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Bibliothèque virtuelle Culture Usages

Littérature numérique

Dans le domaine de la numérisation du savoir, il est des initiatives plus adaptées à leur objet que d’autres. C’est certainement le cas du projet Artamène. Peu d’entre nous savent que le roman le plus long de la langue française, intitulé « Artamène ou le Grand Cyrus », compte 13’000 pages dans son édition originale (combien de mots ?), soit un demi-mètre de rayonnage de bibliothèque. Ce texte a été composé au 17ème siècle, pour être lu dans les salons. Son auteur n’est pas connu avec une totale certitude : attribué à Georges de Scudéry, il aurait plutôt été écrit par sa sœur Madeleine. Son intrigue principale raconte les amours de Cyrus, le roi de Perse, et de Mandane, mais elle contient toute une série d’histoires secondaires. Cette œuvre a eu un grand succès à son époque, si l’on en juge par les allusions qu’on retrouve dans le reste de la littérature contemporaine. Mais son format lui a fermé les portes d’une grande renommée dans les siècles qui ont suivi.


Madeleine de Scudéry, Bibliothèque Nationale de Paris

Internet pourrait redonner une nouvelle vie à cette œuvre. C’est en tout cas le pari fou qu’a fait Claude Bourqui, professeur boursier à la Faculté des Lettres de l’Université de Neuchâtel. Pendant trois ans, avec une équipe de trois personnes, il a mis en œuvre la numérisation de ce texte et l’a publié intégralement sur un site Internet. Contrairement à ce qu’on trouve habituellement dans les bibliothèques virtuelles, ce n’est ni un fichier sorti du scanner (ce qu’on voit souvent sur Gallica), ni le texte brut (comme dans le projet Gutenberg). Il s’agit d’une sorte d’hypertexte*, conçu pour une lecture à l’écran et la recherche d’extraits. En effet, le texte est découpé en morceaux correspondant aux pages de l’édition prise en compte (1656). Mais chaque partie du roman a deux niveaux de résumé, ce qui évite au lecteur la lecture totale de l’œuvre et ce qui lui permet de choisir les extraits qu’il souhaite ou bien de trouver des histoires secondaires. Quand on arrive dans le texte original (avec l’orthographe de l’époque), on trouve des liens hypertextuels sur les noms propres, qui conduisent vers un index des personnages, ce qui est appréciable pour un récit qui met en scène plus de quatre cents personnages.
Le site est pourvu d’une boîte à outils comportant de nombreuses fonctionnalités, rendant son utilisation confortable : choix entre présentation sous forme de page ou texte continu, disparition des résumés, agrandissement de la police (pour les personnes malvoyantes), etc. Il offre aussi la possibilité de télécharger l’ensemble du texte en divers formats (pdf, doc, txt, etc.). Il est doté d’un moteur de recherche plein-texte mis au point par l’Université de Chicago (Philologic). Le texte présenté ne constitue pas une édition scientifique, mais outre l’index des personnages, le site contient diverses ressources sur Artamène : articles, liens, bibliographie.
Les choix technologiques sont aussi à relever: xml pour l’encodage du texte et des logiciels open source.
Nous avons souvent évoqué dans le blog l’effet diligence : trop de contenus présentés dans Internet sont encore profondément influencés par leurs versions matérielles. Le site que nous venons de présenter tire au contraire parti des possibilités du Web pour redonner une seconde vie à une œuvre.

Adresse du site: http://www.artamene.org/

* J’ai écrit à dessein « une sorte d’hypertexte », car il ne s’agit pas de l’hypertexte comme on l’entend habituellement, basé sur des liens. Cependant la navigation via des résumés permet aussi une virtualisation du texte. Dans le cas précis, il y a une certaine nécessité de maintenir l’aspect « linéaire » du texte, à cause de sa trame dramatique.

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Culture Usages

Dessiner à Beyrouth

Mazen Kerbaj est un dessinateur de bande dessinée. Il habite Beyrouth. Que se passe-t-il pour lui quand la guerre éclate? Il décide de dessiner la guerre. La maman de Mazen Kerbaj s’appelle Laure Ghorayeb. Pendant la guerre civile du Liban, elle a dessiné jour après jour. Maintenant que la guerre est de retour, elle recommence à dessiner. Mais voilà, grâce à Internet, nous pouvons tous voir leur travail à tous les deux et partager leur quotidien. Parce qu’ils publient leurs dessins sur leurs blogs et sur Flickr. Alors nous pouvons penser à eux. A eux et à tous les autres qui vivent cette tragique situation.

