation du nombre d’objets par surface en est une. Les perturbations générées par la présence d’une nombreuse assistance (40 personnes environ) peuvent aller jusqu’à faire « crasher » un sim entier et interrompre brutalement un événement ou une visite. Néanmoins nous continuons à penser que c’est un excellent lieu d’expérimentation.

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Culture Musée virtuel Science

Le mystère des Pyramides

Le Web 3D a un bel avenir devant lui, notamment à cause de sa puissance explicative. On dit souvent qu’une image vaut cent mots. Que vaut alors un univers virtuel en 3 dimensions, dans lequel on peut se mouvoir et que l’on peut explorer dans ses moindre recoins? Il remplace certainement un livre rempli d’explications et de schémas compliqués. De nombreuses théories ont déjà été émises sur la construction de la grande pyramide, remplissant quelques rayonnages de bibliothèques. Celle de l’architecte Jean-Pierre Houdin a eu recours aux plus récentes technologies 3D, autant pour son élaboration que pour sa présentation. En effet, l’architecte a pu simuler diverses méthodes de construction et d’organisation du travail dans le chantier de la Grande pyramide, mais ses conclusions peuvent être visualisées sur Internet, grâce à une application en ligne permettant de visiter le monument lors de différentes phases de construction.

Impossible de relater ici l’ensemble de cette théorie. Un des détails intéressants est cependant celui de la mise en place du sommet de la pyramide, pièce elle-même de forme pyramidale. On s’est toujours demandé comment cette partie avait été hissée au sommet de l’ensemble. Selon Houdin, elle a été posée sur la pyramide en construction, une fois la chambre du roi achevée. Elle a été élevée d’une degré, chaque fois qu’une nouvelle assise était mise en place, grâce à un système de trépan.

Les images de la création de la pyramide sont très impressionnantes (surtout si l’on dispose d’une bonne machine). Elles nécessitent l’installation d’un plug in. Mais le réalisme prenant de telles démonstration rend plus difficile la critique. On a tendance à les prendre pour argent comptant. Comme le rappelle un archéologue sur son blog, seules des investigations sur le monument permettront de les valider.

http://khufu.3ds.com/introduction/fr/

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Culture Musée virtuel

Le modèle de l’iceberg

Plus j’avance dans mes réflexions, plus je constate qu’il faut développer des solutions intégrées. Les solutions toutes faites n’existent pas et finalement il faut chaque fois se demander comment il est possible de virtualiser un musée, une collection, une thématique.

Monde réel/monde virtuel

Un musée de brique et de ciment ne s’oppose pas de manière si radicale à un musée virtuel. Les grands musées se déployent de manière évidente dans le monde réel, en ouvrant des succursales (comme le Louvre), en créant des expositions qui voyagent ensuite ou en prêtant des objets. Ces grands musées se sont naturellement virtualisés en créant des offres attractives sur Internet. Le meilleur exemple à mentionner est peut-être celui du Tate, un musée national anglais sur quatre sites, qui a mis l’entier de sa collection en ligne (objets non exposés compris).

http://www.tate.org.uk/

De l’autre côté, un projet muséal virtuel n’exclut pas forcément les actions dans le monde réel, comme des manifestations ou des expositions itinérantes.

Le modèle de l’iceberg

Si on s’en tient aux offres numériques en ligne, il n’y a pas de recette toute faite. On ne peut pas affirmer que Second Life est une meilleure solution qu’une banque de données en ligne ou qu’un site Web. De plus, Internet est rempli de sites contenant des données extraordinaires, mais sans aucun souci de valorisation. Il faut savoir que la plupart des gens, une banque de données en ligne est difficile à utiliser, car elle suppose de savoir à l’avance ce qu’on cherche.
En fait, il faut imaginer un projet de musée virtuel comme un iceberg. L’iceberg a une partie visible toute petite. Cette pointe peut être constituée d’une offre particulièrement attractive, attirant un public large. Il peut s’agit d’un site Web (bien fait), d’une exposition virtuelle interactive ou même d’une île sur Second Life. Cette offre constitue une porte d’entrée sur une autre, plus riche. Cette seconde offre, la partie large immergée de l’iceberg, ne concernera plus qu’une partie du public, cherchant un approfondissement: étudiants, enseignants, chercheurs, passionnés, … Elle peut elle-même déboucher sur une troisième couche de données, beaucoup plus brutes qui sont recherchées uniquement par des spécialistes. C’est la partie basse l’iceberg, celle qu’on atteint qu’en plongeant en eaux profondes.
La force des solutions numériques en ligne est justement de donner l’accès à l’ensemble des information et permettre des passages entre les diverses couches, destinées à des publics différents.

En fait, ce ne sont pas les musées qui se virtualisent, mais les informations qu’ils recèlent. Une fois ces informations numérisées et publiées en ligne, elles font partie d’un ensemble plus vaste, le musée virtuel total, qu’il est possible d’exploiter grâce à divers outils, comme les moteurs de recherche. Cela permet aussi de mettre en parallèle plus facilement des oeuvres ou des objets provenant de musées différents et d’actualiser des collections virtuelles.

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Culture Livre Musée virtuel Pratique

Eparpillement

Je lisais un essai intitulé Une presse sans Gutenberg écrit par Jean-François Fogel et Bruno Patino. Ces deux auteurs montrent comment la presse sur Internet évolue vers un éparpillement, un émiettement des nouvelles qui sont alors réunies au gré des algorithmes intégrés dans les sites les plus divers: moteurs de recherche ou flux d’actualités qu’on retrouve dans de nombreuses applications. Bien des informations que je trouve me tombent sous les yeux un peu par hasard, par exemple dans le flux qui défile au-dessus de ma boîte à mails Gmail. Je ne dois qu’au fait que je suis à la recherche d’informations sur certains sujets d’être capable de leur donner un cadre. Mais pour beaucoup d’internautes, il s’agit d’une avalanche d’informations, sans tri et surtout sans priorité. Et c’est vrai que la juxtaposition de certaines informations est parfois risible.
Je ne suis pas certaine de devoir regretter complètement cette situation. Les internautes que nous sommes devront apprendre à faire leur propre tri dans toute cette masse, avec leurs propres critères. On en revient à la théorie de la longue traîne. Pourquoi seul un choix serré d’informations serait-il diffusé massivement comme c’est le cas avec la presse traditionnelle? Finalement tout n’intéresse pas tout le monde. On peut aussi plus facilement échapper aux sujets massue comme les grands rendez-vous sportifs, quand on n’est pas passionné.

Mais quand on transpose cette idée à l’art ou à la culture, la perspective devient tout autre. Contrairement à l’information virtualisée, le musée virtuel a été pensé bien avant Internet. On connaît des tentatives anciennes déjà de dépasser le musée de brique et de ciment ou la collection finie.
Ces tentatives font en principe appel à des substituts de l’original. Le « museo cartaneo » (musée de papier) de Cassiano dal Pozzo en constitue un exemple intéressant . Ce dernier, aristocrate et intellectuel romain qui a vécu entre 1588 et 1657, a réuni et fait réalisé une collection d’environ 7000 aquarelles, dessins, imprimés. C’est probablement la plus importante tentative de réunir le savoir humain sous forme visuelle avant l’invention de la photographie : l’histoire de l’art, l’archéologie, la botanique, la géologie, l’ornithologie et la zoologie y sont documentées.
Les musées des moulages en sont un autre exemple. Ils réunissent des substituts sous forme de copies de plâtre. Prenons un cas concret pour comprendre le but et l’utilité de ces musées. Le décor du Parthénon est dispersé dans plusieurs musées dont le Louvre à Paris, le British Museum à Londres, le Musée d’archéologie de Palerme et, bien entendu, le musée de l’Acropole à Athènes. Ce dernier contient des copies de la plupart des métopes et des frontons. Mais l’ensemble du décor sculpté a été réuni, sous forme de copies en plâtre, à la Skulpturhalle de Bâle.
Mais c’est Malraux qui a vraiment pensé le concept de musée virtuel en le situant dans notre imaginaire. Au cours de notre existence et de nos expériences (voyages, lectures), nous accueillons dans notre mémoire (avec l’aide de support comme les photos parfois) un musée immense, mais virtuel. Ce musée, nous pouvons l’appeler à chaque instant, l’actualiser, l’augmenter, nous y promener, le faire partager à d’autres ou s’organiser de petite expositions temporaires personnelles.
Mais Internet nous livre des outils permettant de faire la même chose: il contient une immense collection d’oeuvre et d’objets. Il offre des possibilités de réunir des petites collections issues de la grande collection, grâce aux moteurs de recherche (généralistes ou spécialisés). Il autorise la réunion d’ensemble dispersés, comme toutes les oeuvres d’un peintre (nous avons donné l’exemple de la réunion de l’oeuvre de Picasso), d’une école, d’une période. Les sources les plus diverses nourrrissent ce musée virtuel: les musées eux-mêmes bien entendu, les universitaires, les passionnés, sans oublier les nombreux visiteurs de musées qui, après avoir visité le Louvre ou le Prado, téléchargent leurs images sur Flickr.com. Le musée virtuel est là, sous nos yeux. Il permet de dépasser ces cloisons artificielles que sont les collections muséales, issues de divers hasards. Il autorise chacun à créer son propre musée, à être son propre curateur. Dans l’art ou la culture, plus qu’ailleurs, les goûts sont divers. Chacun trouvera dans ce musée sans conservateur officiel ce qui satisfait son goût, sans devoir subir le jugement ou le choix d’institution. Cela permettra de confronter les oeuvres et les styles les plus divers, ouvrant peut-être la voie à une nouvelle compréhension de l’art ou de la culture. Gaudeamus igitur!