Laure Ghorayeb publie son blog en français (http://laureghorayeb.blogspot.com/)

Mazen Kerbaj publie son blog en anglais (http://mazenkerblog.blogspot.com/)

Lire aussi un article du Monde, consacré aux blogs écrits autant par des Israéliens que par des Libanais et aux cyberactions déployées par les deux camps. Il semble bien que dès à présent, les belligérants en général ne pourront oublier Internet.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 … 255,0.html

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Bibliothèque virtuelle Culture Trouvaille Usages

Une bibliothèque virtuelle sympathique

Comme on aime bien certaines rues ou certaines boutiques, il est des endroits sur Internet où on a apprécie de retourner. La bibliothèque électronique de Lisieux est l’un d’eux.
Ce n’est certainement pas pour son design, qu’elle a un air de « reviens-y », mais pour son contenu. Il s’agit d’un exemple de bibliothèque numérisée intelligent, bien conduit et qui donne envie de découvrir la littérature.

Intelligent parce que conscient qu’il existe d’autres projets de numérisation. La Bibliothèque électronique ne se veut pas un concurrent de Gallica, le serveur de la Bibliothèque nationale française. Ses initiateurs ont choisi une niche: s’en tenant à des textes courts, ils numérisent des oeuvres mineures de grands auteurs ou alors des auteurs méconnus. De vrais trésors que l’amateur de littérature appréciera. Comme Lisieux se situe en Normandie, la priorité est donnée à des auteurs de cette région. De plus, des textes documentaires sur le passé normand sont également offerts. Bien entendu, il s’agit uniquement de textes dans le domaine public.
Bien conduit parce que régulier. En passant de temps en temps sur ce site, on est certain d’y découvrir des nouveautés. De plus, certains choix sont à relever: les textes sont présentés comme dans d’autres projets de bibliothèques virtuelles, notamment le projet Gutenberg ou dans ABU.
Contrairement à ce que pourrait vous faire croire l’aspect revêche du bibliothécaire de votre ville, ces institutions ont pour but de faire aimer la lecture. Et c’est bien la mission que s’est donnée la bibliothèque électronique de Lisieux. On y entre presque comme chez un bouquiniste. J’ai adoré ce que j’y ai découvert: des textes d’Hégésippe Moreau, de Jean Richepin, et un texte très amusant signé Charles Monselet (que je n’avais pas le bonheur de connaître hier), de 1859, intitulé « La Bibliothèque ». L’auteur imagine ce que des livres de la Bibliothèque nationale de France (l’ancienne) se disaient quand les bibliothécaires s’en allaient:

ANDRIEUX. – On m’a bien peu lu cette année…..

LUCE DE LANCIVAL. – M. Latour de Saint-Ybars m’a consulté deux fois ; c’est un heureux symptôme. Les belles-lettres vont refleurir.

ALFIERI. – On joue mes comédies en France. Tout va bien.

Bien entendu, on a oublié ces auteurs (voir tout de même, en suivant les liens, le premier sur le site de l’Académie française et les deux derniers dans Wikipédia), mais on les redécouvrira peut-être en furetant dans les rayons virtuels de Lisieux …

Bref, à découvrir absolument à l’adresse: http://www.bmlisieux.com/

Dossier à propos des bibliothèques sur le web (Bulletin des Bibliothèques de France)

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Culture Jeux Usages

Prêt pour une partie?

Il en va sûrement de même chez vous : dès que vous approchez vos doigts de la boîte du jeu de Scrabble, tout le monde s’éclipse du salon. Et maintenant que votre grand-tante est gâteuse, personne ne veut partager avec vous les délices des mots qui comptent triple et des croisements diaboliques.
Personne ? De nombreux partenaires, dans la même situation que vous, vous attendent sur Internet. J’ai donc testé pour vous le Scrabble en ligne.
C’est très simple. Il suffit de se rendre sur le site de l’Internet Scrabble Club :

http://www.isc.ro/fr/

Vous ouvrez votre compte, gratuit ; vous téléchargez le logiciel, gratuit également. Il s’agit en fait d’une application Java qui tourne sur Mac ou PC. Vous l’ouvrez, entrez le nom d’utilisateur et le mot de passe. Et vous voilà dans la communauté virtuelle des scrabbleurs.