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Culture Musée virtuel

Tout Picasso en ligne

Si le concept de musée virtuel nous interroge tellement, c’est peut-être en partie à cause de la dispersion des oeuvres. En effet, les réalisations d’un artiste sont rarement réunies au même endroit. Pour pallier à cette situation, les oeuvres étaient réunies dans des publications volumineuses et coûteuses. Mais grâce à Internet, on peut entrevoir des solutions plus flexibles et moins onéreuses (en tout cas pour l’utilisateur).
C’est ainsi que l’ensemble de l’oeuvre de Picasso est en train d’être publié sur le Net, sous l’égide de la Texas A&M University. Environ 12’000 oeuvres sont répertoriées, qu’elles soient dans des collections publiques ou privées. Il est possible de les rechercher par année ou par mots-clés. Pour chaque pièce, il y a une notice et une page de commentaire, qui ne sont pas toujours remplies, du moment qu’il s’agit d’un travail en cours. Il compile également tous les articles parus dans la presse à propos de Picasso (sous archives). Le site est très bien tenu à jour, car on y trouve déjà la mention des articles annonçant le vol de deux oeuvres au domicile de la petite-fille du peintre.

En revanche, on ne trouve sur ce site aucune fonctionnalité permettant au public de participer au contenu: indexation sociale ou commentaire. Ce site se présente comme un outil de travail pour la communauté universitaire. Il ne met donc pas l’accent sur la valorisation de l’oeuvre du peintre.

http://picasso.tamu.edu/

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Musée virtuel Second Life

Barbotine Dingson nous rend visite

L’envoyée du Matin dans Second Life, Barbotine Dingson,est venue à Colonia Nova, pour visiter l’exposition « Gods of Love in Ancient Greece ». Vous pouvez lire son reportage (très positif) dans l’édition du Matin du dimanche 11 mars 2007 (p.13, non disponible en ligne).


Arria Perreault et Barbotine Dingson, dos à dos devant le dernier mur de l’expo

Elle mentionne aussi la domus romaine construite par la même Arria Perreault. Pour tous ceux qui n’ont pas (encore) un compte dans Second Life, en voici une vue.


Les textures sont provisoires et peuvent être changées. L’idée est d’intégrer des peintures et des mosaïques selon un thème donné, qui changera de temps en temps.

Bienvenue donc à Colonia Nova

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Art numérique Culture Musée virtuel Second Life

Le ministre français de la culture inaugure aussi dans SL

Le Musée de l’Homme à Paris accueille une exposition dont l’initiative revient à Arts Plus, un collectif d’artistes. Le thème de l’expo est la « Femme héroïque ». Plusieurs créateurs ont imaginé des figures féminines qui pourraient être les héroïnes d’une mythologie moderne. La source d’inspiration semble être la BD des années cinquante présentant des êtres mutants comme Wonderwoman ou les X-men, pourvu(e)s de pouvoirs particuliers.


Crédit: Arts Plus
http://femmesheroiques.wordpress.com/20 … virtuelle/

Grande nouveauté, cette expo a sa jumelle virtuelle, dans Second Life. Le site Internet précise bien qu’il s’agit de la première expérience de ce type (mais Second Life est bien vaste pour s’en assurer).
C’est le ministre français de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, qui est venu par avatar interposé, inaugurer l’exposition. Les responsables du projet m’ont assuré qu’il s’agissait bien de lui, car il est féru de nouvelles technologies, ce qui n’est pas un défaut pour un ministre de la culture.


Le ministre est venu, accompagné de son chien virtuel Diego!

Visitons l’exposition. Elle est sise sur une île presque vide, si ce n’est un grand bâtiment qui, dans le monde réel, serait de verre et de métal, avec des pontons de bois et moult escaliers.


Elle reprend le dispositif et les créations qui se trouvent au Musée de l’Homme.


Mais tout n’est pas encore installé.

Jusque là, rien de bien particulier. On serait bien tenté de parler de simple transposition, voir d’effet diligence. Mais une conversation avec Gordon Lehmann, l’avatar d’un des membres d’Arts Plus, nous fera bien vite changer d’avis. En effet, l’exposition actuelle sera remplacée par une autre qui fera suite à un concours d’avatars. En effet, la communauté des Second Lifer sera invitée à y participer en présentant un avatar qui sera jugé par un jury de personnes compétentes. D’après Gordon Lehmann, les règles seront assez souples, mais il y aura une première sélection. Les personnes choisies pourront travailler sur l’île d’Arts Plus, ce qui explique le vide laissé autour du musée.
Un concours d’avatars est une idée excellente, car cela engendrera des créations propres à Second Life. Si une majorité de résidents ont choisi de garder leur apparence humaine (mais parfois en cédant au vampirisme ou à la mode gothique ou en s’offrant des extravagances vestimentaires), une petite partie a choisi l’originalité. On croise ça et là des avatars d’animaux, qu’il s’agisse de furries (forme animale, mais avec une démarche humaine et une taille normale), des tiny avatars (avatars de forme animale, mais de petite taille: un de mes voisins est un adorable petit lion), mais aussi des robots, des aliens. Le plus étrange qu’il m’a été donnée de voir est un avatar en forme de télévision. J’ai d’abord cru à un objet abandonné, mais comme il se déplaçait, avait un nom et chattait, c’était bien un résident.
Ce que j’attends de ce genre de concours, c’est de démontrer le potentiel de Second Life. Quelques îlots de fantaisie mis à part, on retrouve bien des traits du monde réel, alors que tout (ou presque) y est possible. Les artistes qui participeront nous donneront peut-être des pistes pour en sortir.

http://femmesheroiques.wordpress.com/20 … virtuelle/

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Culture Musée virtuel

Une maison pour les migrants

Le Musée national suisse accueille, dans son site de Zurich, l’exposition « Small Number – Big Impact ». Cette exposition a déjà été présentée à Ellis Island, l’ancien lieu où débarquaient tous les candidats à l’immigration aux USA. Elle a pour thème le destin de certains suisses qui ont quitté notre pays au 19ème siècle et au début du 20ème pour tenter leur chance dans le nouveau monde. Presque chaque famille suisse compte des oncles ou des tantes d’Amérique. Mais certains, comme Louis Chevrolet, ont connu le succès, sinon la fortune. Ils ont en tout cas laissé un nom dans l’histoire. L’exposition parle aussi de tous les autres (Big Number – Small Impact) qui, à l’instar des oncles de mon grand-père, sont partis vivre en Amérique où ils ont connu une vie normale. Traiter ce thème est essentiel de nos jours: les Suisses, quand ils s’interrogent sur les questions des migrants et surtout des émigrants, oublient bien vite que leurs ancêtres ont dû fuir une misère noire pour s’installer qui au Brésil, qui en Argentine, qui en Californie. Pour en témoigner, il y avait jusqu’à présent l’histoire de Nova Friburgo ou le roman Ibibaca. Mais grâce à la Verein Migrationsmuseum (Association Musée de la migration), cela peut devenir plus tangible pour de nombreuses personnes.


http://www.smallnumber.ch/

Cette association poursuit un but précis: ouvrir un musée des migrations. Sur son site Internet, elle décrit ce musée de la manière suivante:

Das Migrationsmuseum wird neben einem erlebnisorientierten, multimedialen und interaktiven Ausstellungsteil auch ein Begegnungszentrum für unterschiedlichste Aktivitäten bieten: Tanz, Theater, Musik, Kino, Performances und Diskussionen, eine Dokumentations- und Publikationsstelle sowie ein Gastronomieteil mit Speisen aus aller Welt.
http://www.migrationsmuseum.ch/

Elle souhaite donc ouvrir un musée de brique et de ciment, situé en un lieu précis de la carte. Loin de nous l’idée de critiquer le thème traité par ce musée. Il est absolument important. En revanche, la forme de ce musée nous laisse songeur.