Ma première partie, je l’ai perdue. Mais si la personne en face n’avait utilisé que des mots du dictionnaire, j’aurais peut-être gagné ! Comme c’était mes débuts, je n’ai pas actionné le bouton «Contester». A l’avenir, je n’hésiterai plus. Cette commande permet de vérifier le mot d’un adversaire dans le dictionnaire.

Il existe plusieurs types de partie : rapides (3 minutes par joueur), avec pénalités lors des contestations, etc…
Cette application, dont la version « Contributeur » donne droit à plus de fonctions, manque un peu d’ergonomie. Il n’y a pas de problème en cours de partie : on peut même manipuler ses lettres avec la souris et en changer l’ordre. Quand on met les lettres sur le plateau, il est possible de se raviser : le mot ne devient effectif que lorsque qu’on a cliqué sur « poser ». Enfin, suprême raffinement : l’ordinateur compte les points pour vous ! Il existe toutefois de nombreuses commandes à saisir dans un champ spécial. Cela permet par exemple de parler à son adversaire et, en tout cas, de lui dire merci à la fin de la partie. C’est un peu fastidieux pour une personne qui ne connaît pas bien l’informatique. Cette application a aussi un côté communautaire, puisqu’il est possible de garder en lien ses amis et de tchater. Il y a aussi un classement des joueurs et vous pouvez choisir vos adversaires en fonction de leur cote (attention, il y a des cracks!).
De toutes façons, il existe d’autres adresses de Scrabble en ligne sur Internet, qu’il suffit de chercher avec un moteur de recherche.

Maintenant que l’on connaît le Scrabble en ligne, on ne craint plus l’automne et ses longues soirées pluvieuses.

NB : Il ne s’agit que de l’un des très nombreux jeux que l’on peut jouer en réseau. Nous reviendrons probablement sur ce thème.

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Science Trouvaille Usages

Dissection virtuelle

Mon fils me demande l’air un peu horrifié s’il devra faire des dissections à l’école. Tout le monde se souvient de la scène du film E.T. où le pauvre Eliott doit découper une grenouille et met la classe sens dessous, sous l’influence – à distance – de son ami extraterrestre. Mais cela fait désormais partie du passé. Il est possible maintenant de faire découvrir à nos bambins l’intérieur des souris et batraciens, sans sacrifier inutilement la vie de ces petites bêtes. Grâce à la photo numérique et à l’informatique, la dissection virtuelle est désormais de mise. Il existe plusieurs sites où il est possible de découvrir les entrailles d’animaux. Voici notamment une démonstration en ligne d’un logiciel disponible sur CD-ROM :

Froguts
On peut commencer la dissection d’une grenouille, y observer un calamar ou analyser le contenu d’une pelote de déjection d’un rapace. Ainsi, plus de panique avant les cours de biologie !


Copie d’écran de l’application Frogust

Qu’en est-il de l’anatomie humaine ?

Si le docteur Tulp, représenté sur la célèbre toile de Rembrandt « La leçon d’anatomie » en train de disséquer un bras humain, revenait nous visiter, il comprendrait bien qu’il a d’autres possibilités pour montrer comment fonctionne le corps humain.

L’Homme visible

Aux Etats-Unis, un condamné à mort de 37 a décidé de faire don de son corps à la science. Après son exécution, son cadavre a donc été plongé dans une sorte de gelée puis congelé. Il a ensuite été coupé en 1800 tranches de 1mm. Chaque tranche a été photographiée. Ces images sont disponibles en format numérique. Ce projet a reçu le nom d’Homme visible. Une femme de 59 ans qui avait fait également don de son corps à la science a eu le même traitement et est devenu la Femme visible.

La Bibliothèque nationale de médecine des Etat-Unis est dépositaire des images de l’Homme et de la Femme visible. Elle les met à disposition, contre un payement relativement modeste (2000$ pour les demandes provenant hors d’Amérique du Nord), à ceux qui ont des projets médicaux ou éducatifs. On trouve ainsi sur Internet plusieurs sites permettant de visualiser ces deux corps :
http://www.nlm.nih.gov/research/visible … human.html

Sur ce site, il suffit de choisir la hauteur de la tranche que l’on veut voir.