L’exposition d’Ellis Island appartenait à un projet patroné par Présence suisse. Elle était accompagné d’un site Internet auquel nous avions consacré une note: swissroots.

http://www.swissroots.org
Note: Swissroots

Ce site permettait aux descendants d’émigrants suisses ou aux suisses dont un grand-oncle avait émigré dans le nouveau monde de raconter leurs histoires. Cela permettait de recréer des liens perdus, de mettre en place une communauté virtuelle. C’est peut-être dans cette direction que devrait aller ce futur musée de la migration. Son public-cible est dispersé dans le vaste monde et pour l’atteindre, Internet est le meilleur outil. Un musée virtuel sur Internet peut bien entendu s’accompagner d’expositions itinérantes, sur le modèle de celle qui est présentée actuellement. L’association peut même constituer une collection, qu’elle stocke avec le soin nécessaire et qu’elle utilise pour ses expositions. Ou préférer l’emprunt d’objets à des musées existants et des collectionneurs.

Il existe au Brésil le Musée de la personne, un musée très intéressant dont le but est de rassembler des récits de vie. Il utilise notamment Internet pour collecter ces histoires: chacun peut y verser le récit de son existence, y mettre des photos, des dessins. Certaines des biographies sont consultables sur le site. C’est aussi une piste à suivre pour un musée de la migration, puisque les migrations sont à la fois des mouvements collectifs et des histoires personnelles. De nombreuses personnes ont chez elles des témoignages de migration.

http://www.museudapessoa.com.br/

Ellis Island a aussi un musée et une partie non négligeable de ce musée est en fait une banque de donnée réunissant les noms de toutes les personnes ayant transité par cet endroit, avec accès au fac-similé de la fiche de passager. Ainsi j’ai pu voir quand un de mes arrière-grand oncle avait débarqué, avec combien d’argent et attendu par qui. Ce qui intéresse les descendants de migrants, ce n’est pas de voir un exemplaire pris parmi d’autres d’une de ces fiches d’embarquement dans une vitrine, mais c’est d’avoir accès aux registres numérisés leur permettant de compléter leur histoire de famille.

http://www.ellisisland.org/

On peut aussi songer aux banques de données de photographies, illustrant les conditions dans lesquelles ces hommes et ces femmes ont fait le voyage vers d’autres contrées.

Bref, pour reprendre le titre de l’exposition, un musée de brique et de ciment installé en Suisse n’aurait qu’un Small Impact, alors qu’un musée de nature virtuelle toucherait un Big Number. Mais comme les sites Internet sont moins onéreux que les musées de brique et de ciment, on peut prédire qu’avec un Small Number de ressources, on pourra obtenir un Big Impact auprès des descendants de migrants.

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Culture Musée virtuel Second Life

Moments d’émotion

J’ai découvert dans ma boîte email un message provenant d’un des visiteurs de mon exposition dans Second Life. Il me disait qu’il venait d’imprimer un exemplaire de la Théogonie d’Hésiode à partir d’un site Internet, afin de le lire. Quand j’ai lu cela, je me suis dit que j’avais gagné mon pari et que le travail fourni pour la conception et la mise en place de cette exposition n’avait pas été vain. Si j’ai réussi à faire lire Hésiode à une seule personne, une personne dont la trajectoire intellectuelle et professionnelle ne passait pas par cet auteur, c’est une chose extraordinaire. Ce poète est un peu plus vivant maintenant.
Cela m’a rappelé cette fameuse leçon de conduite prise il y a bien longtemps. A cette époque, j’avais créé avec quelques camarades le Groupe de Théâtre antique de l’Université de Neuchâtel, dans le but de mieux faire connaître la culture antique. Nous avions joué Lysistrata, une pièce un peu sulfureuse d’Aristophane, pour laquelle nous avions obtenu un beau succès. Mais qui était venu nous voir? Des universitaires, des enseignants et leurs élèves? En ne prêchant qu’à des convaincus, on perd un peu son temps puisque ces gens ont déjà accès à la culture antique. C’est donc en prenant une heure d’auto-école deux ou trois ans plus tard que j’ai réalisé que ce spectacle avait peut-être touché d’autres cercles. En effet, mon moniteur attitré étant absent, il m’avait confiée à l’un de ses collègues. Après une heure de route, nous sommes arrêtés et c’est là que le moniteur m’a demandé si je n’avais pas joué dans ce spectacle qui s’était donné dans la cour de la Faculté des Lettres. En entendant cela, j’ai su que je n’avais pas perdu mon temps. Des gens dont le trajet ne passait pas forcément par la case « Etudes classiques », mais qui sont tout de même curieux de tout, étaient venus voir cette pièce composée dans l’Antiquité. C’est à eux que vous voulions nous adresser avant tout. Nous avions traduit le texte en voulant le rendre accessible à un public « non-averti ».
Pour des raisons d’organisation personnelle, je pouvais difficilement continuer de jouer du théâtre, une activité très contraignante. Je me suis donc orientée vers une formation de conteuse, qui me permet de travailler librement, au rythme qui me convient. L’autre jour, je contais dans une classe de 1ère année et, pour terminer ma conterie, j’ai raconté l’histoire de Midas, ce roi à qui les dieux ont fait pousser des oreilles d’âne pour le punir de sa bêtise.

Son coiffeur doit jurer de garder ce secret pour lui, sous peine de mort. Mais ce secret est bien trop lourd à porter. Le coiffeur se rend donc au bord d’un marais, creuse un trou et y crie son secret. Soulagé, il rebouche le trou. Mais des graines étaient tombées dedans. Avec le temps, elles ont germé et ont donné de beaux roseaux. Le vent s’est mis à souffler et partout dans le pays on a pu entendre la confidence du coiffeur: « le roi Midas a des oreilles d’âne, le roi Midas a des oreilles d’âne ».
La maîtresse m’avait prédit une classe difficile. Il n’en a rien été. Au contraire, ces enfants semblaient très curieux. Et quand je suis sortie de la classe, j’en ai vu un chantonner « le roi Midas a des oreilles d’âne, le roi Midas a des oreilles d’âne », puis s’arrêter vers un camarade d’une autre classe pour lui demander « tu connais l’histoire du roi Midas? ». J’ai continué mon chemin et je n’ai pas cherché à entendre comment il allait résumer cette histoire. J’ai pensé que moi aussi j’avais creusé un grand trou pour y déposer quelques graines et que le vent n’avait pas tardé à souffler… Je me suis aussi souvenu de la manière dont j’avais connu cette histoire, lorsque j’étais enfant. Certainement pas en lisant Ovide. Dans la bibliothèque familiale se trouvait une encyclopédie en 4 volumes prétendant présenter le savoir mondial. Elle contenait une rubrique sur les mythes antiques, illustrés des images qui, tout en n’étant pas vraiment excellentes, m’ont habitée pendant toute mon enfance (voir l’illutration ci-dessus). J’ai fait promettre à mon père de ne jamais jeter cette encyclopédie et de me la donner le jour où il n’en voudrait plus.
On le voit bien à travers ces exemples personnels, la culture a besoin d’une médiation. Si les connaissances sur l’Antiquité s’élaborent à travers des articles scientifiques publiés dans des revues savantes (articles qui servent ensuite à l’évaluation des universitaires qui les produisent), ces connaissances ne trouvent pas un chemin direct vers le grand public, qui en a pourtant soif. Elles nécessitent une médiation, une valorisation, qui peut prendre diverses formes: représentations théâtrales, documentaires (pour les formes onéreuses), expositions, performances diverses, conférences, sites Internet, etc… (pour des projets moins coûteux). Aucune piste ne doit être négligée: chacune trouvera son public. Car, comme nous l’enseigne le principe de la longue traîne, il n’y a pas lieu d’imposer quelques auteurs de manière massive, mais il faut au contraire favoriser la diversité. Dans le domaine d’Internet, qui devient le média le plus accessible, cela suppose d’encourager deux types d’activités: la numérisation des oeuvres, objets, collections, sons, etc… et leur valorisation sous diverses formes. C’est un peu ce message que j’espère voir diffuser, comme les roseaux ont rélévé le secret de Midas.

Groupe de Théâtre antique (GTA): http://www.unine.ch/gta/