Visible Human Male Browser
http://www.uchsc.edu/sm/chs/browse/browse_m.html

Ces deux applications Java autorisent l’utilisateur à choisir une tranche sur le corps, mais une tranche qui ne corresponde pas forcément à la coupe horizontale qui a été opérée. En effet, le corps a été comme « virtualisé » et il est possible de visualiser des « tranches » en biais ou en horizontal.

http://www.dhpc.adelaide.edu.au/project … Human.html
http://www.barrodale.com/grid_Demo/Grid … pplet.html


Coupe du cerveau de la Femme visible


Coupe au niveau du thorax de l’Homme visible

Enfin il existe aussi des vidéos permettant de « voyager » à travers ces corps.

http://collab.nlm.nih.gov/webcastsandvi … ideos.html

Ces images ressemblent assez peu à nos planches anatomiques et ne sont toujours simples à interpréter quand on n’est pas médecin. Mais autant de précision donne des possibilités immenses à l’ère de l’informatique. Ainsi une équipe est en train d’animer l’Homme visible :
http://www.caip.rutgers.edu/~ksen/work/ … efault.htm

Etrange trajectoire de ce condamné à mort, tranché, numérisé qui revient sous la forme d’une créature virtuelle.

Contrairement à la dissection in vivo, qui ne se pratique qu’une seule fois sur un corps, la dissection virtuelle telle qu’elle est conçue dans le projet de l’Homme visible peut ouvrir sur de multiples projets pour mieux faire découvrir et connaître le corps humain.

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Culture Musée virtuel Revue de presse Science Trouvaille Usages

Ingenieux!!!!

Vous avez toujours rêvé de créer une exposition ? Mais l’occasion ne s’est jamais présentée ? Qu’importe. Internet vous en donne la possibilité. Parmi les sites où votre souhait peut devenir réalité, Ingenious offre une collection virtuelle intéressante, à partir de laquelle vous pourrez exprimer votre créativité. Sa thématique, très riche, est cependant limitée aux domaines de l’histoire des techniques, de la technologie et de la science.

Ingenious
http://www.ingenious.org.uk/

En effet, il réunit une importante collection numérisée de photographies, soit 30’000 images provenant de trois musées britanniques:

Science Museum
http://www.sciencemuseum.org.uk/

National Railway Museum
http://www.nrm.org.uk/

National Museum of Photography, Film & Television
http://www.nmpft.org.uk/

Le site se compose de quatre sections:

– READ: contient des articles sur les domaines les plus divers de la science et de la technologie
– DEBATE: donne la possibilité de discuter de questions concernant la science et la technologie
– SEE: permet de naviguer dans la collection des images, classées thématiquement
– CREATE: cette partie constitue le point essentiel du site, car elle permet à l’internaute de créer sa propre exposition virtuelle, de stocker les liens vers les pages du site qui l’intéresse, vers ses contributions aux débats et vers ses recherches effectuées

Ingenious est un site très intéressant pour des enseignants qui veulent illustrer des cours sur des domaines techniques ainsi que pour leurs élèves ou étudiants qui doivent préparer un exposé.

Comment créer son exposition en ligne ?

La première étape consiste à faire un choix parmi les images disponibles, en utilisant bien sûr le moteur de recherche. L’interface de création de l’exposition virtuelle se trouve dans la section CREATE. On choisit d’abord les images que l’on souhaite intégrer. On peut choisir laquelle sera sur la page d’entrée et qui accompagnera le titre de l’exposition. Il est possible de déterminer l’ordre des images et chacune d’elles, d’intégrer un titre et un commentaire. Une fois l’exposition créée, il est possible d’en envoyer le lien par e-mail à ses amis, ses connaissances ou de le mettre sur une page Internet.

Voir ma petite exposition en ligne sur Apple:

Lien

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Culture Pratique Tendances Trouvaille Usages

Des vidéos sur le Net

A tout bien considérer, les 60 GB d’un iPod ne se remplissent pas aussi vite. Surtout si on ne met que des morceaux de musique. J’ai déjà pour plus de 3 journées de titres à écouter et la RAM de mon cerveau organique peine à se souvenir de tout ce qui est disponible. Pourquoi donc ne pas installer aussi quelques fichiers plus lourds? Faites donc un tour du côté de Google Video, la bibliothèque de fichiers vidéo de Google. De nombreux objets sont téléchargeables au format iPod.

On y trouve de tout:

– des lancements de film provenant des productions,
– des parodies de clips vidéos (le fichier qui a le plus de succès en ce moment est justement une parodie d’un clip de Shakira),
– des extraits d’émission TV (dont le coup de boule de Zidane),
– des courts métrages,
– des karaoke plus ou moins réussis, le plus célèbre étant celui de Gary Brolsma sur une chanson d’un groupe roumain, O’zone
– des « vidéos-gags » (inutile de les envoyer à une chaîne de TV maintenant: elles feront plus rapidement le tour du monde en passant par le Net)
– des montages élaborés sur ordinateur,
– etc.

Chacun peut donc y verser ses fichiers vidéo. Il y a fort à parier que les grands réalisateurs de demain (ou d’après-demain) auront fait leurs premières dents en présentant leurs créations dans Google Video.
Autre point intéressant: les internautes peuvent proposer des mots-clés pour chaque fichier (Add label sur l’image ci-dessus). C’est un système dont le but est de permettre aux autres utilisateurs de trouver plus facilement le fichier.
Enfin il est possible d’exporter ces vidéos sur un système de blog, ce qui permettra de les y commenter.

—-

Que vous conseiller? Il y a l’embarras du choix. Mais pour lutter contre la canicule qui sévit ces jours, je vous suggère de télécharger quelques extraits du film Happy Feet, qui devrait sortir à la fin de l’année et qui raconte l’histoire d’un petit manchot qui voulait faire des claquettes:

Happy feet (dans cet extrait, le petit manchot chante une version de « Comme d’habitude » en espagnol, dans un style flamenco à faire fondre la glace)

Si vous allez sur le site officiel du film, vous trouverez ce même lancement, ainsi que d’autres :
http://www2.warnerbros.com/happyfeet/

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Bibliothèque virtuelle Pratique Usages

Le plus grand livre de cuisine

Jour de marché. En me promenant entre les échalas des maraîchers, j’aperçois des fleurs de courgettes. Aussitôt l’eau me monte à la bouche. Je me précipite pour en acheter quelques unes. Mais arrivée à la maison, je me suis demandée comment j’allais les apprêter. Intuitivement, je me disais bien qu’il fallait les fourrer avec une farce quelconque, à base de fromage blanc ou de viande. Mais en regardant bien les fleurs, je me demandais s’il fallait en retirer le pistil ou non. Ma maigre bibliothèque culinaire, composée d’un vieux livre de cuisine française légué par ma mère et de quelques ouvrages d’une suissesse bien connue (bien qu’inexistante), ne contenait pas les précieux renseignements.
La seule solution était donc d’allumer mon ordinateur, d’aller sur Google et d’inscrire « fleur de courgette » dans la petite case. Et là, j’ai reçu une avalanche de liens. En fouinant un peu, j’ai trouvé comment apprêter mes fleurs de courgette ainsi que diverses recettes de farce. En fin de compte, le repas fut excellent ce soir-là.
Mais si Google est virtuellement le livre de recettes le plus complet, il n’est peut-être pas le plus simple à utiliser. De plus, les noms des plats culinaires étant souvent imagés, on peut tomber sur tout autre chose: imaginez une recherche sur la manière de confectionner des « cuisses de dame » (pâtisserie de Carnaval, pour ceux qui l’ignorent).

Mieux vaut alors se tourner vers un authentique site de recettes culinaires. Parmi la ribambelle de sites disponibles, nous pouvons en montrer un qui présente l’avantage d’être conçu selon les principes des sites collaboratifs. En effet, sur ces sites, ce sont les internautes qui fournissent le contenu et qui ont la possibilité de le commenter:

http://www.marmiton.org

Ce site comporte 34’000 recettes de cuisine. Le pseudonyme et l’adresse e-mail de celui qui a publié la recette consultée est disponible. Il est aussi possible de donner un commentaire sur la recette. Prenez l’exemple de celle du « véritable papet vaudois ». Une internaute a écrit qu’elle-même était vaudoise et qu’elle n’utilisait pas de maïzena dans sa propre recette. De cette manière, les recettes s’améliorent et on peut découvrir de précieux « coups de main ».
Le site comporte également d’autres fonctions intéressantes:

– outil de recherche, avec requêtes libres ou pré-programmées (les recettes de saison par exemple)
– forum de discussion pour les plus passionnés
– espace personnel pour permettre aux utilisateurs réguliers du site de garder en mémoire leurs recettes préférées
– une liste des recettes demandées, mais qui n’existent pas encore. Cela permet d’inciter les internautes à mettre des recettes inédites.

Le seul désavantage de ce système est que les recettes ne sont pas écrites de manière standard, comme dans un livre de cuisine. Mais ce désavantage est compensé par les commentaires des utilisateurs qui peuvent donner des correctifs ou proposer des améliorations.

Personnellement je vais tenter la lasagne aux courgettes et au chèvre. Bon appétit!

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Pratique Usages

Agence de voyage

Souvenir! Quelques semaines ou mois avant les vacances, on allait s’asseoir en face d’une souriante employée d’une agence de voyages pour lui faire part de nos souhaits d’évasion. Sous nos yeux, les vacances commençaient à se dessiner: présentation de quelques catalogues, choix de la destination, de l’hôtel. Puis venait le clou de la séance: la jeune femme regardait s’il y avait encore des places libres dans l’avion. On l’entendait tapoter sur son clavier et on distinguait les caractères qui s’affichaient en vert sur l’écran noir (rappelant, pour les plus nostalgiques d’entre nous, MS-DOS). On attendait avec anxiété son verdict et un grand soupir de soulagement nous échappait quand on l’entendait dire:

– Fumeur ou non fumeur, les places?

(Cette phrase appartient aussi à l’histoire, mais pour d’autres raisons).

Mais maintenant, il est possible d’endosser soi-même le rôle de la souriante employée de l’agence de voyages. Réserver depuis chez soi un voyage complet, des billets d’avion à la maison au bord de la mer, en passant par la voiture, les places dans un spectacle ou pour une exposition, est très simple. Il existe une multiplicité d’offres, allant de grandes sociétés internationales à des offres émanant de particuliers (pour les locations d’appartement ou de maison). L’évasion peut s’organiser depuis chez soi! Et les prix s’en ressentent, du fait de l’absence d’intermédiaire.

ATTENTION

L’agence de voyages avait cependant quelques avantages. Choisir un hôtel dans un catalogue renommé était une garantie de qualité. Quand on le réserve depuis Internet, personne ne l’a visité pour vous et vous pouvez avoir quelques petites surprises: chambre trop petite, emplacement éloigné des transports publics, etc..
De plus, personne n’est là pour vous rappeler un certain nombre de démarches, administratives ou concernant la santé, à effectuer: passeport, visas, formulaires d’assurance, vaccinations, etc.. Finalement quand on devient sa propre agence de voyage, on devient totalement responsable de son voyage.

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Politique Usages

Campagne royale

Internet est vu par certains comme un nouvel espace public où la vie politique pourrait s’épanouir. Les plus optimistes, dont Pierre Lévy, y voient même un nouveau souffle pour le débat public.
Aux Etats-Unis, la blogosphère joue déjà un rôle important dans la politique. Mais depuis peu, on constate que plusieurs politiciens français ont aussi leur blog. Alain Juppé, écarté de la vie politique française, en tient un depuis le Canada, où il enseigne. Cependant la candidate socialiste qui se prépare à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, va plus loin dans l’utilisation d’Internet. Elle essaie de susciter un débat, à travers son site « Désirs d’avenir », en ouvrant plusieurs forums sur des questions de premier plan (3 débats d’actualité : « OGM : comment mettre le progrès scientifique au service des citoyens ? »; « La France et l’immigration »; « Des régions efficaces et solidaires ». Des débats permanents : « La France dans le Monde »; « Economie et travail »; « Protections sociales »; « Environnement / développement »; « Choisir sa vie »; « Action publique ») et en allant même jusqu’à écrire un livre en ligne.
Sur la première page de son site, il est possible de suivre l’état des débats et notamment le nombre de messages reçus. On voit en tout cas que des cybercitoyens s’engagent dans ce forum: chaque étapes de débat reçoit plusieurs centaines de réaction, voire plus de mille parfois. La candidate et son équipe font des synthèses régulières de l’état des débats, ce qui permet d’avancer.

http://www.desirsdavenir.org/